Just a meet with a beautiful flower || ft. Yumi Lalur

Le sourire aux lèvres, le mensonge m'enveloppant, je regardais autour de moi, le paysage était tellement grand, à mes yeux il paraissait nouveau mais, il ressemblait aussi à tant de lieux que j'avais déjà vu. Il faut dire que les forêts ne sont pas rares dans les régions et ce peu importe laquelle, il y aura toujours un coin rempli d'arbres. Ce genre de lieu à la fois sombre et mystérieux me laissait perplexe, ce sentiment de nostalgie m'envahissait et laissait parcourir un frisson dans tout mon corps. Mon coeur se serrait, douleur et bonheur se mélangeait, son sourire chaleureux, sa disparition. Mon mensonge s'arrêta pendant quelques instants, comme si le temps voulait faire une pause en m'accompagnant dans une danse mensongère tels les feuilles qui dansaient à travers la forêt, qui se croisaient et virevoltaient autour des branches de ces grands arbres. La nature était tellement étonnante, aussi merveilleuse que douloureuse, de funestes sentiments m'envahissaient mais, en même temps la conviction de mon nouveau rêve, de mon nouvel objectif grandissait toujours plus. Je fis un grand sourire, tout était faux, tout était irréel, je marchais et ma chevelure était étrangement visible à travers ces couleurs chaudes de la forêt, non loin de Romant-sous-Bois, je me demandais comment serait ce village, j'en avais entendu différents mots plus ou moins surprenant, nombreux sont ceux disant que c'est un très beau village, de plus c'est là-bas qu'il y a la firme Pokéball, c'est dans ce lieu qu'est créer cet objet qui nous lie avec les hybrides. Je fis un petit rire, toute seule, ce n'était pas de la folie, ni de la joie, c'était juste de la frustration masquée derrière un sourire, masqué derrière ce faux air d'amusement. Les yeux rivés devant l'horizon, je m'arrêtais voyant une pétale virevolté sous mes yeux.Derrière les troncs géants, il y avait une petite lumière et plusieurs fleurs qui dansaient, intriguée, je m'avançais vers ce spectacle tout en me demandant qu'est-ce que cela pouvait-il bien être. Des cheveux dorés, des yeux verts tels des émeraudes, une jeune fille dans un magnifique kimono rose qui lui allait à merveille cependant ce n'était pas cela qui faisait briller mes yeux. Des pétales tranchantes sortaient de son corps tandis qu'une douce lumière était autour d'elle. Sans aucun doute un hybride qui utilisait Danse fleurs et Zénith, émue, je l'observais, muette, ce silence que nous offrais la nature transgressait de manière somptueuse avec la douce danse de l'inconnue. Un magnifique spectacle, je n'aurais sans doute jamais réagi ainsi si elle avait été humaine, cependant je pouvais être certaine que c'était une hybride, une très belle hybride. Elle semblait avoir fini et c'est avec une délicatesse sans fin que le spectacle prit fin. Un sentiment d'amertume m'avait peut-être envahit, pourtant, avec un grand sourire je m'approchais d'elle. Je fis un petit saut pour me mettre en face d’elle, mes yeux rouges se plongeant dans son regard brillant et plein de sympathie, elle semblait tellement douce, tellement gentille, la curiosité m’empêcha de la laisser tranquille et de partir sans lui parler et c’est avec un ton enjoué et persuadé que je m’adressais à elle :

« Bonjour, je m’appelle Ange Neica Laevateinn ! Un peu long je sais enfin, juste Ange suffira. Je vous ai vue danser, c’était merveilleux, un très beau spectacle, j’en suis encore stupéfaite. En plus utiliser Danse Fleurs et Zénith avec le rendait d’autant plus beau et agréable. Vous devez être une hybride de type plante, pardon de vous déranger cependant, je ne pus m’empêcher de vous parler, je me devais de vous complimenter. »

Agir ainsi contrastait parfaitement avec mon âge, on ne dirait pas que j’ai 16 ans n’est-ce pas ? Cependant, ce genre de comportement était la clé pour mon masque, tout cela rendait plus vrai le mensonge. J’espérais ne pas lui avoir fait peur, cela serait impardonnable si je blessais ne serait-ce qu’un peu un pokémon ! Enfin, charmée par sa danse, peut-être cela m’aiderait à me sentir un peu mieux en parlant avec cette jolie hybride.

Cette jeune demoiselle aux joues rouges qui venais de faire un petit cri de surprise finit par faire un petit sourire joyeux, bien que cela ne l’était pas beaucoup. Tellement de curiosité m’envahissait, intéressée je la regardais. Elle affirma ma supposition et se disait être un Héliatronc, un pokémon fantastique, sa forme, sa description contrastait tellement avec cette jeune fille immaculée à la douceur et la splendeur sans pareilles. J’en faisais sans doute trop mais, tous les hybrides le méritent. Ils sont tous géniaux, ils méritent tout, ils devraient vivre sans douleurs… Oui sans douleurs. En entendant ces derniers mots, le temps se figea, comme si l’acte d’une scène de film se mettait en pause, je continuais de sourire sans bouger aucun autres membres, rage, douleur, personne n’avait à lui dire ça, elle n’avait pas à penser ça. Les humains étaient ceux qui ne méritaient pas la vie, j’étais celle qui ne méritais pas la vie mais, je vivais pour faire honneur à la mémoire de quelqu’un. De suite après, la blonde se présenta sous le nom de Yumi Lalur, elle s’était aussi excusée mais, il n’en était rien. Le pardon ? Elle n’avait pas à me le donner pour quelque chose de si futile. Ces êtres abominables, cette sous-race sans pouvoirs dont je fais partie était celle qui devrait demander le pardon. Les souvenirs s’emmêlant, la haine et la douleur revenant, le masque restait là malgré ce que je ressentais ? Je voulais lui faire part de ce que je ressentais, elle ne devait pas penser ainsi, entre nous-deux c’était moi qui n’aurait jamais dû exister. Car c’était un hybride, je pouvais au moins faire preuve de gentillesse ou de compassion. Je serrais mes poings pour prendre une grande inspiration et prendre ses deux mains, si avec mon regard sérieux me fit ressembler à une vraie jeune fille de 16 ans, mes yeux rouges eux teintés de sang étaient plongés dans les siens. Je pris parole, il n’y avait ni sourire ni joie, mon ton était monotone, inquiétant ? Peut-être, en réalité je ne sais pas vraiment quel ton j’ai pu prendre à ce moment-là, une chose était sûre, ce regard était vide, bien qu’il l’avait toujours été mais je le cachais facilement avec un sourire tandis que là, ce manque de pureté se laissait parfaitement voir, et même dans ma façon de parler :

« Ne dis pas ça, tu n’as pas à dire ça. Tu dois exister, personne n’a le droit de renier ton existence, tu chantes et danses merveilleusement bien. Tu m’as fait me sentir bien. Rendre les gens heureux n’est pas suffisant pour que tu acceptes ta vie ? Alors…. »

Je me rendis compte que je partais un peu loin et que je faisais trop tomber mon masque, je refis alors mon sourire, je suis complètement tordue :

« Alors ne pense pas ainsi et sourit. »

Tellement ironique, tellement absurde venant de moi, rien n’était naturel chez moi, tout n’était que mensonges et je lui disais de sourire ? Enfin… Je le savais tout de même, ressentir la joie c’est important, ce genre de sentiment montre qu’on est heureux et c’est important d’être heureux. Ce sont des choses indéniables, j’en étais consciente mais, je n’étais pas forcément capable de le faire avec moi-même.  Je lâchais ses mains et reculais :

« Pardon, je me suis emportée mais vois-tu j’adore les hybrides donc je ne pouvais pas te laisser dire ça… Enfin, j’aime tout le monde, j’aurais aidé n’importe qui. »

Mensonges. Un gros mensonge, cela me correspondait après tout. Ce sourire n’était que faux. Je voulais me persuader de cela ou persuader les autres que j’étais ainsi ? Sans doute la deuxième option. Je la regardais souriante :

« En tout cas c’est très jolie comme nom, il te correspond bien ! »

Je n’étais donc douée que pour les compliments envers les hybrides ? Mes paroles allaient-elles légèrement l’atteindre ? Je n’en avais pas la réponse mais, peut-être allais-je l’avoir.

Sa voix était si douce, un remerciement timide tandis qu’elle baissait la tête. Je pouvais sentir qu’elle avait très peu d’estime pour elle. Je me demandais ce qui avait pu la rendre ainsi. Elle paraissait si pure, en la voyant, je ne pouvais m’empêcher de me dire que je serais incapable de la blesser, que je ne voulais pas la voir triste. Certes, je n’aurais pas dit la même chose s’il s’agissait d’une humaine. Mais, vu que c’est un Héliatronc ça change tout. Je voulais que rien ne lui arrive de tout mon cœur. Puis, à mon plus grand étonnement, contrairement à moi, naturellement elle me parla de son passé. Yumi était donc une enfant indésirée, frapper, qui a perdue sa mère et a failli être violé par son père. Son sourire devenu triste, elle continuait malgré tout à sourire comme si…. C’était naturel chez elle, mais à la fois non. Un sourire tellement forcé, qu’au final, il est devenu naturel. C’est ce que je ressentais. J’imagine que si je pouvais le voir, c’est parce que c’était mon cas. En entendant ses paroles, je ne savais plus où me mettre. SI elle était un hybride, cela voulait dire que ses parents aussi non ? Mais… tous les pokémons sont géniaux non ? Ils ne peuvent pas faire ça. C’est impossible. Oui. Son père devait être un humain et sa mère a souffert à cause de lui, du coup inconsciemment, elle rejetait la faute sur sa fille. Je n’encourage en aucun cas ce qu’a fait sa défunte mère, mais… Si c’est parce qu’à cause d’un humain, elle a souffert, je peux peut-être lui pardonné. Et puis… Elle est morte donc bon. Tout comme son père. C’est si affreux ce qui lui est arrivé. Comment peut-on à ce point-là rejeter son enfant ? Je l’écoutais s’excuser de m’avoir embêtée et qu’elle voulait juste me faire comprendre qu’elle souris très souvent, voir inconsciemment depuis et qu’elle n’est donc qu’un poids pour les autres. Mon cœur se serrait à l’entendre dire ça, je repris ses mains :

« Tu ne m’embêtes pas ! Au contraire, j’aime passer du temps avec toi et ça me fait plaisir de me dire que tu t'ouvres à moi. Même si tu devrais faire plus attention à ça. C’est horrible ce que tu as vécu. Mais je refuse catégoriquement que tu croies que tu n’es qu’un poids pour les autres ! En tout cas pas pour moi. Bien au contraire. Tu me fais sourire. Quelqu’un capable de rendre les gens heureux est tout sauf un poids. Je te le confirme. »

Je lui fis un sourire faux et sincère à la fois, je pensais vraiment ce que je disais, mais, tout comme elle, au final, je ne sais plus si c’est vrai sourire ou non. Je finis par remarquer que je tenais ses mains, vu ses réactions à chaque fois, je me disais que ça devait la gêner alors je les lâchais délicatement. Je sentis un petit air frais, c’était agréable, mais cela n’était pas plus agréable que de parler avec la jeune blonde. Je regardais un peu autour de moi et finit par reprendre la parole :

« Si tu veux Yumi, on peut passer un peu de temps ensemble. Enfin, seulement si cela ne te dérange pas. Tu n’as nullement le besoin de te forcer avec moi. Sache juste que passer du temps en ta compagnie ça me plairait bien. »

Oui. C’était le cas de le dire. Rien de mieux que d’être avec une hybride. En réalité, si elle accepte, j’aimerais bien lui faire comprendre qu’elle n’est pas un poids. En tout cas, pas pour moi. Juste qu’elle oubli cette pensée pendant quelques minutes au moins. Je suis bien placée pour savoir qu’on ne change pas si facilement, parfois nos pensées sont ancrées dans notre cœur, dans notre âme. C’est mon cas. Pour moi, les humains sont horribles, cette pensée existe toujours, et je sais bien qu’elle ne changera jamais vu que c’est la réalité. Mais j’ai réussi à me dire que je dois vivre et ça, c’est déjà bien. Alors, Yumi aussi devait penser ainsi. Je ne sais pas si je serais d’une quelconque utilité, après tout, je suis une humaine. Malgré tout, je ferais tout mon possible. Tout dépendra de sa réponse. Je lui fis de nouveau un grand sourire :

« J’aimerais beaucoup apprendre à te connaître Yumi ! »

Même si mon sourire était faux, cette pensée était réelle. Ma journée n’en serait que plus ensoleillée si elle pouvait dire oui.

Le temps s’était rafraîchi autour de nous, en effet la capacité de l’hybride s’était arrêtée laissant cette agréable brise. Malgré tout, pour moi, c’était la même chaleur, voir, c’était pire. Non, pas dans le mauvais sens bien au contraire. Je fis un petit ricanement, non pas pour me moquer, mais pour témoigner de ma joie. Alors, pour moi, cette journée était encore plus ensoleillée, j’avais encore l’impression que sa capacité Zénith était encore active. Elle avait dit un simple oui, et ce fut le feu d’artifice dans ma tête. Il faut dire, passer son temps accompagné d’une hybride aussi mignonne qu’elle et aussi gentille. Rien de mieux ! Me demandant alors ce que je voudrais apprendre sur elle, plein de questions me traversèrent l’esprit. Et alors, que je ne l’avais pas remarqué, Yumi se mit à s’excuser de m’avoir tutoyée. Surprise par sa réaction, il semblait qu’elle l'avait fait naturellement. Cela voulait donc dire qu’elle m’appréciait non ? Je fis un petit ricanement, non pas pour me moquer, mais pour témoigner de ma joie :

« Ne t’inquiètes pas voyons ! Tu peux me tutoyer, cela me fait plaisir. »

Finalement, je pris sa main plus calmement que les fois d’avant pour lui pointer une direction au hasard en souriant :

« On va par là ? Discutons un peu en marchant. »

Et sans vraiment attendre son avis, je me mis en marche sans vraiment savoir où j’allais. Je laissais mon corps faire, me traîner vers je ne sais où, tout comme moi, je traînais cette pauvre Yumi. Que c’est étrange, je suis très tactile avec elle, un peu trop même… Peut-être que je me montre trop impolie avec elle. Ce serait embêtant si c’était le cas. Après réflexion, je finis par lâcher sa main et m’excuser de l’avoir de nouveau prise. Je ne voudrais pas me montrer irrespectueuse bien au contraire. Et je ne voudrais pas qu’elle me fuit à cause de mes manières. Je ne pense pas qu’elle le ferait mais…Sait-on jamais. Enfin… Peut-être serait-il mieux qu’elle parte loin de moi. Le plus loin possible avant d’être blessée par ma faute. Comme lui. Cela ne m’étonnerait guère tiens. J’ai l’impression de toujours faire souffrir les hybrides. Ce que je suis pessimiste. Enfin, ce n’est pas bien grave de ce que je pense au fond de moi non ? Après tout, si elle croit que je suis optimiste et une jeune fille heureuse, tout va bien. Mais oui. Je suis heureuse, et parfaitement saine d’esprit. Innocente et pure. Gentille et fiable. Un sourire se dessina sur mon visage, peut-être était-il légèrement différent… Oui, il l’était, car contrairement à tout à l’heure, celui était un répugnant et pur mensonge. Enfin. Je devrais arrêter de divaguer autant, j’avais d’autres choses à faire. Je pris une grande inspiration avant de prendre la parole pour enfin lui poser toutes mes questions :

« Il y a beaucoup de choses que j’aimerais savoir. Tellement que je ne sais même pas par où commencer. Au pire, je vais commencer par le plus basique. Qu’est-ce que tu aimes ? Ou que tu détestes vraiment ? As-tu un rêve ? Des peurs ? Que fais-tu dans la vie ? »

J’avais peut-être posé trop de questions… Enfin, qu’importe, cela fait montre bien mon énergie et mon optimisme. Mais n’est-ce pas un peu trop. Je devrais faire un peu plus attention tout de même. Au risque de faire tomber mon masque. De plus, avec Yumi, cela est un peu plus probable. Car elle-même affiche un faux sourire, un faux-sourire dont elle serait peut-être capable de repérer chez les autres. Chez moi. Chose que je ne permettrais pas ou sinon elle me rejetterait, j’en suis sûre. Je fis un petit sourire :

« Pardon. Je me suis un peu emportée. Prends ton temps et ne t’oblige pas à répondre à tout. En même temps, je connais ton passé, mais je veux te connaître toi. Alors, toutes ces questions sont essentielles non ? Après, si tu veux. Tu peux aussi me poser des questions. Cela ne me pose pas de problèmes. Apprenons à se connaître mutuellement non ? »

Car après tout, tous mes mots ne sont que des mensonges.

J’écoutais attentivement tous ses mots afin d’en apprendre un peu sur elle tout en marchant. Je faisais attention à chaque détail. Lorsque ses cheveux ont pris la forme du soleil, je ne pus m’empêcher de rire sous la surprise. Sa nature d’hybride ressortait et cela m’émerveillait tellement. Néanmoins, bien plus que ses beaux cheveux blonds, son sourire qui était plus radieux était ce qui me rendait heureuse. Savoir qu’un pokémon est heureux est ce qui me procure le plus grand bonheur. Alors, pendant un petit instant, je crois bien que mon sourire fut réel et sincère. Yumi me racontait avec joie ce qu’elle aimait, son rêve, le fait qu’elle se détestait, ses plus grandes peurs ainsi qu’elle avait un dresseur…. Un dresseur ?! Mince ! Moi, qui pensais que j’aurais peut-être pu faire d’elle mon premier… Ou bien mon second ? Enfin, qu’importe. J’aurais voulu qu’elle soit ma compagne durant mon voyage. Tant pis, du moment qu’elle est heureuse. Même si, le fait qu’elle soit avec un humain ne me plaise pas du tout. Je m’imagine le pire ! Il a intérêt à être une bonne personne. Même si, c’est totalement impossible vu que c’est un humain. Haha, cela relèverait du miracle. Il doit profiter de la gentillesse et de la beauté de Yumi. Cela est insupportable ! Qu’ils aillent tous crever ces humains, et si j’apprends qu’elle est ne serait-ce un peu triste à cause de lui. Je ferais en sorte qu’il aille en enfer. Cependant, tandis que je tergiversais dans mes pensées, tout d’un coup la jeune fille me ramena à la réalité en me retournant la question. Je devais m’y attendre, cela n’avait rien d’étonnant. Je sentis de suite après le corps chaud de la blonde qui se collait un peu plus contre moi. Ca par contre… Je ne m'y attendais pas. Je la regardais surprise et voyant son visage rouge comme une pivoine, je me suis dit que j’allais éviter de faire une remarque là-dessus et juste répondre. Ou plutôt mentir. Même si je l’apprécie cela ne me pose pas de problèmes. Je préfère de loin cela que d’avouer l’être immonde que je suis. Je me dégoûte, j’ai l’impression que ma simple présence la souille. Je suis si cruelle avec elle, je vais sans doute la blesser un jour. Comme d’habitude. Sans que je m’en rende vraiment compte, j’avais laissé un petit blanc dans notre discussion. Le malaise devait être présent pour elle. La pauvre. En fait, je savais pas si je devais commencer par le gros mensonge ou bien par les petits bouts de vérité me concernant. Faisons dans le même ordre qu’elle au pire, je la fais attendre :

« Et bien… J’adore voyager, lire tout comme toi, tout ce qui est mignon, le thé, la neige et tout ce qui concerne les pokémons. Cela me passionne terriblement. Ensuite ce que je déteste… Qu’on fasse du mal à mes amis, les gens cruels et la pluie, je pense. Mon plus grand rêve est de devenir la meilleure des dresseuses ! Cela est un peu niais et très basique pour une humaine, mais je suis sincère quand je dis ça. Ensuite mes peurs…. »

Tellement de choses. Si seulement elle savait. La mort, revivre le même désespoir, redevenir aussi folle qu’avant l’oublier, me rappeler, souffrir encore et encore ou même de dormir. Mais ce serait trop lugubre pour une jeune fille innocente, pure et mignonne telle que moi. Alors… Sortons les plus gros mensonges qu’il soit :

« Ah ! J’ai peur du noir, des orages, voir des gens que j’aime être blessé et… Je crois que c’est tout. »

Je pense que je n’en ai pas trop fait, que tout s’est bien passé et qu’elle gobera tout sans faire d’histoires. Cela m’embêterait si elle découvrait que je porte un masque. Faut que je fasse un peu attention tout de même, mais, normalement, elle devrait avoir tout berné innocemment. J’aimerais parfois le dire que je suis désolée. Alors, que Yumi elle a confiance en moi, qu’elle se rapproche de moi, qu’elle m’apprécie. Je commençais un peu à me sentir mal. Inconsciemment, je serrais sa main qui était enlacée autour de la mienne. Une douleur se logeait dans ma poitrine. C’était insupportable. Mon regard se tourna vers le visage de Yumi. Mes yeux rubis se plongeaient dans les siens. Mon sourire semblait plus triste, je me laissais un peu emportée. Je ne devais pas faillir dans ma comédie. Alors, que j’étais si heureuse de me rapprocher d’elle, je finis par avoir peur que cela arrive. Les souvenirs me revenaient. Lorsque je me suis rendu compte qu’elle se rapprochait de moi petit à petit, j’ai eu envie de fuir. J’ai le don d’apporter le malheur aux hybrides. Ma main lâcha celle de la jeune fille, mon pas s’accéléra légèrement pour que je puisse m’éloigner un peu d’elle. J’avais agi inconsciemment et lorsque je m’en rendis compte, je me suis dit qu’elle allait sans doute le prendre mal ou se poser des questions. Je devais donc tout de suite passer à autre chose :

« Yumi ? Tu as un dresseur, c’est ça ? Comment est-il ?Comment vous-êtes vous rencontré ? Si tu es avec lui, il doit être très gentil, je parie. Après tout, tu l’es toi aussi ! J’espère en tout cas… Je ne voudrais pas que tu sois triste. »

Je ne le voulais tellement pas. Je ne veux pas qu’elle soit triste surtout après ce qu’elle a vécu :

« Je veux absolument que tu sois heureuse. »

Ce n’était pas des paroles en l’air, juste mes pensées que j’avais dite à voix haute.