Shards of Hope – ft. Corey & Neige

La barrière de téléportation à l’entrée de l’instance vibra pour la seconde fois. Presqu’aussitôt, une boule d’énergie s’en extirpa tel un boulet de canon, et le calme se brisa au son de ses acclamations :

— Whoaaaa ! C’est trop beau ici !

Dcyluk (synonyme de « chaussure lancée sur le clavier »), ou Neige de son vrai nom, s’émerveillait en tournant en rond, ses yeux passant des pierres aux plantes au rythme de ses bonds successifs ininterrompus. Elle ne s’arrêta qu’un court instant, lorsque l’autre joueuse passa brièvement dans son champ de vision entre deux 360 excessifs. Elle lit le nom de l’étrangère, jeta un œil à son profil et fut prise d’une nouvelle crise d’exclamations :

— Coucou ! OH ! T’AS UN LAPIN DE GLACE ? Ils sont trop mignons ! Il est où, il est où ?

La gamine pivota de gauche à droite à la recherche du lapin avant de s’accroupir pour essayer de le caresser, laissant enfin une occasion à l’autre joueuse de la détailler.
Tout d’abord, elle était minuscule. De la taille d’une gamine de 10 ans, maximum. Pourtant, son profil la désignait comme humaine, la plus basique des espèces qui soient. L’explication se trouvait légèrement plus loin : au niveau des sortilèges actifs sur elle. Il y en avait une dizaine en même temps, au moins, tous plus inutiles les uns que les autres. Du cosmétique, dans l’ensemble, notamment un de nanisme, qui lui donnait cette apparence enfantine. Quant aux autres, eh bien… il y en avait un qui colorait ses cheveux d’une teinte azur, un qui lui permettait de courir plus vite (ça pourrait paraître utile, mais dans un donjon… on marchait, et dehors… on se téléportait, volait, ou profitait d’un des nombreux moyens de déplacement de Primeta.), un qui l’avertissait des drops d’éléments à collectionner pour une quête d’évènement, un qui laissait une trainée de paillettes bleutées dans son dos, un qui laissait une trainée humide à chacun de ses pas, et bien d’autres dont je vous épargnerai la liste, les derniers ayant déjà été suffisamment inutiles pour vous laisser comprendre l’idée.
En guise de tenue, là aussi, c’était la fiesta. La petite avait récupéré une (… et un tas d’autres) panoplie complète de pièces transmogrifiables, sa véritable armure laissait donc place, visuellement, à une robe sombre dont les extrémités bleutées rappelaient vaguement les nageoires des Lumineon. Assorties à cette robe, deux ailes aussi cométiques qu’inutiles battaient dans son dos, donnant l’illusion qu’elles étaient à l’origine des paillettes qu’elle trainait. Ajoutons à cela qu’elle avait les jambes et les bras à l’air, et un simple serre-tête en guise de casque autour duquel s’agençait deux couettes mignonnes comme tout, et nous avions là la description idéale de n’importe quelle Berserker, n’est-ce pas ?

Car oui, Berserker, c’était sa classe. Ah, ça, on ne le devinait pas en la voyant ! D’autant qu’au lieu de son arme, elle avait une cage de capture à familiers entre les mains qui lui restait de sa dernière chasse et qu’elle avait emmené par mégarde. Ah oui, faudra parler de son inventaire un jour, si on peut encore appeler ça un inventaire, mais nous y viendrons une prochaine fois.

— TROP CHOU ! Regarde, regarde, moi aussi j’en ai plein !

Deux secondes plus tard, Dcyluk reprenait sa danse bondissante autour de Kallisto, suivie par trois petites bêtes. La première, petite libellule rousse à poils rose, était une fois encore cosmétique et n’avait aucun intérêt. Quant au second, c’était un char minuscule que le joueur pouvait contrôler pour tirer sur ceux d’autres joueurs : tout aussi inutile, bien sûr, surtout que plus personne ne l’utilisait plus depuis des années. Enfin arrivait le véritable familier, celui qui pourrait servir à quelque chose. Et j’insiste sur le "pourrait", car évidemment, le choix de la gamine s’était porté sur un minuscule cochon de lait. Alors oui, il était adorable ! Mais non seulement ce n’était pas un combattant, mais en plus son seul bonus était de pouvoir récupérer des matériaux sur le cadavre des victimes du groupe. Bref, ça nous promettait un beau florilège de mouvements inutiles, tout ce beau monde !
Du mouvement, il y en eut derrière elles, en direction de l’entrée. Le troisième membre du groupe arrivait… Mais Dcyluk avait déjà trouvé plus important à faire qu’accueillir quelqu’un : dans un nouvel hurlement de joie, elle s’exclama :

— AH ! Mais regardez, y’a une petite rivière, là ! Super !

Le flair infaillible de l’enfant pour les choses inutiles lui avait permis de déceler un cours d’eau discret qui serpentait en direction du vacarme d’une cascade qu’ils pouvaient entendre d’ici. Du coup, plouf… Canne à pêche ! Bon, au moins, elle ne bondissait plus partout.
Je déconseillerai à quiconque de regarder en détails les caractéristiques de cette enfant. Du haut de son niveau 35 (c’est pas de bol, quand même ! À un niveau près, les deux autres auraient évité le cataclysme), elle avait déjà maximisé la totalité des métiers secondaires de récolte comme la pêche. Par contre, son stuff était loin d’être optimisé, surtout en ce qui concernait la survie… Mais on pouvait déjà être soulagé de la voir porter une véritable armure de berserker, même qu’il n’en paraissait rien visuellement.

Floush, un poisson. Oh, trop commun celui-là ! Pouf, la bestiole se retrouvait désintégrée, et un morceau de viande s’accumulait à l’énorme stock dans l’inventaire ressources de la jeune joueuse qui dépassait les trois chiffres. De quoi cuisiner pour un régiment !
Tandis que sa corde retombait dans l’eau, Dcyluk jetait un œil en direction du nouveau venu. Oh ! C’était un gros dragon humain ! Ils avaient trop la classe, ceux-là ! À n’en pas douter, si elle n’avait pas bâclé la création de personnage par flemme de lire et de comprendre ce dont il s’agissait, elle en aurait surement créé un. Par contre, c’était bizarre, il n’avait pas une grosse épée comme les autres, ni un bouclier qui cachait presque tout son corps. À la place, il trimballait deux pistolets vachement gros et qui, du coup, ne semblaient vraiment pas pratiques.

Mais bon, elle était loin de s’en inquiéter, elle se fichait bien des compétences de ses camarades, tout comme elle se fichait du donjon, au final. Elle, elle explorait, voilà tout !
Floush, un second poisson ramena Dcyluk à son activité du moment. Encore un tout pourri ! Elle fit la moue, frustrée : d’habitude, dans des nouvelles zones, y’avait toujours des nouveaux poissons !
L’enfant tourna de nouveau la tête en remarquant que Kallisto s’adressait à elle.

— Un surnom ?

Elle porta un doigt sur son menton, perplexe. Mais c’était le truc marqué sur son profile, son surnom, justement, puisqu’elle s’appelait Neige ! Sans compter que même Neige n’était pas son véritable nom. Ou alors :

— Ah, je sais ! Mes copains, dans le jeu, ils se sont tous mis à m’appeler Luky, je sais pas pourquoi, t’as qu’à faire pareil !

Décyluk, luky…  le lien paraissait évident, mais Kallisto et RuStaar ne tarderait pas à connaître la véritable raison de cette appellation. Mais pas tout de suite ! Car désormais, un tout premier combat se profilait pour le groupe.

L’alchimiste fut celle qui repéra les mouvements ennemis. Et tandis que ses camarades se préparaient à l’affrontement… Neige continuait de pêcher, refusant d’arrêter tant qu’elle n’aurait pas pêché mieux que… Floush, un autre poisson commun.

Le squelette arriva, d’abord seul. En le voyant du coin de l’œil, Neige pesta :

— Aaah, mais non ! J’suis pas prête, moi ! Pause, faut lui dire d’attendre !

Parce qu’il était bien connu que les squelettes écoutaient ce genre de demandes. Et ainsi, Neige abandonna son groupe dès le premier adversaire. Une minute passa, puis une seconde… Et déjà, un second squelette rejoignait le premier en renfort, laissant deviner ce qui arriverait s’ils ne se débarrassaient pas très vite de leurs adversaires.

C’est alors qu’un message bien particulier s’imposa au milieu du chat, parmi les informations diverses que chacun acceptait de recenser. « Neige vient de ramasser un Diamant brut » Floush, Neige explosa de joie en découvrant sa dernière prise. Une pierre précieuse ! Un petit troll de nos amis développeurs, lesquels avaient cru bon d’offrir un ridicule 0,001% de chance d’obtenir, sur n’importe quel lancé de pêche, cette gemme hors de prix nécessaire pour bon nombre d’enchantements hauts niveaux et habituellement récoltée bien plus tard dans le jeu. Elle avait déjà eu la surprise de ramasser divers autres objets incongrus en pêchant, comme une chaussure usée, un os, ou une arrête de poisson… Mais ce coup-ci, c’était le gros lot !

— C’est bon, j’ai fini ! clama toute jouasse la petite Berserker.

Elle rejoignit le champ de bataille sans vraiment se préoccuper de l’état dans lequel se trouvaient ses alliés ou ses ennemis.
Allez, c’était l’heure du carnage ! Pouf, tourbillon qui fonce dans le tas ! La gamine tournait sur elle-même, son arme tendue à l’horizontal pour découper tout ce qui se trouvait sur son passage. Et repouf ! Grosse attaque de zone à la verticale, si forte qu’elle faisait vibrer l’écran ! Y’a pas à dire, elle avait trop la classe, cette attaque ! Du coup, elle la refit. Et encore une fois. Malheureusement, elle avait beau spammer les assauts, rien n’y faisait : les dommages infligés restaient minimes, et la vie de son adversaire diminuait à peine. Un peu frustrée par la difficulté excessive du donjon, Neige chouina à ses compagnons :

— Oh, mais c’est pas marrant, pourquoi ils meurent pas eux ?

Peut-être l’aviez-vous déjà deviné, mais en réalité, la difficulté du donjon n’était pas en cause dans l’inefficacité de notre chère Berserker. Il faut dire que les coups de canne à pêche, en général, c’était pas bien puissant ! En plus, ça lui arrivait souvent, ça… mais aujourd’hui encore, elle avait oublié de rééquiper son arme principale après sa prise. Du coup, son arrivée déjà tardive ne fut même pas rattrapée par une quelconque efficacité. À ce niveau, elle ferait tout aussi bien de retourner pêcher…

"Ton arme" ? Comment ça, "ton arme" ? Neige s’arrêta de taper un instant et zieuta le bout de bois planté entre ses doigts dont la corde s’agitait encore de sa dernière attaque. Oh…
Heureusement pour tout le monde que Monsieur pistolets gérait bien du canon et maintenait les monstres focalisés sur lui, cela évita une mauvaise mésaventure à l’idiote restée figée au milieu de la mêlée pour fouiller son inventaire. Il lui fallut scroller, scroller, et encore scroller pour enfin tomber sur ses armes. Et là encore, on n’y était pas ! Parce qu’à présent, il fallait choisir. L’air pensive, Décyluk resta le doigt levé un bon moment au-dessus de la fenêtre d’objets avant d’enfin jeter son dévolu sur l’objet de ses désirs.

Une horloge était apparue sous ses pieds, un peu avant cela, et cela ne lui avait pas échappé. Si l’un des deux autres possédait ce genre de pouvoirs, il fallait en profiter ! Prendre une arme pour laquelle taper vite est intéressant.

— Ah, je sais !

La canne à pêche disparut. Soulagement !... de courte durée. Le morceau de bois fut remplacé par un énorme sac en peau aussi gros qu’elle, genre bordel du père noël en pleine tournée, qu’elle tenait par l’embout ficelé.
Les connaisseurs d’évènements le reconnaîtront aisément : il s’agissait d’une récompense de quête spéciale organisée lors du dernier festival d’hiver. Le genre d’objet décoratif de niveau 1 dont on se pare pour débarouler en ville entre les danseurs et autres perdus de la capitale qui attendent que leur guilde se décide à lancer quelqu’instance ou raid.
Bref ! S’il s’agissait officiellement d’une arme à deux mains, selon sa classification, même la canne à pêche avait un meilleur DPS que ce sac plus encombrant qu’autre chose.

Pourquoi ce choix, dans ce cas ? Eh bien… il se trouve que cette "arme" avait une compétence unique des plus étranges nommées : "déferlante de cadeaux". À chaque coup porté avec le sac, une des personnes présentes, alliés comme ennemis, pouvait subir l’effet d’un sortilège parfaitement aléatoire, tant au niveau de son effet que de sa puissance. Et puisqu’ils allaient plus vite… CRAIGNEZ LA DEFERLANTE DE L’ALEATOIRE !

Fort heureusement, le sac avait quelques limitations. Tout d’abord, les sortilèges les plus excessifs avaient été exclus de ses effets pour empêcher les petits malins de tenter leur chance en déclenchant un sortilège de mort instantané sur le premier boss venu. De plus, le taux d’activation n’était que d’une dizaine de pourcentages par coup. Enfin, avec la multitude de sortilèges inutiles ajoutés par les développeurs, comme ceux dont la gamine se parait déjà, il y avait finalement très peu de chance d’en tirer quoi que ce soit d’efficace. Et pourtant…

— A L’ASSAULT ! hurla la Berserker qui s’imprégnait étonnamment bien de son personnage.

Un premier coup martela le sol d’une attaque de zone entre les deux ennemis. Il en résultat une explosion de flammes qui acheva les maigres points de vie restant du squelette déjà maltraité par ses camarades.
Boarf, un coup de chance. Ça arrive !
Neige se tourna vers le deuxième squelette et déclencha la scène improbable d’une starlette ailée en paillettes tourbillonnant avec un sac plus gros qu’elle à bout de bras pour exploser son contenu à répétition contre le tas d’os. Père noël n’aurait pas fait mieux !
Déferlement de flammes. De glace. D’éclairs. Un poison inutile pour le fun, puis pouf, un holy pour l’achever, le pauvre. La barre de vie avait fondu, des dommages dignes d’une véritable Berserker, le tout grâce à la chance… ou pas ?

Et non ! Car si le sac possédait un effet aléatoire de base… Lequel avait déjà fait un malheur en affublant RuStaar d’une auréole pour le ramener à la vie à sa prochaine mort – bien pratique, ça ! –, et Kallisto d’un jet d’encre qui l’aveuglerait une dizaine de seconde – déjà moins cool –, ce n’était pas sa seule spécificité. L’objet brillait de mille feux ! Une aura spectaculaire, qu’on ne voyait en général que sur les personnages au niveau maximum tant les composantes de cet enchantement coutaient un bras. La "Rage des éléments", un enchantement qui ajoutait un effet élémentaire aléatoire à chaque attaque. Enchantement très prisé des personnages à haute vitesse d’attaque, il ajoutait une part non négligeable de DPS à leurs armes. Enfin, à haut niveau, c’était non négligeable. Au niveau 35, l’enchantement seul était déjà bien supérieur aux dégâts d’une arme rare.

Toute contente de son efficacité retrouvée, Neige ramena le sac sur son épaule et leva la main pour faire signe aux deux autres :

— C’est bon ! A pu ! (elle remarqua alors le lapin qui s’évertuait à remonter leurs barres de vie) OH, il est vraiment trop chou ! Hein Ruru ? T’as même pas perdu de vie !

Du mouvement se fit entendre non loin : certainement d’autre squelettes qui arriveraient d’une seconde à l’autre ! Les paroles de l’alchimiste durant l’affrontement lui revinrent en tête : il faut absolument avancer !
La suite, vous la voyez tous venir. Ni une, ni deux, Neige prenait les devant sans laisser au tank de l’équipe l’occasion de faire son travail.

— Allez, vite, vite, vite ! Kaka (qui risquait de vite regretter ce diminutif tout trouvé) a dit qu’on devait courir !

Et c’est ainsi qu’elle s’élança dans une direction aléatoire, sans se préoccuper des packs de monstres dans lesquels elle risquait de rentrer, ni de s’il s’agissait du bon chemin.

Ben là ! C’était quoi tous ces bouquins ?! Décyluk continuait sa course infernale sans se préoccuper d’être suivie. Ce n’est pas parce qu’elle arrivait dans un endroit immense, gigantesque, monumental qu’elle allait s’y arrêter ! Alors elle continua, larguant à l’entrée ses camarades qui cherchaient à comprendre l’énigme. Le pire, c’était que Kallisto l’avait vu venir, puisqu’elle ordonna au groupe de ne pas s’éloigner. Hélas, la petite était partie à l’annonce des pièges…

Un étage, deux étages, dix étages… Décyluk commençait à en avoir marre, de courir ! Alors elle sauta. Puis elle tourna. Puis s’amusa à pivoter un peu dans tous les sens pour s’occuper tout en avançant. Ses camarades, quelques étages plus haut, purent même vaguement entendre le vacarme d’étagères martyrisées par des tourbillons d’agacement, de temps à autres. Puis un simple mot, perdu au loin :

— Oups !

Ce fut long. Très long. VRAIMENT très long. Mais après une bonne minute, la mort de notre chère Berserker fut annoncée au groupe. À force de faire l’idiote à bouger dans tous les sens, une légère erreur de jugement l’avait faite passer par-dessus bord. Ses ailes cosmétiques ne furent pas d’une grande aide à l’atterrissage.
Heureusement, ils en étaient encore au début. Après sa réapparition à l’entrée, elle n’eut donc qu’à refaire le trajet pour rejoindre le groupe et passer d’éclaireuse à queue de peloton.
La gamine était méconnaissable. Sa quantité de buffs avait drastiquement chuté, puisqu’elle n’avait pris le temps de reboire que les plus importantes, à savoir la potion de nanisme et celle de vitesse – plutôt utile pour une fois –. Sa chevelure était passée au blond, teint naturel de son personnage, assez longue pour lui retomber sur les épaules. Quant à sa tenue, n’ayant pas le temps (surtout l’envie en fait) d’aller fouiller son inventaire à la recherche d’une panoplie complète, elle avait simplement enfilé une drôle d’armure-robe, qui lui donnait l’impression d’avoir été enterrée dans un volcan de roche jusqu’au ventre. C’était pas pratique, ni beau – d’un marron fort en sous-entendus –, mais ça protégeait bien.
Ce fut pareil en termes de familiers : elle ne prit le temps de ressortir que le cochon, les deux autres étant inutiles.

C’est alors qu’elle tomba sur une dragonne !

— AH ! Ruru, Kak… (elle se rappela à temps de la demande de Kallisto, tenant à tout prix à ce qu’on l’appelle autrement.) Kal, ici y’a une méchante !

Et c’est ainsi qu’hurlant dans un mélange d’agressivité et de joie d’avoir trouvé quelqu’un à taper, Décyluk balança son sac de noël sur le pauvre Rustar. Ah ? Tiens, oui ! C’était lui. Mais c’était pas un monsieur avant ? Faut dire que certains enchantements du sac à cadeaux duraient une bonne dizaine de minutes. Si on n’était pas attentif, on finissait vite dépassé par les évènements !

— Oups, pardon, je t’avais pas reconnu !

Frustrée d’avoir perdu son punchingball ball, Décyluk agita les bras et se remit à bondir sur place :

— C’est nul ici ! Y’a rien à faire ! Y’a que le monsieur tout en bas sur lequel je suis tombé, mais il est trop trop loin et c’est super super ennuyeux de marcher jusqu’à lui !

Elle croisa les bras d’un air boudeur, et ne manqua pas d’ajouter :

— En plus, quand je l’ai tapé au passage, il a même pas perdu de vie ! Et j’avais pas ma canne à pêche cette fois !

Ouep. Vous le devinez peut-être : à sa façon, elle avait pull le premier boss. Ce cher bibliothécaire était d’ailleurs en train de remonter les dizaines d’étages d’un rythme paisible, ajoutant une petite dose de panique à leur mission du jour. Car tant qu’ils n’auraient pas résolu le mystère du livre de la pierre d’âme, ils ne risquaient pas d’abaisser le sortilège d’immunité du grand méchant.

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