Messages : 247 Pokédollards : 71 Date d'inscription : 03/12/2016 Age : 29 Localisation : France Je suis (Inrp) : Fou amoureux & en couple avec Oliver ♥ Je ressemble à : Koha Ren - MAGI Double compte : Noa ; Azilys ; Clara ; Altais ; Kaleo
Sujet: Like a wolf in cage ▬ ft. Arthur Ven 30 Aoû - 20:25
Like a wolf in cageMele-Mele - Colline Dicarat
Morgan
Arthur
Un long soupir las s'échappe de la bouche de Morgan alors qu'il essaie, tant bien que mal, de suivre le cours dispensé par l'une des doyennes du Clan. Sa voix est si basse, si chevrotante qu'il n'est pas évident de comprendre ce qu'elle baragouine. Le Rocabot se permet de jeter un rapide coup d'oeil autour de lui. Ses camarades semblent aussi ennuyés que lui. À raison, ils sont assis là depuis deux heures, à écouter une vieille femme très gentille, certes, mais sincèrement ennuyante. Cette formule de mathématiques, ça fait cinq fois qu'elle leur explique. Elle radote tellement que Morgan a fermé son petit carnet de notes, n'ayant absolument rien de nouveau à griffonner. Au lieu de quoi, il fait tourner son crayon de papier dans ses doigts, tentant d'exécuter la petite pirouette que tout le monde maîtrise dans la classe, sauf lui. Enfin, la classe … C'est un bien grand mot. Le Clan ne possède pas d'école à proprement parlé mais soucieux quant à l'avenir de leurs jeunes, ils organisent chaque jour des séances comme celle-ci, au domicile des volontaires. Pour cette fois, c'est la salle à manger de la doyenne qui sert de salle de classe, et sa longue table en bois de bureau pour les jeunes. Une organisation qui peut sembler bien étrange, mais qui fonctionne.
Néanmoins, Morgan rêve du jour où il pourra intégrer une vraie école. S'il a déjà abordé le sujet avec son père, ce dernier n'est absolument pas d'accord. À ses yeux, seuls ses semblables sont capables de lui dispenser une éducation digne de leur espèce. Mais le Rocabot connaît très bien la vérité cachée derrière cet argument : l'intérêt du Clan est que les jeunes demeurent auprès d'eux, pas qu'ils se prennent l'envie d'exercer un quelconque métier hors de la Colline Dicarat. Pourtant, nombreux sont ceux de son âge qui projettent d'être journaliste, pompier, médecin, banquier … des métiers qui n'ont pas leur place ici. Car le Clan vit de son autosuffisance, chacun apportant son aide aux autres et recevant, en contrepartie, un service ou une denrée quelconque. Évidemment, chaque famille possède de l'argent, c'est évident. Elles le gagnent en commerçant avec les habitants de Ekaeka ou de Lili'i. Mais à choisir, ils préfèrent voir leurs jeunes aux champs plutôt que dans un cabinet ou devant une caméra de télévision. Ce que Morgan a toujours trouvé vraiment dommage. Lui, il ignore ce qu'il voudrait faire plus tard. Mais ce qu'il désire vraiment, c'est changer d'air et faire de nouvelles rencontres. Ce qui ne risque pas d'arriver s'il ne peut s'éloigner de la Colline Dicarat …
Quand enfin la vieille Lougaroc annonce la fin de la session, un soupir général accueille cette bonne nouvelle. Enfin libre ! Ni une ni deux, Morgan glisse son carnet dans la petite corbeille devant lui. Les adultes tiennent à les conserver eux-mêmes, pour être sûrs que rien ne se perde ou s'abîme. Quant à son crayon, il le range dans le pot en bois mis à disposition de tous. Et après avoir remercié la doyenne pour son savoir, les Rocabots et jeunes Lougarocs quittent la petite maison dans le calme, malgré leur excitation. Généralement, le moment après leurs leçons est destiné à l'amusement, parce que les adultes estiment qu'ils le méritent bien. Alors les jeunes préadolescents se séparent en petits groupes, certains partant à droite, d'autres se dirigeant vers la gauche. Et Morgan les regarde disparaître derrière les maisons, pas plus motivé que ça à les suivre. Les Rocabots ont tendance à être assez violents dans leurs jeux et le blondinet ne tient pas vraiment à participer à une énième bagarre d'égo ridicule. Néanmoins, il n'a pas plus envie de rentrer chez lui et croiser la route de sa mère. Son ignorance est douloureuse, alors il préfère encore ne pas la voir.
Il s'apprête à prendre la direction de sa cachette favorite quand une clameur retentit vers l'ouest, soit au centre-même du village. Qu'est-ce qu'il peut bien s'y passer ? Aux dernières nouvelles, aucune naissance ne doit avoir lieu avant le début de l'hiver. Peut-être un couple a-t-il annoncé son mariage ? Ou une femme partage la nouvelle de sa grossesse ? Curieux, Morgan décide de rejoindre l'agitation afin d'avoir le fin mot de l'histoire. Il se faufile ainsi entre les adultes rassemblés, profitant de sa petite taille pour se glisser facilement entre leurs jambes. C'est en arrivant au premier rang qu'il aperçoit le doyen du Clan, un vieux Lougaroc Nocturne aux cheveux blancs, serrer chaleureusement la main d'un adolescent roux, qui semble décontenancé. Morgan a beau le dévisager, il ne le reconnaît pas. Vient-il d'un autre Clan ? De Poni, peut-être ? En tout cas, les adultes rassemblés l'accueillent avec énormément de joie. L'instant d'après, le doyen tire l'adolescent dans sa maison, sous les applaudissements de la foule. Quelle drôle de réunion …
Tout à sa curiosité, Morgan se hâte de rejoindre la maison du doyen, se glissant discrètement sur la droite afin d'atteindre la fenêtre donnant sur son salon. Cette dernière étant ouverte, il entend distinctement le vieillard souhaiter la bienvenue au rouquin, lui promettant de lui offrir une maison sous peu. Intrigué, le Rocabot se demande bien pourquoi il aurait droit à une habitation : n'en a-t-il pas déjà une, dans son propre Clan ? Le doyen invite ensuite l'étranger à se reposer dans la chambre d'ami et, une fois encore, Morgan longe les murs de la maison pour atteindre une nouvelle fenêtre. Le logement du doyen, le Rocabot la connaît par coeur, parce que nombreuses de ses leçons s'y sont déroulées. Quand il entend une porte se claquer, il ose un regard à travers la fenêtre. Le rouquin est tout seul. Parfait ! Se mettant sur la pointe des pieds, Morgan laisse apparaître sa tête dans l'encadrement de la fenêtre, toussotant pour indiquer sa présence à l'inconnu.
▬ Salut ! T'es nouveau ? Tu viens de quel Clan ? Tu vas habiter ici ?
Sa curiosité piquée, Morgan ne peut s'empêcher de le questionner. Pour une fois qu'il est le premier sur l'info, il compte bien en profiter ! Pour une fois, c'est lui qui aura quelque chose à raconter aux autres enfants, et pas le contraire. Mais encore faut-il que son interlocuteur accepte de lui répondre ...
Arthur A. “Kane” Makanui
Nyx • Membre
Messages : 68 Pokédollards : 13 Date d'inscription : 23/04/2018 Age : 32 Localisation : En mission quelque part... Je suis (Inrp) : Homosexuel (refoulé) et célibataire. Je ressemble à : Chuuya Nakahara (Bungou Stray Dogs) Double compte : Desmond S. De Beauchesne, Armitage D. Zeituhr
Le grondement du moteur de sa moto résonne avec plaisir aux oreilles du jeune Lougaroc Crépusculaire alors qu’il fend l’air sur son bolide, prenant les courbes de la route avec une certaine expertise malgré la vitesse limite largement dépassée. La radio résonnait dans son casque d’une musique entraînante motivant encore plus ses excès alors qu’il se mettait à faire une roue osée, frôlant les barres de sécurité. Il était encore tôt et le lever de soleil se reflétait dans l’immensité de l’océan avec une beauté quasi irréelle. Une nouvelle accélération et Al aperçoit enfin la silhouette de la ville de Ekaeka qui se profile. L’observant avec une certaine fascination, le rouquin se dit que ça faisait un baille que le cirque n’était pas venu sur l’île de Mele-Mele et que ça lui avait quand même vachement manqué. Même si être loin d’Akala lui portait quand même un rude coup au moral. En effet, c’était pas cool de ne pas pouvoir voir son pote Kuhao pendant un mois mais bon, c’était le problème avec le fait de vivre dans un cirque. M’enfin, ils allaient certainement y retourner très prochainement de toute façon… vu à quel point Hugo triplait ses parts de marché quand ils étaient sur l’île d’Akala. En attendant, il avait hâte de voir si la ville avait changé depuis le temps…
Et alors qu’il garait sa moto et retirait son casque, il se rendit vite compte que non, la ville n’avait pas changé. C’était même à croire que l’endroit était figé dans le temps. Ces maudits habitants avec leur amour des traditions… cela avait vraiment tendance à foutre les nerfs à Al qui grommela quelques injures en rangeant son casque sous le siège. Il fallait dire qu’il n’était même pas la peine de mettre un anti-vol vu le taux peu élevé de malfrats dans le coin. Tous des petits vieux pétri de bonnes intentions, hein ? C’était d’un chiant. Mettant ses mains dans les poches de sa veste de cuir noir, le Lougaroc traînait des pieds, observant avec de plus en plus de déceptions les magasins qui étaient toujours les mêmes : des apothicaires, des artisans. Pas même un magasin de jeux vidéo ou une librairie qui ne soit pas un tas de vieux livres barbants. Alola, c’était vraiment pas la joie.
Al entra alors dans un bar de bord de plage où quelques habitués discutaient devant un poste de télévision tellement vieux qu’il semblait avoir du mal à transmettre correctement l’image tremblotante qui en sortait. Il décida de s’installer au bar, non loin d’un vieil homme aux cheveux blancs qui buvait un thé dans son coin en discutant avec une femme de son âge.
- Une bière, s’teu plaît, chef !
Le barman, un homme à la stature imposante et à la peau mate, l’observa un instant avant de répliquer :
- Pas sûr que tu ai l’âge requis, mon garçon.
Al lui lança un regard à la fois agacé et blasé. Non mais, c’était vraiment une ville de saintes nitouches ici ou quoi ? Il lui en aurait bien foutu une mais vu la carrure du type c’était peut être un Grolem alors bon… et puis il était encore trop tôt pour ça. L’homme lui souriait toujours avec un air de débile.
- J’peux te proposer un sodacool ? - Mouais. Va pour ça… grommela-t-il dans sa barbe en passant une main agacée dans ses cheveux roux, grattant son crâne nerveusement. Le barman lui servit sa boisson et il en prit une longue gorgée. - J’t’ai jamais vu dans le coin, tu viens d’où ? poursuivi l’homme, curieux. - De nulle part. Je bosse dans le cirque Palaina… répondit il plus par automatisme qu’autre chose, habitué à cette question. On est là pour le mois.
Un éclat intrigué passa devant les yeux de l’homme mais Al n’en pris pas compte, faisant tourner le contenu de son verre d’un air blasé, à moitié affalé sur le comptoir. Et il n’était pas le seul visiblement à avoir été intrigué par sa réponse, car le vieil homme assis non loin s’était arrêté de parler pour l’observer.
- J’en ai entendu parler… Tu ne serais pas le Lougaroc Crépusculaire ? Leur tête d’affiche ? renchérit le barman. - Mouais… Et alors ? C’est quoi le problème ? grommela-t-il, visiblement agacé par les questions de l’homme. Le vieillard sembla avoir un déclic et se décala pour se rapprocher de lui. - Bonjour, mon garçon. commença-t-il de sa voix légèrement chevrotante avant de faire signe au barman. Met sa consommation sur ma note. Je lui offre.
Al redressa la tête légèrement, intrigué par l’attitude du vieillard mais tout de même un peu suspicieux, l’observant comme pour essayer de deviner ses intentions. Ce dernier lui offrit son plus aimable sourire.
- J’ai entendu parler de ce cirque, il est très renommé ! Tu dois être fier de travailler pour eux ! - J’ai pas vraiment eu le choix, je suis né chez eux… - Tu n’as donc pas de clan ? - Baaah… non. En tout cas, mes parents n’en avaient pas non plus à ce que je sache… - Tes parents ne sont pas avec toi ? - J’suis assez grand pour me démerder seul. Et en plus, ils s’en foutent de moi… mon père s’est même barré y a belle lurette… grommela-t-il en jouant avec son verre d’un air boudeur.
Le sourire du doyen s’élargit encore davantage en se penchant vers lui.
- Et tu ne voudrais pas quitter le cirque ? - Si, bien sûr. Mais…
Il n’eut pas le temps de terminer que la main du vieil homme s’abattait sur son bras et qu’il le traînait à l’extérieur. Écarquillant les yeux, Al poussa une exclamation de surprise mais tout se passa si vite qu’il n’eut pas vraiment le temps de réagir alors que le doyen se mettait à déblatérer un discours sans fin sur à quel point leur clan était le meilleur clan, qu’il y serait bien et qu’on ferait tout pour le rendre heureux. Ha. C’était un Lougaroc. Merde.
- Euh… C’est sympa mais… je ne devrais pas…
Essayant tant bien que mal d’expliquer la situation, Al n’arrivait malheureusement pas à atteindre son kidnappeur qui ne semblait pas vouloir l’écouter ni même freiner jusqu’à ce qu’il le “guide” jusqu’à un bateau qui s’éloigna rapidement de la côte. Estomaqué et décontenancé par la situation, Al n’en croyait pas ses yeux. Hugo l’avait pourtant prévenu qu’il ne fallait pas laisser sous entendre qu’il était un Lougaroc au risque de se faire embarquer par les “péquenots” comme il aimait les appeler. M’enfin, ça faisait des années, il avait un peu oublié ce détail…
- Eh! Vous m’écoutez un peu ou vous êtes complètement sourd, le vieux ?! commença t-il à s’énerver. Mais ce dernier irradiait d’une joie palpable en continuant de radoter sur son village et Al abandonna en soupirant profondément. Il trouverait bien un moyen de s’enfuir plus tard quand l’occasion se présenterait.
Une fois arrivé au village, Al ne put s’empêcher de grimacer en voyant la tronche du village : tout ce qu’il y avait de plus paumé et campagnard, tout ce qu’il détestait et qu’il craignait comme la peste. Il fut rapidement annoncé et s’en suivit une exclamation retentissante de la part des autres ploucs de ce village alors que le doyen lui serrait la main. Le rouquin fixait la foule sans trop savoir quoi faire et alors qu’il trouvait enfin le courage d’ouvrir la bouche pour parler, il fut traîné à nouveau jusqu’à une grande maison, sans doute celle du doyen sans plus de cérémonies. Heureusement ?
- Ecoutez, je... - Ne t’en fais pas, tu peux te reposer dans la chambre d’ami le temps qu’on te trouve une maison sous peu ! s’exclama-t-il avec joie en le poussant dans une chambre avant de refermer la porte derrière lui. Et Al entendit distinctement le bruit d’une clé qui tourne dans la cellule. - Eh !!! s’exclama-t-il avant d’essayer de tirer sur la poignée pour ouvrir la porte. Ca s’appelle un kidnapping, ça, monsieur !!!
Donnant un grand coup de pied pour défoncer la porte, il s’arrêta quand il entendit quelqu’un se racler la gorge derrière lui. Il manqua de perdre son équilibre et se retourna maladroitement. Une tête d’enfant à la tignasse blonde dépassait dans l’encadrement de sa fenêtre ouverte. D’où il sortait ce gosse ?
- Salut ! T'es nouveau ? Tu viens de quel Clan ? Tu vas habiter ici ? - … Non ! Est-ce que j’ai la tronche d’un péquenot selon toi ?! s’énerva-t-il. Et j’ai pas de Clan ! J’en ai jamais eu mais j’en ai pas besoin contrairement à ce que ce vieux croûton semble penser ! Pousse toi maintenant, morveux !
Il s’approcha de lui pour passer une jambe par la fenêtre car il comptait définitivement sortir par là. Impensable pour lui de rester une seconde de plus dans ce village pourri. Y avait même pas de choses précieuses à voler alors ça n’avait vraiment aucun intérêt !
Like a wolf in a cage
Morgan Otso
Pokémon • Sauvage
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Sujet: Re: Like a wolf in cage ▬ ft. Arthur Sam 19 Oct - 20:47
Like a wolf in cageMele-Mele - Colline Dicarat
Morgan
Arthur
Cela peut sembler bien étrange, mais les échanges d'individus entre les Clans est monnaie courante depuis quelques générations déjà. Par exemple Denal'i, la mère de Morgan, est originaire du Clan basé à Akala – elle est venue sur Mele-Mele dans l'unique but de se marier. Elle n'est ni la première, ni la dernière à qui cela arrive. D'après les adultes, ils fonctionnent ainsi pour entretenir le sang pur qui coule dans leurs veines depuis la nuit des temps. En règle générale, ce sont les louves qui changent de Clan, mais il est arrivé que ce soit des hommes qui s'en aillent, bien que cela soit bien plus rare. Ainsi, de nouvelles têtes débarquent assez souvent à la Colline Dicarat, permettant de diversifier un peu les points de vu et apporter du sang neuf à la communauté. Si Morgan était né fille, il aurait très certainement du quitter son île aux abords de ses dix-huit ans pour rejoindre un parfait inconnu à Akala, Ula-Ula ou Poni. Et autant dire que cette perspective n'enchante absolument pas Morgan. Pour l'heure, la simple idée du mariage lui donne des sueurs froides – il est bien trop jeune pour ce genre de chose, quand bien même son père ait déjà commencé à lui en toucher deux mots. Étant l'unique héritier de sa famille, et un mâle qui plus est, il aura forcément pour mission d'offrir des descendants à son Clan, qu'il le veuille ou non – mais bien heureusement, cela n'arrivera pas avant quelques années, le sujet du mariage commençant sérieusement à être abordé aux alentours des dix-huit ans. Autrement dit, il a encore minimum cinq années devant lui avant d'accomplir son « devoir » d'héritier.
Ainsi donc, Morgan se demande bien ce que cet adolescent peut bien faire ici. De toute évidence, il est encore trop jeune pour venir se marier – et si c'était le cas, il logerait dans la maison de sa future épouse, et non chez le doyen. Le rouquin a certes l'air plus âgé que le Rocabot, il n'a pas dix-huit ans pour autant, c'est une certitude. Et à en juger par sa mine furibonde, il n'est absolument pas ravi d'être là. Ce qui est étonnant : les Lougarocs sont ravis de se rendre visite, du moins c'est l'impression que Morgan a toujours eu. Lorsque lui-même s'est rendu à Akala avec sa mère pour rencontrer ses cousins et cousines, il a beaucoup apprécié déambuler dans un village inconnu et rencontrer de nouvelles personnes. Cela dit, personne ne l'a enfermé dans une pièce en attendant que les choses se passent – la colère de l'inconnu est donc compréhensible. Peut-être appartient-il à une famille dans le coin mais qu'il est en mauvais terme avec eux ? Les disputes sont malheureusement assez fréquentes par ici, à cause du caractère bien trempé de certains individus. Et c'est d'autant plus vrai chez les adolescents aux portes de l'évolution : un Rocabot sur le point d'évoluer est toujours plus colérique, toujours plus irritable. Certes, ce n'est pas le cas de l'inconnu puisque ce roux qu'il arbore prouve qu'il déjà un Lougaroc mais … l'hypothèse d'une dispute familiale est possible. Bien que Morgan soit certain de ne jamais avoir vu son visage auparavant …
Si le Rocabot signale finalement sa présence, c'est parce que sa curiosité est devenue trop forte pour l'ignorer. Ce nouveau venu l'intrigue, il tient à savoir d'où il vient et ce qu'il fait ici. Et surtout, il est bien content d'être le premier sur l'info ! Ah, les autres Rocabots de son âge vont venir vers lui pour les derniers potins, pour une fois. Comme quoi, il a bien fait de ne pas les suivre dans leurs petits jeux stupides. Pendant que eux se bagarrent comme des chiffonniers, lui, il est au cœur de l'action. Et cette idée le rend plus joyeux qu'il ne le devrait …
▬ Non ! Est-ce que j’ai la tronche d’un péquenot selon toi ?! Et j’ai pas de Clan ! J’en ai jamais eu mais j’en ai pas besoin contrairement à ce que ce vieux croûton semble penser ! Pousse toi maintenant, morveux !
▬ J'suis pas un morveux ! aboya le louveteau en se décalant. Comment ça se fait que tu n'aies pas de Clan ? Tous les Lougarocs ont un Clan.
Décidément, celui-là, il a un caractère bien trempé. Digne de son espèce, cela-dit. Néanmoins, il y a quelque chose que Morgan ne comprend pas : il n'a pas de Clan ? Comment cela se fait-il ? Pour lui, un Lougaroc appartient forcément à un Clan, c'est de la logique pure. Et quand bien même il n'en avait pas … comment se fait-il qu'il soit ici, alors ? Ce n'est pas anodin, il ne peut pas être arrivé ici par le plus grand des hasards – surtout que les sentinelles ne laissent pas passer n'importe qui. Décidément, cette histoire est bien étrange, et Morgan compte bien en connaître le fin mot. Bon, ce n'est peut-être pas une bonne idée de laisser le rouquin s'enfuir comme ça de la maison du doyen mais … la fenêtre était ouverte de toute façon. Alors avec ou sans lui, l'inconnu aurait prit la poudre d'escampette. Et puis, ce n'est pas comme s'il voulait faire grand chose, avec ses petits bras d'enfant. Mis à part hurler à l'aide … mais cela voudrait alerter les adultes et, forcément, l'empêcher de continuer sa petite enquête. Alors tant pis – de toute façon, il y a aucune chance qu'il parvienne à s'enfuir par lui-même. La Colline Dicarat, il faut la connaître pour s'en échapper sans encombre. Forcément, Morgan connaît tous les petits passages parce qu'il y a grandi, mais un inconnu a absolument aucune chance. Alors que le rouquin s'échappe de la maison du doyen … ce n'est absolument pas un drame !
Sa curiosité décuplée après ses dernières découvertes, Morgan se hâte de se mettre à hauteur de l'inconnu, calquant son rythme de pas sur le sien – bien que, forcément, ses foulées soient moins grandes à cause de ses petites jambes. Il ignore bien où le rouquin compte aller, mais s'il continue dans cette direction, il va se jeter tout seul dans la gueule du loup – sans mauvais jeu de mot. Tout droit, c'est la place la plus fréquentée du village. Un gros puits y est aménagé et les femmes viennent régulièrement prélever de l'eau en papotant gaiement, leurs louveteaux piaillant autour d'elles. Morgan lui-même y a passé énormément de temps avec sa mère lorsqu'il était plus jeune – et cette époque ne lui manque absolument pas. Sa mère le forçait à enfiler des petites robes et elle le présentait à tous comme son adorable petite fille. Certes, le Rocabot n'en garde pas énormément de souvenirs, mais la simple idée qu'elle mente si ouvertement concernant son identité de genre le met bien mal à l'aise. Parfois, il recroise ces femmes qui l'ont toujours considéré comme une fille auprès de Denal'i, pour ne pas la froisser – et à chaque fois, elles ne semblent pas vraiment savoir comment réagir avec lui. Dans son égoïsme, la Lougaroc a créé un véritable malaise entre Morgan et la plupart des membres du Clan – ce qui explique pourquoi il a tant de mal à se mêler aux Rocabots de son âge.
Mais ce n'est absolument pas le souci pour l'instant. L'inconnu se rapproche dangereusement de la place – Morgan entend même quelques cris enfantins résonner au loin. Alors il lui saisit le pan de son haut, le tirant légèrement vers l'arrière.
▬ Si tu continues par là, tu vas atterrir sur la place la plus fréquentée du village. Mais c'est toi qui voit.