Un mauvais rêve avec votre café ? [Pv Neles]

Hi, hi, hi... je l’avoue, je ne suis pas peu fier de moi cette fois-ci. Si tu veux mon avis, voici l’un de mes chef-d’œuvre, d’une parfaite ampleur, d’une parfaite horreur, d’un parfait effroi. Du moins, pour cette forme. J’entends déjà les rumeurs enfler, j’entends déjà les murmures étouffés, par peur d’appeler l’inconnu qui rode dans la ville. Je les vois déjà... les ‘mort-vivants’ du matin, ceux qui ont sombré, ceux qui n’ont pas pu fermer l’œil, ceux qui regarde sans cesse derrière leur épaule. Pourquoi ? Juste au cas où. Je te l’avoue, je suis particulièrement fier de moi, et très amusé. De quoi ? Voyons, ne le sais-tu pas déjà ? N’as-tu pas eu une légère et délicate mise en bouche ? Celle qui t’a amené à vouloir en savoir plus ? Encore et toujours plus. Bon voyeur que tu es... mais puisque tu insistes, je vais te donner ma version de l’histoire. Au cœur de l’action.

Vois-tu, il y a de cela trois jours, ma fête foraine a débarqué dans un nouvel endroit. Une grande, si grande ville, donc potentiellement beaucoup de clients et beaucoup d’argent à se faire. Personnellement, je me fous complètement des préoccupations matérielles des humains et hybrides. Je les ai juste suivi parce que... ben, je n’avais rien de mieux à faire. Puis, la possibilité de voyager tranquillement sans se soucier de rien ni personne, sans lever ou soulever la moindre interrogation n’est pas pour me déplaire. Pour sûr, en échange, on me demande de fournir ma part de travail... même si le fait que je dorme une bonne partie de la journée n’aide pas vraiment. Autant le dire, je squatte. Totalement. Et personne ne trouve rien à redire. Ou n’ose dire quelque chose. Pour les uns, je suis simplement trop jeune pour déconstruire ou installer les lourds panneaux de l’attraction, ou les mécanismes complexes. Pour les autres... je suis moi-même une attraction vivante après tout. Ok, personne ne m’a encore demandé de me tenir dans une cage, ou de sauter dans des cerveaux enflammés, mais le fait est là : Je fais partie intégrante de la maison hantée. J’en suis l’un des acteurs, et l’un des spectacles. Je suis mis en scène différemment, mais, pour ceux qui veulent connaitre le véritable et grand frisson, je reste disponible.

J’exerce mon art en échange d’une place dans cette troupe de troubadours.

Mais cela ne m’empêche nullement de m’amuser en dehors du cadre du ‘travail’. Ah, Safrania... depuis quand n’ai-je plus foulé des pieds cette ville ? Hmm, aucune idée et très franchement, peu importe. Quand la vie est aussi longue que la mienne, le temps devient vite une notion abstraite. Pas besoin de décompter quelque chose qui n’aura pas fin.

Où en était-je... ? Ah ! Oui. Mon chef-d’œuvre du moment. Pour ce dont est capable ce corps, je ne suis pas peu fier de moi ! J’ai jeté mon intérêt sur un immeuble. Oui ! Tu as bien compris ! Un immeuble entier. De ce que j’ai compris –même si ces informations n’ont pas énormément d’intérêt- il est rempli de jeunes... personnes ? Genre, plus des enfants, mais pas encore vraiment des adultes ? Gheez... c’est compliqué leur truc. C’est tout aussi compliqué de deviner l’âge de quelqu’un. Quoiqu’il en soit, le résultat est le même. De 7 à 77ans, les terreurs nocturnes, ça fait toujours son petit effet. Actuellement, j’attends. J’attends le matin, tout en mettant la touche finale à ma peinture onirique. Pourquoi j’attends ? Pour observer les résultats, évidemment ! C’est une chose de les sentir s’agiter, tenter de se réveiller, d’intervenir pour les faire hurler... c’en est une autre de les voir sortir de l’immeuble, grouillant comme des insectes effrayés, paniqués et affreusement en manque de sommeil.

Ce n’est que lorsque le jour s’est bel est bien levé, que lorsque j’ai pu me délecter de leurs mines déconfites –pour la deuxième nuit d’affilée- que je me daigne me lever pour rejoindre la fête foraine. Deux nuits... une seule, c’est un étrange hasard, deux, c’est le début des interrogations. Trois, quatre et cinq puis ce sera la panique ! Sept, huit et neuf, et je m’en irais aussi vite que je suis venu.

N’est-ce pas tordant ?!

Sur le –court- chemin du retour, je m’étire, aveuglé par la lumière du jour. Urgh, trop brillant. Je n’aime vraiment pas ça. Non que je vais prendre feu si je reste dehors sous le soleil, mais disons que ce n’est pas ce que je préfère. Pokemon Noirtotal, hm ? Du moins, son ombre. Mettons ça sur le compte que je suis du type ténèbres, d’accord ? Alors que l’agitation commence sur le site de la fête itinérante, je rejoins simplement une caravane à l’écart des autres. Parquée derrière la maison hantée, ce n’est cependant pas la mienne. Juste celle que je squatte le plus. J’en veux pour preuve, mon ‘lit’ n’est autre qu’un hamac suspendu au-dessus du sol. Cosy, n’est-ce pas ? Peu importe. Je m’y installe, couvre mes yeux d’un de ces bandeaux noirs –une invention très utile- avant de sombrer dans des abysses trop peu effrayantes.

Si seulement je pouvais tordre mes propres songes en un délicieux cauchemar sans fin ~


Lorsque je reviens à moi, chose suffisamment étrange pour être soulignée, je suis accueilli par la lumière du jour. Oh, l’astre a bel est bien décliné, mais pas suffisamment ? Il est extrêmement rare que je m’éveille si tôt. D’ailleurs, lorsque je le fais, ce n’est jamais sans raison. Je retire le bandeau et décoince mes muscles encore endormis. Pas assez dormi, il faut dire que mon ‘art’ n’est pas gratuit. Il ponctionne mes forces beaucoup plus fortement qu’avant. Mais pas question de m’en passer. Je vais juste mettre un peu plus de temps à me réveiller, voilà tout. L’avantage de posséder un corps éternellement ‘jeune’, hm ? Un balancement, deux balancements et je saute par terre. Quelque chose... quelque chose m’a éveillé. Quant à savoir quoi exactement... disons que j’ai besoin d’une douche pour réveiller mes sens. Vaguement, j’attrape le premier truc qui ressemble de loin à un essuie et m’enferme dans la –minuscule- douche de la caravane. Un luxe vu mes conditions d’hébergement. L’eau est froide, mais au moins, elle a le mérite de me réveiller. Rangé dans un coin, plus précisément dans une caisse sous l’évier, je sors un short noir et blanc et un haut... semblable mais inversé ? Je te laisse imaginer. Je n’ai jamais réussi à me prendre de passion pour les vêtements. J’en mets parce que c’est pratiquement obligatoire, et que je risque d’avoir froid ? Peu importe, tout est un peu trop grand, mais je m’en fiche.

Maintenant que j’ai les idées un peu plus claires... Oh, je comprends beaucoup, beaucoup mieux ce qui m’a tiré de ma torpeur ! Ou devrai-je dire celui ? Il est si rare de rencontrer un autre légendaire. Non que je me tiens à l’écart d’eux habituellement. Je dirai plutôt le contraire ? Je ne suis pas exactement ‘gentil’ après tout... mais le visiteur non plus. Oh, vu ce qu’il dégage, je m’attends presque à ce qu’il me décolle proprement la tête des épaules ! Hé, hé... si ma propre aura est ‘désagréable’, la sienne vient se lover sous la peau pour glacer directement le sang. On ne doit pas jouer dans la même cour. Encore à moitié dégoulinant –c’est ennuyant de se sécher les cheveux, je laisse juste la serviette sur mes épaules-, je mets des chaussures et sort enfin de la caravane.

Un large sourire presque enfantin découpe mon visage. Ceux qui me côtoient ont appris à s’en méfier. Je sonde la foule des passants, des parents et de leurs enfants, à la recherche du seul qui sortira de la masse. Avec ce qu’il y a dans l’air, cela sera facile. Je fais quelques pas, en direction de « l’artère principale » et observe, observe, observe... avant de me stopper. Net. Oooh ! Serait-ce ... ? Ici ? On est pourtant loin de Sinnoh ! Mais ça ne trompe pas ! Je sens un douce mais palpable excitation monter en moi. Je trépigne, comme un enfant la veille de Noël, non, même le jour de Noël devant un énorme cadeau. Ou plus simplement, je trépigne comme la veille d’Halloween. Impatience, douce impatience. Je m’avance, n’y tenant plus, face au « grand hybride blond mal-habillé». Gheez... Suis-je le seul à avoir cette stature de gamin ?

« Dois-je me sentir honoré ou effrayé ? Ce n’est pas tous les jours que j’accueille un hôte de marque dans une fête foraine ! » J’espère complètement être effrayé à vrai dire. Dommage, au milieu de cette foule, je doute que quoique ce soit d’intéressant se passe. A moins que j’ai tort ? Oh, j’espère avoir tort, si le personnage est à la hauteur de sa réputation, cela vaudra tellement le coût ! « Quoique... Je n’ai pas de tapis rouge à déballer, alors plus qu’une seule solution ? »

Je ne peux m’empêcher de rire... enfin, autant que je puisse le faire. Soit quelque chose qui est beaucoup trop étrange et creepy pour être considéré comme un vrai rire. Je n’ai jamais réussi à produire un rire ‘franc’ ou ‘amusé’ ou ‘rassurant’. Déformation professionnelle ? On va dire ça, oui.

« Tu peux m’appeler Neles, si tu veux. » C’est surtout beaucoup plus simple qu’hurler nos véritables noms au milieu d’une foule de passants. « Que me vaut le plaisir de ta visite ? Tourisme ? Envie mourir à force de manger du gras ? Je peux fournir les deux ~ »

Oh, dear.... As-tu déjà rencontré une idole ? Une star dont les actions ne te sont en rien inconnue ? Quelqu’un que tu admires depuis très, très, longtemps sans jamais avoir eu l’occasion de lui parler ? Non ? C’est vrai, qui pourrais-tu rencontrer de bien intéressant dans ta petite et morne vie ? Trop courte et morne vie. Personne. Car pour avoir la chance de rencontrer quelqu’un qui vaut son admiration, il faut déjà être quelqu’un soit même... ou vivre suffisamment longtemps pour pouvoir la rencontrer entièrement par hasard. Oui, je joue le long jeu, à défaut d’être au cœur des évènements importants qui régissent ce monde. L’ombre me sied mieux, l’ombre me siéra toujours mieux qu’une trop forte lumière. Ma légende –Sa légende- n’est qu’une banale histoire comparée au mythe horrifiant qui accompagne cette aura de violence. Une broutille, n’est-ce pas normal ? Qui donc pour se mesurer au Chaos en personne ? Dont certain le pointe du doigt pour tous les maux de cette terre. Même l’existence du malheur, même l’existence du mal, même l’existence des péchés et des pécheurs. Comme si tout ce qui est mauvais dans ce monde ne pouvait provenir que d’une seule abomination, une seule erreur de la part d’un être supposément parfait. Comment expliquer ma présence alors ? Ou celle de tous les autres qui ‘dévient’ du droit chemin ? Il n’y en a pas, ou alors Arceus lui-même est un être cynique et hypocrite. Mais qui suis-je pour le blâmer ?
Tout ça ne m’intéresse pas et ne m’a jamais intéressé.
Tout ce qui compte en cet instant est cette rencontre due au hasard, ou tu peux le nommer destin, c’est comme tu veux.
Te l’ai-je dit ? Je crois n’avoir jamais été autant déçu par le destin.
Est-ce parce qu’il ne ressemble plus qu’à un stupide humain ? Il n’est guère responsable de la perte de sa forme draconique... enfin, pas directement. Je n’ai jamais été de celui qui juge sur les apparences, pourquoi commencerai-je le jour où le Chaos en personne daigne s’avancer dans les ruelles désordonnées de la fête ? Est-ce son ton, à mi-chemin entre le morne et le dédain ? Une simple phrase, juste quelques mots. Il ne m’a fallu que ça pour que le mythe se brise et s’effondre misérablement devant mes yeux. A peine quelques mots. Comment l’expliquer.. ? C’est lui, c’est son aura, c’est sa violence. Personne ne peut se tromper là-dessus. Personne. Le moindre légendaire, qu’il soit grand, important ou misérable, sait que ce degré de malveillance n’appartient qu’à un seul et unique individu. Et pourtant... et pourtant... maintenant que je le scrute de plus près... il me parait... banal ? Eteint, peut-être ? Comme s’il ne remplissait ni mes attentes, ni mes exigences. Comme s’il n’était pas, comme s’il n’était plus à la hauteur de son mythe.
Je pense que le mot que je cherche est déception. Et je n’aime guère être déçu. Je ne sais pas la cacher. Je ne sais pas feindre l’enthousiasme quand j’ai perdu d’un coup tout intérêt. Qu’importe que mon interlocuteur soit capable de me décoller la tête en moins de trente secondes...
En est-il seulement encore capable ? Ce dragon a perdu de sa superbe. Cette ombre mal-colorée aussi, mais j’aime à croire que l’effrois que j’apporte est encore bien présente. Véritable. A moins que moi aussi, je sois devenu d’un ridicule risible en comparaison avec mon passif. Ah... je n’aime guère les déceptions. Autant, je n’aime pas la lumière, autant je ne peux m’empêcher d’être légèrement blessé face à son manque de mémoire. Peut-être que le monde distorsion lui a distordu la tête également. Même si nous sommes une immense... non, plus un tas de freaks plus ou moins liés les uns aux autres, nous provenons plus ou moins du même continent ? Ne cherchons pas d’excuses, si moi-même, je suis capable de retenir et retrouver le nom de tous les autres, cela ne devrait pas lui être un problème.

Gheez, c’est encore pire s’il revendique être mon ‘père’.

« Est-ce important ? Je ne suis guère que l’ombre d’une ombre »

Puis je ne suis pas ceux qui hurle leur véritable identité à qui veut bien l’entendre... surtout qu’il n’a pas vraiment l’air de vouloir connaitre la réponse. Peu importe, je ne casserais pas mon effet dramatique aussi bêtement. Je l’écoute, je l’écoute dérouler le fil de son histoire, ayant tout le mal du monde à m’y intéresser. Il est déjà venu ? Avant que je m’y installe alors. Les plus anciens doivent s’en souvenir... mais à mon avis, non. A-t-il encore seulement la force d’infliger un lancer de couteau terrifiant à un être humain ? L’idée en elle-même est séduisante, mais je préfère la garder pour le monde des cauchemars. Je n’ai pas envie de gâcher cette douce réalité que je me suis créé. Sauf si ce coup de tête vient de moi, évidemment. Mais pour l’instant, pas tellement. Je me demande juste pourquoi il est venu squatter par ici.

« J’ai du mal à comprendre comment venir à une fête foraine va régler ton... ‘problème’. » Quel genre de problème un être comme lui peut avoir exactement ? Un large sourire mauvais découpe mon visage auparavant redevenu morne. Oh, j’ai bien une petite idée. Je pense pouvoir m’amuser un minimum, à flirter avec le danger. « Mais laisse-moi t’amuser, puisque je ne sers qu’à ça. Je parie que tu meurs de faim ! Pourquoi ne pas commencer par ici ? »

Vu qu’il lorgne sur le stand de churros, pommes caramélisées et autres trucs bourrés d’ingrédients un peu louche, c’est une conclusion vaguement logique. Je le saisis par le bras et l’attire, un peu comme quand je vois les petits humains tirer et trainer leurs pauvres parents de stands en stands, jusqu’en face du stand de nourriture. Le coup de feu est passé et le prochain ne sera avant une bonne heure, alors il y a peu de monde dans la file. D’un geste de la main, j’attire l’attention du vendeur. Heh, alors c’est Axel qui s’en occupe aujourd’hui ? Il me renvoie mon geste, même si l’expression de ce jeune homme vient de passer de ‘presque la fin d’une aprem’ sympa’ à ‘Oh, sh*t, pourquoi il est déjà réveillé’ en moins de cinq secondes.

« Axel, tu peux lui prendre sa commande ? C’est un vieil ami. » Tout ceux qui connaissent ma vraie nature savent ce que cela signifie réellement. Surtout que je n’ai guère d’amis, mais là n’est pas la question. « On a une tonne d’attraction à voir ensuite »

J’ai une tonne d’idées pour passer la fin de l’après-midi. Espérons juste que l’endroit reste entier.