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 Ready to call this love ▬ ft. Oliver

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Morgan Otso
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MessageSujet: Ready to call this love ▬ ft. Oliver   Ready to call this love ▬ ft. Oliver EmptyJeu 31 Oct - 11:11

Ready to call this loveFéli-Cité - Fête Foraine
Morgan
Oliver
Un énième soupir s'échappe de la bouche de Morgan alors que, las, il rompt la gousse de haricot qu'il vient de prélever sur le tas juste devant lui. Voilà bien une demi-heure qu'il écosse des haricots blancs avec Addie, la nièce de l'aubergiste, mais son esprit est totalement ailleurs. Il ne peut s'empêcher de songer à Oliver, son petit-ami depuis bien trois semaines maintenant. Alors que le Lougaroc s'était persuadé que jamais plus il ne pourrait espérer quoi que ce soit avec le Zarbi suite au lendemain catastrophique de cette soirée forte en alcool, le destin en a décidé autrement et ce n'est absolument pas pour déplaire au rouquin. Depuis qu'Oliver et lui se sont retrouvés dans les rues de Féli-Cité et qu'ils ont mit de nombreuses choses au clair, tout semble aller comme sur des roulettes pour eux. Malgré leurs emplois du temps, ils font de leur mieux pour se voir régulièrement – Oliver travaillant à la bibliothèque de Joliberges, il lui rend souvent visite après le travail ; d'autres fois, c'est Morgan qui rejoint la capitale afin d'y retrouver son petit-ami et passer un agréable moment en sa compagnie. Et tout semble aller pour le mieux entre eux : chaque jour, ils en apprennent davantage l'un sur l'autre et jamais Morgan n'aurait cru que ce serait si agréable. Son unique relation sérieuse avant Oliver étant un ami d'enfance, il n'a pas connu cette période un peu gênante où l'on ose pas dire ceci ou faire cela, craignant de vexer ou de donner une mauvaise image de nous-même. Avec le Zarbi, le Lougaroc avance à tâtons, prend des pincettes, marche sur la pointe des pieds. Et s'il a parfois cette impression d'évoluer au ralenti, ce n'est absolument pas quelque chose qui le dérange. Au contraire, il savoure ces nouvelles émotions, ces nouvelles expériences qui le font un peu plus grandir chaque jour.

Cependant, malgré toutes ces belles choses, il y a une ombre au tableau. Une ombre qui pèse de plus en plus sur Morgan, le poussant à se questionner fréquemment, à se demander le pourquoi du comment. Et s'il a proposé à Addie de l'aider dans son écossage de haricot, ce n'est absolument pas noblesse de cœur. La Pashmilla est l'un des rares amis que le rouquin a réussi à se faire à Sinnoh, et également sa confidente. Bien qu'il rechignait à se confier à elle au tout début, il a fini par lâcher et désormais, c'est vers elle qu'il se Tourne dès que quelque chose le préoccupe, surtout s'il s'agit d'Oliver. Ainsi, c'est dans le but de vider un peu son sac que Morgan a rejoint Addie dans sa besogne. Il s'est donc installé avec elle dans les cuisines, vides à cette heure-ci de la journée, pour lui parler en toute intimité. Néanmoins, le rouquin a bien du mal à se lancer. Ce qu'il a sur le cœur, c'est plutôt intime et jamais encore il n'a abordé le sujet avec qui que ce soit. Pourtant, il a la sensation qu'il peut tout dire à Addie, et que jamais elle n'émettrait le moindre jugement. D'autant plus qu'elle suit l'évolution de son couple avec Oliver depuis les prémisses. C'est elle qui l'a habillé pour la soirée, elle qui l'a ramassé à la petite cuillère lorsque le Zarbi et lui se sont violemment disputés. Et lorsque Morgan lui a avoué qu'ils s'étaient revu, qu'ils s'étaient pardonnés, qu'ils sortaient ensemble, elle a bondit de joie avant de le serrer fort dans ses bras. Addie est vraiment quelqu'un d'important pour le Lougaroc, un soutien infaillible, une oreille attentive. Et sûrement le connaît-elle déjà plus qu'il ne le pense …

Morgan écosse une nouvelle gousse de haricot dans un silence de mort lorsque Addie prend finalement la parole :

Bon, tu le vides ton sac ? Je sais bien que t'es pas venue m'aider par bonté.
Et pourquoi pas ? Je sais rendre service.
Tu tires une tronche de six pieds de long. Quoi, tu peux pas voir ton chéri aujourd'hui ?

L'embarra monte aux joues de Morgan alors qu'il jette quelques haricots dans le grand saladier en terre cuite posé devant lui. Addie n'a tellement pas de tact que cela a tendance à lui faire perdre tous ses moyens. Pourtant, nombreux étaient ceux qui ne prennaient pas de pincettes avec lui, lorsqu'il vivait encore à Alola. Cependant, jamais il n'a eu de telles conversations avec des filles – au lycée, il ne donnait son attention qu'aux garçons, quant aux filles du Clan … il ne les fréquentait pas plus que ça. Peut-être parce qu'il craignait que son père décide de le marier à l'une d'entre elles. En tout cas, Morgan n'ayant jamais vraiment côtoyé la gent féminine, il ne saurait dire si la façon de faire d'Addie est normale ou si c'est seulement digne d'elle. Cela dit, ce n'est peut-être pas plus mal qu'elle n'ait pas froid aux yeux – face à un tel caractère, Morgan reste difficilement de marbre, ce qui le pousse à s'exprimer davantage. En règle générale, il est plus bavard lorsqu'on le bouscule, lorsqu'on le met directement les deux pieds dans le plat. Bien sûr, selon la situation, cela peut également beaucoup l'énerver. Mais Addie sait exactement quels mots utiliser pour ne pas dépasser cette limite et, ainsi, éviter les coups de sang bien trop fréquents du rouquin. Elle en a déjà fait l'expérience quelques fois, depuis elle s'adapte et s'assure de ne pas le froisser. Et Morgan lui en est sincèrement reconnaissant, car peu sont ceux qui, dans le passé, ont fait l'effort de prendre des pincettes avec lui. Au moindre petit dérapage, Morgan éclatait et les gens disparaissaient. Addie n'est heureusement pas de ceux-là, et elle est d'un grand soutien pour le jeune Lougaroc. Sans elle, il ignore bien comment il aurait surmonté certains événements de sa vie depuis son arrivée à Sinnoh.

Tentant vainement de garder toute sa superbe, Morgan garde le dos bien droit et se refuse à fuir son regard. Même ses gestes n'ont pas perdu en vigueur et en efficacité, tandis qu'il repousse quelques gousses vides du revers de la main.

Si, je le rejoins en fin de journée, à la bibliothèque. Il m'emmène à la fête foraine de Féli-Cité.
Comme c'est mignon. Mais évitez de vous galocher dans la maison hantée, c'est vraiment pas glamour.
P-Pourquoi on ferait ça ? Tu as des idées bizarres !
Je rigolais. Bon alors, tu vas me dire ce qui te tracasses, oui ou non ?

Morgan pince les lèvres, ses yeux grenats se perdant dans la contemplation des tâches violettes sur la gousse entre ses mains. Peut-il vraiment lui en parler ? N'est-ce pas trop intime ? Quelque chose qui ne concerne qu'Oliver et lui ? Addie veut-elle seulement savoir ce genre de chose ? Le Lougaroc l'ignore mais, pour autant, il sait qu'il a besoin de vider son sac. Et puisque la Pashmilla l'a toujours écouté jusqu'à maintenant … et qu'elle-même lui parle sans le moindre tabou de sa relation avec son petit-ami … il peut bien en faire autant, non ? Elle n'est absolument pas le genre de fille à rougir de détails croustillants d'après ses propres dires, mais le rouquin a malgré tout l'impression que ce qu'il s'apprête à avouer est très personnel. D'autant plus qu'il y a également une petite histoire d'égo avec laquelle il a bien des difficultés. Prenant finalement son courage à deux mains, Morgan avoue :

Eh ben … Ca fait trois semaines que nous sommes ensemble maintenant et … Nous n'avons toujours rien fait. Tu crois que c'est normal ?
Beeeen … J'imagine que ça doit prendre le temps qu'il faut. Il n'y a pas de normalité. Ça arrivera quand ça devra arriver. Pas la peine de t'angoisser.
Peut-être, mais je ne peux pas m'empêcher de me demander si … si j'ai fait quelque chose de mal ou si je ne suis pas suffisamment à son goût pour qu'il ait envie de moi.
S'il est avec toi, c'est que tu es à son goût. Et puis, tu me le décris comme un garçon assez sensible quand même. Il veut peut-être juste ne rien précipiter et prendre le temps qu'il faut.
Mmmh, peut-être oui …
Ou alors, il est asexuel.
Asexuel ?!

A en croire l'hilarité soudaine qui secoue les épaules d'Addie, la grimace effrayée de Morgan a de quoi dérider n'importe qui. Pourtant, le Lougaroc ne plaisante absolument pas. L'asexualité, il ne sait pas vraiment ce que c'est. Il en a entendu parler, mais sans jamais pousser la réflexion plus loin. De ce fait, il a bien du mal à comprendre où la Pashmilla veut en venir, mais ça ne lui annonce vraiment rien qui vaille. Pour peu, son estomac s'en retournait d'appréhension.

L'asexualité, c'est quand une personne ne ressent aucun désir sexuel, pour caricaturer au plus simple.
C'est possible ça ? Tu penses que Oliver pourrait être asexuel ? Qu'est-ce que je vais devenir s'il est asexuel ?!
Voyons, pas de quoi en faire tout un fromage. Il n'y a pas que le sexe dans la vie. J'ai un couple d'amis asexuels et ils sont très heureux.
Parce qu'ils le sont tout les deux. Moi, je ne le suis pas.


La mine renfrognée, encore plus perturbé qu'avant, Morgan jette un peu brutalement ses haricots dans le saladier, incapable de retenir les idées loufoques virevoltant dans son esprit. Il aime Oliver, de tout son cœur. Mais la simple idée qu'il ne puisse, peut-être, jamais avoir de relation sexuelle avec lui le trouble vraiment. S'il apprécie sincèrement les baisers qu'ils s'échangent, Morgan a envie de plus, de vraiment plus. Et après prêt de deux mois d'abstinence, son corps entier brûle de désir pour le Zarbi. Si le rouquin n'a encore pas initié le moindre geste, c'est parce qu'il n'a jamais eu à la faire, auparavant. Ses partenaires faisaient toujours le premier pas, venant réveiller son désir sans le moindre mal. D'autant plus que la réaction d'Oliver le lendemain de leur soirée arrosée est encore fraîche dans la mémoire de Morgan. Il a pleuré, parce qu'il avait honte, parce que c'était arrivé trop vite, parce qu'il s'en voulait. Si, depuis, le rouquin lui a promit qu'il ne s'était absolument rien passé – du moins, hors quelques probables attouchements – il ne peut s'empêcher de se dire qu'il a peut-être dégoûté Oliver, ce matin-là. Ce qui expliquerait pourquoi, trois semaines plus tard, absolument rien ne s'est produit. Cela dit, l'occasion ne s'est peut-être simplement pas présentée. A aucun moment, au cours de ces quinze derniers jours, ils n'ont eu l'occasion de se retrouver seuls dans un endroit propice à ce genre d'activité. Morgan n'a même pas remit les pieds dans l'appartement d'Oliver, ils se sont contentés de se revoir à l'extérieur, bien qu'ils choisissent toujours des endroits à l’abri des regards pour s'embrasser en toute quiétude. Peut-être le Zarbi attend-t-il seulement le bon moment … ou peut-être qu'il ne ressent aucun désir sexuel. En espérant que ce soit la première solution …

______________________

Il n'est pas encore tout à fait dix-sept heure lorsque Morgan quitte l'auberge, une veste épaisse sur le dos et emmitouflé sous une grosse écharpe. L'automne s'est définitivement installé sur Sinnoh, comme en atteste les feuilles oranges et jaunes, le soleil timide et le ciel gris. Mais ce qui est le plus désagréable pour Morgan, ce sont les baisses de température. L'automne à Sinnoh est vraiment différent de celui d'Alola ! Sur les îles, le soleil brille toujours autant, mais il y a davantage de tendance à la pluie et au vent. Néanmoins, les températures continuent d'avoisinner les vingt degrés, ce qui est frais mais supportable pour les natifs. Alors qu'à Sinnoh … ! L'hiver n'est pas encore là, mais Morgan le redoute sincèrement. Il va vraiment falloir qu'il s'achète des vêtements plus chaud s'il ne veut pas mourir de froid à l'entrée de la mauvaise saison. S'il a réussi à se procurer cette veste et cette écharpe, c'est parce que Addie a récupéré des vieilles affaires de son petit-ami pour les lui donner. Puisque le Lougaroc est un véritable gringalet, rien ne lui va : la preuve avec cette veste trop grande pour lui, qui cache ses mains dans les manches. Néanmoins, son propre gilet n'aurait absolument pas suffit à le garder un minimum au chaud alors … Tant pis. Quant à l'écharpe … elle est noire, classique – mais vraiment pratique. En protégeant sa nuque, le rouquin a l'impression de maintenir son corps entier au chaud. Et il en aura bien besoin, parce qu'Oliver et lui vont passer quelques heures dehors, ce soir. D'où l'importance de bien s'habiller, afin de ne pas tomber malade.

C'est tout impatient qu'il s'assoit sur le banc en bois faisant face à la bibliothèque. La nuit commençant déjà à tomber, la lumière s'échappant des fenêtres et de la verrière du bâtiment lui donne un air encore plus impressionnant, presque mystérieux. Si le rouquin n'y a encore jamais mit les pieds, Oliver lui en a déjà fait la description et il ne doute pas que son petit-ami s'y plaise. Néanmoins, Morgan a bien hâte que le Zarbi s'arrache à son travail et qu'il le rejoigne le plus vite possible. Une fois encore, l'aubergiste a offert deux tickets de bus à Morgan pour qu'il puisse rejoindre la capitale sans se faire de souci – le rouquin suspecte d'ailleurs Addie d'avoir touché deux mots sur sa relation à sa tante, mais il ne peut lui en vouloir, d'autant plus que l'aubergiste a toujours été très aimable et compréhensive à son égard. Frottant frénétiquement ses mains pour réchauffer ses doigts déjà gelés, Morgan ne lâche pas les grandes portes du regard, espérant voir Oliver apparaître dès qu'elles s'ouvrent. Si quelques personnes sortent régulièrement, ce sont principalement des visiteurs à en juger par les sacs plein de livres qu'ils tiennent sur leurs épaules. Quand, enfin, le Zarbi apparaît sur le porche, le Lougaroc se fait violence pour ne pas aller se jeter dans ses bras. Il se contente d'un léger signe de la main pour signaler sa position, souriant largement lorsque Oliver le repère. Ce n'est qu'une fois le Zarbi à proximité que Morgan s'autorise à se jeter à son cou, lui offrant un doux baiser comme salutation enjouée.

Salut toi. Ça s'est bien passé aujourd'hui ?

Et tout en écoutant Oliver lui raconter sa journée, Morgan prend tranquillement la direction de l'arrêt de bus, tenant doucement sa main dans la sienne. Si cela est encore un peu difficile pour lui de s'afficher en public, il a de mois en moins de mal à lui tenir la main. Maintenant, c'est même lui qui amorce le geste, venant emmêler ses doigts aux siens. D'autant plus que cela a l'avantage de le réchauffer un peu, ce qui est autant utile qu'agréable. Une fois à l'arrêt de bus, ils ne patientent que quelques minutes avant de grimper dans le car, s'installant sur les derniers sièges libres. Désormais habitué à faire le trajet jusqu'à Féli-Cité, le Lougaroc n'a même plus conscience du temps qui passe et s'étonne même lorsque la voix mécanique du bus annonce leur arrêt. Une fois dans la capitale, le rouquin laisse Oliver gérer les opérations. Morgan ne sait absolument pas où se tient la fête foraine, il laisse donc à son petit-ami le soin de le guider à travers les rues de Féli-Cité. Comme d'habitude, il y a beaucoup de monde et ce n'est pas forcément évidemment d'évoluer sur les trottoirs, mais tout cela est rentré dans les habitudes du Lougaroc, tant et si bien qu'il ne s'étonne plus d'être bousculé ou d'entendre des gens beugler dans leurs téléphones. Certes, il n'apprécie pas plus que ça cette ambiance trop pressée, trop angoissante, mais il s'y est fait. De toute façon, tant qu'il garde la main d'Oliver dans la sienne, il ne risque pas le perdre. Et Morgan ne compte en aucun cas relâcher ses doigts.

Ce n'est qu'après un slalom interminable sur les trottoirs de Féli-Cité que Oliver et Morgan parviennent aux abords de l'immense parking où s'est installée la fête foraine. Ils ne sont pas encore tout à fait arrivés que le Lougaroc entend déjà de la musique et un brouhaha provoqué par les rires et les hurlements des visiteurs. Curieux mais un peu effrayé malgré lui, le rouquin fait cependant de son mieux pour ne rien laisser paraître et suit Oliver sans se laisser distancer. Bientôt, l'entrée apparaît dans leurs champs de vision et un clown au maquillage grotesque les accueille en leur offrant à chacun un ballon baudruche. Se prêtant au jeu comme un enfant, Morgan attache la cordelette à son poignet afin de ne pas lâcher son ballon et incite Oliver à faire de même. Ils ne sont encore qu'à l'entrée, mais de nombreuses odeurs différentes assaillent les narines du Lougaroc. Celle du sucre, surtout. C'est alors qu'il avise une étrange machine devant laquelle une femme d'une quarantaine d'année agite un bâton en bois. Avec stupeur, le rouquin voit des filaments rosés s'échapper de l'appareil et s'enrouler autour du bâton, créant petit à petit un gros nuage rose. Désireux de voir cela de plus prêt, il invite Oliver à le suivre et se rue jusqu'à la propriétaire du stand, qui, petit à petit, travaille le nuage de la tranche de la main afin de lui donner une forme de fleur. Une fois son œuvre terminée, elle la tend à une petite fille que Morgan n'avait même pas remarqué. Ravie, la fillette remercie chaleureusement la dame, lui tend quelques pièces puis s'éloigne en sautillant, enfouissant son visage dans sa fleur rose.

Wow, qu'est-ce que c'est ? fait-il les yeux exorbités, en lançant une œillade impressionnée à Oliver. Ça se mange ?

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: Ready to call this love ▬ ft. Oliver   Ready to call this love ▬ ft. Oliver EmptyVen 15 Nov - 15:44
Ready to call this loveMorgan & OliverNombril, je t’aime, astre du ventre.
Œil blanc dans le marbre sculpté,
Et que l’Amour a mis au centre
Du sanctuaire où seul il entre,
Comme un cachet de volupté.

Théophile Gautier
Un grognement sourd s'échappe des lèvres d'Oliver. Combien de fois s'était-il retrouvé en tête à tête avec cette machine à café, aujourd'hui ? Il actionna le mécanisme avec lassitude, observant le liquide noir couler au fond de son gobelet en plastique. Le flux était on ne peut plus lent : sans doute devait-il être particulièrement concentré ; de quoi réveiller un mort.
Bâillant à s'en décrocher la mâchoire, le Zarbi jeta un coup d'œil à l'horloge, accrochée au-dessus de sa tête. La trotteuse poursuivait sa ronde infinie dans le cadran… Il n'était que trois heures de l'après-midi, et des poussières. Le temps était tout bonnement insoluble. Chaque fois qu'il regardait l'heure, seulement quelques minutes s'étaient écoulées… À croire que dans cette bibliothèque, les journées de travail duraient une semaine entière.
Le soir, il rentrait toujours épuisé ; ce n'était pourtant pas les tâches qu'on lui confiait qui étaient éreintantes. Son patron, plutôt irascible, ne semblait pas avoir compris ce qu'il recherchait en venant ici. Oliver avait obtenu son master avec brio. On lui avait même conseillé de faire un doctorat, mais il avait préféré s'arrêter là… Autant dire que ses connaissances en histoire, en archéologie et en littérature anciennes étaient particulièrement aiguisées, d'autant plus que sa spécialité le passionnait Il connaissait trois langues antiques sur le bout des doits et parvenait sans problème à décrypter des parchemins hermétiques. Mais, visiblement, les connaissances qu'il avait accumulées tout au long de ses années d'étude ne lui serviraient pas à grand chose : le patron avait complètement éclipsé cette partie de son CV ; il était bien plus intéressant de lui demander des cafés à longueur de journée. Ah ! Non, il était mauvaise langue ! Parfois monsieur Zethur l'autorisait à trier quelques bouquins – mais bien souvent, il repassait derrière lui, pour vérifier que tout était en ordre –. Le reste du temps, le Zarbi s'occupait du ménage. Il était devenu le pro de la serpillère et du balai : une aubaine.
Oliver avait parfois même l'impression que les autres employés le dévisageait avec pitié. ou était-ce seulement la projection des sentiments qu'il éprouvait à son propre égard ?
Récupérant le gobelet en plastique, brûlant, il plongea son regard noir dans la boisson tout aussi sombre ; au moins, ses journées de travail lui laissaient tout le loisir de penser à autre chose. Dans le café, il imaginait son prochain week-end ou revoyait ses soirées précédentes. Le visage de Morgan y revenait souvent.

Morgan… Leur rencontre et surtout leur histoire étaient tout bonnement inespérées. Oliver ne cessait de mesurer sa chance : il avait un petit ami génial, adorable. Ce n'était pas donné à tout le monde. Il lui arrivait de soupirer en pensant à lui, le manque nourrissant sa frustration. Un petit sourire béat étirait alors ses lèvres ; son patron lui avait déjà fait plusieurs réflexion à ce sujet, du style "on ne te paye pas pour rêvasser". Mais c'était plus fort que lui… Chaque fois qu'il pensait à Morgan, il revivait leurs moments passés ensemble, leurs étreintes, leurs baisers… Et c'était agréable, très agréable.
Bien sûr, ils avaient encore beaucoup de chemin devant eux, mais leur relation était déjà forte ; leur lien puissant. C'était comme s'ils s'étaient toujours connu… Pourtant, Oliver ne connaissait Morgan que depuis un mois, tout au plus, et ça n'avait pas été tous les jours facile.
Il avait cru comprendre que du haut de ses dix-neuf ans, le Lougaroc avait connu des histoires mouvementées qui lui avaient laissé un goût amer, notamment avec ce fameux Tôma… De ce fait, il lui arrivait de se comporter avec plus de douceur et de patience ; Oliver ne voulait pas brusquer le rouquin, surtout pas. Alors… Alors il n'osait pas aller plus loin que leurs baisers et leurs tendres caresses. Il n'osait pas descendre plus bas que la ceinture.
Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait. Le brun était loin d'être prude… bien au contraire. Il avait une appétence toute particulière pour les parties de jambe en l'air, surtout lorsque la personne en face lui plaisait autant. Morgan, il le trouvait magnifique, et chaque fois qu'il posait les yeux sur lui, il avait envie de le manger tout cru. Il s'était déjà laissé aller à la contemplation de ses courbes, discrètes mais bel et bien présentes… Il s'était imaginé ce corps nu, qu'il n'avait entrevu que deux fois, en maillot ou sous les draps de son lit.
D'ailleurs, depuis cet incident dont il ne gardait que des bribes de souvenir, ils n'avaient jamais dormi ensemble. C'était comme s'ils fuyaient autant l'un que l'autre ce moment. Celui qui scellerait leur amour pour de bon. Et Oliver en tremblait d'avance. C'était bien la première qu'il craignait de passer à l'acte. Il avait tellement peur de le décevoir, de passer pour un mauvais coup. Rien que d'y penser, il se sentait défaillir et devenait livide. Et s'il n'y arrivait pas…? S'il se retrouvait au-dessus de lui, incapable de faire quoi que ce soit ? Il mourrait de honte. Il se cacherait sous les draps.
Pourtant… Pourtant il le désirait. Il voulait l'aimer, l'aimer fort et lui témoigner ainsi toute son affection. Couvrir chaque centimètre carré de son corps de baisers brûlants. Mais tout ça, Oliver n'osait pas lui dire. Il attendait que Morgan fasse le premier pas ; qu'il lui dise, lui aussi, qu'il le voulait. Car, si jamais il venait à le pousser alors que le rouquin n'était pas prêt, il s'en rendrait compte et s'en voudrait beaucoup.
Dans ces moments de doute et d'angoisse, le Zarbi aurait aimé avoir quelqu'un avec qui en parler sans tabou. Quelqu'un pour le rassurer, lui dire que non, tout se passerait bien. Il avait comme l'impression de revivre sa première fois, et c'était tout bonnement effrayant… Seulement… Seulement Oliver ne connaissait pas une telle personne. Aucune de ses connaissances ne pouvaient lui servir de confident. Son père, s'i avait été avec une jeune femme, aurait sans doute pu l'aider… Mais ce n'était pas vraiment le cas, et le brun n'avait pas encore eu le courage de leur dire. De leur avouer cette terrible vérité. À ses yeux, ses préférences étaient tout à fait normales ; il les assumait. Mais il avait conscience des avis divergents à ce sujet, et s'il ne les respectait pas le moins du monde, il craignait néanmoins que sa famille lui tourne le dos en apprenant son homosexualité. Il savait son père quelque peu machiste et gras quant à ce genre de choses… Il avait toutes ses chances de mal réagir. Et si c'était pour se faire traiter de pédale et de tarlouze par son propre père, Oliver préférait s'abstenir.
Quant à sa mère… Sa mère cachait bien son jeu. Elle n'en pensait certainement pas moins… Alors il n'avait pas le courage de leur dire. De s'assumer devant eux. Pourtant, ce qu'il vivait avec Morgan était fort et précieux, et il ressentait jour après jour le besoin de laisser éclater leur relation au grand jour. De présenter le rouquin à sa famille.
Sans doute devrait-il attendre encore un peu, mais il le faudrait… C'était une certitude.

Laissant échapper un profond soupir, Oliver secoua doucement la tête, s'éloignant de la machine à café pour aller livrer sa commande au patron qui devait l'attendre de pied ferme.
Il jeta un dernier coup d'œil à la pendule : dans moins de deux heures, il retrouverait son  petit-ami et partirait avec lui pour Féli-Cité. L'immense fête foraine annuelle, organisée pour Halloween s'était enfin installée… Et Morgan, qui avait vu une annonce dans un journal, lui avait réclamé de prendre des places pour s'y rendre un de ces soirs. Bien sûr, trop content de pouvoir passer du temps avec lui, le Zarbi avait accepté sans rechigner… Pourtant… Pourtant Arceus savait au combien il détestait les manèges et autres attractions à sensations fortes.

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Enfilant sa veste en jean molletonnée par dessus son pull à capuche traditionnel, Oliver récupéra son sac à dos et son écharpe qui pendaient au porte-manteaux des employés. Dix-sept heures avaient sonné ; c'était un des seuls jours de la semaine où il terminait aussi tôt. Le vendredi était vraiment symbole de délivrance.
Enroulant son écharpe pourpre autour de son cou, il eut un petit sourire : sans doute Morgan l'attendait déjà dehors ; il se devait de se dépêcher pour ne pas le faire trop attendre. Arrangeant une dernière fois sa capuche dans le miroir des toilettes mises à leur disposition, il observa son reflet d'un air dubitatif : de larges cernes s'étendaient sous ses yeux, déjà trop sombres. Passant une main brouillonne dans ses cheveux, il chassa quelques boucles de son front. Son pull, imitant un jean noir délavé, arborait quelques motifs faisant référence à un groupe pop-rock qu'il était déjà allé voir en concert. Sa tenue du jour était, soyons franc, plutôt passable. Décontractée mais harmonieuse. Sans se l'avouer, il espérait plaire à Morgan et faisait tout pour ne pas revêtir des vêtements trop voyants et vieillots qui pourraient lui déplaire. Il lança son sac dans son dos et sortit de la pièce de service, débouchant dans le hall absolument immense de la bibliothèque. Les clients sortaient eux aussi petit à petit, laissant entrer le froid à l'intérieur.
Frémissant, Oliver jeta un coup d'œil à l'extérieur : le ciel était gris, la nuit tombait déjà. L'automne à Sinnoh était tout bonnement impitoyable.
Il salua sans plus de cérémonie Monsieur Zethur qui était dans les parages et passa la porte à son tour, enfouissant son nez dans la chaleur réconfortant de sa lourde écharpe. Ses mains vinrent se réfugier dans les poches de sa veste : ils allaient décidément mourir de froid, à Féli-Cité, surtout si Morgan désirait faire des attractions en hauteur. Il frissonna d'avance : beurk. Il détestait vraiment ce genre de manège, mais il prendrait sur lui.
Le rouge mordit ses joues lorsqu'il aperçut le rouquin sur le banc, à la vue de tout le monde, esquissant un petit signe et une grand sourire pour lui indiquer sa position. Il fit une petite grimace heureuse, ne pouvant se retenir de regarder autour de lui si personne ne les observait.
Si en ville il se sentait comme un poisson dans l'eau, ici, à Joliberges, il avait toujours peur qu'une personne malintentionnée aille raconter des bêtises à ses parents. Tout le monde se connaissait, par ici… Nombreux étaient les visiteurs qui le saluaient à la bibliothèque et lui faisaient même la causette.
Prenant une grande inspiration, il essaya de chasser ces vilaines pensées et s'empressa d'aller retrouver son louveteau, trop content de pouvoir le serrer fort dans ses bras et de l'embrasser :

▬ Heeeey ~
▬ Salut toi. Ça s'est bien passé aujourd'hui ?

Le Zarbi déposa un doux baiser sur son front, ses joues se réchauffant sensiblement. Sa main vint trouver celle de Morgan, et ils prirent sans attendre la route de l'arrêt de bus.

▬ C'est allé, répondit-il avec un grand sourire. Bien sûr, j'ai fait du café toute la journée, mais bon… Au moins je suis au chaud, et payé qui plus est. Je vais pas me plaindre.

Il laissa échapper un petit soupir, passant sa main libre dans ses cheveux pour rejeter en arrière les mèches rebelles, déjà revenues chatouiller son front.

▬ J'ose espérer que Môsieur le Légendaire se rendra compte de mes capacités, un de ces jours, et me laissera un peu plus de liberté… J'aimerais qu'il me confie des tâches importantes. Un petit rire s'échappa de ses lèvres, se perdant dans le vent, fort, qui soufflait sur le pont de Joliberges. Et toi ? Tes clients, tout ça…? Ça va ?

Il écouta Morgan lui raconter ses derniers rendez-vous, un petit goût d'amertume collant désagréablement à son palais. Il n'aimait pas beaucoup le savoir dans les bras d'autres hommes, même si c'était pour de faux, même s'il était habillé en femme. Sa jalousie maladive venait toujours serrer sa gorge, et ses doigts, bien que gelés, attrapait les siens encore plus fort. Mais, grand prince, le Zarbi posait quand même la question et prenait sur lui, ne laissant rien paraître de son malaise. Il ne voulait pas vexer ou braquer le rouquin. Ce n'était pas le but de leurs petites entrevues, bien au contraire.
Ce soir, ils profiteraient de leur temps libre, main dans la main. Et Oliver oserait même lui demander de venir passer la nuit chez lui, à Féli-Cité. Il craignait que le Lougaroc ne refuse, mais il avait déjà tout préparé. Le lit était fait, agrémenté de couvertures bien chaudes. Ils dormiraient dans les bras de l'autre ; ce serait un moment magique.
Bien sûr, Oliver n'en demanderait pas plus. Ils ne feraient rien ; seulement quelques étreintes plus poussées. C'était sans doute encore trop tôt.

Le trajet en bus était devenu une simple formalité. À présent autant lui que Morgan y étaient habitués, et le temps semblait défiler plus vite qu'auparavant. Ils échangèrent quelques paroles, manière de combler le silence et, fatigué de sa journée de travail, Oliver se laissa aller contre l'épaule de son compagnon, déposant quelques baisers timides dans son cou.
Quelques gouttes de plus s'écrasèrent contre la vitre du car, plongeant le Zarbi dans une morosité peu commune. Les temps d'automne avait le chic de profondément le déprimer ; il préférait l'été et le printemps pour leurs beaux soleils.
Bien heureusement, la pluie s'arrêta à temps ; ils descendirent dans une des avenues principales de Féli-Cité, submergée de monde, déjà en quête de cadeaux de Noël. Oliver bâilla à s'en décrocher la mâchoire, prenant la main de Morgan dans la sienne et s'engageant sur le chemin de la fête foraine assez mécaniquement.
Il chercha un instant dans son manteau et en sortit une feuille pliée en quatre :

▬ Tiens, c'est ton ticket. Je les ai réservés mercredi. Il ne restait déjà plus beaucoup de places pour aujourd'hui.

Il ponctua ses paroles d'un grand sourire.
Après quelques minutes à slalomer entre les passants, enchaînant les ruelles, la musique de la fête se fit entendre, guidant leurs pas. L'entrée du parking sur lequel elle avait été montée se profila à l'horizon.
Oliver déglutit difficilement, avisant les immenses manèges qui propulsaient une foule en délire dans les airs. Si Morgan lui demandait de monter dans un de ces trucs, il ferait certainement une syncope.
Masquant son angoisse, il fit un joli clin d'œil à ce dernier, déjà émerveillé par le spectacle qui s'offrait à lui.
Le Lougaroc lui avait avoué n'avoir jamais les pieds dans ce genre d'évènements. Même si ce n'était pas l'activité préféré du brun, il était sincèrement ravi de l'amener ici. Ce serait sans doute quelque chose dont ils se souviendraient.

▬ C'est immense, t'as vu ? s'exclama-t-il, feignant d'être enjoué et impatient. Je suis sûr que ça va te plaire.

À l'entrée, après avoir validé leurs tickets, un clown aux couleurs d'Halloween leur offrit deux énormes ballons rouges, rappelant un film d'horreur récemment diffusé au cinéma. Un petit sourire amusé fleurit sur les lèvres du garçon lorsque Morgan l'obligea à attacher la cordelette autour de son poignet, tout heureux d'être là.
Il caressa sa main de son pouce, lui témoignant son affection et sa joie d'être à ses côtés.
Différentes effluves vinrent à ses narines ; un foodtruck s'était installé à une dizaine de mètres, vendant sandwichs, gaufres et churros. Oliver s'apprêta à traîner Morgan vers le vendeur pour commander quelques fritures, mais ce dernier, hypnotisé, coupa court ses pensées :

▬ Wow, qu'est-ce que c'est ? Ça se mange ?

Le Zarbi tourna la tête et découvrit un joli stand orange et noir, décoré de petits nosferapti, derrière lequel une femme aux cheveux rose bonbon préparait avec beaucoup de dextérité de magnifiques barbes à papa. Petit à petit, elle formait une rose avec les fils sucrés. Une enfant et sa mère attendaient patiemment d'être servies.
Riant doucement, amusé par l'air impressionné que prenait Morgan, Oliver se lança dans une courte explication :

▬ Oui, bien sûr que ça se mange. Tu connais pas ? Ça s'appelle une barbe à papa. C'est comme un bonbon en fait, mais géant. Tu vois : c'est du sucre avec différents parfums que la dame transforme en filament pour l'enrouler autour du bâton. T'en veux une ?

Sans même attendre la réponse de son petit-ami, Oliver se rua vers le stand et commanda à son tour une jolie rose rouge, parfum cerise. Il prit Morgan dans ses bras et ils observèrent tout deux leur confiserie se former. Lorsque la quarantenaire leur tendit fièrement son œuvre, le Zarbi fit mine de se mettre à genoux, un sourire taquin aux lèvres et le rose aux joues, offrant la fleur au rouquin :

▬ Accepteriez-vous ces quelques fleurs, Monsieur ?
Un petit rire secoua ses épaules.

Il se releva, volant au passage un bout de pétale, et paya la dame, visiblement amusée par la situation. Après l'avoir remerciée, ils s'éloignèrent et s'enfoncèrent un peu plus dans la foule de la fête foraine.
Grignotant de temps à autre un bout de barbe à papa, Oliver, après avoir observé les jolis lampions qui décoraient le chemin, reprit la parole, laissant aller son bras autour de la taille du garçon :

▬ Je te prendrai une pomme d'amour tout à l'heure. S'exclama-t-il, tout guilleret. Faut absolument que tu goûtes, c'est délicieux.


Il passa une main un peu gênée dans ses cheveux, affichant un sourire tremblotant.

▬ Ah ! Je te l'ai pas dit parce que j'étais content de pouvoir t'amener ici, mais… Mais les fêtes foraines et moi, ça fait un peu deux. Il déglutit. Non, c'est pas vraiment ça… C'est juste que j'ai le vertige. Vraiment.
Donc… Je ferais de mon mieux pour t'accompagner, mais sache que je vais mourir de peur ! T'auras de quoi rire.


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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: Ready to call this love ▬ ft. Oliver   Ready to call this love ▬ ft. Oliver EmptyVen 29 Nov - 16:29

Ready to call this loveFéli-Cité - Fête Foraine
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Oliver
Malgré la brise fraîche du soir, Morgan ne se départi pas de son sourire. Retrouver Oliver et marcher main dans la main avec lui est presque devenu routinier depuis trois semaines et pourtant, la même joie l'inonde à chaque fois. Apercevoir son joli minois, entrelacer ses doigts aux siens, s'échanger des banalités … Tout cela peut sembler parfaitement ordinaire, mais c'est plus puissant que cela pour le Lougaroc. Il pensait avoir explorer tous les travers de l'amour, avec Tôma. Et pourtant, il était bien loin du compte. Jamais son ex petit-ami n'aurait accepté lui tenir la main en public. Jamais il ne l'aurait emmené où que ce soit, même pas à la plage au pied de la Colline Dicarat. Leur amour n'existait qu'entre les quatre murs de la chambre de Tôma – et surtout dans son lit, témoin de leurs étreintes, où ils consommaient leur passion chaque soir. Avec du recul, Morgan réalise l'horrible vérité de leur relation. Il n'y a jamais vraiment eu d'amour, du moins pas du côté de Tôma. Mais il y avait une attirance évidente, un désir commun, une envie folle de s'appartenir, d'atteindre le septième ciel. Morgan se souvient comme si c'était hier de leur première fois. Puisque Tôma ne l'avait jamais fait avec un garçon auparavant, il s'est chargé de le guider. De lui apprendre ce qu'il avait à savoir. Le rouquin se rappelle des gestes à la fois maladroits et désireux de Tôma. L'impatience dans son exécution, la convoitise dans son regard. Et Morgan, préoccupé à l'idée de lui offrir tout le plaisir qu'il mérite, s'est un peu négligé, s'est un peu précipité. Il se souvient avoir eu mal, d'avoir un petit peu pleuré. Mais il a suffit que Tôma l'embrasse pour qu'il lui pardonne sa hâte et son impatience – il l'aimait trop pour ne pas lui pardonner le moindre de ses travers.

Il lui est souvent arrivé de songer à sa première fois avec Oliver. Il l'imagine douce, tendre, langoureuse. Le Zarbi est si gentil … il prendra forcément mille et une précautions. Et plus il y pense, plus Morgan est impatient. Il a tellement hâte de s'offrir à lui, de lui prouver à quel point il l'aime. Il rêve de ses caresses, de ses baisers. Et au petit matin, accompagné d'un mini-lui particulièrement réceptif à ses songes, il a un petit peu honte. Morgan sait que ces choses sont naturelles, qu'il n'a absolument pas à en rougir mais … Comment ne pas se sentir un peu mal à l'aise quand il retrouve Oliver, ensuite ? Forcément, les images de son rêve lui reviennent en mémoire et le ramène dans cette volupté factice qu'il aimerait voir devenir réalité. Il devient tentant de l'aguicher un peu, de lui réclamer sa tendresse, son amour. Mais Morgan ne peut absolument pas s'y résoudre. Comment Oliver le verrait-il ? Comme un petit obsédé ? Un accro des parties de jambe en l'air ? Ce serait mentir de dire que ce n'est pas le cas – sans être un véritable maniaque du sexe, le rouquin a conscience de sa grande libido. Mais ce n'est pas ainsi qu'il veut apparaître aux yeux d'Oliver. Oui, Morgan a eu une période très peu glorieuse, où il s'offrait à qui le voulait, dans le seul but de combler cette solitude qui le rendait fou de désespoir. Mais tout ça est derrière lui désormais. Ce vide a disparu, Oliver l'a comblé avec son amour et sa sincérité. Il n'est plus le même gars qu'au lycée, c'est une certitude. Mais malgré tout, il a des envies, des désirs, comme n'importe quel être humain. Il aime son petit-ami et il veut franchir cette étape avec lui. Mais comment s'y prendre … ?

Oliver est un garçon tellement sensible. Morgan a eu l'occasion de le remarquer maintes et maintes fois. Il ne ressemble à aucun des garçons qu'il a pu fréquenter par le passé – tous étaient sûrs d'eux, et parfaitement clairs dans ce qu'ils recherchaient. Avec le Zarbi, le Lougaroc sait que ce n'est pas pour de faux. Que ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre est véritable, bien que bâti sur quelques erreurs. Parfois, il y a encore cette légère impression de malaise, cette petite limite qu'ils n'osent pas franchir. S'ils ne sont plus de parfaits étrangers l'un pour l'autre, il y a encore des choses qu'ils ignorent, quelques histoires passées sous silence. Cependant, ce n'est pas une mauvaise chose. Morgan prend un véritable plaisir à le connaître toujours plus chaque jour. D'autant plus que cela leur donne l'occasion de beaucoup discuter. Et la communication, c'est quelque chose qui lui manquait terriblement dans sa relation avec Tôma. Ce dernier estimait toujours qu'il n'avait jamais rien à lui dire, jamais rien à lui raconter. Certes, ils se connaissaient depuis l'enfance et fréquentaient le même établissement scolaire mais … Morgan ne pouvait pas croire qu'ils n'avaient rien à partager pour autant. De ce fait, échanger des petites banalités avec Oliver est sûrement l'une des choses qui le rend le plus heureux. Discuter du beau temps, parler des dernières informations, débattre sur des sujets futiles … Ce n'est pas grand chose, mais ça le rend heureux, tellement heureux. Morgan profite de la moindre occasion pour lancer des sujets de discussions, parfois un peu idiots, qui évolue,t petit à petit en échanges passionnants sur des thèmes divers et variés. Grâce à Oliver, il apprend beaucoup de chose, concernant tout et n'importe quoi – et, très souvent, l'histoire qui passionne tant son petit-ami.

Mais ce qui le rend plus heureux encore, c'est que Oliver lui parle si librement du travail. Morgan sait que son job n'a rien de glorieux, et qu'il est difficile à accepter pour le Zarbi. Mais le fait que ce dernier lui demande toujours comment ça s'est passé, comme il le ferait si Morgan était carreleur ou boulanger, lui donne l'impression de banaliser la chose. Bien évidemment, Oliver s'inquiète toujours pour lui. Et Morgan ne peut décidément pas lui en vouloir. Mais le Zarbi prend sur lui, fait de son mieux pour ne pas le mettre trop mal à l'aise. Pour cela, le Lougaroc lui en est sincèrement reconnaissant. Alors, pour ne pas l'inquiéter, il évite de lui parler des petits accidents qui peuvent arriver. Comme ce type particulièrement agaçant qui a insisté la soirée entière pour obtenir son numéro de téléphone. Morgan a fini par lui communiquer une suite de chiffres complètement factice, pour qu'il lui lâche un peu la grappe. A la fin de la soirée, évidemment, il a eu droit à une proposition graveleuse, qu'il a expédié sans mal. Cela fait malheureusement parti de son quotidien de travail, qu'il a cependant apprit à gérer d'une main de maître. Si Morgan ne s'est jamais laissé faire, il est encore moins conciliant depuis qu'il sort avec Oliver. Hors de question d'offir quoi que ce soit à ces types, même pas un petit baiser sur la joue ou le dos de la main. Le rouquin veut bien faire acte de présence, prétendre être quelqu'un d'autre, mais le reste … Ca ne rentre pas dans son contrat. Et Morgan ne se gêne pas de le rappeler à ses clients lorsque ces derniers se montrent un petit peu trop insistants.

Mais le travail, ce n'est pas le sujet du jour. Cette fête foraine, Morgan en a rêvé toute la semaine. Oliver s'est occupé de réserver les billets pour être sûr de pouvoir entrer au moment venu. L'événement est tellement populaire à Féli-Cité qu'il n'est plus possible d'entrer gratuitement, au lieu de quoi la vogue serait submergée de monde. Alors ils ont mit en place un système de tickets, au nombre limité, pour que ce soit plus agréable autant pour les employés que pour les visiteurs. Certains se sont plaint de ces mesures, habitués à pouvoir entrer librement dans la fête foraine sans avoir à dépenser un sou, mais les responsables de l'événement ont refusé de revenir sur leur décision. D'autant plus que le prix n'était pas astronomique, quelques pokédollars symboliques histoire de réserver un ticket d'entrée. Pas de quoi casser trois pattes à un Couaneton. Bien sûr, sur le moment, Morgan s'est senti gêné que ce soit encore Oliver qui paye. Certes, les billets n'étaient pas très chers mais … Parfois, il aimerait être celui qui offre, pas celui qui reçoit. Peut-être pourrait-il profiter de la soirée pour lui trouver un petit quelque chose ? Il ignore ce qu'il peut trouver dans une fête foraine, mais sait-on jamais. Sinon, il lui achètera quelque chose à manger. Une glace, par exemple ? Morgan a prit soin de prendre un peu d'argent avec lui, piochant dans ses économies pour se faire un peu plaisir. Après tout, il a bien le droit de dépenser bêtement, de temps en temps. Juste pour se dire qu'il ne travaille pas uniquement pour survivre, mais aussi pour lui-même. En tout cas, ce soir, il compte bien, à son tour, offrir quelque chose à Oliver.

Mais cette bonne résolution tombe à l'eau à l'instant même où Morgan aperçoit le stand orange et noir, décoré de Nosferapti. Les filaments s'échappant de la machine et s'enroulant autour du bâtonnet de bois ont tout de suite captés son attention et sa curiosité. Jamais il n'avait vu ce genre de chose auparavant, et cela semble bien étonné Oliver, qui se charge aussitôt d'éclairer sa lanterne :

Ça s'appelle une barbe à papa. C'est comme un bonbon en fait, mais géant. Tu vois : c'est du sucre avec différents parfums que la dame transforme en filament pour l'enrouler autour du bâton. T'en veux une ?

Morgan n'a même pas le temps de répondre que le Zarbi est déjà devant la dame, commandant une barbe à papa saveur cerise. Enlacés, ils observent la fleur se former petit à petit sous leurs yeux. Le rouquin ne lâche pas la quarantenaire du regard un seul instant, impressionné par sa technique et la facilité avec laquelle elle créait les différents pétales en sucre. C'est la première fois qu'il voit une chose pareille et son air ébahit n'échappe pas à la propriétaire du stand, qui ne cesse de lui lancer des petits sourires amusés. Une fois son œuvre achevée, elle la donne à Oliver qui met aussitôt un genou à terre, tendant la fleur à Morgan, les joues rouges.

Accepteriez-vous ces quelques fleurs, Monsieur ?

Le visage cramoisi, le rouquin attrape le bâtonnet en bois, non sans avoir lancé un regard un peu paniqué autour de lui, tandis que Oliver part dans un petit rire. Il a beau savoir qu'il ne doit plus s'inquiéter d'être vu en compagnie d'un garçon, Morgan a encore quelques vieux réflexes qu'il ne peut contrôler. Heureusement, son léger trouble passe inaperçu et le temps que Oliver paye la dame,  il se sent déjà mieux. Il arrache même un petit bout de barbe à papa, imitant son copain, avant de le mettre dans sa bouche. Il le sent aussitôt fondre dans sa bouche et malgré sa grimace surprise, il se lèche les babines de plaisir. C'est vraiment bon ! Et très léger. Rien qui ne va lui rester des heures sur l'estomac – et bien heureusement, parce qu'il serait incapable de faire la moindre attraction si c'était le cas. Les voilà désormais qui s'enfoncent dans la foule, se délectant de leur barbe à papa, se perdant dans la contemplation des lampions éclairant le chemin. Le regard de Morgan s'attarde parfois sur quelques stands, essayant de comprendre les activités qu'ils proposent. Il observe d'ailleurs avec une certaine curiosité des machines remplies de peluches en tout genre, munies de grappins. S'il se fit à ce qu'il voit, les joueurs doivent déplacer le grappin pour saisir les peluches. Cependant, le bras mécanique est capricieux, et lâche les prises à la moindre occasion. Parfois, il est conciliant et laisse tomber la peluche dans un trou, permettant aux joueurs de s'en emparer. Un vrai attrape-nigaud qui semble pourtant terriblement populaire, étant donné le moindre de personnes qui s'affairent sur les machines.

Oliver vient alors passer son bras autour de la taille de Morgan, reprenant la parole :

Je te prendrai une pomme d'amour tout à l'heure. Faut absolument que tu goûtes, c'est délicieux.

Une pomme d'amour ? Morgan croit savoir ce que c'est. Il en a entendu parler une fois, mais il ne saurait absolument pas dire où. Il lui semble qu'il s'agit d'une pomme enrobée de caramel. Il ignore bien pourquoi cela s'appelle pomme « d'amour » mais il s'en fiche un peu, plutôt touché que Oliver veuille lui offrir quelque chose avec un nom si significatif. Mais une fois encore, il compte faire un achat pour lui. Décidément, il faut vraiment que Morgan trouve quelque chose. Mais il ne voit absolument rien qui s'apparente à un stand de vente. Il n'y a que des jeux et des attractions, tout le monde sait ça – sauf lui, évidemment, qui découvre ce genre d'événement pour la toute première fois. Oliver le coupe cependant dans sa recherche effrénée :

Ah ! Je te l'ai pas dit parce que j'étais content de pouvoir t'amener ici, mais… Mais les fêtes foraines et moi, ça fait un peu deux. Non, c'est pas vraiment ça… C'est juste que j'ai le vertige. Vraiment. Donc… Je ferais de mon mieux pour t'accompagner, mais sache que je vais mourir de peur ! T'auras de quoi rire.
Oh … Tu aurais du me le dire. Nous ne serions pas venu.

Désormais, Morgan se sent bien gêné. L'immense montagne russe aux nombreux loopings lui fait de l'oeil depuis qu'ils sont arrivés, tout comme la grande roue. Mais si Oliver a le vertige, il ne peut décidément pas le tirer dans de telles attractions. Car à la différence du Zarbi, Morgan n'a absolument pas peur des hauteurs – bien au contraire. Grandir dans une montagne escarpée n'y est sûrement pas pour rien. D'autant plus que les Rocabot et les Lougaroc ont le chic pour se défier constamment. Morgan se souvient de ce défi vraiment stupide que les enfants du village aimaient se lancer : sauter du haut de la colline pour atterrir dans la mer en contrebas. C'était dangereux, vraiment dangereux – à tout moment, ils pouvaient se fracasser sur les rochers à peine immergés sur le flanc de la colline. Mais c'était comme un test, entre eux : un test de courage, permettant de repérer les couards et les courageux. Et le Morgan de dix ans n'a pas voulu être considéré comme un lâche, alors il a sauté. Il se souvient de cette chute interminable, puis de son entrée dans l'eau. L'attraction l'a emmené jusqu'à fond de la mer, et remonter à la surface n'a pas été de tout repos. Mais il y est arrivé, et il était tellement fier de lui qu'il n'a pas un seul instant repensé à la peur qui l'avait saisit en sautant. Il est revenu auprès des autres, digne, la tête haute, satisfait de ne pas faire parti des couards. D'ailleurs, il vaudrait mieux que Morgan ne raconte jamais cette histoire à Oliver … Il ne voudrait pas qu'il fasse une syncope et qu'il lui dise à quel point il a été imprudent. Parce que ça, Morgan le sait déjà.

En tout cas, il peut faire une croix sur la montagne russe. Il ne voudrait pas que Oliver meurt de peur. L'attraction a l'air d'aller vite, de secouer. Il risquerait d'y passer. Peut-être accepterait-il la grande roue … ? Même si elle monte haut, elle avance doucement, tranquillement. Cela devrait être plus facile pour Oliver. Bien évidemment, Morgan ne compte pas le forcer. Mais il refuse également de faire la moindre attraction sans lui, même si elles sont nombreuses à lui faire de l'oeil. Ce qu'il veut avant tout, c'est passer du temps avec lui. Et il sait qu'ils peuvent s'amuser sans monter dans le moindre manège. Peut-être devrait-il laisser sa chance aux stands qu'ils se contentent tout d'eux d'observer depuis le début ? Jetant le bâtonnet de la barbe à papa à la poubelle – Oliver et lui l'ayant rapidement terminée – il guide le Zarbi vers le premier stand qu'il voit. Ce dernier possède deux larges caisses d'eau dans lesquelles flottent des Couaneton et des Psykokwak. Sur le bassin de gauche, deux enfants armés de petites cannes à pêche attrapent les flottants et les rangent dans un petit panier devant eux. Le propriétaire du stand procède ensuite au comptage des canards et selon le nombre attrapé, il propose différents lots aux enfants. Ces derniers demandent alors une panoplie de ninja et un cheval en plastique, tout heureux de ces jouets gratuits. Morgan s'attarde alors un instant sur les lots à gagner. Il y a un petit peu de tout, des jouets pour enfants, des peluches comme des objets high-tech. De toute évidence, il faut faire un score de fou pour gagner ces trucs-là. Mais Morgan est prêt à relever le défi.

Je veux essayer ! lance-t-il au propriétaire qui semble étonné d'avoir affaire à un adolescent. Réalisant son attitude, Morgan se reprend : Je veux essayer, s'il vous plaît.

Le monsieur hésite un instant, avant de hausser les épaules, attrapant le billet que lui tend Morgan. Aussitôt, ce dernier se saisit d'une canne à pêche et commence sa partie. Cependant, la tâche est plus ardue que ce qu'il pensait et il n'arrive pas vraiment à attraper les flottants. Il a beau se concentrer, sa main tremble et l'hameçon ne parvient pas à s'accrocher aux anneaux sur la tête des Couaneton. Lorsque le propriétaire annonce que la partie est terminée, Morgan n'a que trois flottants dans son panier. Et dire que ces enfants de cinq ans en avait presque le double ! C'est vraiment honteux. Avec un tel résultat, les lots sont réduits. Le monsieur ne lui propose que des jouets pour enfants vraiment ridicules, rien qu'il ne puisse offrir à Oliver. Et pourtant … il remarque un lot de bagues pour petite fille. Peut-être que … Sans plus de cérémonie, Morgan réclame les bagues, que le monsieur lui donne non sans lui lancer un regard désabusé. Si le Lougaroc le remercie d'une voix plate, il se hâte de déchirer l'emballage et de choisir la plus jolie bague. Elle est toute simple, un anneau en plastique couleur argent, sûrement un accessoire pour le mari lorsque les enfants jouent « au papa et à la maman ». Rangeant les autres bagues dans sa poche, Morgan tend l'anneau à Oliver, les joues rouges, un peu honteux :

Tiens c'est … C'est pour toi.

Un peu tremblant, il attrape la main gauche de Oliver, essayant de passer l'anneau à l'un de ses doigts. Mais comme il s'agit d'un jouet pour enfant, il ne rentre nulle part, si ce n'est au petit doigt. Ce qui n'est vraiment pas glorieux. Encore plus honteux, le rouquin se mord la lèvre inférieure, réalisant à quel point il se couvre de ridicule. Son cœur se met à battre la chamade dans sa poitrine, alors que l'envie de disparaître dans la foule lui prend aux tripes. Cependant, il s'y refuse, préférant vite oublier cet incident et passer à autre chose. Alors il attrape vivement la main d'Oliver, le tirant à sa suite, fuyant son regard. C'est alors qu'une voix forte s'élève sur sa droite, le faisant sursauter de surprise :

Eh, vous jeune homme ! Oui, vous avec les cheveux noirs. Vous voulez essayer le tir à la carabine ? Allez, pour offrir un joli cadeau à votre petite copine.

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: Ready to call this love ▬ ft. Oliver   Ready to call this love ▬ ft. Oliver EmptyMer 11 Déc - 20:57
Ready to call this loveMorgan & OliverNombril, je t’aime, astre du ventre.
Œil blanc dans le marbre sculpté,
Et que l’Amour a mis au centre
Du sanctuaire où seul il entre,
Comme un cachet de volupté.

Théophile Gautier
Oliver bâilla à s'en décrocher la mâchoire, accentuant doucement son étreinte autour de la taille de Morgan. Du bout des doigts, il caressait ses hanches par dessus le tissu de son jean, guettant du coin de l'œil sa réaction. Il ne voulait pas l'importuner : certes, cela faisait déjà quelques semaines que le Lougaroc était habitué à ses gestes tendres en public, mais parfois, c'était encore un peu compliqué… Et le Zarbi le comprenait parfaitement. Lui aussi, au début, il n'osait pas exprimer son amour devant des inconnus. Il lui fallait toujours regarder autour de lui pour s'assurer que personne ne les observait. Mais, avec le temps, cette crainte s'était estompée pour devenir quasiment absente de ses pensées. Alors, petit à petit, il essayait de débarrasse le rouquin de ses mauvaises habitudes, acquises à Alola où les relations homosexuelles n'étaient pas forcément très bien vues. C'était un travail de longue haleine, mais Oliver avait confiance. Il voyait bien que morgan se libérait petit à petit, et cela lui faisait énormément plaisir. À présent, les regards anxieux étaient moins fréquents, remplacés par de petits rougissements adorables qui le faisaient gentiment sourire.
D'ailleurs, les lèvres du brun s'étirèrent sensiblement en décryptant la déception sur le visage de son petit compagnon. Lui avouer qu'il n'aimait pas beaucoup les ménages à sensations n'étaient peut-être pas la meilleure chose à faire… Mais il préférait que le Lougaroc soit au courant plutôt qu'il ne s'en rende compte en pleine action. Bien sûr, il venait de la décevoir ; ce n'était pas bien grave, il ferait un effort pour accéder à ses envies les plus fortes, même si toutes ces attractions lui donnaient déjà la chair de poule :

▬ Oh … Tu aurais du me le dire. Nous ne serions pas venu.

Oliver haussa légèrement les sourcils, tordant sa bouche en un rictus amusé. Décidément, il était adorable. Doucement, il vint déposer un petit baiser sur le haut de son front, entre ses mèches rouges qui avaient une délicate odeur de shampoing.

▬ Ne dis pas n'importe quoi ~ répondit-il d'une voix tendre, pinçant sa taille dans une impulsion soudaine et taquine. Tu n'as jamais mis les pieds dans une fête foraine, et je suis vraiment ravi de t'accompagner.

Prenant un dernier bout de barbe à papa, il laissa à Morgan l'honneur de manger le dernier pétale qui pendait, fragile et solitaire, au bout de son bâton, secoué par la brise légère qui soufflait sur Féli-Cité. Il laissa échapper un petit rire cristallin en regardant son bien-aimé s'emparer du dernier bout de la fleur, et tenta une petite blague dont il demeura très fier par la suite :

▬ On en était où ? Je t'aime un peu, beaucoup, à la folie ou passionnément ?

Vivement, il ébouriffa la tignasse ardente de son petit compagnon, échangeant un regard amoureux avant qu'il ne se décolle de lui pour aller jeter le bâtonnet dans la poubelle la plus proche. Le Zarbi en profita pour se frotter les yeux, déjà larmoyants de fatigue. Cette journée passée à servir Monsieur Zeithur l'avait tout bonnement épuisé. Il bâilla à nouveau, s'étirant discrètement. Il espérait au moins tenir tout le long de cette soirée. Une petite pique d'adrénaline le traversa de la tête au pied lorsqu'il repensa au but ultime de cette sortie en amoureux : un peu avant de partir, il lui proposerait de venir passer la nuit chez lui. Tout était prêt ; le lit, et même le déjeuner qu'il lui ferait le lendemain matin. Il ne manquait plus que Morgan accepte sa demain. Mais il savait que le rouquin y réfléchirait à deux fois ; en général, quand son copain proposait une telle chose pour la première fois, ce n'était pas anodin. Il se passait forcément quelque chose dans les draps… Et ce n'était pas facile de franchir le cap, Oliver en avait parfaitement conscience. D'ailleurs lui-même angoissait à cette idée. Les premières fois, c'était toujours très compliqué, très stressant. Et d'ailleurs, peut-être qu'ils ne feraient rien du tout tellement ils termineraient cette soirée éreintés.

Le Zarbi refoula un petit haussement d'épaules ; il verrait bien. Ce n'était pas la peine de se prendre la tête avec ça…
Mais… À sentir la main de Morgan dans la sienne, la douceur de sa peau, son parfum sucré, il avait de plus en plus envie de partager autre chose avec lui. De s'offrir à lui, de lui faire entièrement confiance, une bonne fois pour toute. Coucher avec son âme-sœur, c'était la consécration de leur amour, du moins à ses yeux. Et seul Arceus savait au combien Morgan lui plaisait, au combien il le désirait. Promener son regard sur ses courbes nues était devenu un véritable fantasme depuis un peu plus d'une semaine. Il y pensait souvent, et ses nuits étaient hantées par un Morgan un peu plus déluré que celui qu'il avait sous les yeux, tout rougissant, tout mignon, accroché à son bras.

Accroché à son bras ?

C'était sans compter le stand de pêche au couaneton qui était apparu dans leur sillage ! Voilà que le Lougaroc le tire vers ses immenses bacs d'eau où flottent tranquillement, entraînés par le courant artificiel, des psykokwak et couanetons en plastique, de différentes couleurs. Brusquement tiré de ses pensées, Oliver jeta un coup d'œil perplexe au forain qui tenait le stand et aux enfants haut comme trois pommes, occupés à pêcher les petites prises multicolores. L'un d'entre eux rendait déjà un panier plein au gros monsieur, réclamant un déguisement de ninja. Dévisageant Morgan, le Zarbi constata que ses yeux brillaient de mille feu ; ses joues s'empourprèrent presque instantanément. Il était pourtant bien indiqué sur un petit panneau collé sur la tranche de la bicoque que cette petite attraction était prévue pour les enfants de trois à huit ans. Mais le rouquin ne semblait pas l'avoir remarquée et se précipitait déjà vers l'homme, bien décidé à se lancer dans une partie de pêche endiablée !
Oliver se hâta d'ouvrir la bouche pour intervenir, mais quelques secondes trop tard :

▬ M-Morgan, c'est pas pour…
▬ Je veux essayer ! Je veux essayer, s'il vous plaît.

Esquissant une petite grimace, Oliver se surprit à dévisager le forain avec un air suppliant. Mais l'argent était plus fort que tout ; après quelques instants d'hésitation intense, l'homme, désabusé, haussa les épaules et s'empara avec avidité du billet de vingt pokédollars tendu par Morgan. Le Zarbi, complètement désespéré, retint à peine un petit soupir et fronça légèrement les sourcils lorsqu'il se rendit compte du prix de la partie : ce n'était pas donné, cette bêtise, en plus !
Effectuant quelques pas en arrière, il s'éloigna un peu du Lougaroc qui avait déjà saisi la petite canne à pêche. L'espace de quelques minutes, il ne le connaissait plus. Non : ce rouquin lui était totalement inconnu ! Il ne l'avait jamais vu, jamais rencontré.
Mais cette résolution partit en fumée lorsque, jetant un coup d'œil curieux au petit panier que devait remplir Morgan, il n'y vit qu'un seul couaneton, dégoulinant d'eau. Un sourire quelque peu moqueur prit alors place sur son visage, et son regard noir s'alluma d'une lueur taquine. Il se rapprocha alors du garçon, et posant un main sur son épaule, il lui glissa à l'oreille une petite pique qu'il ne pouvait plus retenir :

▬ Dis donc… C'est pas glorieux tout ça ! Un petit rire secoua ses épaules. C'est pas avec toi que je vais partir à la pêche !

Éclatant de rire en réaction au regard furibond que lui lança le garçon, il déposa un énorme baiser sur sa joue.

▬ Roooh, mais allez ! Fais pas la tête ! Avec un peu de chance, tu arriveras à décrocher les premiers lots ~

Mutique et concentré, bien décidé à lui montrer ce qu'il valait vraiment, Morgan parvint à pêcher deux psykokwak supplémentaires qui atterrirent dans le panier avec leur petit cousin. Le Zarbi, hilare, mit sa main droite devant la bouche pour s'empêcher de rire à nouveau, et observa la réaction du forain qui avait observé la scène d'un œil vide, digne d'un magicarpe. Ce dernier demeura insensible au drame qui s'était déroulé sous ses yeux et, comptant avec lassitude les petits flottants, proposa les premiers lots au Lougaroc qui parut bien embêté.
Il était vrai qu'il n'y avait pas grand chose ; la majorité des objets étaient des jouets pour enfant – et encore vraiment très laids – ou des petites babioles comme de bijoux ou des barrettes roses bonbon.
Doucement, Oliver vint caresser la main de Morgan pour lui proposer de partir, d'aller voir ailleurs sans rien prendre, mais il s'arrêta net lorsque le garçon, sans prévenir, demanda un petit lot de bagues pour enfant en plastique argenté. Mais que diable va-t-il faire avec ces horreurs ? pensa-t-il dans la seconde qui suivit cet acte inattendu. La réponse ne se fit pas attendre. Tout tremblant, le rose aux joues, le rouquin s'empara du paquet et le déchira hâtivement, avant de lui tendre un petit anneau simple, ressemblant étrangement à une alliance.
Comprenant ce qu'il avait en tête, Oliver s'empourpra presque instantanément, bégayant quelques instants avant de se réduire au silence.

▬ Tiens c'est … C'est pour toi.
▬ M-M-Maaais… Bredouilla-t-il à demie-voix, incapable de dire quelque chose de compréhensible.

Il jeta un coup d'œil au forain, qui, bien heureusement, s'était désintéressé de leur couple pour se tourner vers un petit garçon accompagné de sa grand-mère.
Pantelant, Morgan se saisit de sa main gauche et tenta de faire passer la bague à chacun de ses doigts, avant de se contenter du plus petit, tout honteux. Un peu déstabilisé, le Zarbi observa l'anneau en plastique, brillant faiblement autour de son doigts, avant de dévisager son compagnon d'un œil interrogateur, et quelque peu gêné.

▬ Euh… Ok…? M-Merci……?

Il ne savait vraiment pas quoi dire. La situation était si improbable, si… Embarrassante…? Surtout que tout venait d'une bonne intention. Il avait bien compris que Morgan avait lui aussi envie de lui offrir quelque chose. De lui témoigner son amour par la voie du matériel ; mais le rouquin ne roulait pas sur l'or et ne pouvait pas se permettre de lui offrir des cadeaux tous les quatre matins. Bien sûr, Oliver ne lui en tenait pas rigueur ; en fait, les surprises, les petits attentions, il s'en moquait bien. Ariel ne lui avait jamais fait de cadeau, alors… Alors que le rouquin le gratifie déjà de ses câlins et de ses baisers le rendait très heureux.
Soupirant, un doux sourire prit place sur ses lèvres. Cette attention, bien que maladroite, le touchait beaucoup au fond. Aussi s'apprêta-t-il à embrasser son Morgan, à le remercier et le rassurer avec la seule chose qu'il pouvait lui donner à l'instant : son affection. Mais le rouquin, mort de honte, préféra débarrasser le plancher, le tirant un peu brutalement à sa suite sans lui adresser un regard.
Faisant une petit moue, le Zarbi pensa qu'il était profondément gêné et qu'il lui revenait de le réconforter. Mais, encore une fois, on lui coupa l'herbe sous les pieds :

▬ Eh, vous jeune homme ! Oui, vous avec les cheveux noirs. Vous voulez essayer le tir à la carabine ? Allez, pour offrir un joli cadeau à votre petite copine.

Sursautant en cœur avec Morgan, Oliver le prit délicatement dans ses bras et caressa doucement sa nuque pour le calmer, s'approchant à pas lents du stand de tir à la carabine. Un petit monsieur venait de l'interpeler de sa voix stridente. Le Zarbi avisa un instant les ballons baudrives qui se débattaient dans la cage derrière lui, puis le fusil et les plombs, posés sur le bar, attendant un nouveau joueur.
Il adressa un grand sourire au rouquin, avant de fouiller dans ses poches pour prendre quelques pièces de monnaie :

▬ Allez ! C'est parti, fallait pas me tenter… S'exclama-t-il, sûr de lui. Lorsqu'il dévisagea de nouveau le forain, lui tendant l'argent nécessaire pour engager une partie, il désigna Morgan d'un signe du menton. Par contre, ma petite copine, c'est mon petit copain, en fait ! Faites attention.

Il ponctua ses paroles par un petit sourire froid mais poli, et se saisit de la carabine, la soupesant doucement. Oliver était habitué à jouer à des jeux de tirs sur sa console. Ça faisait passer le temps, et il n'était pas mauvais. Viser dans la réalité ne lui posait pas non plus beaucoup de problème. Aussi mit-il les ballons en joue, un petit sourire aux lèvres, et les éclata un par un avec les plombs qui étaient compris dans le prix.
Un sans faute ! Ce fut satisfait qu'Oliver reposa l'arme factice, adressant un petit clin d'œil à Morgan qui le regardait jouer depuis toute à l'heure.
Il se tourna ensuite vers le forain qui récupérait les cadavres des ballons dans la cage :

▬ Avec votre performance, jeune homme, vous gagnez trois bons ! Il vous en manque trois autres pour décrocher les plus gros lots. Vous voulez retenter une partie ?

Dévisageant Morgan, il prit un air indécis :

▬ T'en penses quoi ? Tu veux essayer ? Venant déposer un petit bec sur ses lèvres alors que l'homme remettait des ballons dans la cage, il lui glissa quelques mots supplémentaires à l'oreille. Tu vas voir, c'est fun ! Si tu veux, je peux t'aider ?

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: Ready to call this love ▬ ft. Oliver   Ready to call this love ▬ ft. Oliver EmptySam 4 Jan - 17:30

Ready to call this loveFéli-Cité - Fête Foraine
Morgan
Oliver
Tout autour de Morgan n'est plus que bruits sourds et formes floues. Il en a connu des moments embarrassants dans sa vie … mais jamais à ce point. Quelle idée il a eu, d'offrir à Oliver un jouet en plastique ?! C'est donc ça, l'image qu'il veut renvoyer à son petit copain ? Celui d'un enfant qui joue à la pêche au canard et offre des bagues ? Non … Tout ce qu'il veut, c'est que Oliver le voit comme un homme. Un adulte, malgré ce que son apparence veut bien laisser penser. Et lui, en trente secondes montre en main … il réagit comme un petit enfant, se couvre de ridicule – lui, et Oliver par la même occasion. Morgan l'a bien vu, le regard un peu désabusé du forain. La pêche aux canards, c'est une activité pour tout petit. Et ces lots high-tech rangés en hauteur, ce n'est qu'un attrape nigaud, pour que les pigeons comme Morgan jouent et se ridiculisent. Pourtant, le Lougaroc est un bon pêcheur. Il en a passé des heures en pleine mer, canne à la main, à puiser dans les ressources alléchantes de l'océan. Pêcheur, c'est le métier de son père. Le métier qu'il aurait sûrement fait s'il n'avait pas quitté Alola. Mais cela ne l'a pas aidé à sortir les Psykokwak et les Couaneton de l'eau. Sa main tremblait trop – la petite canne en plastique n'était pas adaptée à sa main d'adulte. Et puis surtout, une angoisse terrible l'avait prit à la gorge. Oliver le voyait jouer à un jeu pour enfant. Il le voyait dépenser son argent – rare – pour une activité ridicule. Et puis, il assistait à sa piètre performance. Sûrement avait-il honte, même. Morgan lui-même se sentait brûler d'embarras. Les réflexions d'Oliver – destinées à alléger l'atmosphère – n'a fait que le mettre plus mal encore. A faire enfler son angoisse. Et malgré lui … Morgan lui en voulait un petit peu.

Passer ainsi la bague au doigt d'Oliver lui a d'ailleurs laissé un arrière-goût amer en bouche. L'impression qu'il gâchait quelque chose, sans vraiment qu'il ne comprenne pourquoi, qu'il ne sache quoi. Et terrifié à cette idée, tout ce que Morgan a trouvé de bout à faire … C'est fuir. Fidèle à lui-même, il préfère regarder ailleurs, ne pas appuyer sur le bleu. Mais cette fois-ci, hors de question de laisser Oliver derrière lui. C'est fini, les fuites stupides à travers la foule. Le Lougaroc ne veut pas que le Zarbi le déteste, lui en veuille de céder encore et toujours à ses émotions. Alors, à la place, il attrape son poignet et le tire à sa suite. Morgan ne sait pas vraiment où aller – ses pensées sont embrouillées, sa tête lui fait un petit peu mal. En fait, pendant une demi-seconde, tout ce qu'il veut c'est partir de cette fête foraine. Il ne s'y sent pas bien, son estomac est retourné, sa cervelle sans dessus dessous. Mais dans un même temps … il ne veut pas mettre un terme si vite à cette nouvelle expérience. Disons même ces nouvelles expériences. Parce qu'autant Morgan n'a jamais mit les pieds dans un tel événement auparavant … autant n'a-t-il jamais partagé quoi que ce soit du genre avec son copain. Certes, sa relation avec Oliver n'est absolument pas la même que celle qu'il a vécu avec Tôma, et chaque jour le lui confirme encore un petit peu plus. Jamais Tôma ne lui aurait tenu la main en public, jamais Tôma n'aurait accepté qu'il lui passe une bague en plastique au petit doigt … Sûrement Tôma ne l'a jamais aimé comme Oliver l'aime.

Les yeux dans le vague, Morgan serre davantage les doigts du Zarbi dans sa paume. Sa tendresse, il l'a ressent à chaque fois que leurs peaux se touchent. A chaque fois que leurs regards se croisent. Et parfois, ça lui donne un petit le tournis. Il est ivre de cet amour encore jeune, encore timide, mais terriblement sincère. D'un coup d'oeil rapide, le Lougaroc constate que Oliver a gardé la bague. Il ne l'a pas enlevé discrètement, il n'a pas cherché à se défaire de cet objet honteux. Et avec émotion, Morgan se souvient de ce collier qu'il avait offert à Tôma, à l'époque. Il l'avait trouvé sur le marché artisanal de Ekaeka, au milieu de nombreuses autres breloques et bijoux fabriqués à la main. En soi, le collier n'avait rien d'extraordinaire. Une supposée véritable dent de requin, accroché à une fine cordelette noire. En vérité, Morgan avait craqué sur un assemblage de tourmalines noires, une pierre réputée pour son pouvoir de protection. Mais ses moyens ne lui ont pas permis de se le procurer, alors il a acheté la dent de requin – Tôma a toujours été fasciné par ces animaux marins. Alors Morgan le lui avait offert, heureux de le gâter, de lui faire plaisir. Mais Tôma ne l'a jamais porté. Il l'a laissé dans son petit sachet noir, dans le tiroir de sa table de chevet. Jamais Morgan n'a eu l'occasion de le voir autour de son cou. Même pas cinq petites secondes, pour la forme. Alors voir que cette bague ridicule demeure autour de l'auriculaire d'Oliver … C'est à la fois comique, gênant et … absolument adorable.

Alors, doucement, ses angoisses s'apaisent, ses épaules se relâchent, sa tête se libère de son étau. Oui, cette situation était terrible gênante. Oui, il n'a pas été très malin. Mais … est-ce si grave ? Ce n'est qu'un jouet. Un bout de plastique qui convient à un enfant de cinq ans. Mais Oliver le porte quand même. Cependant, ce n'est que partie remise. Morgan compte toujours lui offrir quelque chose – peut-être pas aujourd'hui, mais ce sera mieux qu'un anneau en plastique, c'est une certitude. Tout à ses pensées, le Lougaroc sursaute violemment, les bras parcourus d'un frisson de terreur, lorsqu'une voix tonitruante s'élève pas loin de lui. Un forain les hèle, les invite à jouer au tir à la carabine. Il prend Morgan pour une fille, d'ailleurs – mais le concerné ne relève pas, habitué à ce genre de méprise. Les bras d'Oliver se referment alors doucement autour de lui, caressant sa nuque du bout des doigts – sûrement a-t-il remarqué à quel point l'appel du forain l'a effrayé. Lentement, les deux garçons se rapprochent du stand. Les yeux carmins de Morgan le détaille méticuleusement, curieux. Des ballons en forme de Baudrive flottent dans des cages fermées par des fils tendus. Devant eux, un fusil et quelques plombs attendent sagement leur moment de gloire. Le Lougaroc comprend sans mal le but du jeu : il faut éclater les ballons avec le fusil. Sur le papier, cela n'a pas l'air bien compliqué mais … c'est également ce qu'il avait pensé de la pêche au canard, et vous vous souvenez bien du résultat. Pas vraiment emballé après sa piètre performance au stand précédent, Morgan coule un regard en direction de Oliver. Ce dernier lui répond par un sourire rayonnant, alors que ses mains se plongent dans ses poches, en quête de quelques pièces.

Allez ! C'est parti, fallait pas me tenter… Par contre, ma petite copine, c'est mon petit copain, en fait ! Faites attention.

Malgré le rouge qui envahi ses joues, Morgan garde la tête droite – oui, il est son petit copain, et il en est fier ! Le fait que Oliver corrige ainsi le forain et assume leur homosexualité est certes un peu perturbant, mais pas désagréable pour autant. Le Lougaroc n'a pas honte de ce qu'il est, et encore moins de son amour pour le Zarbi. Alors il passe une main tendre dans le bas de son dos, caressant le jean de sa veste. Un geste simple mais qui veut tout dire – ils sont ensembles, ils sont un couple. Sans dire un mot, Morgan observe Oliver, visiblement bien sûr de lui. Il soupèse le fusil comme s'il avait fait ça toute sa vie, puis le met en joue. Attentif, le Lougaroc sursaute lorsque le premier ballon éclate, sa main glissant un instant sur les fesses de son petit copain, avant qu'il ne la ramène nerveusement vers lui. En quelques instants seulement, il ne reste des ballons que des lambeaux que le forain se hâte de ramasser, puis de jeter. Fier comme un paon, Oliver repose doucement l'arme, alors que le petit homme en face d'eux annonce qu'avec sa performance, il a gagné trois bons – et que s'il en gagne trois autres, il touchera le gros lot. Morgan lui lance par ailleurs un petit regard désabusé – il incite au jeu, le lascars. Cela dit, ça fait parti du métier ! Et de toute évidence, Oliver n'est pas contre une nouvelle partie. Mais au regard qu'il lui lance, le Lougaroc comprend qu'il compte lui céder les rênes :

T'en penses quoi ? Tu veux essayer ? Doucement, il dépose un petit bec sur ses lèvres. Si Morgan rougit, il lui adresse également un petit sourire nerveux. Tu vas voir, c'est fun ! Si tu veux, je peux t'aider ?
Euh … Je peux essayer, mais je ne vais pas être aussi bon que toi. Il faut que tu m'aides.

Quelques pièces glissées au forain plus tard, c'est au tour de Morgan de prendre le fusil dans ses mains. L'arme factice est légère, mais sent la poudre – ce qui lui fait froncer le nez. Imitant les gestes d'Oliver, il met les ballons en joue. Mais ses mains tremblent et il a du mal à se concentrer. Lorsque le premier plomb part, il s'immisce entre deux ballons et vient frapper le fond de la cage. Un léger grondement monte dans la gorge de Morgan – il sent le fiasco d'ici. Mais alors, il sent les bras d'Oliver enlacer les siens, l'aidant à stabiliser le fusil et à viser plus efficacement. Si son souffle dans sa nuque réveille en Morgan quelques désirs, il fait de son mieux pour rester concentré. Avec l'aide du Zarbi, il explose trois ballons – il n'en reste plus que deux. Et cette fois, il compte y arriver tout seul. Le premier plomb rate, mais en rebondissant contre le métal, il effleure un ballon qui éclate. Si c'est un tir réussi en soi, ce n'est pas suffisant pour l'égo de Morgan. Alors il se concentre davantage, prend son temps. Et enfin, appuie sur la détente. Cette fois-ci, il touche le Baudrive en plein centre et l'éclate dans les règles de l'art. Fier de lui, il sautille sur place, l'arme entre les mains, un sourire rayonnant au coin des lèvres. Le forain, amusé par sa réaction, rit à gorge déployée alors qu'il ramasse les cadavres de ballons, comptabilisant leur score. Puisqu'il reste encore un ballon entier, Morgan n'a pas fait un sans faute, mais cela reste une belle performance – certes, les honneurs reviennent à Oliver, mais le rouquin apprécie se dire qu'il y a participé, ne serait-ce qu'un petit peu.

Bravo à vous, belle performance ! Vous avez gagné deux tickets supplémentaires, vous pouvez choisir entre ces lots là … il désigne plusieurs objets high-tech tels que des baladeurs, des casques ou des souris d'ordinateur. Ou bien ceux-là.

Morgan lève les yeux alors que le forain pointe du doigt d'immenses peluches suspendues au dessus de leur tête. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs – le Lougaroc reconnaît la plupart des Pokémon, mais quelques uns lui sont totalement étrangers. Il laisse néanmoins le choix du lot à Oliver. Après tout, c'est lui qui a fait le gros du travail ! Et Morgan est persuadé qu'il va jeter son dévolu sur ce casque dernier cri bleu marine. Mais c'est une grosse peluche de Ponyta de Galar que le Zarbi réclame, le pointant du doigt avec un large sourire. Le forain se hâte donc d'aller le chercher en réserve, le tendant aux garçons – et Oliver la cède aussitôt à Morgan. Un peu dépassé par les événements, le rouquin se retrouve ainsi avec une peluche toute douce presque aussi grande que lui. Les crins multicolores du Ponyta lui chatouillent même le nez, lui procurant une sensation de chaleur bienvenue. Sur ces faits, ils saluent chaleureusement le forain et reprennent leur route, bien que Morgan ait du mal à avancer avec sa peluche. Puisqu'il ne veut pas qu'elle traîne par terre et se salisse, il s'efforce de la garder contre lui, la tenant fermement pour ne pas risquer de la lâcher. Dissimulé derrière les crins de la peluche, Morgan se sent tout chose. Ce cadeau que lui fait Oliver … Il lui fait tellement plaisir. Et le fait qu'il l'ait remporté ensemble le rend plus spécial encore. D'ailleurs, s'il s'écoutait, le Lougaroc se penderait aux lèvres d'Oliver pour le remercier. Mais ainsi encombré, ce n'est pas évident … C'est alors qu'il aperçoit la Grande Roue, au loin.

S'il peut faire une croix sur les montagnes russes, Morgan compte bien se rattraper ailleurs. Et la Grande Roue lui apparaît comme le meilleur compromis. Il a sa petite dose d'attraction, mais elle n'est pas violente. Oliver aura sûrement le vertige, mais il sera plus confortable dans une nacelle qu'installé sur le piège d'une montagne russe. Là, pas de vitesse, pas de looping. Juste une ascension lente, régulière, paisible. Alors Morgan le guide doucement jusqu'à la Grande Roue, serrant fort sa main dans la sienne pour le rassurer. Arrivés près du responsable, ce dernier réclame une petite somme qui étonne le rouquin – il s'attendait vraiment à payer plus ! Et les voilà qui s'installent dans la nacelle, où ils ont le luxe de n'être que tous les deux. Conscient qu'Oliver ne doit pas en mener large, Morgan installe son Ponyta sur la banquette en face de la leur, puis vient s'asseoir délicatement sur les genoux de son copain, caressant son beau visage du bout des doigts.

Merci pour le Ponyta. Il est vraiment magnifique.

Puis, doucement, Morgan vient l'embrasser, enroulant ses bras autour de sa nuque. Sa tendresse, il en a tellement besoin. Alors il se laisse aller contre Oliver, respirant à plein poumon son parfum délicat, profitant de la douce chaleur qu'il dégage. S'il apprécie leur expérience à la fête foraine, il préfère encore plus ces petits moments d'intimité avec lui. Bien évidemment, Morgan a envie de plus qu'un baiser, mais il s'en contente pour le moment, appréciant leur étreinte à sa juste valeur, déjà entièrement satisfait par l'amour qu'Oliver ne cesse de lui témoigner.
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