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 About that night ▬ ft. Oliver

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Morgan Otso
Morgan Otso
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MessageSujet: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptySam 20 Juil - 14:48

About that nightJoliberges - Port
Morgan
Oliver
Lorsque Morgan s'éveille, l'esprit encore embrumé par ses songes, les rayons du soleil percent à peine à travers les vieux volets de sa chambre, preuve que le jour commence tout juste à se lever. Il aurait préféré dormir un peu plus longtemps, mais le Monaflémit endormi dans le lit au-dessus du sien ronfle si fort qu'il en réveillerait un mort. Si une chambre dans une auberge de jeunesse a le mérite de ne pas coûter très cher, il est parfois compliqué de cohabiter avec de parfaits inconnus – et surtout lorsqu'ils sont si bruyants. Heureusement, ce Monaflémit restait seulement pour cette nuit, parce que Morgan tolérerait difficilement des réveils pareils chaque matin. En tout cas, il se glisse sans bruit hors de son lit, attrapant au passage quelques vêtement et son nécessaire de toilette. Les douches se trouvant dans une pièce à part – et commune – il ne peut laisser directement ses affaires dans la salle de bain, auquel cas il risquerait de se les faire voler. Or, le Lougaroc ne possède déjà pas grand chose, alors l'idée de se faire dépouiller de ses quelques biens ne lui plaît guère. Cependant, il s'agit-là seulement d'une habitude à prendre, que Morgan a intégré dans son quotidien plutôt rapidement.

C'est les yeux encore plein de sommeil qu'il entre finalement dans la salle de bain, déserte à cette heure si matinale. Il commence par une douche, rapide mais efficace, en prenant garde à ne pas mouiller ses cheveux. Puis il s'habille d'un pantalon à carreaux gris à fins liserets rouges et d'un t-shirt blanc très basique. Pas de vêtements féminins pour aujourd'hui, puisque Morgan est en jour de repos. Et ça tombe plutôt bien, parce que son dernier client l'a bien trop énervé pour qu'il ait envie de réitérer l'expérience si vite. En effet, il y a trois jours, son employeur lui a dégoté un contrat pour la soirée. Une mission assez simple : tenir compagnie à un homme d'affaire lors d'une soirée dans un bar assez huppé de Féli-Cité. Puisque la plupart de ses collègues ramenaient leurs femmes, fiancées ou copines, il a voulu rentrer dans le moule et a donc demandé de l'aide à l'agence d'escort. Ainsi donc, c'est Morgan qui a été choisi par le directeur pour tenir compagnie à l'homme. En soi, rien de très extraordinnaire, le Lougaroc a l'habitude d'agir en femme et il sait que l'illusion est parfaite quatre-vingt dix neuf pourcent du temps. Pas de quoi casser trois pattes à un Couaneton.

Seulement voilà, bien que la soirée se soit bien passée, son client avait un peu trop abusé sur l'alcool et tenait absolument à ramener Morgan chez lui pour « continuer la soirée », pour reprendre ses termes. Bien évidemment, le Lougaroc a refusé – s'il accepte de se faire passer pour une compagne aux yeux des autres, il est hors de question que ses services aillent au-delà. Malgré l'insistence du businessman, le jeune homme a refusé ses avances et l'a repoussé dès qu'il a commencé à se montrer un petit peu trop tactile. Si Morgan a finalement réussi à s'enfuir, c'est seulement en ayant écrasé le pied de son client sous le talon de sa chaussure. Heureusement, son contrat stipule qu'il est parfaitement en droit de se défendre en cas de propositions indécentes ou de quelque attouchement que ce soit, donc cela n'a en rien mit son job en péril – cependant, même la liasse de billets qu'il a reçu dès le lendemain de la part de son patron n'a pas réussi à apaiser son dégoût. S'il y a bien quelque chose que Morgan n'est plus en mesure de supporter, c'est qu'on le touche sans même lui demander la permission. Il a suffisamment joué à la marionnette à Alola pour ne plus vouloir que ça se reproduise ici, à Sinnoh. Il a bien assez souffert comme ça.

Heureusement, ce genre de client est rare et c'est d'ailleurs la première fois que Morgan a à faire à quelqu'un d'aussi vulgaire depuis qu'il a commencé à travailler, il y a un peu plus d'un mois. A raison de trois à quatre clients par semaine, il s'estime chanceux de ne pas avoir eu plus de mauvaises expériences, et espère que cela dure ainsi. En tout cas, il compte bien profiter de ce jour de repos pour continuer sa visite de Joliberges et, peut-être, faire de nouvelles rencontres. Même s'il a l'occasion de discuter avec énormément de personnes venant du monde entier à l'auberge, la plupart ne s'attardent pas suffisamment longtemps pour lier une amitié sincère. Or, Morgan ressent cruellement le manque de compagnie et même s'il ne regrette pas avoir quitté la Colline Dicarat, il doit bien reconnaître que son Clan a toujours été présent pour lui, et ce depuis sa naissance. La solitude lui pèse donc très lourd sur les épaules, d'où l'importance pour lui de nouer de nouvelles amitiés avec les habitants de Joliberges. A condition qu'il parvienne à rencontrer des gens de son âge suffisamment amicaux pour accepter de conserver avec un parfait inconnu.

C'est donc sans même prendre le temps de petit-déjeuner que Morgan quitte l'auberge, accueilli par le timide soleil démarrant à peine son ascension dans les cieux. Il est certes relativement tôt pour faire des rencontres mais le Lougaroc ne pouvait, de toute façon, pas rester dans sa chambre à attendre que le temps passe. C'est donc d'un pas décidé qu'il prend la direction du port, appréciant l'air marin lui rappelant l'archipel qu'il aime tant. Ce serait un mensonge de dire que les paysages paradisiaques d'Alola ne lui manque pas, mais il sait pertinemment qu'il n'aurait jamais pu avancer en s'y enchaînant. Il y retourna sûrement un jour – du moins l'espère-t-il. Mais c'est encore trop tôt, la blessure dans son cœur est trop récente pour qu'il cède à la tentation. Et puis, à quoi aurait rimé tout cela si, au bout d'un mois, il retournait chez lui ? Ce n'est pas comme s'il disait adieu à Mele-Mele pour toujours. Ce qu'il vit en ce moment, c'est une transition. Et Morgan sait qu'il en a besoin pour son propre bien-être. C'est donc l'esprit rempli de nostalgie et d'une certaine tristesse qu'il s'assoit au bord d'un ponton, les pieds dans le vide, les yeux perdus dans l'immensité de l'océan s'étendant à perte de vue. A-t-il vraiment fait le bon choix en venant jusqu'ici ? Seul l'avenir le lui dira ...
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Oliver W. Saëns
Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyLun 22 Juil - 1:29
About that nightft. Morgan Otso

Oliver bâillait à s'en décrocher la mâchoire. Ses yeux étaient encore humides ; des larmes de sommeil y perlaient avec peine et s'écrasaient sur ses joues un peu blême par cette heure si prématurée. Le froid du petit matin eut néanmoins tôt fait de les ensanglanter tandis qu'il sortait de la maison de ses parents, les mains dans les poches, le nez enfoui dans le long col de sa veste.
Il était à peine sept heures… Qui donc partait se promener si tôt…?
L'hybride bailla encore ; tous ses membres semblaient tirer. Un mois plus tôt, il aurait payé très cher pour un bon massage en compagnie d'un beau jeune homme.
Il passa une main dans ses cheveux emmêlés, sens dessus dessous et soupira longuement. Des beaux jeunes homme, il ne voulait plus en entendre parler de toute sa vie. Une nota bene qu'il se répétait souvent, comme un disque rayé.
Ce qu'on pouvait être obtus après s'être fait larguer !

Oliver se sentait tout le temps éreinté, comme désabusé, aigri. Il espérait tous les jours que cet état lui passerait vite. Il espérait pouvoir bientôt tourner la page. Peut-être un matin se réveillerait-il l'esprit clair, débordant d'énergie ? Comme avant, un grand sourire aux lèvres.
Aujourd'hui, le réveil s'était plutôt apparenté à une soupe à la grimace. Chaotique et misérable.
Ses parents, chez qui il passait quelques jours avant de retourner à Féli-Cité, ne comprenaient pas son état actuel. Il n'avait jamais osé leur dire qu'il sortait depuis plus d'un an avec homme, et que cet homme venait de l'abandonner au bord du trottoir comme un vieille chaussette.
Bon. Peut-être faudrait-il leur en parler un jour ?
Le Zarbi prit un grand bol d'air frais, gonflant ses poumons jusqu'au maximum, jusqu'en avoir mal. S'il s'assumait auprès de ses amis tel qu'il était : Oliver, Pokémon inutile, débauché pour l'instant et surtout homosexuel jusqu'au bout des ongles – quoi que bi conviendrait mieux ; il voyait encore quelques filles avant Ariel –, auprès de ses parents, c'était une autre histoire.
Il se souvenait de leur réaction quasi inexistante quand il leur avait dit être un hybride. Il n'avait pas trop su quoi en penser. Néanmoins, c'était ce genre de comportement qu'il espérait rencontrer s'il leur présentait un jour son petit-copain… Autant dire que ce n'était pas forcément gagné !
Bon, l'important était d'être heureux, pas vrai ? Pour l'instant, cette condition n'était pas tout à fait respectée, mais avec le temps ça viendrait. Il lui fallait être optimiste ! C'était important !
Ainsi Oliver se força-t-il à sourire, faiblement – il ne fallait pas trop lui en demander non plus–. Et puis son triste sourire ne faisait que rendre plus misérable encore son visage fatigué.

La raison des larges cernes qui s'étendaient sous ses yeux ? Un roman fraîchement acquis qu'il n'avait pas pu s'empêcher de finir la veille. Il l'avait tenu alerte jusqu'à deux heures du matin. Il fallait ensuite compter une heure de plus pour s'endormir et le tour était joué !
Le garçon se frotta vivement les joues de ses paumes pour tenter de s'extirper de ses rêveries matinales. Il s'était arrêté non loin du portail de la maison, en plein milieu de la ruelle qui le mènerait un peu plus loin au port, et encore plus loin, s'il suivait les sentiers battus, à cette fameuse crique de ses quatorze ans. Jolis souvenirs, doux souvenirs… Qu'était-il devenu à cause d'eux ? Une boule de sentiments mal-léchée…

Il s'engagea dans son quartier d'un pas frêle, pour finalement le quitter par la rue principale. Les arbres qui bordaient les trottoirs étaient affublés d'un feuillage des plus vert et fourni ; l'été à Joliberges ne brûlait pas les plantes mais les faisait exploser de mille couleurs. Ici, on n'avait pas chaud ; on profitait d'une température idéale, avec ce petit vent marin qui y soufflait continuellement.
Comme il était chargé d'images passées, ce vent. Comme l'hybride l'aimait… Il se sentait revivre chaque fois qu'il effleurait sa peau, chaque fois qu'il sentait ses cheveux ployer sous cette force de la nature, sous ce sel soufflé sur ses mèches ébènes.
L'hiver à Joliberges, par contre, c'était une autre histoire. L'eau de l'océan troquait son bleu roi contre un gris morne, et les embruns marins donnaient froid dans le dos et rendaient les vêtements moites. Oliver n'aimait pas l'hiver : s'il pouvait, il s'en irait sans doute sur une île paradisiaque où il ferait toujours chaud…

L'hybride jetait de temps à autre un regard pensif par dessus les balustrades qui séparaient la terre ferme, pavée, en hauteur, de la mer en contrebas. L'horizon n'offrait aucune espérance d'une nouvelle terre. Il était fermé sur du bleu, toujours le même, et semblait être la ligne de la fin du monde.
Oliver s'arrêta un instant, s'accoudant à la rambarde où il laissa reposer tout le poids de son corps. Sa soif d'aventure, comme tout le reste, s'était amenuisée avec la rupture. Pourtant, une petite voix criait toujours en lui qu'il devrait un jour prendre le large pour de nouveaux horizons… De nouveaux mystères.
En attendant, il lui fallait  trouver du travail, se stabiliser : en soi commencer une vie d'adulte des plus banales. L'après-midi, il visiterait un appartement non loin d'une auberge de jeunesse, installée près du port. Il n'avait plus vraiment envie de rester à Féli-Cité, malgré tous les amis qu'il avait là-bas. Il avait beau être toujours accompagné, il se sentait seul. Tellement seul. Tellement perdu face à ce monde qui semblait vouloir le dévorer tout cru.
Si quelques années plus tôt il avait naïvement pensé que l'adolescence était la pire période dans la vie d'un Homme, il avait changé son opinion sur la question : le passage à l'âge adulte, des études à la recherche d'emploi était vraiment le pire moment. Personne ne pourrait plus jamais changer son idée sur le sujet…

Désormais, le port se révélait sous ses yeux, apparaissant derrière le dernier bloc d'habitation. Plus de cinq pontons s'engageaient sur la mer encore un peu grisâtre ; le soleil filtrait de plus en plus à travers les nuages et jetait un hâle doré sur les planches en bois de ces jolis petits quais.
Oliver ne savait pas vraiment où il allait ; il avait juste besoin de se réveiller en marchant un peu. Revenir à la réalité.
Il s'avança auprès des stands en préparation où s'activaient poissonniers et marins dans l'attente du bateau parti en mer tard dans la nuit. Oliver jeta alors un regard circulaire et général au port avant que quelque chose de précis n'attire tout d'un coup son attention.
Sans doute son raisonnement et sa perception étaient restés troublés par le manque de sommeil : il lui sembla discerner une silhouette drôlement familière sur le bord d'un ponton, tranquillement assise, admirant le beau paysage de l'océan qui s'étend sous nos yeux.
Il y avait comme un air de déjà-vu. Comme un drôle de flash-back.

Une tignasse rouge vif se trouvait bien là, à cinquante mètres devant lui. Des cheveux lisses, longs comme les siens.
Le cœur d'Oliver s'était soudainement mis à battre plus fort, plus vite. C'était lui ? Il était revenu à Joliberges ? Une joie s'empara de son cœur avant d'être remplacée par un sentiment d'amertume qui se mua finalement en profonde rancœur. Il le narguait en s'asseyant au même endroit que dix ans plus tôt, dans la même position. Ce qu'il faisait n'était sans aucun doute destiné qu'à une seule chose : le faire souffrir.
Une colère sourde s'empara de lui. Il lui fallait lui dire de partir, d'aller voir ailleurs, de se trouver une crique.
De foutre le camp pour qu'il n'ait plus jamais la tristesse de le revoir.

Il s'engagea sur le ponton comme à l'époque, en silence, le cœur serré, une boule dans la gorge rendant difficile la déglutition.
Cette fois-ci, pourtant, il osa l'interpeler. Sa voix s'était faite dure, cassante :

"Ariel ? Qu'est-ce que tu fais ici ?!"

Il fallut que l'individu se retourne brusquement, surpris par cet éclat de voix, pour qu'Oliver se rende soudainement compte de son erreur. Il devint tout d'un coup rouge comme une pivoine, au comble de la honte, se mordant férocement la lèvre inférieure.
L'hybride, ne sachant plus où se mettre, balbutia alors quelques excuses jetées au hasard, traduisant son trouble profond :

"Oh ! Euh… Je… Excusez-moi, je… Désolé… Je… Une erreur…"

Ce n'était pas Ariel. Loin de là même. Comment avait-il pu seulement les confondre ?!
Ce garçon qui se tenait devant lui était bien plus petit que son ex-compagnon. Son visage, plutôt rond, semblait complètement opposé à la mâchoire carrée du Motisma.
Oliver s'était trompé sur toute la ligne ; il se sentait misérable.
Ses joues le brûlaient ; il mit cette montée de sang à son visage sur le compte de la honte, mais sans doute l'inconnu n'y était pas tout à fait étranger. Bien qu'il ait l'air d'un gamin, son doux minois était adorable et même très beau, très porcelaine. Ce charme pur, unique, ne laissa clairement pas le Zarbi indifférent.
Aussi se surprit-il à le dévorer du regard un court instant ; ce visage l'attirait irrésistiblement… Il lui sembla être pris au piège par ces yeux de braise…
Et puis quelque chose clocha.
Non pas l'apparence extrêmement jeune de l'inconnu. Non pas cette attraction si étrange qu'il ressentait au plus profond de lui.
Mais ces cils, ces grands yeux… Ces longs cheveux rouges, ces lèvres si fines…
Il l'avait déjà vu ce garçon, non ?

En une fraction de seconde, l'hybride fouilla dans sa mémoire. Multipliant les fausses pistes, il tomba pourtant sur un souvenir qui semblait plutôt bien corréler : ce garçon là ressemblait beaucoup à la fille de l'autre soir… Cette jeune femme harcelée par un gros monsieur, bien habillé. Il les avait entendus se disputer à la sortie d'un bar plutôt côté de Féli-Cité… Cette fille s'était longuement débattue ; Oliver, animé par un profond dégoût devant cette scène ne s'était pas pour autant arrêté, n'ayant pas eu l'audace de s'interposer. Il s'était senti misérable une fois rentré chez lui. Tellement ridicule.
L'image de cette fille bousculée, contrainte, était restée collée à sa mémoire et ne voulait plus en partir. Leur regard s'était croisé ce soir là. Elle avait dû le trouver bien peureux, bien lâche.

Cette jeune femme… Était ce garçon ?
Ce garçon était une fille ? Ou cette fille un garçon ?
Il secoua la tête, comme pour faire taire toutes ces questions terriblement embêtantes qui courraient partout dans sa tête.
Peut-être se trompait-il simplement.
Oh… Et puis il n'avait qu'à vérifier, après tout !

"Euh… Dites. On s'est déjà croisé ? J'ai comme un air de déjà-vu."

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyMer 24 Juil - 10:55

About that nightJoliberges - Port
Morgan
Oliver
Le bruit des vagues caressant doucement la côte a toujours été une mélodie rassurante pour Morgan. Si la Colline Dicarat se trouve non loin de la mer, il est pourtant impossible de l'entendre depuis là-haut. C'est pourquoi le garçon s'y rendait souvent, appréciant la fraîcheur de l'eau sur ses pieds nus. S'il n'a jamais vraiment apprit à nager – un comble pour un habitant d'Alola – il n'a jamais eu peur de l'océan pour autant. Au contraire, il a toujours été curieux de connaître le monde sous la surface, décrit comme magnifique et dangereux dans ses manuels scolaires. Si son type roche ne lui permet pas de respirer sous l'eau, il a toute fois très souvent plongé la tête dans l'océan, ouvrant grand les yeux malgré le sel afin d'admirer la vie sous-marine. Tout paraît si calme, là-dessous. Presque serein. Comme si, sous l'eau, tout est plus beau, tout est plus facile. Pourtant, le danger est présent, puisque les prédateurs marins guettent et chassent, mais à voir ces bancs de poissons dévirés aux grès des courants, il est difficile de croire que l'on puisse craindre quoi que ce soit. C'est pourquoi Morgan aime tant la mer, et qu'il n'a pas pu s'enfoncer plus loin dans les terres de Sinnoh. Il a besoin d'entendre le fracas des vagues, de sentir l'air marin, de voir le soleil s'élever dans une mer orangée. Il a besoin de se sentir un peu comme chez lui.

Cela dit, Joliberges a malgré tout des airs de Ekaeka. Avec son petit port et ses jolis maisons, les deux villes n'ont absolument rien à s'envier. C'est l'une des raisons qui a retenu Morgan ici, alors qu'il aurait très bien pu mettre les voiles ailleurs. Après tout, ce n'est pas de réelle gaieté de cœur qu'il a quitté Alola, il a donc besoin de se raccrocher à un petit quelque chose pour ne pas souffrir du mal du pays. Certes, la mentalité des gens d'ici diffère de celle des habitants d'Alola, mais cette divergence d'opinion est presque salvatrice pour le jeune Lougaroc. Il a, malgré tout, besoin de s'assurer que l'herbe est plus verte ailleurs, qu'il a bien fait de partir, que tout le monde n'a pas les mêmes idées arrêtées sur certains sujets. Si, évidemment, personne ici encore est au courant de son passif ou même rien que de son homosexualité, Morgan a cette petite impression qu'on le considère moins comme étrange, moins comme marginale. Forcément, au sein de sa tribu, il a toujours été la cinquième roue du carosse, ce gamin un peu étrange qui n'est ni vraiment un garçon, ni vraiment une fille. Il faut dire que pour ça, sa mère ne l'a vraiment pas aidé. Ici au moins, les gens apprennent à le connaître selon ce qu'il représente et pas d'après ce que ses parents ont bien voulu laisser croire.

Un long soupir lui échappe tandis qu'il rejette la tête en arrière, observant le ciel mi-rose mi-orange. Bientôt, le soleil chassera ces teintes crépusculaires pour étendre un bleu infini au dessus du monde. Bientôt, les habitants de Joliberges s'éveilleront et provoqueront enfin le brouhaha habituel que Morgan apprécie tant. Mais en attendant, il profite encore un peu de ce silence matinal, de cette sérénité éphémère qui le plonge dans ses souvenirs. Dès qu'il ferme les yeux, il revoit la moue rieuse de Tôma, la mine déçue de son père, les sourires narquois de ses camarades de classe. Alors Morgan secoue la tête et plonge son visage dans ses mains, frottant ses dernières sur ses joues pour chasser ces images qui le déchire et le hante. S'il est parti, c'est pour échapper à tout cela. Il ne doit plus y penser désormais. Il doit faire une croix sur son passé et repartir sur des bases saines. Mais comment ? Il aimait Tôma. Sincèrement. Plus que lui-même ne pourrait jamais se l'avouer. Et la vérité, c'est qu'il lui manque terriblement. Et qu'il n'a pas encore tout à fait cessé de l'aimer. Comment Morgan est-il censé se reconstruire alors qu'il peine à se défaire des fantômes de son passé ?!

Il s'apprête à se lever et à s'en aller loin quand une voix résonne dans son dos :

Ariel ? Qu'est-ce que tu fais ici ?!

Surprit, Morgan sursaute et jette aussitôt un regard par dessus son épaule. Devant lui, à quelques mètres seulement, se trouve un garçon à la chevelure corbeau. Ce dernier, se rendant soudain compte de sa méprise, se mord aussitôt la lèvre inférieure, alors que ses joues prennent une teinte cramoisie. De toute évidence, il a confondu Morgan avec quelqu'un d'autre et le regrette déjà. Pourtant, ce n'est pas vraiment grave, il en faut plus pour que le Lougaroc se sente gêné ou vexé. Des méprises, il en a déjà vécu pas mal depuis qu'il a mit les pieds à Joliberges – il faut croire que les cheveux rouges sont assez communs dans les environs. Néanmoins, il est très sûrement le seul Lougaroc du coin, puisqu'il lui paraît bien étonnant que des membres de son Clan – ou des autres – quittent Alola pour s'échouer à Sinnoh sans bonne raison. La plupart d'entre eux sont trop fidèles aux anciennes traditions pour oser quitter l'île – Morgan est l'un des seuls fous à avoir oser franchir ce pas. Mais là n'est pas le sujet, d'autant plus que le nouveau venu se confond désormais en excuse, visiblement sincèrement honteux de sa méprise. Cet … Ariel, est-il quelqu'un de spécial pour lui ? Comment expliquer une telle réaction, sinon ? Ce n'est pas le premier, ni le dernier, à confondre deux personnes sans le vouloir. Et il n'y a jamais eu mort d'homme, aux dernières nouvelles.

En tout cas, le garçon semble plutôt charmant, de son point de vu. Bien qu'il soit plus grand que Morgan, il dégage une certaine sensibilité qui le rend plus humain, plus sincère. Il est bien loin des gars fiers et sûrs d'eux que le jeune loup a connu jusqu'à maintenant. Impossible cependant pour le Lougaroc de deviner son âge – il a toujours été très nul à ce genre de jeu, et il est la preuve vivante qu'il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Les barmen surtout ont toujours bien du mal à croire qu'il puisse avoir dix-neuf ans, malgré sa carte d'identité qui en atteste. Autant dire que pour obtenir un petit cocktail en terrasse, c'est toute une histoire. Mais dans tous les cas, ce garçon ne semble pas bien vieux, une petit vingtaine tout au plus. Quelqu'un de son âge, en somme – le genre qu'il espère croiser aujourd'hui afin de faire connaissance et, peut-être, enfin, se faire quelques amis à Joliberges. Et pourquoi pas tenter sa chance avec lui ? Bien qu'il l'ait confondu avec un autre, Morgan doute qu'il soit fermé à de nouvelles rencontres, à moins que ça ne soit un grand timide qui n'apprécie pas parler aux inconnus ? D'ailleurs, d'après ce qu'il a entendu à l'auberge, il est coutume par ici d'apprendre aux enfants de ne jamais parler aux inconnus. Chose que Morgan trouve assez étrange : à Alola, il est tout à fait naturel de s'adresser à tout le monde, ami comme nouvelle tête. Après tout, quel danger peut-il y avoir ?

Euh… Dites. On s'est déjà croisé ? J'ai comme un air de déjà-vu.
Je ne crois pas non, je- … et soudain, l'illumination. Oh, mais si ! Tu es le courageux garçon de l'autre soir. Merci pour ton aide, d'ailleurs. Tu as été un vrai chevalier en armure.

Son ton est tranchant, moqueur. Parce que, oui ce garçon, il l'a déjà vu. Du moins, il a croisé son regard, alors que Morgan était aux prises avec le businessman relou trois jours plus tôt. En le voyant passer dans la rue, le Lougaroc a caressé l'espoir qu'il vienne lui donner un coup de main, qu'il s'interpose pour le sortir de ce traquenard. Mais non, il s'est contenté de passer son chemin sans même lui adresser un mot. Bien sûr, Morgan n'a besoin de l'aide de personne, mais il aurait tout de même apprécier qu'il intervienne, rien que verbalement. Quel hasard de le retrouver ici. Bien évidemment, Morgan n'a pas l'intention de se venger ou quoi que ce soit du genre, mais il ne peut s'empêcher une petite remarque, histoire de rappeler au brun à quel point il a été un homme courageux, ce soir-là. Le Lougaroc finit par se lever, réduisant la distance les séparant quelques pas, pointant vers lui un doigt accusateur. Un sourire moqueur, narquois, étire ses lèvres tandis qu'il reprend la parole :

Enfin, ce n'est pas comme si j'avais besoin de qui que ce soit pour me tirer d'affaire. Je ne suis pas une demoiselle en détresse.

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyJeu 25 Juil - 15:17
About that nightft. Morgan Otso

Il devait le prendre pour un fou… Il ? Elle ? C'était plutôt "il", n'est-ce pas ? Difficile à déterminer. Peut-être que sa voix le mettrait sur la bonne piste ?
Oliver détestait ce genre de situation : avoir des doutes sur la nature de son interlocuteur, il n'y avait rien de pire. De tels malentendus rendaient la langue difficile ; on devait chercher ses mots, reformuler ses phrases deux fois avant de parler. C'était un travail de longue haleine, qui demandait beaucoup de concentration et révélait toute la complexité de nos idiomes.

En tous cas, la surprise qui était affichée sur le doux minois de cet inconnu était des plus délectables ; ses yeux d'un rouge profond et éclatant brillaient avec ferveur. On croyait à des flammes qui brûlaient à l'intérieur, telles de petits brasiers que personne ne pourrait jamais éteindre.
Ses longues mèches rouges étaient dans les mêmes tons. Du grenat, une teinte chatoyante, à la fois chaude et rafraîchissante. Au fond, cette couleur de cheveux n'avait rien à voir avec celle d'Ariel qui arborait un rouge roux plus doux, moins éclatant.
Les traits de son visage étaient quant à eux particulièrement fins et il semblait avoir une peau de bébé quoi que vaguement hâlée ; quel âge lui donnait-il ? Seize ans tout au plus ? Il paraissait petit…
Oliver n'avait jamais beaucoup été attiré par les garçons qui faisaient une tête de moins que lui ; il se considérait déjà comme minuscule, alors il ne fallait pas pousser le vice…
Pourtant, celui-ci – s'il ne se trompait pas de sexe – lui paraissait tout à fait charmant. Au contraire, sa petite taille, son petit visage, ses petites mains étaient tout autant d'atouts qui le rendaient adorable… L'hybride n'avait pourtant aucune arrière-pensée : dans tous les cas, il était beaucoup trop jeune.

Son regard était particulièrement attentif et traduisait quelques questionnements silencieux ; Sans doute la réaction d'Oliver, paniquée, avait été un peu trop brusque, trop poussée ? C'est vrai : il n'aurait jamais été aussi gêné s'il avait confondu une inconnue avec sa mère, par exemple. Mais pour le coup, l'objet de son erreur créait un profond trouble en lui. Une angoisse : si l'hybride commençait à voir Ariel partout, il avait de quoi s'inquiéter ! Il était temps de passer à autre chose, tirer un trait. Mais ce n'était pas si simple : le Motisma avait occupé toute sa jeunesse, toute son adolescence, était responsable de la révélation de sa vie, de ce qu'il était aujourd'hui. Alors difficile de l'effacer de son esprit d'un simple claquement de doigt. Le souvenir de son ex s'accrochait, bien décidé à lui en faire baver jusqu'au bout.

Le face à face interrogatif prit bien vite fin. Le garçon semblait réfléchir à la question de l'hybride. S'ils s'étaient déjà croisés ? Non… Il ne pensait pas…
Enfin… Tout bien réfléchi…
Oliver perçut un changement dans l'expression que prenait l'inconnu ; d'un œil doux et simplement curieux, on passait à un regard furibond, visiblement moqueur et mesquin. Les petits brasiers avaient redoublé de puissance en une fraction de seconde.
Le Zarbi n'eut néanmoins pas le temps de se préparer à l'assaut du rouquin qui lui cracha littéralement ses mots à la figure, sur un ton acerbe, sec et accusateur :

"Oh, mais si ! Tu es le courageux garçon de l'autre soir. Merci pour ton aide, d'ailleurs. Tu as été un vrai chevalier en armure."

On aurait dit que des milliers de piques tranchantes venaient d'être lancées ; Oliver en reçut une en plein cœur et se sentit suffoquer : visiblement, il ne s'était pas trompé ! Cette jeune fille de l'autre soir était bel et bien ce garçon.
Le hasard, pour le coup, faisait mal les choses.
Les mots étaient durs et auraient pu réveiller une colère enfouie chez Oliver. Pourtant, il n'osa pas riposter ; à vrai dire, il n'en avait simplement pas le droit. N'était-ce pas lui qui avait fui la confrontation trois jours plus tôt, laissant ce garçon en détresse entre les mains d'un homme trop insistant ?
Le Zarbi était franc avec les autres, mais aussi envers lui-même. La honte ressentie ce soir-là, de retour chez lui, revint serrer sa gorge. Il aurait bien voulu disparaître, s'enfouir trois pieds sous terre, ne plus être sous ce regard dénonciateur qui en disait long.
Il ne savait pas si ce garçon lui en voulait, s'il allait se venger, ou s'il se moquait juste de sa lâcheté.
Il ne savait pas non plus ce qu'il pouvait répondre à ça. L'inconnu avait en tout point raison : il avait été ridicule, misérable. Il ne pouvait pas chercher à prendre sa défense : ce serait trop fort, trop culotté. Oliver ne pratiquait pas la mauvaise foi.
Aussi passa-t-il une main nerveuse dans ses cheveux déjà emmêlés ; il prit sans doute un air plus que gêné et piteux et baissa les yeux pour contempler désespérément ses chaussures.
Des excuses toutes aussi risibles les unes que les autres se bousculaient dans sa tête.

Il eut un mouvement de recul lorsque le rouquin se leva vivement pour réduire l'écart qu'il y avait entre eux. La seule chose qu'Oliver pouvait faire était de cette fois-ci oser affronter le regard de ce gamin qui lui faisait la morale.
Décidément, il était bien plus petit que lui. Pas plus de quinze ans, sans doute. C'était tout de même un homme : sa voix, bien que chargée d'intonations androgynes avait un grain masculin… Et aussi un petit accent qui en disait long sur ses origines.
Qu'est-ce qu'un habitant d'Alola venait faire ici ? Pourquoi passait-il ses soirées déguisé en fille dans les bras de riches hommes d'affaires ? Ce n'était quand même un…
Non ! Il était trop jeune. Comment pouvait-il penser à ça ?
De près, son regard de braise était particulièrement difficile à soutenir. Un sourire moqueur, déchirant, terrible barrait son joli visage, le rendant encore plus irrésistible. Un doigt tendu et accusateur vint frôler le torse de l'hybride, accompagnant une conclusion acerbe, épicée :

"Enfin, ce n'est pas comme si j'avais besoin de qui que ce soit pour me tirer d'affaire. Je ne suis pas une demoiselle en détresse."

Une intervention cynique qui opérait un auto-clin d'œil auquel Oliver ne put s'empêcher de sourire. Le gamin affirmait bien sa masculinité sachant pertinemment que l'hybride l'avait vu en petite robe et talons.
Bon… Il avait du caractère, c'était plutôt plaisant ! Le Zarbi adorait les fortes-têtes : bien plus drôles que de petits Moumoutons qui se tenaient tranquilles dans leur coin et ne faisaient guère de vagues.
Il lâcha un long soupir ennuyé : il s'était mis dans de beaux draps ! Il voulait se faire pardonner mais il ne savait pas vraiment comment.
Peut-être commencer par dire la vérité ? Être honnête apaisait souvent les conflits alors que mentir ou se trouver des excuses ne faisaient que les attiser.
Mais avant tout, rétablir une distance raisonnable entre eux s'imposait : Oliver n'avait pas vraiment envie que ce rouquin puisse le taquiner plus longtemps avec son doigt qui s'enfonçait dans son torse, rageur. Il recula d'un pas ou deux, faisant mine de rechercher un certain équilibre.
Ce ne fut qu'après qu'il s'éclaircit la gorge, levant les yeux au ciel pour trouver les bons mots, puis replongeant son regard dans ceux de l'inconnu.
Il allait lui tenir tête et non pas baisser les yeux comme un enfant rabroué. Le message passerait mieux de cette façon :

"Franchement… Je n'ai absolument aucune excuse, commença-t-il sur un ton hésitant, ténu qui rendait sa voix plus grave qu'elle ne l'était en réalité. Tu vois, je pourrais te raconter que je suis vraiment quelqu'un de faible et que mon aide ne t'aurait rien apporté. Mais rien que des mots auraient suffi, j'imagine… Donc ouais, j'ai pas été super chevaleresque. Pas du tout même !

Il laissa échapper un petit rire gêné, se tordant les doigts nerveusement :

– Donc je ne vais pas chercher à me justifier ; je vais juste te dire que j'ai été super lâche, et que franchement – si tu veux bien me croire – je m'en suis voulu par la suite. Dooonc… L'intensité du regard de son interlocuteur le fit vaciller. Mais il se reprit bien vite après avoir un peu cherché ce qu'il allait dire. Donc ça serait cool que t'acceptes mes excuses. Ou que t'acceptes que je me fasse pardonner.

Oliver fit un petit sourire pour conclure son discours avant de de s'avancer au bord du ponton sur lequel l'inconnu était assis quelques minutes plus tôt.
Le Soleil s'élevait peu à peu dans le ciel, même si la température restait fraîche. La mer était très bleue ; le bruit de ses vagues apaisait la honte de l'hybride.
Il lui fallait trouver un moyen de donner une autre tournure à la conversation… Quoi de mieux que de taper dans sa propre expérience ?

"Qu'est-ce qu'un habitant d'Alola vient faire à Sinnoh ? demanda-t-il après un petit silence. Il lui refit face pour continuer. À moins que je me trompe d'accent ? Sinnoh, c'est joli, mais il y fait quand même un peu froid… Et les gens sont moins ouverts.

Il fit une pause et jeta un coup d'œil à ce même ponton sur lequel il s'était assis huit ans plus tôt. Sur lequel il s'asseyait à chaque fois qu'il se sentait mal et qu'il avait besoin de réfléchir.

– Moi, quand je viens ici, c'est parce que les choses ne vont pas comme je l'espérais. Quand je me sens seul et un peu perdu.
Ça te dit que je t'invite à boire un verre au café de Joliberges ? Pour me faire pardonner… Ou pour commencer à me faire pardonner, ça dépend si t'es rancunier ou pas !
Au fait, je dois t'appeler comment…? Moi, c'est Oliver. Mais tu peux m'appeler Sieur Chevalier si t'en as envie !"


Le Zarbi laissa échapper un petit rire. Parfois ça faisait du bien de pratiquer l'auto-dérision.
Il tendit une main réconciliatrice au garçon, espérant que toutes ses tentatives de rapprochement n'allaient pas être rejetées d'un bloc.

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptySam 27 Juil - 11:18

About that nightJoliberges - Port
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Que les choses soient bien claires, Morgan ne ressent aucune animosité à l'égard de son interlocuteur, ni même une once de colère. Ce n'est pas comme si son intervention aurait été salvatrice : le Lougaroc s'est tiré lui-même de ce mauvais pas sans rien avoir subit de moralement discutable. Le businessman a bien essayé de tâter un peu son torse, sûrement à la recherche d'une mini poitrine sous le tissu de sa robe, mais Morgan ne considère pas cela comme un attouchement dans la mesure où … il n'y avait aucun sein à peloter. Bien sûr, l'homme aurait sûrement mit ses mains ailleurs si Morgan ne s'était pas défendu avant, mais il ne va pas s'angoisser sur quelque chose qui n'est pas arrivé. Il est ressorti indemne de ce piège à rat et c'est la seule chose qui compte – d'autant plus que cela n'a eu aucune répercussion sur sa paie, malgré qu'il ait sauvagement écrasé le pied de son client. Ainsi donc, Morgan ne va pas venir faire son caliméro en reprochant son inaction au jeune garçon. Dans le cas contraire, aurait-il fait quelque chose, lui ? Le Lougaroc en doute, malheureusement. Il est parfois difficile de s'imposer, d'oser faire les choses, de mettre son grain de sel dans un problème dont nous ne connaissons ni la source, ni les protagonistes. Au final, nous sommes prit de remords et notre reflet devant le miroir devient bien difficile à affronter. Ce garçon a-t-il ressenti ce malaise après avoir passé son chemin ?

En tout cas, bien que Morgan ne soit pas rancunier, il ne peut s'empêcher d'appuyer sur le bleu pour raviver la douleur d'il y a trois jours. Puisque le hasard fait que leurs routes se croisent de nouveau, autant en profiter pour lui donner une petite leçon, non ? Rien de bien méchant, évidemment : juste le mettre face à la réalité en espérant que, la prochaine fois, il ait le courage de réagir. C'est l'hôpital qui se fout de la charité, certes, mais Morgan est comme ça. Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Parce que, à moins d'avoir une solide excuse, il n'y a pas la moindre raison qui justifie de ne pas intervenir dans une telle situation. A la sortie des bars, il n'est malheureusement pas rare de croiser ce genre d'individus un peu trop imbibés qui n'ont plus la moindre limite. Cela dit, Morgan aurait du se douter que son client finirait par lui faire des propositions indécentes, car le regard qu'il a posé sur lui à l'instant même où il est descendu du taxi en disait long. Enfin, inutile de remuer le passé, ce qui est fait est fait. L'important, c'est que Morgan en soit ressorti sain et sauf, bien que légèrement remué par un tel événement. C'était la première fois que l'on agissait ainsi avec lui depuis ses débuts dans la boîte d'escort et s'il a désormais la désagréable impression que ce ne sera pas la dernière fois, il se sait cependant parfaitement capable de se défendre. En espérant ne pas tomber, un jour, sur bien plus fort que lui …

Néanmoins, Morgan chasse ces terribles pensées en clignant plusieurs fois des yeux, comme voulant supprimer ces images répugnantes de son esprit. En face de lui, le garçon dont il ignore encore le nom recule d'un pas ou deux, rétablissant entre eux une distance raisonnable. Il semble chercher ses mots un instant, ses yeux noirs jonglant entre le ciel et le visage du Lougaroc, ce qui fait doucement rire ce dernier – qui n'intervient pas, bien trop curieux de savoir ce que l'autre a à dire !

Franchement… Je n'ai absolument aucune excuse. Tu vois, je pourrais te raconter que je suis vraiment quelqu'un de faible et que mon aide ne t'aurait rien apporté. Mais rien que des mots auraient suffi, j'imagine… Donc ouais, j'ai pas été super chevaleresque. Pas du tout même ! Un petit rire gêné lui échappe, alors qu'il le tord les doigts, nerveux. Donc je ne vais pas chercher à me justifier ; je vais juste te dire que j'ai été super lâche, et que franchement – si tu veux bien me croire – je m'en suis voulu par la suite. Dooonc… Donc ça serait cool que t'acceptes mes excuses. Ou que t'acceptes que je me fasse pardonner.

Morgan hausse un sourcil, à la fois surprit et … charmé. Dans un sens, l'honnêté du garçon a un petit quelque chose d'adorable qui fait aussitôt monter le rouge aux joues du loup. Ses excuses sont sincères, trop sincères pour y rester insensible. Comment ne pas le pardonner ? Au moins, il n'a pas cherché à sauver les meubles en racontant un bobard sans queue ni tête, prétextant une affaire urgente à régler ou quoi que ce soit d'autre. Il a juste été lâche, et il le reconnaît. Et c'est là quelque chose à laquelle Morgan n'est pas habitué. Il a grandi entouré de personnes fières, qui refusent de passer pour des faibles, qui trouvent toujours les mots pour se sortir des affaires les plus tordues. Reconnaître ses erreurs et se considérer soi-même comme ayant été couard n'est absolument pas monnaie courante au sein dans son Clan, bien que tous ne soit absolument pas blanc comme neige. Peut-être cela est propre à son espèce cela dit, mais cela reste nouveau pour Morgan et ça a quelque chose de … rassurant. Presque rafraîchissant. De nouveau, il fait face à quelque chose qui est bien loin de ce à quoi il a toujours été habitué, et c'est sincèrement plaisant. Il ne peut d'ailleurs empêcher un petit sourire de fleurir sur ses lèvres pincées. Comme il l'espérait, les gens sont bien tous différents. Et bien que ce soit une chose qu'il sait depuis longtemps, c'est tout de même plaisant de le constater à nouveau.

En tout cas, Morgan décide de ne pas se laisser amadouer aussi facilement. Oui, il accepte les excuses du garçon – bien qu'il ne lui reprochait rien, mais soit – mais hors de question de mettre fin à tout cela si vite. Il veut se faire pardonner, dit-il. Alors le loup compte bien allonger leur discussion. Un peu de compagnie, ce n'est pas de refus. Et avec un peu de chance, peut-être se découvriront-ils des atomes crochus. Mais Morgan n'a même pas besoin d'user de ce joker, car le garçon reprend la parole tout naturellement après s'être approché du bord du ponton :

Qu'est-ce qu'un habitant d'Alola vient faire à Sinnoh ? À moins que je me trompe d'accent ? Sinnoh, c'est joli, mais il y fait quand même un peu froid… Et les gens sont moins ouverts.
Les habitants d'Alola sont moins ouverts qu'on le croit …

Marmonne Morgan en détournant le regard, ne souhaitant pas que l'on puisse apercevoir la flamme trouble au fond de ses pupilles. C'est fou comme Alola a la réputation d'être un endroit paradisiaque où les préjugés n'existent pas. Malheureusement, comme partout, il y a des gens tolérants comme de gros abrutis. La main droite du Lougaroc se perd d'ailleurs un instant sur son ventre, se rappelant avec une profonde tristesse le coup que son père lui a porté, la veille de son départ. Bien qu'il n'ait laissé aucune trace, Morgan a parfois l'impression de sentir encore cette douleur terrible dans ses entrailles. Si le jeune homme sent ses yeux le piquer, il refuse cependant de céder aux larmes et se hâte de reprendre contenance. Il y a des choses dont il ne veut pas parler, il ne doit donc rien laisser paraître, ne pas offrir aux autres l'opportunité d'apercevoir ses faiblesses et ses états d'âmes. Heureusement, le garçon reprend la parole, permettant ainsi à Morgan de ne plus penser à la source de ses maux :

Moi, quand je viens ici, c'est parce que les choses ne vont pas comme je l'espérais. Quand je me sens seul et un peu perdu. Ça te dit que je t'invite à boire un verre au café de Joliberges ? Pour me faire pardonner… Ou pour commencer à me faire pardonner, ça dépend si t'es rancunier ou pas ! Au fait, je dois t'appeler comment…? Moi, c'est Oliver. Mais tu peux m'appeler Sieur Chevalier si t'en as envie !

Seul et un peu perdu ? C'est exactement l'état d'esprit de Morgan. Et c'est vers ce ponton que ses pas l'ont naturellement porté, comme guidé par une force dont il ne pourrait expliquer la source. Est-ce donc là, de nouveau, le fruit du hasard ? Ou le point stratégique que la vie a choisi pour faire croiser leurs routes aux deux garçons ? D'ailleurs, si le fameux Oliver est venu jusqu'ici, lui aussi … c'est justement parce qu'il ressent la même chose ? Quels peuvent-être ses états d'âmes ? Est-il également dans une période si trouble qu'il ne sait plus si ce qu'il fait est bien ou mal ? Si ses actions passées ne sont pas décisives d'un avenir qui l'effraie ? C'est, en tout cas, ce que ressent Morgan depuis quelques jours maintenant. Il ne sait plus vraiment où il en est dans sa vie, s'il a bien fait de partir, s'il ne creuse pas sa propre tombe en hochant la tête aux moindres réclamations. Son estomac est si noué qu'il en perd l'appétit, la preuve en est avec le petit-déjeuner volontairement oublié ce matin. Et pourtant, l'idée de boire un verre en compagnie d'Oliver semble dénouer ses entrailles comme par magie. S'il se sent de nouveau embarrassé par une telle réalisation, il ne laisse pourtant rien paraître, bien décidé à ne pas perdre la face.

Sieur Froussardine serait plus adéquat, bougonne-t-il tel un enfant boudeur, malgré le petit sourire moqueur embellissant ses lèvres. Moi c'est Morgan. Et si ça peut te rassurer, ma rancune se noie parfaitement dans un verre.

A comprendre : j'accepte ton invitation. D'ailleurs, son estomac confirme le tout en émettant un gargouillement aigüe. Aussitôt, Morgan porte ses deux mains à son ventre, comme dans une tentative vaine ne le faire taire. Voilà quelques jours qu'il ne se manifeste que par des douleurs sourdes, et c'est maintenant qu'il décide de faire parler de lui ? Finalement, un verre ne sera peut-être pas suffisant. A en juger par les complaintes de son estomac, il lui faudra quelque chose d'un peu plus conséquent pour le contenter. Quelque peu embarrassé, mais dans un sursaut de fierté digne de son espèce, Morgan vient placer ses mains sur ses hanches, dans une attitude presque autoritaire totalement biaisé par son visage chérubin.

Tout bien réfléchi, je crois bien qu'il va falloir plus qu'un verre pour te faire pardonner !

Et Morgan évite évidemment les sujets sensibles, comme la raison de sa présence à Sinnoh. Il ne rejette pas l'idée d'en parler un jour, mais pas maintenant. Il est trop tôt pour enlever le pansement, trop tôt pour laisser qui que ce soit entrer dans son jardin secret. Pour le moment, il ne sait même pas si Oliver est vraiment quelqu'un de confiance. Après tout, il n'a pas daigné lever le petit doigt pour lui venir en aide, trois jours plus tôt. Cela dit, Morgan est tout de même curieux de faire plus ample connaissance avec lui. Le Lougaroc se pose quelques questions concernant Oliver – et le contraire est possible. En tout cas, une petite voix lui souffle que le café de Joliberges va être le théâtre d'affaires importantes. Tout à coup, voilà que Morgan a bien hâte de se mettre à table ...
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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptySam 27 Juil - 19:58
About that nightft. Morgan Otso

Le garçon lui rendit la poignée de main sans trop le faire attendre. Oliver réprima un long soupir de soulagement. À bien y réfléchir, cette joie qu'il ressentait à ne pas être rejeté était assez étrange. Si son interlocuteur n'avait pas voulu le pardonner, qu'aurait-il fait ? Il n'aurait pas pleuré, il ne se serait pas jeté à ses pieds pour plaider sa miséricorde. L'hybride ne connaissait pas ce jeune homme ; alors il trouvait bizarre cet apaisement qui se faisait en lui, cette excitation qu'il avait à être excusé. Néanmoins, le petit sourire plein d'appréhension qu'il affichait plus tôt se changea en un grand sourire rayonnant qui dévoilait toute sa reconnaissance et satisfaction.
Il lui sembla aussi, à bien y regarder, que les joues du rouquin s'étaient quelque peu empourprées. Il eut un regard interrogateur : il ne faisait pas chaud, pourtant.
Pas du tout même. Oliver réajusta sa veste, parcouru d'un tremblement.

La voix du garçon le réchauffa bien vite ; ses mots, bien que toujours un peu piquants, ne manquaient pas d'humour et de caractère.

"Sieur Froussardine serait plus adéquat, avait-il dit avec un petit sourire moqueur qui étirait ses jolies lèvres. Moi c'est Morgan. Et si ça peut te rassurer, ma rancune se noie parfaitement dans un verre.

L'hybride rit de bon cœur : soit. Ce serait Sieur Froussardine. Au vu de la personnalité de Morgan – était-ce bien son nom ? –, il avait comme l'impression que ce surnom le suivrait longtemps. Il ne s'en plaindrait pas ; au fond, ce serait une façon de se rappeler de leur rencontre. Un sobriquet mignon, affectueux, qui en disait beaucoup sans trop en révéler aux autres.
Morgan… C'était un nom peu commun, mais aux yeux d'Oliver – qui était loin d'être un professionnel et pas des plus objectifs non plus – très joli. Il convenait parfaitement au garçon qui se tenait devant lui ; à la fois doux et piquant, à la fois masculin et féminin.
Mignon somme toute.
Sans doute eut-il aussi le rouge qui lui monta aux joues à cette pensée, mais il ne s'en rendit pas vraiment compte.
Il réfléchissait déjà à quel café il allait emmener son petit compagnon ; il y en avait trois en tout. Un particulièrement chaleureux, un autre plus chic et un dernier assez rustique.
Oliver avait envie que tout soit parfait sans pouvoir pour autant l'expliquer. Faire oublier son mauvais pas au rouquin devenait l'objectif premier ; le faire parler de lui également. Effectivement, Morgan était resté muet quant à sa venue sur ce ponton, malgré la perche que l'hybride avait tendue. Son marmonnement à la mention d'Alola, comme une phrase qui avait fini par sortir contre sa volonté révélait pourtant à ses yeux une rancœur toute fraîche, qui expliquait peut-être beaucoup de choses sur sa présence ici, à Sinnoh, perdu sur un ponton de Joliberges. Morgan ne devait pas être du genre à se livrer au premier venu, et au fond, c'était plutôt normal. Oliver non plus n'étalerait pas sa vie dans les premières heures… N'étalerait peut-être jamais sa vie auprès ce garçon, d'ailleurs. Il y avait beaucoup de chance pour que ce matin passé ensemble au café soit le dernier et qu'ils ne se revoient plus jamais par la suite : les nouvelles rencontres étaient souvent incongrues et ne débouchaient pas toujours sur une relation solide. Parfois, on faisait la connaissance de quelqu'un pour le quitter finalement sans plus de cérémonie.
C'était les hasards de la vie, ses bizarreries aussi.
Alors Oliver ne forcerait sans doute pas les choses : elles viendraient naturellement si Arceus le désirait. Autrement, ce serait un tant pis et il passerait à autre chose.

L'hybride se pressa de répondre, même pour ne rien dire ; il détestait les silences et préférait les combler inutilement :

"Je prends note de ce super surnom. Mais je suis certain que tu me le rappelleras souvent ! S'exclama-t-il sur un ton réjoui qui éclaircissait considérablement sa voix. Mais n'oublie pas que les Froussardines sont parfois surprenants. Un jour peut-être je te sauverais des griffes du grand méchant Lougaroc !

Le Zarbi apprendrait bien vite qu'il valait parfois mieux se taire. Sur le moment, il ne se rendit pas compte de la bourde qu'il venait de commettre. Rien de bien méchant, bien sûr, mais c'était assez ironique de vouloir protéger quelqu'un de lui-même…

– Je t'invite alors. Je crois qu'on va aller au café près de chez moi. C'est au sud de la ville ! Je l'aime bien, j'y allais souvent petit… Avec des amis"

Ariel se transformait maintenant en une dizaine d'amis inexistants. Bon. C'était une façon de ne pas en dire plus sur la peine qui l'animait ces derniers temps. Une façon aussi de se mentir : censurer, toujours censurer pour ne plus y penser.
L'estomac de Morgan mit fin aux élucubrations de l'hybride qui se mit à rire. Visiblement, quelqu'un n'avait pas mangé depuis un moment ! Il dévisagea le garçon, amusé. C'est vrai qu'il n'était pas bien gros. Tout cela manquait un peu graisse… Pas de muscles pourtant ! À bien y regarder, ses petits bras au teint laiteux étaient finement dessinés.
Le rouquin parut d'abord dérouté par son ventre qui faisait soudainement des bruits bizarres, criant famine à la terre entière, puis animé par son panache naturel, il revint sur ses mots avec une bonne touche d'humour :

"Tout bien réfléchi, je crois bien qu'il va falloir plus qu'un verre pour te faire pardonner !

– À tes ordres, Messire, fit Oliver en esquissant une profonde révérence qui fit tomber ses lourdes mèches ébènes devant ses yeux. Sieur Froussardine à ton service ! Il y a de super crêpes là-bas. Sinnoh n'a pas de spécialités propres, mis à part les Poffins pour les Pokémons. J'ai appris qu'à Alola, il y a des Malasadas. C'est comment ?

Il fit un petit sourire. Lui aussi avait très faim. Il n'avait pris qu'un café pour se réveiller en partant. Alors il prendrait un croissant, ou un pancake… Il ne savait pas encore. Quelque chose qui lui redonnerait des forces, en tous cas !
Il jeta un coup d'œil à la montre qu'il avait à son poignet : sept heures trente. Normalement le café était ouvert. Il n'y aurait pas un Chacripan… Ou seulement quelques travailleurs qui prenaient leur pause. Bon, au moins, il seraient tranquilles.
Ensuite… Ensuite peut-être qu'il lui ferait visiter quelques jolies criques aux alentours ? Le soleil perçait peu à peu à travers les nuages ; les cheveux de Morgan brillaient doucement, d'un rouge magnifique. Ses yeux aussi, reflétant les vagues qui s'abattaient sur le ponton.
Oliver lui fit un signe de la tête qui l'incitait à lui suivre :

On y va ? demanda-t-il doucement, comme pour ne pas troubler ce doux moment matinal, cette rencontre qui berçait un peu son âme endolorie. C'est pas loin, je te promets !

Ils marchèrent cinq minutes, quittant les quais, le port pour s'engouffrer dans les quartiers résidentiels. La plupart des fenêtres étaient encore closes. Seule une femme, à son balcon, secouait un paillasson pour en faire tomber les saletés accumulées. Elle fit un signe de tête à Oliver : ils se connaissaient de vue depuis plusieurs années. Ils se croisaient souvent.
En fait, tout le monde connaissait tout le monde par ici. Joliberges, ce n'était pas bien grand. Aussi, Morgan aurait tôt fait de s'intégrer. Les gens par ici n'étaient pas bien méchant… D'ailleurs, où logeait-il ? Avec ses parents ?

"Tu habites où ? À Joliberges ou Féli-Cité ? Tu es de passage ? s'enquit-il d'une voix hésitante. Je ne veux pas te paraître trop curieux. C'est juste pour savoir si on se reverra facilement… Moi j'ai un appartement sur Féli-Cité mais je reviens ici pour quelques temps… J'aime bien la quiétude de cette ville. C'est… Apaisant.

Il se mit à léviter naturellement, faisant un rapide tour sur lui-même en montrant les rangées de petites maisons traditionnelles qui formaient deux grands rangs les tenant en étreinte dans cette jolie rue pavée qu'ils foulaient silencieusement.

– Et puis c'est super joli, super typique ici, tu trouves pas ? S'exclama-t-il, se voulant convaincant. Moi j'adore, vraiment ! J'ai toujours vécu ici ! Enfin, presque. Pas les premières années de ma vie, en fait. Pas les dernières non plus. Mais mon enfance est inscrite dans ces pavés.

Sans doute ressentit-il le besoin de justifier sa soudaine envie de léviter, sans prévenir. C'est vrai, ce devait être assez surprenant de voir un garçon aussi humain se mettre à voleter d'un seul coup, comme ça, sans crier gare. Morgan devait certainement être un peu surpris, un peu dérouté.
Aussi l'hybride annonça-t-il sans plus de cérémonie :

– En fait, je ne suis pas vraiment de Sinnoh, moi aussi. Je viens d'Unys ; mes parents m'ont adopté avant d'emménager ici. Mais le hic c'est qu'ils sont humains, et que moi j'ai découvert un peu sur le tard que je suis un Zarbi. Il esquissa un grand sourire qui en disait long. Donc franchement, maintenant tu peux comprendre que physiquement, j'aurais pas pu te défendre l'autre soir ! Je suis vraiment pas un Pokémon puissant. Il fit un geste du menton comme pour désigner les longs cheveux de son interlocuteur. Et toi ? C'est naturel toutes ces couleurs, pas vrai ? Toi aussi tu es un hybride, non ? J'en mettrais ma main à couper."

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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptySam 27 Juil - 23:25

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Morgan
Oliver
Le rire de Oliver, spontané et sincère, sonne tel un agréable son de cloche aux oreilles de Morgan. D'autres n'auraient somme toute pas apprécié un tel sobriquet, mais lui en rit de bon cœur. Et bien malgré lui, le Lougaroc en ressort quelque peu déstabilisé. Ces gorgées d'eau fraîche qu'il avale depuis quelques instants maintenant, elles ont un arrière-goût si délicieux qu'il en a encore plus soif. C'est si nouveau pour lui, si incongru qu'il ignore tout à fait comment réagir. Son cœur accélère d'ailleurs dans sa poitrine, sans qu'il ne se sente oppressé pour autant. En temps normal, lorsqu'une situation lui échappe, Morgan est si terrifié qu'il cède aussitôt à la colère. Et pourtant, pour la première fois de sa vie, il choisit de se laisser porter par le courant, de lâcher les rênes et voir où cela va le mener. Chose rare pour un garçon comme lui qui a besoin que tout soit réglé comme une pendule, pour ne jamais perdre le contrôle de la situation et s'assurer un parfait déroulement des événements. C'est presque vital chez lui, et ce depuis toujours. Le tout dans le seul et unique but de se rassurer, pour rester dans sa zone de confort et ne rien laisser dépasser. Au lieu de quoi, son cœur s'emballe et ses entrailles s'entortillent, donnant naissance à une colère sourde et incontrôlable contre laquelle il ne peut absolument rien. Combien d'arbres, combien de rochers ont subit ses assauts répétés ? Au sommet de la Colline Dicarat, toute la rage, toute la hargne de Morgan sont gravées dans roche, témoins défigurés de ces violents états d'âmes.

Mais son cœur est paisible, à cet instant. Comme si tous les questionnements qui l'ont emmené au bord de ce ponton s'en étaient allés avec les vagues léchant la rive. Et qu'à cela ne tienne, Morgan compte bien profiter de ce moment d'allégresse, si rare, si précieux. Il ne saurait dire si cela est du à la sincérité touchante de Oliver, mais elle y participe forcément. Mais ne vous attendez pas à ce qu'il l'assume, à ça non. Morgan est un Lougaroc, il a forcément une certaine fierté qu'il se doit de préserver. Au lieu de quoi, il fait comme si de rien n'était. Après tout, Oliver ne le connaît pas suffisamment pour déchiffer ses réactions et savoir quand quelque chose le trouble ou non. A la limite, il peut voir les regards fuyants et les tics nerveux, mais rien qui puisse le trahir vraiment. De toute façon, Morgan a toujours été un garçon très secret. Il n'a jamais eu pour habitude de se confier aux autres, si ce n'est sur le fameux forum d'entraide pour homosexuels. C'est la seule fois de toute sa vie où il a ressenti le besoin impérieux de se confesser, d'ouvrir son cœur et d'attendre des retours. Certes, c'était sous le couvert de l'anonymat – et c'est très sûrement ce qui a rendu la tâche « si » facile. Mais parler de lui, de ses soucis, de ses remords en face à face avec quelqu'un … ça ne lui ait jamais arrivé. Pas même avec Tôma, malgré toute l'affection qu'il a ressenti – qu'il ressent encore – pour lui.

Mais n'oublie pas que les Froussardines sont parfois surprenants. Un jour peut-être je te sauverais des griffes du grand méchant Lougaroc ! Morgan ne peut retenir un soufflement de nez. Heureusement, Oliver enchaîne, ne l'ayant visiblement pas remarqué. Je t'invite alors. Je crois qu'on va aller au café près de chez moi. C'est au sud de la ville ! Je l'aime bien, j'y allais souvent petit… Avec des amis.

Pendant un instant, Morgan essaie de s'imaginer à quoi « une sortie entre amis » peut bien ressembler. Pas qu'il n'a jamais eu d'amis, loin de là. Au lycée de Ekaeka, il s'est sociabilisé avec une petite brochette d'adolescents dès son premier jour. Cependant, les sorties après l'école, il n'y avait pas droit. Son père exigeait qu'il rentre dès les cours terminés, alors il se joignait aux autres Lougarocs de son Clan obéissant au même couvre-feu sans jamais pouvoir faire un détour aux cafés du coin. Les seuls moment où ils pouvaient traîner en ville, c'était les week-end et encore, quand son père était dans ses bons jours. D'ailleurs, quand il y repense, le seul fait qu'il ait pu rencontrer Yodevan à ce fameux bar relève de l'exploit – pire encore lorsqu'il a embarqué pour Poni afin de lui rendre visite. Bon, pour être honnête, Morgan était devenu pro en matière de faire le mur, talent qu'il a su affiner de façon remarquable lorsqu'il rejoignait Tôma chez lui tous les soirs. Demeurer discret et se repérer dans le noir semble désormais parfaitement naturel chez lui – ce qui n'est pas étonnant pour un Lougaroc nocturne. Mais à cette époque, Morgan n'était encore qu'un Rocabot. Comme quoi, il était destiné à la nuit, qu'il le veuille ou non. Cela dit, ce n'est pas vraiment quelque chose qui le dérange – le jeune homme adore les cheveux rouges que son évolution lui a si gracieusement offert.

Enfin, comme son estomac l'exige si poliment, il est plus que temps que Oliver tienne sa promesse. D'autant plus qu'il lui vante des crêpes qui mettent l'eau à la bouche de Morgan. En vérité, il a tellement faim que tout ce qu'on pourrait lui proposer finirait aussitôt au fond de son gosier. De toute façon, il n'est pas vraiment difficile, il n'y a rien qu'il déteste vraiment – si ce n'est peut-être les épinards, dont la texture ne l'a jamais vraiment enchanté. Mais s'il n'y a que ça à manger, il s'y plit, pas de bon cœur certes, mais ce n'est pas lui qui exigerait quoi que ce soit de différent. Son père a tenu à ce qu'il ait conscience de la valeur des aliments, et Morgan suit ces principes depuis trop longtemps pour s'en défaire maintenant. Cependant, en ce moment, son cœur balance davantage vers du sucré.  Et lorsque Oliver mentionne les célèbres malasadas d'Alola, son ventre gargouille rien qu'en y pensant. Il est vrai que c'est un véritable délice. Morgan adorait en manger sur le chemin de l'école, une petite douceur bienvenue avant une longue journée de cours. Cela fait d'ailleurs parti des choses qui lui manque le plus depuis qu'il a quitté son île. Les pâtisseries d'ici ont beau être délicieuses, tout paraît fade comparé à une bonne malasada saupoudrée de sucre glace. Pour peu, il en baverait presque.

C'est exquis, tout simplement. Une fois que tu y a goûté, tu ne peux plus t'en passer.

Mine de rien, parler d'une spécialité d'Alola lui met un peu de baume au cœur. L'archipel lui manque, sincèrement, mais il ne peut pas y retourner pour le moment. Plusieurs fois, Morgan s'est surprit à furter sur le port à la recherche d'un bateau faisant escale à Mele-Mele. Bien sûr, la tentation est forte, très forte. Mais il ne doit pas céder. C'est trop tôt, beaucoup trop tôt. Cela dit, le Lougaroc sait pertinemment que cette envie de retourner chez lui est accentuée par le manque d'attache ici, à Joliberges. S'il avait seulement des amis, ce serait plus simple de repousser un potentiel retour. La solitude lui pèse et tente de le convaincre de rentrer. Mais Morgan doit rester fort, et continuer de croire à ses convictions. Rien de bien l'attend là-bas, pour le moment. Seules des figures narquoises qui le dévisagent et se moquent, broyant son cœur sans le moindre remords. Avant de pouvoir faire la paix avec son père, Morgan sait qu'il doit déjà faire la paix avec lui-même. Et Arceus sait que ce n'est pas chose aisée, surtout avec les blessures que Tôma et son père lui ont laissé. Seul le temps s'occupera de les cicatriser, sauf si un ami se propose de les bander. Pour le moment cependant, Morgan se contente de saigner seul, priant pour que l’hémorragie prenne fin.

Finalement, les voilà parti, Morgan marchant dans les pas d'Oliver qui connaît Joliberges somme toute mieux que lui. Ainsi quittent-ils le port parfumé d'embruns marins pour pénétrer dans le quartier résidentiel, alignement de jolies maisons aux volets presque tous clôts. La rue est silencieuse, déserte, plongée dans une atmosphère doucereuse et apaisante. Morgan se plaît même à admirer quelques jolis jardins dont les fleurs multicolores s'ouvrent peu à peu, encore recouvertes par la rosée du petit matin. Si la tranquillité et le mutisme de ce moment est sincèrement agréable, Oliver se permet malgré tout de le rompre, visiblement aussi bavard qu'un Pijako :

Tu habites où ? À Joliberges ou Féli-Cité ? Tu es de passage ? Je ne veux pas te paraître trop curieux. C'est juste pour savoir si on se reverra facilement… Moi j'ai un appartement sur Féli-Cité mais je reviens ici pour quelques temps… J'aime bien la quiétude de cette ville. C'est… Apaisant.  
Tu veux déjà me revoir ? Je suis flatté ! roucoule Morgan en lui faisant des yeux doux exagérés à l'extrême, pour rendre sa blague crédible. Je réside à Joliberges, dans l'auberge de jeunesse non loin du centre-ville. Je n'ai pas voulu aller plus loin, l'atmosphère d'ici me rappelle Ekaeka. Ca a quelque chose de … rassurant.

Pendant un instant, ses yeux se perdent dans le vide alors que, dans sa tête, les rues de Ekaeka se dessinent graduellement. La ville n'a beau pas être grande, elle se targue de posséder toutes les commidités. Morgan adorait vraiment flaner aux abords du port ou escalader les différentes barrières découpant les quartiers. Il a bien visité d'autres villes de Alola, aucune n'arrive à la cheville de Ekaeka à ses yeux. C'est pourquoi il tient tant à demeurer à Joliberges. S'il le pouvait, il pourrait sûrement loger quelque part à Féli-Cité. Mais cette ville est trop bruyante, trop peuplée pour lui. Morgan est habitué aux petites bourgades d'Alola, il n'est pas fait pour vivre en mégalopole. Certes, il est bien obligé de se rendre à Féli-Cité pour le travail, mais y travailler ce n'est pas comme y vivre. Il se demande d'ailleurs bien comment Oliver peut supporter y habiter. A moins qu'il ne soit habitué à l’extravagance de la capitale. Cela dit, ça explique pourquoi ils se sont « croisés » là-bas la première fois. Bien que la ville soit grande, le fait qu'Oliver y habite a grandement facilité les choses. D'ailleurs, fidèle à lui-même, le voilà qui piaille à nouveau :

Et puis c'est super joli, super typique ici, tu trouves pas ?  Moi j'adore, vraiment ! J'ai toujours vécu ici ! Enfin, presque. Pas les premières années de ma vie, en fait. Pas les dernières non plus. Mais mon enfance est inscrite dans ces pavés. Morgan hoche la tête, signe qu'il l'écoute, bien qu'il se soit perdu dans la contemplation d'une fresque abstraite peinte sur la facade d'une petite maison. En fait, je ne suis pas vraiment de Sinnoh, moi aussi. Je viens d'Unys ; mes parents m'ont adopté avant d'emménager ici. Mais le hic c'est qu'ils sont humains, et que moi j'ai découvert un peu sur le tard que je suis un Zarbi. Quelque peu décontenancé par un tel aveu, Morgan tourne finalement sa tête dans la direction de Oliver, réalisant seulement maintenant que ses pieds ne touchent plus le sol. Et la constatation le fait aussitôt sursauter. Donc franchement, maintenant tu peux comprendre que physiquement, j'aurais pas pu te défendre l'autre soir ! Je suis vraiment pas un Pokémon puissant. Et toi ? C'est naturel toutes ces couleurs, pas vrai ? Toi aussi tu es un hybride, non ? J'en mettrais ma main à couper.
Un Zarbi, si je m'attendais à ça ! J'en ai jamais rencontré jusqu'à maintenant. Je pensais qu'ils étaient plus … étranges que ça. Morgan penche légèrement la tête sur le côté, dévisageant Oliver sous un regard nouveau. Sincèrement, il aurait parié qu'il était humain. Comme quoi, les apparences sont vraiment trompeuses. Moi ? C'est naturel, oui. Et il se trouve … que je suis un grand méchant Lougaroc.

Et il plisse les yeux en étirant un long sourire moqueur, en référence à ce que Oliver lui a dit un petit peu plus tôt. De toute évidence, le plus dangereux des deux dans cette histoire, c'est bien lui. Du moins, en terme de force brute, évidemment. Une preuve supplémentaire pour assurer au Zarbi que, même sans son intervention, Morgan était parfaitement en mesure de se tirer d'affaire par lui-même. Et le visage tuméfié de Tôma est un témoin de poids concernant la puissance de ses griffes. Bien évidemment, le Lougaroc ne se sert jamais de ses attributs pour faire le mal, parce qu'il a parfaitement conscience des dégâts qu'il peut causer. Jusqu'à maintenant, mis à part la figure de son ex, ses griffes ne connaissent que l'écorce des arbres ou la surface des rochers – et ce serait bien que cela continue ainsi. Bien que Morgan sache très bien se battre, il ne veut s'attirer aucun ennui, bien décidé à mener une vie anonyme à Sinnoh. Il a déjà assez donné à Alola pour ne pas reproduire la même erreur dans sa région d'adoption. S'il a quitté l'archipel qui l'a vu grandir, c'est pour repartir sur des bases saines, pas pour reproduire les mêmes erreurs. De toute façon, il ne supporterait pas d'être ainsi blessé à nouveau.

Comme tu le sais déjà, je suis originaire d'Alola, de l'île de Mele-Mele plus exactement. Je suis issu d'un Clan très conservateur : le sang qui coule dans mes veines est le plus pur que tu puisses trouver. C'est une règle d'or, là-bas.

Une tradition qu'il ne perpétuera jamais cela dit, puisque Morgan ne compte avoir aucune descendance. Du moins, il sait qu'il n'épousera jamais de femme et jusqu'à preuve du contraire, les hommes sont incapables de procréer. Ainsi la lignée des Otso s'éteindra avec lui – à moins que son père en décide autrement. Mais ça, c'est encore une autre histoire ...
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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyDim 28 Juil - 13:57
About that nightft. Morgan Otso

Oliver devenait sans doute trop bavard, d'un seul coup. Ça lui arrivait souvent avec les gens qu'il venait de rencontrer et avec lesquels il s'entendait plus ou moins bien. Avec ceux qui voulait bien discuter avec lui, en fait. On lui avait déjà fait la remarque, soit disant passant. Mais c'était plus fort que lui ! Il aimait s'enquérir de la vie de son interlocuteur, de ses habitudes,… Et au fond, cette manie incontrolable expliquait la quantité énorme d'amis qu'il commençait à avoir dans tout Sinnoh. Des relations de passage ou dures comme fer, que jamais rien ne pourrait briser.
L'hybride était assez fier de la liste de ses contacts ; c'était un détail important dans sa vie. Il savait d'ailleurs en jouer auprès des inconnus, parlant de ses aventures avec un tel, de ses sorties avec l'autre,…
Bon, ça faisait rêver ou pas, hein. Tout le monde ne désirait pas forcément se socialiser à trois-mille pour-cent comme il pouvait le faire. Et puis c'était de l'entretien ! Ça impliquait d'aller au plus de soirées possible, de ne laisser personne sur le bord de la route… Aussi parfois Oliver aspirait à un peu de tranquillité, comme ces derniers temps, avec moins d'agitations, moins de sortie… Enfin ! Il avait une fête vendredi soir à Féli-Cité, donc le repos serait de courte durée !

Il s'était vaguement senti rougir lorsque Morgan, dans un roucoulement forcé et avec de grands yeux de biche s'était étonné de la hâte qu'il avait déjà à le revoir ; Oliver n'avait pas vraiment pesé ses mots, et d'ailleurs il sentait le sarcasme dans les paroles du rouquin. Bon. Il allait un peu vite en besogne, c'était pas faux. Mais pourquoi pas ? Ce garçon là lui semblait tout à fait agréable – autant par sa personnalité que par son physique, d'ailleurs. Mais ça, il préférait ne pas se l'avouer. Nier en bloc ses impressions était devenu sa spécialité. Et à côté de ça, il prétendait s'assumer totalement… Même ses parents n'étaient au courant de rien. Pour quelqu'un qu'il n'avait aucun problème avec ses attirances sexuelles, cela pouvait paraître un peu contradictoire.

En tous cas, par ici les nouvelles têtes manquaient terriblement… Mise à part avec cette Auberge de Jeunesse dont Morgan provenait suivant ses dires. Elle s'était installée sur la presqu'île un ou deux ans auparavant. Depuis elle se remplissait tous les jours de nouveaux venus. Souvent, les voyageurs arrivaient par bateau et y passaient quelques nuits pour finalement partir visiter Sinnoh. Joliberges n'était qu'une ville de passage, à laquelle on ne s'attachait jamais trop longtemps.
Mais ce ne semblait pas être l'avis de son petit compagnon. Visiblement la présence de la mer lui rappelait sa région et expliquait sa présence prolongée ici.
Oliver se demandait bien ce qu'un si jeune homme pouvait venir faire seul à Sinnoh. C'était peut-être pour des études…? Parfois on était amené à quitter sa famille, ses terres pour apprendre de nouvelles choses. Puis, il revit une image de ce même garçon déguisé en fille, au bras de ce vieux porc qui insistait lourdement : non, il n'était pas ici pour étudier, sinon il ne se serait pas perdu en ville, dans cette tenue, aussi tard dans la nuit.
C'était un mystère donc. Et Oliver n'était pas sûr de pouvoir le résoudre de si tôt !

En tous cas, le rouquin l'écoutait avec attention. C'était déjà une bonne chose.
Enfin, avec une attention en pointillé ! Il ne fallait pas trop en demander non plus. L'hybride suivait son regard, qui parcourait les façades des maisons, ses balcons et jardins fleuris, ses fresques en mosaïques qui se déployaient parfois sur plusieurs murs, formant une petite histoire colorée qu'on pouvait s'amuser à déchiffrer. C'était souvent ça le bord de mer : de jolis petits détails qui nous en laissaient plein les yeux. Mais sans doute n'était-ce rien comparé aux beautés d'Alola, la région paradisiaque.
Mais dès qu'Oliver avait prononcé le mot "Zarbi", Morgan avait reporté son attention sur lui, l'air un peu étonné. Cela faisait souvent cet effet ; d'ailleurs, le soubresaut qui parcourut son corps lorsqu'il s'aperçut que les pieds du brun ne touchaient plus le sol fit rire ce dernier : Oliver adorait jouer de son apparence humaine pour surprendre les inconnus ; c'était un petit jeu qui était devenu naturel : passer de l'Homme au Pokémon en un clin d'œil. C'était aussi un peu l'histoire de sa courte vie.

L'hybride tiqua lorsque Morgan, sur un ton un peu décontenancé fit un aveu qu'il entendait bien trop souvent :

"Un Zarbi, si je m'attendais à ça ! J'en ai jamais rencontré jusqu'à maintenant. Je pensais qu'ils étaient plus … étranges que ça.

Oliver s'éclaircit la gorge, fin prêt à faire son discours habituel qui avait tout de la messe qu'un curé aurait fait à de fieffés coquins :

– Pourquoi tout le monde s'amuse à croire qu'on est si étrange ? Franchement, c'est faux ! Et puis, on n'allait pas nous mettre une seule orbite blanche au milieu du front, ça ne rimerait à rien." Il repensa un instant à cette maison hantée qu'il avait visitée l'autre jour. Ce fameux Antre des Zarbis : utiliser sa race pour faire peur ne lui plaisait guère… Surtout au vu de l'intérêt inexistant qu'y portaient ses contemporains.

Le voilà qui se lançait dans sa traditionnelle morale pro-zarbi. C'était devenu une habitude embêtante, surtout lorsqu'il était accompagné de quelqu'un qui connaissait par cœur son discours un peu sectaire sur les bords. Bon, ce n'était pas bien méchant. C'était sa passion qui s'exprimait. Et puis il avait bien fallu qu'il donne un sens à son existence de Pokémon oublié de tous ! C'était important pour bien se sentir dans sa peau.
Sans doute aurait-il continué plus longtemps, et plus fort emporté par sa fougue naturelle – pour ces sujets là –, mais la réponse de Morgan à sa question lui coupa l'herbe sous les pieds. Tant que ses phrases toutes belles, toutes jolies restèrent coincées au fond de sa gorge refusant d'aller plus loin. Il n'avait pas entendu le début de ses paroles, mais la fin par contre le frappa de plein fouet :

"…il se trouve … que je suis un grand méchant Lougaroc."

Bon là, il avait fait une bourde. Il tortura ses mains de nouveau et ses mouvements en pleine lévitation devenaient sensiblement nerveux. Le sourire moqueur du rouquin n'arrangea rien.
Oliver n'avait fait qu'employer une expression commune, mais tout d'un coup il se trouvait un peu bête. Un peu beaucoup même.
Décidément, il n'en ratait pas une ! Morgan devait le trouver bien maladroit, particulièrement idiot aussi.
Et cette pensée le fit rougir à outrance ; tant qu'il sentit ses joues le brûler. Il se mordit la lèvre, ne sachant plus trop où se mettre. Il savait ce à quoi il ressemblait à cet instant précis, et cela n'aidait pas à atténuer le sang qui pulsait à son visage.
Finalement il balbutia quelques mots comme pour se justifier, mais cela ne rendit que plus ridicule la situation :

Je ne voulais pas… Je… C'était une façon de parler… Les Lougarocs sont… Des super Pokémons, franchement ! J'en n'avais jamais croisé… Je… Excuse-moi…?

Il tourna le dos vivement au rouquin pour se frotter avec violence les joues : il fallait que ça parte ! Mais son visage devenait d'autant plus brûlant. Il était complètement grillé !
Mais pourquoi il se mettait dans cet état, d'ailleurs ? De la honte ? Si c'était seulement ça, c'était vraiment étonnant. Une réaction aussi forte ne lui était jamais vraiment arrivée. Ou… Si, quelques fois.
Avec Ariel.
Mais à l'époque ce n'était pas seulement de la honte.
Il sentit un frisson parcourir son échine.

Pendant ce temps Morgan continuait ; c'était assez intéressant ce qu'il lui racontait, bien qu'Oliver n'ait pas forcément la tête à l'écouter attentivement :

"Comme tu le sais déjà, je suis originaire d'Alola, de l'île de Mele-Mele plus exactement. Je suis issu d'un Clan très conservateur : le sang qui coule dans mes veines est le plus pur que tu puisses trouver. C'est une règle d'or, là-bas."

Décidant d'assumer sa nouvelle couleur de peau qui se rapprochait vaguement de celle d'une tomate, Oliver lui refit face. Ils venaient d'entrer dans un nouveau quartier ; le café était désormais proche. Bientôt, ils s'assiéraient autour d'un bon chocolat chaud et tout irait mieux…
En attendant, il devait faire taire les pensées dérangeantes qui se bousculaient dans sa tête ; museler une réalité trop éclatante dont il ne voulait pas entendre parler, peut-être ?
Et puis zut, il était trop jeune enfin ! Ça ne tournait vraiment plus rond, là haut !
Quoi de mieux que s'intéresser au sujet actuel ? Apprendre de nouvelles choses apaisaient souvent ses émotions qui faisaient montagne russe :

"Je ne savais pas qu'il y avait des clans de Lougarocs à Alola. Tu m'en bouches un coin, commença-t-il en gommant tout trémolo de sa voix. Ce devait être étouffant, non ? Hmm, d'ailleurs ! Y'a un truc que je comprends pas. T'es super jeune ! Comment un clan aussi conservateur a-t-il accepté qu'un ado de quinze, seize ans parte pour Sinnoh ?

C'était vrai ça ! Franchement, son clan ne devait pas être si conservateur que ça s'ils laissaient partir leurs jeunes aussi facilement. Oliver se rappela néanmoins que l'adolescence faisait souvent percevoir les choses pires qu'elles n'étaient. C'était sans doute une explication plausible parmi tant d'autres.

Un sourire prit bien vite place sur son visage, étirant irrésistiblement ses lèvres : ils étaient enfin arrivés !
Le café était une petite maison semblable aux autres, avec une grande pancarte en bois gravé placardée au dessus de la porte vernie : Le Galuchat. Des fleurs ornaient un petit jardin fermé par une grille, à côté.
Il y était allé plus d'une fois vers ses treize, quatorze ans accompagné de son ami de toujours. Le gérant le connaissait bien, et lui servait toujours son menu préféré.
C'était un endroit particulièrement confortable où il faisait bon et où les serveurs étaient particulièrement chaleureux :

"On y est ! s'exclama-t-il, ravi. Je suis sûr que ça va te plaire ! Surtout commande tout ce que tu veux. Je ne suis pas à un croissant près. Il s'avança et ouvrit la porte, faisant signe à Morgan d'entrer. Après toi !"

Ils mirent les pieds dans une pièce lumineuse, décorée finement avec des tableaux représentant le phare et la mer de Joliberges, des coquillages, des fleurs aussi. Le propriétaire, Monsieur Luis était au comptoir. Dès qu'il avait entendu le carillon de la porte sonner, il s'était redressé avec enthousiasme. C'était un vieil homme, aux cheveux blancs, toujours parfaitement rasé :

"Bien le bonjour Messieurs… Oh ! Il écarquilla ses petit yeux bleus. Oliver ! Ça faisait longtemps ! Il souriait franchement, ravi. Alors tu es revenu de Féli-Cité ? J'ai entendu que tu avais fini tes études et que tu cherchais du travail à la bibliothèque. C'est que t'y trainais souvent petit, avec cet Ariel… Oh, d'ailleurs tu nous ramènes encore un rouquin ! Asseyez-vous où vous voulez, il n'y a pas beaucoup de clients encore.

Oliver fit un petit sourire gêné aux allusions de Luis. Bon, Morgan en avait déjà beaucoup appris ! Il se racla la gorge pour répondre d'une voix qui se voulait claire.

– Ça fait plaisir de te revoir ! Je… C'est Morgan. Il vient d'Alola ! Merci beaucoup. Il jeta un regard inquisiteur à son compagnon. Tu veux qu'on se mette où ?

Deux tables, au fond de la salle, étaient prises par des ouvriers qui petit-déjeunaient tranquillement, sans un mot. Une petite musique se diffusait doucement, ajoutant un côté raffiné à la demeure.
Derrière Monsieur Luis, un jeune homme de l'âge d'Oliver sembla le remarquer et se rua littéralement sur lui :

"Hé ! Salut, ça fait longtemps que je t'ai pas vu au café ! Tu t'es bien remis de la dernière soirée ? T'étais parti dans un état…! T'es prêt pour celle de Vendredi ? Il paraît que ça va être un truc de fou.

– Max ! C'est vrai que tu travailles encore ici. Ouais, je vais venir je pense. Oliver se tourna vers Morgan, qui devait se sentir un peu désarçonné au milieu de tout ce beau monde. Je te présente Maxime, il est de Joliberges, lui aussi. C'est un ami d'enfance, on se voit encore de temps en temps."

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyDim 28 Juil - 15:18

About that nightJoliberges - Café "Le Galuchat"
Morgan
Oliver
Pour Morgan, il y a désormais pas plus amusant que les réactions – souvent disproportionnées – de Oliver. Il suffit qu'il lui lance une toute petite pique de rien du tout pour obtenir des protestations verbales comme physiques. Mais le Zarbi ne semble jamais prendre la mouche pour autant, ce qui ne fait qu'encourager le Lougaroc à recommencer. Cependant, il ne peut pas le nier : lorsqu'on lui parle de Zarbi, il ne s'empêcher de penser à des petits êtres étranges, encore si mystérieux, et sincèrement incompris. Bien sûr, Morgan a eu droit à des leçons sur le langage Zarbi à l'école, et même à quelques exercices de traduction auxquels il n'a jamais vraiment excellé. Néanmoins, Alola est bien moins bercée dans leurs mythes que des régions comme Johto par exemple. Sur l'archipel, ce sont les gardiens des îles qui sont la source de leur passé historique. Si Morgan n'a cependant jamais croisé un seul Toko de sa vie, il continue pourtant de croire qu'ils veillent sur eux, comme ils l'ont toujours fait. Mais non, en règle générale, les Zarbi et leur alphabet si particulier n'hantent pas l'histoire d'Alola, bien que nombreux historiens s'y intéressent tout de même. Néanmoins, en apprendre les plus simples rudiments aux enfants fait parti du programme scolaire, alors les professeurs s'y plient avec plus ou moins de bonne grâce.

Dans tous les cas, Morgan n'a pas le moindre apriori sur cette espèce de Pokémon, qu'il ne connaît finalement que très peu. Ils les imaginaient seulement … différemment. Ce qu'on ne peut pas lui reprocher étant donné le portrait peu avantageux que les livres d'histoire brossent sur eux ! Au moins, Oliver lui prouve que les hybrides Zarbi ne sont pas d'étranges cyclopes qui parlent dans une langue étrange en se dissimulant au fin fond des cavernes. En vérité, son espèce ne change pas grand chose – il aurait été un humain que Morgan n'en aurait pas été dérangé le moins du monde. Il n'a absolument aucun souci envers eux, du moment que personne ne s'approche de lui avec une Pokéball. Se lier à un dresseur et sillonner les route en sa compagnie, ce n'est pas vraiment un programme qui l'enchante. Le Lougaroc est davantage sédentaire – il préfère demeurer au même endroit et s'y créer des attaches plutôt que voyager sans cesse. Peut-être, un jour, il sera apper par le vent de l'aventure et qu'il se prendra l'envie de découvrir le monde entier. Mais ce n'est absolument pas au programme pour le moment. C'est d'ailleurs à peine s'il connaît suffisamment bien Joliberges pour ne pas s'y perdre – et ne parlons pas de Féli-Cité qui est, à ses yeux, un labyrinthe géant qui lui donne systématiquement le tournis.

En tout cas, voilà qu'Oliver est parti dans une tirade concernant les Zarbi, que Morgan essaie de comprendre malgré le fait qu'il ne comprenne pas la moitié de ce que le garçon raconte. Heureusement, sa propre révélation concernant son espèce met un terme à son monologue pro-Zarbi, étalant aussitôt un rouge vif sur les joues du brun. Le Lougaroc ne peut d'ailleurs s'empêcher de pouffer, constatant avec une hilarité sincère à quel point cette bombe qu'il a lâché à perturber son camarade. Lui qui parlait avec tant de panache des Zarbi, le voilà qui perd ses mots, cherche à se justifier, à se rattraper difficilement aux branches. Il en vient même à tourner le dos au rouquin, sûrement trop embarrassé pour oser lui faire face, ce qui ne fait qu'amuser encore plus le responsable de ce carnage. D'autant plus que ce n'est pas comme si Oliver l'avait insulté en faisant mention du « grand méchant Lougaroc », quelques minutes plus tôt. Du moins, Morgan ne s'est pas senti attaqué le moins du monde. Forcément, cette expression est courante, seulement elle tombait tellement dans le mille qu'il était obligé de reprendre les mots d'Oliver. Il ne pensait sûrement pas que le véritable loup de l'affaire, c'était Morgan, ce qui est vraiment cocasse en soi.

Oliver se décide finalement à lui refaire face alors qu'ils changent de quartier, et Morgan soutient son regard tandis qu'il l'interroge :

Je ne savais pas qu'il y avait des clans de Lougarocs à Alola. Tu m'en bouches un coin. Ce devait être étouffant, non ? Hmm, d'ailleurs ! Y'a un truc que je comprends pas. T'es super jeune ! Comment un clan aussi conservateur a-t-il accepté qu'un ado de quinze, seize ans parte pour Sinnoh ?
Primo, j'ai dix-neuf ans. Deuzio, je ne leur ai pas demandé la permission. Tertio, oui : c'était étouffant.

D'un coup, toute sa bonne humeur causée par son hilarité semble avoir fondue comme neige au soleil. Finalement, parler ainsi de son Clan n'était vraiment pas une bonne idée. Bien sûr, qu'ils ne lui auraient pas permit de partir. C'est pourquoi il n'a demandé l'avis de personne et qu'il a fuit avant qu'on ne lui mette du fer aux pieds. Jusqu'à preuve du contraire, seule une petite poignée de personnes savent ce qu'il s'est passé au lycée entre Tôma et lui, et ils doivent être encore moins nombreux à savoir quels problèmes sont nés entre son père et lui après ça. Ainsi, les hautes têtes du Clan n'auraient absolument pas permit à un de leurs jeunes de quitter Alola, quelque soit la raison. Des enfants séparés de leurs parents pour x raison, il y en a beaucoup et le Clan s'est toujours assuré de prendre soin d'eux à la place de leurs responsables légaux. Morgan aurait très certainement trouvé refuge dans une autre famille qui l'aurait préservé de la colère de son père, le temps que les tensions s'apaisent. Cependant, il savait que ça ne servirait à rien. D'autant plus que la simple idée de devoir croiser Tôma dans le voisinnage a été une raison suffisante pour refuser cette alternative. Mettre de la distance – beaucoup de distance – lui est apparu comme l'unique solution viable. La seule susceptible de repartir sur des bonnes bases. Au final, nous revenons toujours au même point : si Morgan est parti, c'est pour se préserver.

Heureusement, le café arrive enfin dans leur champ de vision et Morgan sent d'ici d'exquises effleuves sucrées. Ainsi presse-t-il légèrement le pas, pressé de faire taire son estomac qui n'a pas cessé d'être bavard depuis leur départ du port. Le Lougaroc prend cependant le temps d'admirer la façade, qui se fond dans le décor sans que cela ne trahisse son charme. Le petit jardin fleuri s'étendant le long des murs relâche d'agréables parfums doux et délicats, qui se marient à merveille avec l'odeur de nourriture s'échappant des fenêtres ouvertes. Le rouquin n'y a jamais mit les pieds auparavant, alors il a bien hâte de savoir ce que l'intérieur lui réserve.

On y est ! Je suis sûr que ça va te plaire ! Surtout commande tout ce que tu veux. Je ne suis pas à un croissant près. Après toi !

Sans se le faire prier une deuxième fois, Morgan pousse doucement la porte, découvrant ainsi une salle lumineuses, aux murs décorés de cadres représentant Joliberges au travers de différentes époques. Alors que le rouquin se perd un instant dans la contemplation des lieux, un vieux messieur les accueille d'une voix chaleureuse. Il reconnaît d'ailleurs Oliver sur le champ, et Morgan se permet d'écouter attentivement les quelques mots qu'ils échangent. Encore ce fameux Ariel, hein ? Décidément, cette personne semble avoir joué un rôle important dans la vie du Zarbi. Cependant, le fait que le vieux propriétaire précise qu'il ramène encore un rouquin met la puce à l'oreille de Morgan. Emmène-t-il souvent des gens par ici ? Quoi, ce serait un genre de coureur de jupons – et des caleçons – qui sort toujours la même rengaine à sa victime du jour ? Le Lougaroc a bien du mal à y croire, mais nous ne sommes jamais trop prudent ! Si, au bout du compte, il tente quoi que ce soit, Morgan le remettra à sa place sans hésiter. Oliver n'est peut-être pas resté assez longtemps pour le voir écraser sans ménagement le pied de son lourdingue de client, mais le même sort l'attend s'il  se joue de lui.

En tout cas, le Zarbi essaie de ne pas se démonter face aux allusions du propriétaire et Morgan salue la tentative, bien qu'elle soit bancale. Pour mettre un terme à cette situation bien gênante, il lui demande simplement où il veut s'asseoir. Le Lougaroc balaie alors la pièce du regard, repérant rapidement une table au niveau de la fenêtre donnant sur le petit jardin. Il s'apprête à la rejoindre quand un nouvel éclat de voix retenti dans son dos, le forçant à jeter un regard par dessus son épaule :

Hé ! Salut, ça fait longtemps que je t'ai pas vu au café ! Tu t'es bien remis de la dernière soirée ? T'étais parti dans un état…! T'es prêt pour celle de Vendredi ? Il paraît que ça va être un truc de fou.
Max ! C'est vrai que tu travailles encore ici. Ouais, je vais venir je pense. Je te présente Maxime, il est de Joliberges, lui aussi. C'est un ami d'enfance, on se voit encore de temps en temps.
Euh … enchanté.

Si le terme d'ami d'enfance réveille en lui une douleur sourde, il ne laisse cependant rien paraître et dévisage plutôt le nouveau venu. De toute évidence, il a le même âge qu'Oliver. Ses cheveux blonds sont retenu en une courte queue de cheval à l'arrière de sa tête alors que ses grands yeux noisettes se dissimulent derrière des lunettes à la monture très fine. En tout honnêteté, il est joli plutôt garçon, mais pas vraiment dans le style de Morgan. D'ailleurs, ce dernier ce sent un peu comme la cinquième roue du carosse et dévisage les deux amis d'un air presque agacé. Le serveur semble comprendre le message, parce qu'il les laisse finalement prendre place à leur table pour rejoindre une cliente l'ayant interpellé à l'autre bout de la salle. Morgan se laisse donc finalement tomber sur sa chaise, appréciant un instant son assise confortable, avant de lancer à Oliver un coup d'oeil circonspect. Il semble vraiment être connu, par ici. Et de toute évidence, il a une petite réputation de fêtard qui étonne Morgan. A le voir comme ça, à rougir à la moindre bévue, il a bien du mal à l'imaginer accoudé à un bar ou se trémoussant sur une piste de dance. Pourtant, cela semble faire parti de son quotidien, puisqu'il prévoit de se rendre à la fameuse soirée de vendredi. Le rouquin ignore bien en quoi cela consiste, mais il doute que ce soit quoi que ce soit de bon enfant.

Si Maxime se présente de nouveau à leur table, c'est dans l'unique but de leur tendre la carte avant de repartir prestemment, le regard lourd de Morgan ayant visiblement fait son petit effet. Ses yeux grenats se mettent alors à parcouvrir le papier plastifié, impatient de se remplir la panse. Cependant, le choix n'est pas évidemment parce que toute la carte lui donne l'eau à la bouche. Mais il faut bien prendre une décision, alors il jette son dévolu sur une crêpe fourrée à la crème et aux fraises, recouverte de coulis de chocolat. Puisque Oliver a vanté les crêpes de la maison, autant leur faire honneur ! Quant à la boisson, un chocolat chaud saupoudré de cannelle fera bien l'affaire. Il n'a de toute façon jamais supporté le café et son amertume, pas plus que le thé qui, selon lui, manque toujours de goût. Son choix fait, il referme la carte et la pousse sur le côté, venant plutôt nicher son menton dans la paume de sa main, le regard inquisiteur.

De toute évidence, tu connais bien du monde ici. Tu es donc un adepte de soirées alcoolisées ? Ta réputation ne semble plus à refaire ! Tu as pour habitude de te mettre à l'envers régulièrement ? Attention, ce n'est pas une accusation. Je suis simplement curieux. C'est un … monde qui m'échappe.

Ses yeux se perdent un instant à l'extérieur, alors qu'un papillon aux ailes bleues vient se poser sur le rebord de la fenêtre, comme paradant devant les deux garçons. Une fois son show terminé, il s'envole de nouveau, disparaissant de leur champ de vision. Morgan le cherche du regard quelques instants, mais abandonne vite pour regarder Oliver de nouveau.

En tout cas, c'est un bel endroit. Tu y viens souvent ? Avec cet … euh .. Ariel ?

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyLun 29 Juil - 23:14
About that nightft. Morgan Otso

Le petit "enchanté" désabusé de Morgan fit tomber une pierre dans l'estomac d'Oliver. Il était en train de perdre des points… 
Cette pensée le fit se sentir tout chose ; il déglutit un peu bruyamment.
La réprimande de Morgan à propos de son âge tout à l'heure lui avait fait voir les choses plus différemment qu'il ne l'aurait voulu. Sa perception déjà ambigüe du garçon avait… changé. Il y avait comme cette petite gêne qui naissait dans son bas-ventre. Une nausée soudaine, autant désagréable qu'inattendue. Une étrange envie de vomir s'emparant de lui, sans prévenir ; son appétit s'était coupé en une fraction de seconde.
Sans doute son regard dut paraître un peu singulier car le visage de Max se ferma pour laisser place à une œillade discrète passant du Zarbi au rouquin, du rouquin au Zarbi. Il avait compris. Oliver voyait qu'il avait compris.
Le blondinet fit un hochement de tête imperceptible et après leur avoir dit qu'il repasserait pour les cartes, tourna les talons sans plus de cérémonie.
Il avait compris quoi au juste ?
L'envie de vomir s'intensifia, à limite du supportable. Rien du tout.
Il n'y avait rien à comprendre.

Le brun lança un regard un peu angoissé au Lougaroc qui se trouvait à ses côtés. Mais il n'avait certainement pas remarqué l'échange silencieux qu'il y avait eu entre lui et le serveur. Il se rua sur sa chaise sans attendre une seconde de plus. Le Zarbi le suivit, s'asseyant avec moins d'enthousiasme à la sienne : les nausées avaient redoublé d'intensité. Finalement, revenir dans ce café n'était peut-être pas une bonne idée. Il avait cédé, faible, à la tentation. Pourquoi ?
Il dévisagea le garçon assis en face de lui. Ses cheveux rouges, longs, ce regard vif, magnifique… Ce teint pâle… Décidément il retrouvait tout de lui…
Sauf… Sauf cette expression. Cette fougue qui animait Morgan. C'était une fierté différente qu'Oliver voyait là. Pas mauvaise. Seulement une façon de tenir tête, de se défendre.
Ariel, lui… Ariel était mauvais
Sa gorge se serra violemment. C'était dur de l'admettre. C'était très dur.
Donc… Il était revenu dans ce café parce que Morgan lui rappelait son amour passé ? Ou il y avait autre chose ?
Il aperçut le regard méfiant que lui jetait le rouquin.
Il y avait autre chose. Et Oliver maudissait l'indiscrétion de Luis, qui en avait sans doute un peu trop dit. Il avait réussi à détendre l'atmosphère pendant le trajet et voilà que des allusions au passé venaient d'assombrir ce moment qui aurait pu être agréable.
Le Zarbi gonfla ses poumons pour calmer les maux de ventre, atténuer cette nausée qui le prenait aux tripes et au cœur. Il ne fallait pas qu'il montre plus son malaise. Max l'avait remarqué, c'était déjà trop.
D'ailleurs, le serveur s'approchait avec les cartes, sans doute un peu surpris par le silence qui régnait à cette table. Il lança un regard interrogateur à Oliver puis dévisagea Morgan, longuement. Lourdement :

"Je vous en prie" fit-il enfin, après avoir remis les menus entre les mains de ses clients. Une formule qui sonnait faux et dissimulait une curiosité persistante.

Le rouquin lui rendit son œillade avec plus de violence. Max n'insista pas plus longtemps.
Il s'en alla à nouveau, pour s'arrêter un peu plus loin, derrière Morgan pour qu'il ne puisse pas voir ses gestes ; il mimait avec une grande dextérité un portable dans ses mains. Il écrivait un message imaginaire, en se désignant comme le destinataire.
Oliver lui lança un regard noir. Oui, il lui raconterait ce qu'il faisait avec ce garçon. Mais maintenant, il ne voulait plus le voir !
Maxime en savait trop sur ses habitudes ; il ne valait mieux qu'il se mêle à leur tête à tête.

Détournant le regard, Oliver le reporta sur le menu, qu'il ouvrit pour retrouver sa crêpe favorite. Il dévisagea Morgan qui cherchait lui aussi quoi se mettre sous la dent ; ses yeux brillaient de gourmandise. Le Zarbi retrouva le sourire, amusé : visiblement, il avait vraiment faim.
Alors comme si de rien n'était, il s'exclama sur un ton réjoui :

"Tu trouves quelque chose qui te plaît ? Je te conseille la crêpe au caramel beurre salé. Elle est vraiment bonne… Peut-être meilleure qu'une malasada d'ailleurs, qui sait… Il fit une pause, tout à coup désarçonné par le silence de Morgan qui venait de repousser sa carte, le fixant d'un œil interrogateur… Et quelque peu malicieux.
Ça ne va pas…?

Il s'immobilisa, s'engageant dans une longue bataille de regard, attendant que le Lougaroc dise quelque chose. Cela ne tarda pas ; le menton appuyé contre sa main, le garçon entama une nouvelle conversation qui commençait très mal aux yeux d'Oliver :

– De toute évidence, tu connais bien du monde ici. Tu es donc un adepte de soirées alcoolisées ? Ta réputation ne semble plus à refaire ! Tu as pour habitude de te mettre à l'envers régulièrement ? Attention, ce n'est pas une accusation. Je suis simplement curieux. C'est un … monde qui m'échappe."

Morgan marqua une pause, admirant un joli papillon turquoise, voletant gracieusement derrière la fenêtre, dans le joli jardin aménagé par Luis. Oliver y reporta aussi son attention ; il savait que le vieil homme avait ici quelques plans d'épices dont il se servait pour assaisonner ses plat. Il lui semblait aussi discerner des plans de tomate un peu plus loin, et des salades. Le midi, ce café faisait aussi office de petit restaurant : les produits étaient toujours frais, soit pêchés le matin même, soit récolté sur ce petit pan de terre.
La voix du Lougaroc le ramena au moment présent assez violemment :

– En tout cas, c'est un bel endroit. Tu y viens souvent ? Avec cet … euh .. Ariel ?

Le brun déglutit : et un grand merci à Max et Luis, qui lui avaient gratuitement donné du grain à moudre !
L'hybride soupira un instant, ébouriffant ses cheveux de ses deux mains, ennuyé. Voilà que son invité pensait qu'il n'était qu'un petit fêtard insouciant, rompu à l'alcool et à tout ce qui s'en suivait. Ce n'était vraiment pas bon. Pas bon du tout. Il devait rectifier le tir… Même si au fond, ce n'était pas vraiment faux. Mais il y avait tout de même une juste mesure : Oliver appréciait les soirées bien arrosées, mais il aimait aussi sa tranquillité. Il avait également mené ses études à la perfection ; comme quoi, rien n'était vraiment incompatible !
La mention d'Ariel le fit littéralement frissonner. C'était un terrain miné.
Un instant, sa mine devint sévère : il ne parlerait pas de lui. Pas aujourd'hui. Ce n'était pas le moment.
Autant répondre simplement, sans rentrer dans les détails.
Il décida donc de masquer sa gêne par un petit sourire amusé avant de prendre la parole d'une voix qu'il voulait décontractée, mais qui sonnait faux :

"Comme je te l'ai dit, je vis ici depuis mes quatre ans environ. Joliberges, c'est petit ; les informations circulent vite, tout le monde se connaît plus ou moins… Alors Monsieur Luis, le propriétaire, sait des choses sur tous ceux qui passent à son café… Son regard, qui était jusqu'ici planté dans les yeux de Morgan se reporta sur le sel et le poivre, dans de petits récipients aux formes étranges. Il se mit à jouer avec l'un d'entre eux. Et non, je n'ai pas l'habitude de me mettre à l'envers régulièrement, comme tu semble le penser, reprit-il sur un ton un peu plus sérieux. J'aime participer à des fêtes, mais je sais un minimum me maîtriser. Je me connais. L'autre soir, si… Si j'ai terminé complètement soûl, c'est sûrement parce que c'était mon objectif."

Il se tut un moment, abandonnant le sel pour se triturer les mains.
La soirée de dimanche dernier s'était plutôt mal terminée pour lui… Il ne se souvenait pas de tout ; juste de quelques flashs. La fille qui l'avait invité lui avait présenté son copain du moment ; il s'était senti mal, la tristesse de sa rupture remontant à la surface. Il avait alors pris un verre. Puis un autre. Et encore un autre.
Oliver se souvenait s'être clairement dit qu'au point où il en était, il pouvait bien finir bourré. Alors il avait continué malgré les avertissements de ses amis.
On l'avait finalement raccompagné chez lui, à demi mort. Il était tombé sur son lit comme une masse…
Le lendemain, plus rien. Juste une sale tête.
Les souvenirs étaient revenus dans la journée.
Il se mordilla la lèvre, repensant au malaise qu'il avait ressenti ce soir-là. Cette solitude profonde qui s'était emparée de son cœur, l'avait serré, serré si fort qu'il avait eu mal. Très mal.
Le Zarbi releva la tête et soutint le regard du Lougaroc, qui ne l'avait pas quitté des yeux :

"Je venais souvenant avec cet Ariel, rectifia-t-il durement, encore un peu affecté par ses pensées. Mon ami, le premier hybride que j'ai rencontré. Il a déménagé, donc je… Je ne l'ai plus vraiment revu.

Son mensonge lui donna envie de vomir. À quoi bon jouer ce jeu ? Une façon de se préserver…?
Ou de le préserver lui ? Il ne lui fallait pas avouer qu'il avait amené son amour d'enfance dans ce même café, n'est-ce pas ? Cela pourrait choquer le jeune homme en face de lui… Bien que… Bien que Morgan ne lui paraissait pas plus hétéro que lui. D'ailleurs, son penchant pour les robes confirmait cette piste.
Non. Avouer ce détail pourrait peut-être briser quelque chose…
Quoi donc ? … Non, non, Oliver n'espérait rien ! Il fallait qu'il mette de côté ces pensées idiotes. C'était ridicule…!

– Ah, et il était roux avec les cheveux mi-long. La raison pour laquelle je t'ai confondu avec lui. Et aussi ce qui justifie la remarque de Luis, tout à l'heure, ajouta-t-il pour couronner le tout.

Question close. Il n'en dirait pas plus. Franchement, Ariel n'avait rien à faire ici, entre eux. Il avait bien assez gâché de choses comme ça.
Oliver afficha un sourire un peu étrange : n'était-ce pas à lui maintenant de poser les questions ? Du bout des doigts, il taquina à nouveau le pot de sel.
Par où commencer ? C'est qu'il avait beaucoup d'idées qui lui trituraient l'esprit…
Oh ! Il savait comment faire ternir cette jolie petite fierté qui illuminait le visage si pur du Lougaroc ! Il savait comment un tant soit peu se venger des interrogations malicieuses qu'il avait soulevées.
Il ne fallait pas croire que le Zarbi était en colère et voulait la peau de son invité : pas le moins du monde. En fait, c'était un jeu. Le jeu de qui sera coincé en premier.
Une manière de faire connaissance, sans doute.
Oliver ne voulait pas être laissé de côté ; il avait bien envie de s'amuser, lui aussi…
Mais cela devrait attendre que Max soit parti.
Discrètement, il était reparu à leur table, un sourire poli étirant ses lèvres, armé d'un stylo bille, un calepin à la main :

"Vous avez choisi ? demanda-t-il sur un ton neutre.

Oliver sursauta, à nouveau brutalement tiré de ses pensées.

– O-Oui ! balbutia-t-il. Une crêpe caramel beurre salé et un thé au jasmin s'il-te-plaît.

Morgan donna aussi sa commande, l'eau à la bouche.

– Ça marche ! Vous n'attendrez pas longtemps, comme d'habitude."

Sans faire plus de grabuge, il s'empara des cartes et repartit vers le comptoir.
Le Zarbi retint un soupir de soulagement : Ouf, il n'en n'avait pas rajouté ! Il avait compris…
Non, il n'y a rien à comprendre. Zut, à la fin ! Tu m'ennuies toi là-haut !

Le champ était donc libre : il s'offrait à lui. Alors, à son tour, Oliver commença, l'air de rien :

"Dis, je me demandais… Tu es arrivé dans la région il y a peu, tu connais pas le coin… Alors comme ça se fait que je t'ai trouvé aussi tard à Féli-Cité aux bras de ce cochon ? En robe ? Tu sortais d'un bal masqué et il t'a abordé dans la rue jusqu'à plus te lâcher ?"

Ah ! Il était fier de son culot, sur le coup. C'était une belle tentative, vraiment ! Avec ça, il allait pouvoir s'amuser. Il n'avait plus qu'à contempler le spectacle qui allait s'offrir à lui.
Mais avant, il lui fallait faire mention spéciale à sa curiosité naturelle :

– D'ailleurs, ça s'est terminé comment pour le cochon ? J'espère que tu lui as mordu le derrière. Il était vraiment dégoûtant. Mais au fond, il avait de bons goûts. Tu étais plutôt joli, en fille."

Ses derniers mots n'étaient en aucun cas cyniques. Oliver pensait ce qu'il venait de dire : il l'avait trouvé très mignonne ce soir-là. C'était d'ailleurs sa grâce, sa prestance qui avait attiré son attention. Et ces jolies flammes qui brûlaient puissamment dans ses yeux.
Flammes qui le fixaient en ce moment-même, vacillantes.

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyMar 30 Juil - 15:25

About that nightJoliberges - Café "Le Galuchat"
Morgan
Oliver
Parfaitement inconscient des échanges muets de Max et Oliver, Morgan se perd un instant dans ses pensées, plongeant tête la première dans une vague de souvenirs à la fois agréable et douloureuse. Maintenant qu'il y pense, jamais personne ne l'a invité à manger quelque chose – à part Yodevan, la toute première fois qu'ils se sont rencontrés. Il l'avait attendu à la table du meilleur bar de Ekaeka, l'accueillant de larges signes du bras. Morgan ne possédant pas d'argent de poche à l'époque, c'est le Bourrinos qui lui a payé un verre ainsi qu'un petit quelque chose à manger – plus tard, il a avoué à Morgan que ses joues rouges de honte l'avait sincèrement émoustillé. Et l'idée que le même scénario puisse se répéter avec Oliver lui coupe un instant la respiration. S'il chasse ces pensées de son esprit, l'embarra reste accrocher quelques instants à ses pommettes – heureusement, il a naturellement les joues plus roses que la plupart des garçons, ce qui permet à ses rougissements intempestifs de passer tout à fait inaperçu. Dans tous les cas, non, l'histoire ne se répétera pas. Ils se s'embrasseront pas derrière un mur du port, à l'abris des regards, désespérés à l'idée de se quitter. Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, les yeux de Morgan s'attardent un instant sur la bouche du Zarbi, soudain bien curieux, mais rappelé à la raison par l'intervention du serveur.

Décidément, ce fameux Max a un petit quelque chose dans son attitude qui déplaît fortement à Morgan. Les regards lourds de sous-entendus qu'il échange avec Oliver, ça l'énerve. Pour peu, le Lougaroc aimerait faire disparaître son sourire derrière ses griffes. La colère sourde qui naît au creux de son estomac menace de redoubler d'intensité à tous moments. Alors il se doit d'éteindre les braises, de piétiner les cendres pour éviter le carnage. Sous la table, ses pieds se tordent, ses jambes s'agitent, dans un besoin salvateur de libérer son corps de cette tension désagréable, d'éteindre ce feu avant qu'il ne soit trop tard. Morgan ne saurait d'ailleurs même pas expliquer les véritables raisons de son énervement. Max ne lui a pas manqué de respect. Il a seulement salué un vieil ami. Est-ce justement cette complicité qui ne lui plaît pas ? Cette proximité somme toute créée au fil des années qui traduit une affection sincère entre eux ? Si une réponse s'impose à son esprit, Morgan refuse de croire en sa validité. Non, ce n'est pas de la jalousie. Pourquoi le serait-il ? C'est ridicule. Tout bonnement ridicule.

Alors pour échapper à cette situation, pour fuir une vérité qu'il refuse tout simplement de croire, Morgan tente d'en apprendre plus sur les habitudes d'Oliver, en se fiant aux informations que Max lui a si gentiment offertes sur un plateau d'argent. Mais à l'instant même où il pose ses questions, certain de faire mouche, il les regrette. Une désagréable impression d'avoir fait une grosse bêtise le prend aux tripes, lui donne la nausée. Et la mine déconfite, puis sévère de Oliver n'arrange rien, pas plus que le sourire qu'il force en espérant que le Lougaroc ne se doute de rien. Mais nous n'apprenons pas au vieux Férosinge à faire la grimace : ce ton décontracté, il sonne tellement faux que Morgan se sent soudain bien mal à l'aise. Alors il se contente de hocher bêtement la tête aux dires de Oliver, refusant de prendre le risque de rebondir. L'envie – le besoin – de savoir pourquoi il s'est senti obligé de se mettre une murge monumentale l'autre soir est forte, très forte, mais Morgan comprend parfaitement le message que Oliver tente sûrement de lui faire passer. Tout ça, ça ne le concerne pas. Mais le pire reste à venir parce que le loup a posé, sans même le vouloir, une deuxième bombe dans le cœur de son interlocuteur.

Je venais souvenant avec cet Ariel. Mon ami, le premier hybride que j'ai rencontré. Il a déménagé, donc je… Je ne l'ai plus vraiment revu. Ah, et il était roux avec les cheveux mi-long. La raison pour laquelle je t'ai confondu avec lui. Et aussi ce qui justifie la remarque de Luis, tout à l'heure.

De nouveau, Morgan se contente de hocher la tête, la gorge trop serrée pour prononcer quoi que ce soit. Désormais, il a la désagréable sensation d'avoir brisé quelque chose, ou d'avoir tiré sur un pansement avant la fin de la cicatrisation. Une angoisse persistante tord son estomac, coupant instantanément son appétit. Lui qui avait si faim jusqu'à maintenant est désormais dérangé par les odeurs pourtant délicieux émanant des cuisines. Le regard de Morgan se perd un instant dans le vide, et les battements de son cœur deviennent si bruyants qu'il a l'impression de l'avoir dans les oreilles. Pour la fois, l'arrivée de Max est bienvenue, et les garçons l'informent de leur commande sans se faire prier. Pourtant, le Lougaroc doute être capable d'avaler quoi que ce soit, maintenant. Comme d'habitude, une petite frustration a suffit pour faire passer la faim – vous comprenez pourquoi il est si gringalet maintenant ? Alors le voilà qui repère du regard les différentes portes de sortie qui s'offre à lui, qui lui permettraient une retraite efficace et rapide, qui lui assurerait de mettre efficacement de la distance entre Oliver et lui. Parce que le Zarbi réveille au fond de son cœur des sensations qui le terrorisent, qui lui font perdre tous ses moyens. Or, lorsque la situation échappe à Morgan, il n'est plus capable de rien, si ce n'est ouvrir en grand les vannes de sa colère et les laisser inonder sa tête, comme elles l'ont fait de si nombreuses fois déjà.

Mais c'est sans compter sur Oliver qui, sans même le savoir, emprisonne le pied de Morgan dans un bracelet de fer. Ses questions, pertinentes, justifiées, font pourtant remonter de la bile dans la gorge du Lougaroc. Et cela suffit pour lui couper toute envie de fuite, parce que sa fierté ne peut tolérer un tel affront. Evidemment, Morgan se doutait que, à un moment donné, les questions concernant son accoutrement de l'autre soir allaient venir sur la table. Il aurait été étonnant que Oliver fasse l'impasse sur ça – même si, en soi, le Lougaroc aurait sincèrement préféré. Mais qu'à cela ne tienne, il est prêt à contre-attaquer.

Je travaillais. Il était mon client.

Si Morgan n'a pas conscience que, dit comme ça, l'on pourrait croire qu'il est une sorte de prostituée, il ne s'en inquiète pas plus que cela. Il se doute bien que le métier d'escort n'est pas forcément très bien vu. Et que son cas est encore plus spécial, puisqu'il se travesti régulièrement pour le compte de son patron. Généralement, les clients sont des hommes alors c'est d'une femme qu'ils veulent. Et Morgan se plie à ces exigences, préférant vendre son honneur contre quelques billets. Ah, si son père savait ça … il serait encore plus déçu qu'il ne l'est déjà.

D'ailleurs, ça s'est terminé comment pour le cochon ? J'espère que tu lui as mordu le derrière. Il était vraiment dégoûtant. Mais au fond, il avait de bons goûts. Tu étais plutôt joli, en fille.
Je te l'ai dit : je m'en suis débarrassé tout seul. Il était tellement saoul qu'il tenait à peine debout, de toute façon.

Les trémolos dans sa voix, Morgan n'a pas réussi à les contrôler. Pour une raison qu'il ne saurait vraiment expliqué, le « compliment » d'Oliver a un arrière-goût acide. Le Lougaroc ne veut pas qu'il le trouve mignon dans un tel accoutrement – il déteste cela, d'ailleurs. Pourtant, cela fait désormais parti de son quotidien, de s'habiller souvent en fille et recevoir divers compliments concernant son joli minois. Généralement, ces flatteries lui passent au dessus. Mais là, , elles lui font mal au cœur. Il ne veut pas être une jolie fille à ses yeux. Mais loin de lui l'idée de lui dire, ah ça non. Alors Morgan dégluti, passant une main dans ses cheveux rouges pour se redonner contenance, refusant d'écouter son cœur et ses drôles d'élucubrations.

Heureusement, mes clients ne sont pas tous comme ça. C'était la première fois que ça m'arrivait.

Et de nouveau, Morgan regrette instantanément ses mots, regrettant ne pas pouvoir revenir en arrière pour les effacer prestement. Il s'apprête d'ailleurs à rectifier le tir en se confondant en explications sans queue ni tête lorsque Max revient vers eux, chargé d'un plateau contenant leur commande. Alors le Lougaroc ferme la bouche, se ratatine sur sa chaise et dépose ses mains sur ses genoux, tordant ses doigts dans tous les sens pour calmer ses nerfs et dissiper son angoisse. Le serveur dépose ainsi les crêpes devant ses clients, puis leur boisson. Et si le tout paraît sincèrement exquis, une violence envie de vomir secoue Morgan, qui se force à déglutir pour refouler cette désagréable sensation. Vite, il doit changer de sujet. Cette pente sur laquelle il s'est engagé est trop glissante pour parvenir en bas sans accrocs. La conversation doit dérivée. Rapidement. Maintenant.

E-Et donc toi tu cherches un travail, c'est ça … ?

Niveau efficacité, on repassera. Mais c'est tout ce que Morgan a trouvé ne plus que l'on s'intéresse autant à son travail. Pour la première fois, il a honte d'en parler. Et Oliver en est pour quelque chose.

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyMar 30 Juil - 23:23
About that nightft. Morgan Otso


Depuis qu'Oliver avait pris la parole, avec cet arrière-goût amer dans la bouche qu'il refusait de s'expliquer, Morgan n'avait pas bougé, comme perdu dans ses pensées. Il avait hoché la tête, plusieurs fois, sans prononcer le moindre mot. Et le Zarbi ne pouvait s'empêcher de trouver cette attitude étrange. Le peu de temps qu'il avait passé en sa compagnie, il s'était rendu compte qu'il avait toujours quelque chose à dire. Ce fort caractère qui l'animait un peu avant d'entrer dans le café semblait avoir disparu, tout d'un coup, sans prévenir. Ce changement, il avait un peu de mal à l'expliquer. Il ne comprenait pas encore les rouages des conversations avec Morgan. Pourtant, il adorait analyser les gens ; il était même plus bon à ce petit jeu. Mais ce garçon-là lui semblait particulièrement compliqué.
Il sentait… Un trouble en lui. Un trouble permanent qu'il devait sans doute contenir méticuleusement.

À son tour, le brun posa son menton contre son bras droit, dévisageant son interlocuteur et attendant patiemment une réponse. Il avait abandonné le sel qui devait être bien content de se trouver enfin tranquille !
Il lui sembla un instant qu'il avait touché un point sensible. Pas étonnant : ce n'était quand même pas commun de se balader en ville en robe et en talons alors qu'on était un homme ; Morgan en avait sûrement parfaitement conscience, et aborder ce sujet devait profondément le gêner.
Le regard fuyant du Lougaroc, qui semblait frénétiquement chercher un échappatoire, confirma l'hypothèse d'Oliver ; il se sentit un peu coupable. Voir son invité paniquer comme ça n'était pas son but… Mais c'était une panique silencieuse, très bien maîtrisée. Lui-même n'était pas capable d'une réserve pareille ! Il se mordit la lèvre inférieure : il avait réfléchi comme un enfant contrarié ; il n'aurait jamais dû poser ces questions qui étaient véritablement indécentes et indiscrètes.
Il s'apprêta à s'excuser, à dire qu'en fait, avoir une réponse lui importait bien peu. Qu'il était là pour trinquer avec lui : trinquer à leur rencontre, à sa lâcheté. Qu'il était là pour profiter de sa présence, pour briser sa solitude.
Elle était palpable, cette terrible solitude. Le jeune homme devait se sentir perdu, abandonné dans cette région qui avait tout d'étranger pour lui.
Et dire qu'il ne faisait qu'empirer son malaise, son mal du pays.
Mais Oliver n'eut même pas le temps de prononcer le moindre petit mot, car Morgan le devança, à sa grande surprise.

Et si ses lèvres s'entrouvrirent, ce n'était sûrement pas pour lui répondre.
Il était littéralement soufflé.
La réponse du Lougaroc avait été brute, cash, sans fioritures, et elle n'en était que plus violente. C'était le but, pensa Oliver. Il avait voulu marquer son esprit, se défendre, et c'était réussi.
Le brun demeura muet, le temps d'assimiler ce qu'il venait d'apprendre. Alors comme ça Morgan était… Était…?
Il n'allait pas se mentir : il y avait déjà pensé un peu plus tôt. Mais il n'avait pas voulu le croire. Un si jeune homme, si vif, si énergique,… Faire ça.
La boule de colère mêlée d'amertume qui s'était coincée dans sa gorge un peu plus tôt suite aux interrogations du rouquin se transforma en boule de dégoût. Un dégoût pur qui l'ébranla de la tête aux pieds, qui lui donna presque envie de pleurer. Alors c'était ça Sinnoh ? Un étranger ne pouvait pas trouver une activité digne de ce nom ? Poussé par le besoin d'argent, il se voyait forcé de… Aussi jeune…! Non, il ne pouvait pas se le dire. C'était trop dur. Trop décevant.
Le regard qu'il avait posé sur Morgan s'était empli d'une pitié profonde, d'une tristesse terrible.
Désormais, la tête de cette horrible client lui paraissait claire : il s'imaginait Morgan se débattre, l'autre qui levait la main sur lui… Il ne se défendait pas, il tombait, la joue rouge, les yeux larmoyants. L'homme le relevait avec violence et lui criait qu'il avait payé, qu'il était désormais obligé de le suivre ! Il l'entraînait avec lui dans des ruelles sombres de Féli-Cité et le plaquait contre un mur au coin d'un établissement désaffecté, dans la nuit, dans un coin où les ténèbres dévoraient toute lueur d'espoir…

Oliver ferma les yeux et se les frotta violemment ; sans doute dut-il paraître complètement hystérique aux yeux du garçon. Mais le Zarbi faisait le nécessaire pour chasser ces vilaines images de son esprit, condamner cette fiction que son imaginaire, troublé, avait montée de toute pièce.
Il but les paroles du rouquin comme un assoiffé aurait englouti une bouteille d'eau fraîche : Morgan s'était débarrassé de ce porc. Il s'était enfui ! Oliver repris un peu de couleurs ; oui, ce qu'il avait imaginé était impossible : Morgan était un Lougaroc ; il savait se défendre, tout seul. Il aurait su s'en sortir, quitte à retailler le portrait de son agresseur.
Mais le métier restait le même. Et le Zarbi se surprenait presque à remercier le client pour son attitude indécente qui avait forcé le rouquin à prendre ses jambes à son cou, car si tout s'était bien passé… Si tout était rentré dans l'ordre, Morgan serait allé jusqu'au bout.
Cette simple pensée rendait malade Oliver. Elle éveillait une colère terrible au plus profond de lui,  faisait remonter des sentiments auxquels il n'avait plus goûté plus depuis plusieurs mois. L'envie de le protéger, de le garder tout contre lui, de l'empêcher de commettre à nouveau ces erreurs.

Oliver avait à peine remarqué le tremblement dans la voix de Morgan, trop choqué de son côté. Néamoins il regrettait ses mots, il regrettait d'avoir dit qu'il était joli, en fille. C'était tellement idiot, tellement malsain maintenant qu'il savait.
Désormais, ils étaient tout deux l'un en face de l'autre, l'un aussi mal que l'autre et ils n'osaient plus vraiment se regarder. Le Lougaroc remettait nerveusement en place ses cheveux, comme pour faire taire la honte qui devait le prendre par la gorge, serrer son petit cœur.
Oliver faisait de même, on ne peut plus perturbé. Il ne répondit pas. Il garda un silence des plus glaçants.
Que dire à tout cela ? Rien. Se taire était la meilleure solution. Attendre que ça passe, que l'un ou l'autre ait la bonne idée de mettre fin à cette torture.

Mais ce ne semblait pas être le projet de Morgan, qui ne cessait de s'embourber, lentement mais sûrement :

"Heureusement, mes clients ne sont pas tous comme ça. C'était la première fois que ça m'arrivait." Lâcha-t-il au bout d'un moment, semblant tout de suite regretter d'avoir ajouté ce détail.

Le pluriel à client eut l'effet d'un coup de poing pour Oliver. Il explicitait les choses, il explicitait ses pensées. Rien que ce mot "client" lui donnait envie de vomir. De nouveau ses joues perdirent toutes leurs couleurs.

"Heureusement…" répéta-t-il d'une voix à demi étranglée.

Il s'auto-gifla mentalement. À quoi il pensait ?! Heureusement.
Mais quelle horreur, quel cauchemar… Il se dégoûtait lui-même ; son intervention passait pour un assentiment silencieux. Un tic nerveux lui fit agripper le sel, le serrer fort à s'en faire mal.

Animé d'un trouble profond, Morgan semblait vouloir se rattraper, rectifier ses paroles. Il entrouvrit la bouche, sur le point de dire quelque chose, mais il la referma bien vite pour se faire tout petit sur sa chaise : Max revenait chargé de deux grandes assiettes, admirablement décorées, où trônaient deux magnifiques crêpes saupoudrées de sucre glace. Il les déposa sur la table, accompagnées de jolies tasses contenant un thé et un chocolat.
Une fois que le serveur s'en fut retourné à ses autres commandes, Oliver lança un regard peu flatteur à sa crêpe. Sa gorge était tellement serrée qu'il doutait de pouvoir avaler le moindre bout de pâte. Pourtant, il la plia et la prit dans sa main pour en déchirer un pan entier. Il la mâcha à peine et l'avala difficilement. Ça faisait passer la tristesse, ça apaisait la douleur, mine de rien.
Puis il se força à faire un petit sourire à destination de Morgan dont le regard était particulièrement vide. Les brasiers semblaient s'être éteints.
Il prit une autre bouchée qu'il avala tout aussi rapidement et but une gorgée brûlante de thé qui carbonisa ses papilles, écorcha son gosier et lui fit monter les larmes aux yeux.

Le Lougaroc avait relevé la tête ; maladroitement, il lança un nouveau sujet de conversation, ne touchant pas à un seul bout de sa crêpe :

"E-Et donc toi tu cherches un travail, c'est ça … ?

La transition était terrible. Oliver manqua de recracher son thé, mais s'efforça de faire bonne figure. Autant dire que ce n'était pas une réussite. Il balbutiait, plus maladroit que jamais :

– Oui ! E-Enfin, non… ! J-Je… J'ai déposé mon CV à la bibliothèque. Il marqua une pause, le souffle court, cherchant quoi dire pour détendre l'atmosphère. Tu sais… C'est le grand bâtiment à l'ouest du port. Grand… Avec, euh… Un toit bleu et euh… Une verrière.

Il sentit qu'il tenait le bon bout, alors il continua, ayant un peu l'impression d'étaler sa vie pour étaler sa vie sans que pourtant cela ne le gêne vraiment : au contraire, c'était le moment ou jamais.

– En fait, j'ai fait des études en archéologie et surtout en histoire des langues anciennes… Parce que… Quand j'ai découvert que j'étais un Zarbi, j'ai eu besoin de trouver… Comment dire ? Peut-être un sens à mon existence, tu vois ? Je veux dire… En tant que Zarbi… Donc rien de mieux que de s'intéresser à l'alphabet zarbi, aux ruines antiques… Et à d'autres langues, comme le braille—

Sa voix retrouvait peu à peu de sa contenance. Parler de ce qu'il connaissait l'apaisait énormément, le rassurait. Et puis au fond, il était content de partager ça avec Morgan, même si ce dernier n'avait pas l'air en très bon étant. Il lui lança un regard inquiet mais continua comme si de rien n'était.

– En fait, j'aimerais découvrir les mystères que recèle mon espèce. Des travaux ont déjà été réalisés mais demeurent incomplets ou injustifiés… Mais pour ça, faudrait que je voyage, que j'ai une équipe, des moyens… Donc… Pour l'instant je cherche un boulot tout simple. Juste pour gagner un peu d'argent…"

Oliver se tut, ne sachant plus trop quoi rajouter. Il engloutit le dernier morceau de crêpe qui restait dans son assiette en ne quittant pas des yeux Morgan qui semblait fixer la sienne avec le plus grand dégoût.
Le sentiment de culpabilité de tout à l'heure revint à la charge ; le Zarbi avait tellement honte de lui avoir posé ces questions… L'impression d'avoir tout gâché en un claquement de doigt.
Alors, d'une voix beaucoup moins sûre, qui ressemblait plus à un petit miaulement de chaton, il demanda tout doucement :

"Tu… Tu n'as pas faim…? Ne te force pas, hein…?"

Son regard devint compatissant. Il savait que Morgan avait l'estomac noué. Il imaginait son envie de vomir, le dégoût que lui inspirait l'odeur même du sucre qui venait lécher ses narines.
Aussi décida-t-il encore un fois de jouer la carte de la sincérité pour tenter de recoller les morceaux… Pour essayer d'arranger les choses… Et somme tout pour se faire du bien à lui aussi :

"Morgan… Je… On se connaît pas vraiment et… J'aurais pas dû te poser ces questions… Je suis désolé. Je voulais pas remuer des choses… Vraiment trop douloureuses pour toi. C'était vraiment, vraiment super maladroit. Super impoli. Je me sens bête.

Il marqua un petit silence plein de non-dits.

– On… On passe à autre chose ok ? Je n'ai rien entendu, tu ne m'as rien dit… Et puis on reprend là où on en était…?"

~~~~~~~~~~~~



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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyMer 31 Juil - 1:02

About that nightJoliberges - Café "Le Galuchat"
Morgan
Oliver
Parfois, lorsque Morgan ferme les yeux, les souvenirs de sa mère le submerge et le ramène des années en arrière, quand il n'était encore qu'un enfant et qu'elle l'aimait de tout son cœur. Il se rappelle de la délicatesse de ses mains lorsqu'elle caressait ses joues, de la douceur de ses bras lorsqu'elle l'enlaçait, du grain particulier de sa voix lorsqu'elle lui soufflait des mots d'amour. A ses yeux, Morgan a toujours été une petite fille. Son adorable petite fille. Cette poupée qu'elle aimait tant habiller, tant coiffer, pour ensuite l'emmener déambuler dans les rues, afin de la présenter à ses amis, au voisinage, aux gens de passage. Denal'i souhaitait que tout le monde voit Morgan. Que tout le monde lui dise que sa fille était belle. Il fallait que l'on complimente sa robe, que l'on s'extasie devant ses cheveux., que l'on contemple les traits de son visage. Plus qu'un enfant, Morgan était une œuvre d'art. Un chef d'oeuvre que tout le monde se devait d'admirer. Denal'i s'assurait qu'il soit toujours parfaitement présentable, quel que soit la situation. Elle lui achetait les plus beaux vêtements. Le paraît des plus somptueux bijoux. Et surtout, elle prenait grand soin de ses cheveux, de ses si beaux cheveux qu'elle pouvait passer des heures et des heures à caresser, à brosser, à coiffer. Comme une enfant prenant soin de sa poupée.

Distraitement, Morgan perd sa main dans l'une de ses mèches. Sa mère aimerait-elle toujours autant ses cheveux si elle les voyait aujourd'hui ? L'aimerait-elle seulement lui, l'être qu'il est devenu ? Le reconnaîtrait-elle, d'ailleurs ? Parfois, il en vient à penser que s'il avait été une fille dès le début, que si la nature avait correctement fait son œuvre, il n'en serait pas là. Denal'i aurait eu la fille dont elle a toujours rêvé. Elle ne se serait jamais disputé avec son mari concernant l'identité de genre de leur enfant. Jirô n'aurait donc pas perdu l'amour de sa vie. Et Morgan aurait pu aimer les garçons sans que cela ne dérange personne. Au contraire, ses parents l'auraient encouragé à prendre un mari – et il aurait choisi Tôma. Tôma qui n'aurait pas eu à avoir honte de l'aimer. Tôma qui l'aurait assumé devant tout le monde. A la fin de l'histoire, tout le monde aurait été heureux. Tout le monde aurait trouvé son compte. Personne n'aurait souffert. Il n'aurait pas eu à défigurer Tôma. Pas eu à supporter les coups de son père. Pas eu à fuir Alola. Mais ça n'a pas été le cas. Morgan est né garçon. Morgan est né homosexuel. Et personne n'est heureux.

L'espace d'une seconde, il ose une oeillade timide en direction de Oliver. Et ce regard qu'il lui lance, cette pitié qui luit au fond de ses prunelles sombres, lui glace instantanément le sang. Pourquoi ?! Pourquoi le regarde-t-il comme ça ? Morgan n'en veut pas, de sa pitié. Sa situation lui convient. Il gagne suffisamment d'argent pour payer sa chambre et ses repas à l'auberge, bien qu'il se doute que son patron se fait énormément sur son dos. Parfois quand il compte ses billets, en massant ses pieds endoloris après une soirée en talons hauts, le Lougaroc réalise à quel point la somme est ridicule. Mais il s'en contente, parce qu'il n'a pas le choix. Il n'a pas un niveau scolaire suffisant pour prétendre à un emploi plus respectable. Et retourner à l'école ne lui rapporterait rien. Alors il ne doit prendre aucun risque. Hors de question de se plaindre de son salaire misérable. Hors de question de demander des comptes à son employeur. Morgan se retrouverait dans de beaux draps s'il venait à se faire renvoyer. Alors faute de mieux, il accepte de mettre des robes, d'enfiler des petites chaussures et de faire les yeux doux à des hommes qu'il ne connaît absolument pas. L'espace de quelques heures, il devient une fille, muselant sa fierté et son honneur. Parce qu'il n'a pas le choix.

Alors cette pitié répugnante, Oliver peut se la garder. Pourtant, la simple idée qu'il le considère sous un œil différent lui brise le cœur. Morgan ne veut pas qu'il le voit comme ça. Comme une petite chose nécessiteuse incapable de mener sa vie dignement. C'est bien, de faire le fier avec sa répartie et sa grande gueule, pour ensuite faire éclater l'illusion et se dévoiler sous son jour le plus misérable. Alors il ne peut que fuir son regard et entortiller ses cheveux autour de ses doigts, dans une tentative vaine d'apaiser ses nerfs, de repousser ses nausées, de reprendre contenance. Mais même sa tentative de changer de sujet est soldée par un cuisant échec. Oliver manque de s'étouffer avec son thé et Morgan a un vif mouvement de recul, sa chaise grinçant sur le carrelage clair. Son cœur s'emballe sur sa poitrine, de la bile lui remonte dans la gorge. Même s'il voulait vomir, il en serait incapable – son estomac est vide depuis midi de la veille. Tout au plus, son estomac va rejeter de la bile acide, sans cesser de se tordre, frustré de ne rien avoir de plus à rendre. D'ailleurs, une douleur sourde lui irradie soudain le ventre – un spasme à cheval entre la faim et le dégoût se répète trois ou quatre fois avant de disparaître, non sans la promesse d'une récidive. Alors Morgan lance un regard à sa crêpe, qui paraît pourtant si appétissante. Il faudra qu'il mange. Dans le meilleur des cas, il contentera sa faim. Dans le pire, il donnera l'occasion à son estomac de se vider dans de meilleures conditions. Chouette programme, n'est-ce pas ?

Et pourtant, ses mains s'agrippent à ses genoux, incapables de bouger d'un iota. En face de lui, Oliver mastique sa propre crêpe, petit bout par petit bout. Il semblerait qu'il ne prenne pas un plaisir fou à se régaler. Est-ce de sa faute ? L'a-t-il dégoûté, de quelque façon que ce soit ? Morgan renvoit-il donc une image si répugnante de lui-même ?

Oui ! E-Enfin, non… ! J-Je… J'ai déposé mon CV à la bibliothèque. Tu sais… C'est le grand bâtiment à l'ouest du port. Grand… Avec, euh… Un toit bleu et euh… Une verrière. Morgan se retient bien de lui dire qu'il sait tout de même où est la bibliothèque de Joliberges, mais il a la gorge trop nouée pour intervenir. En fait, j'ai fait des études en archéologie et surtout en histoire des langues anciennes… Parce que… Quand j'ai découvert que j'étais un Zarbi, j'ai eu besoin de trouver… Comment dire ? Peut-être un sens à mon existence, tu vois ? Je veux dire… En tant que Zarbi… Donc rien de mieux que de s'intéresser à l'alphabet zarbi, aux ruines antiques… Et à d'autres langues, comme le braille. En fait, j'aimerais découvrir les mystères que recèle mon espèce. Des travaux ont déjà été réalisés mais demeurent incomplets ou injustifiés… Mais pour ça, faudrait que je voyage, que j'ai une équipe, des moyens… Donc… Pour l'instant je cherche un boulot tout simple. Juste pour gagner un peu d'argent…

Quelque peu interloqué par cette tirade inattendue, Morgan se permet de détailler Oliver de nouveau. Parce que, à le voir comme ça, il est difficile d'imaginer qu'il puisse avoir de telles ambitions. Et le Lougaroc l'envie sincèrement. Le Zarbi semble avoir trouvé un but dans sa vie, et même s'il ne peut pas encore l'atteindre, il compte mettre toutes les chances de son côté pour y arriver. Et c'est si … remarquable. Cela s'entend dans sa voix qu'il est sincèrement passionné, qu'il maîtrise son sujet et qu'il est déterminé à mener ses propres recherches, un jour. Pas de doute, cette passion qui l'anime lui permettra de réaliser ses objectifs et d'atteindre le but qu'il s'est fixé. Morgan en est sincèrement persuadé. Et surtout, il lui souhaite de réussir, de réaliser son rêve. Et pourtant, une pointe de jalousie s'enfonce dans son cœur. Il aimerait, lui aussi, avoir de belles ambitions. Un vrai but dans la vie. Une détermination farouche pour atteindre des sommets. Mais lui, il n'est qu'un raté. Un cancre sans le moindre diplôme. Et cette constatation le fait se sentir plus misérable encore. Décidément, il ne vaut vraiment rien. Qu'importe le domaine.

Je vois. C'est … remarquable. Je te souhaite de percer ces secrets, un jour.

Si ses paroles sont sincères, elles sont cependant dures à prononcer. Parce que le fossé qui se creuse entre Oliver et lui lui déchire le cœur. Il aurait voulu lui offrir une image un peu plus reluisante de sa personne. Et pourtant, le simple fait qu'il l'ait aperçu en robe ce soir-là avait déjà grillé toutes ses chances de paraître pour quelqu'un de bien, de respectable. A la place, il lui a offert un spectacle misérable, abject. La preuve en est avec ce regard plein de pitié qu'il lui a adressé. Sa situation ne mérite que ça. Qu'on le prenne en pitié, comme un papillon auquel on aurait arraché les ailes. Perdu un instant dans ses pensées, Morgan jette un regard vide à sa crêpe lorsque Oliver lui conseille de ne pas se forcer. Et pourtant, ses vieilles habitudes resurgissent et parmi elle, ce refus de gâcher de la nourriture. Alors, les mains tremblantes, il arrache un morceau - étalant de la crème sur ses doigts – avant de le porter à sa bouche, mastiquant à peine avant de déglutir pour ne pas que la crêpe s'attarde sur sa langue et provoque un réflexe de rejet instantané. Ce n'est vraiment pas le moment de vomir dans son assiette.

Morgan… Je… On se connaît pas vraiment et… J'aurais pas dû te poser ces questions… Je suis désolé. Je voulais pas remuer des choses… Vraiment trop douloureuses pour toi. C'était vraiment, vraiment super maladroit. Super impoli. Je me sens bête. Le regard interloqué que lui lance le Lougaroc ne semble pas atteindre sa cible, alors Oliver continue. On… On passe à autre chose ok ? Je n'ai rien entendu, tu ne m'as rien dit… Et puis on reprend là où on en était…?

Des choses douloureuses ? De quoi peut-il bien parler ? De ce porc qui a voulu le tripoter ? Ce n'est pas un souvenir si douloureux que ça, puisque Morgan a pu fuir sans qu'il n'ait pu lui faire quoi que ce soit. A moins que …

La réalisation est soudaine, immédiate, fulgurante. Ses yeux s'écarquillent, son souffle se coupe, son cœur rate un battement. Ses propres mots, prononcés quelques instants plus tôt, lui reviennent en mémoire. « Je travaillais. Il était mon client. » Oliver l'a-t-il prit pour une … ? Ses pupilles s'embrasent de nouveau alors qu'il se lève précipitamment, renversant sa chaise sur le sol, le plat de ses paumes s'abattant violemment sur la table.

Qu'est-ce que tu crois, au juste ?! Que je suis une pute ?! Que je vends mon corps à ces hommes dégoûtants qui ne savent même pas que je suis un garçon ?!

Sa réaction violente, bruyante, attire l'attention des rares clients présents et du personnel. Tous les regards semblent se diriger vers eux, mais personne n'ose intervenir pour autant. Morgan, lui, n'a pas conscience du spectacle qu'il offre. La souffrance qui irradie sa tête se mue progressivement en colère sourde qui lui font perdre pied avec la réalité. Et s'il réagit ainsi, c'est parce qu'il a bien failli finir comme ça. Incapable de trouver un emploi dans cette ville inconnue, il a forcément songé à cette solution. Gagner de l'argent serait facile. Il lui aurait suffit d'écarter les jambes et d'attendre que ses visiteurs fassent leur affaire. En partant, ils lui auraient tendu quelques billets, bien plus que ce qu'il gagne en ce moment. Mais la simple idée d'être de nouveau touché par des inconnus le paralyse d'angoisse. Il ne veut plus sentir des mains baladeuses. Il ne veut plus que l'on tire sur ses cheveux. Il ne veut plus qu'on lui impose de faire ci, de faire ça – et de ravir des égos en les complimentant faussement. Morgan ne veut plus jamais vivre ces choses-là. Plus jamais.

Le rouquin secoue la tête de droite à gauche, réprimant les larmes de colère qui menace de s'enfuir à tout instant.

Je ne suis plus- ... je ne suis pas comme ça. C'est fini. Plus jamais.


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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyJeu 1 Aoû - 13:12
About that nightft. Morgan Otso

Sa proposition resta suspendue dans le silence un moment, ni acceptée, ni vraiment rejetée… Oliver avait délaissé son thé, fini sa crêpe… Il attendait fébrilement une réponse, triturant de nouveau le sel pour tenter de faire taire son appréhension. Il prit une grande inspiration juste après avoir dit le fond de sa pensée. Ce n'était pas facile d'être sincère. Il avait toujours l'impression d'avoir commis la plus grosse bourde de toute sa vie. Toujours l'impression qu'on prendrait mal ses aveux, qu'ils finiraient en bataille terrible. Il se faisait des idées sans doute. Mais parfois, les gens n'aimaient pas la brutalité de la vérité. Avec eux, Oliver se sentait un peu décontenancé ; être franc, c'était dans sa nature. Mentir ne lui arrivait que dans des cas extrêmes… À la limite, il préférait ne rien dire que délibérément déformer la réalité.
Ses yeux se baissèrent sur son assiette vite. Il voyait bien que ses questions avaient troublé Morgan. Mais il ne regrettait pas de les avoir posées pour autant : il était temps pour eux de faire l'impasse sur cette parcelle de sa vie et de se concentrer sur autre chose.
Et puis, au fond, il s'en fichait. Oui, c'était bien ça : peu lui importait que le rouquin ait décidé de vendre son corps contre quelques billets. Ce ne devait pas interférer dans leur relation naissante. Lui, il était seulement là pour lui apporter un peu de compagnie ; peut-être un petit repère dans cette immense région qu'était Sinnoh.
En fait, il se sentait étonnamment pris d'attachement pour ce garçon. Autrement dit, il lui plaisait. Il lui plaisait beaucoup même. Mais ça, il n'allait pas facilement se l'avouer. Oliver pratiquait à outrance le déni personnel ; il détestait ces vilaines pensées débordant de vérités et les enfermait dans un coin de son esprit pour qu'elles ne l'embêtent plus. Pourtant, quelques signes ne trompaient pas : comme cette étrange impression dans son ventre, ou cette gêne idiote qu'il ressentait lorsqu'il dévisageait Morgan.
Vous me direz que sur ce coup, les choses étaient sans doute un peu trop rapides. Oh, bien sûr, mais cela se reproduisait souvent. Plaire pour Oliver, ce n'était pas être amoureux. Plaire, c'était être intéressé par la personne, désirer passer plus de temps avec elle pour apprendre à la connaître. Mais au fond, c'était un bon début.
Et même s'il ne se l'avouait pas avec les bons mots, le Zarbi ferait toujours en sorte de décrocher le numéro de son petit compagnon du jour à la fin de leur rendez-vous, de fixer un autre rencard un jour prochain. Il ne le laisserait pas filer comme ça. Il s'accrocherait à lui jusqu'à qu'un lien les unisse, jusqu'à qu'une amitié naisse entre eux… Ou autre chose.

Pourtant, ses projets semblaient être mal partis, très mal partis.
Il y eut une déflagration. Un choc terrible qui brisa le silence, qui s'éleva dans le café et qui attira autant l'attention du personnel que des rares clients qui jusqu'ici prenaient leur petit déjeuner dans une quiétude appréciable.
Oliver, qui avait été jusqu'ici plongé dans les tréfonds de ses pensées, sursauta sur sa chaise, manquant de renverser le contenu de sa tasse.
Si plus tôt le regard de Morgan était vide, à présent un brasier plus puissant que jamais y crépitait, hurlant une colère sourde, une colère muette… Une colère noire qui explosait.
Pris de panique, le Zarbi ne trouva rien de mieux que se faire tout petit, agrippant les bords de la table et fixant un regard penaud sur le visage courroucé du Lougaroc.
Ce dernier s'était levé avec fracas, et malgré sa petit taille, le surplombait à présent, ses cheveux tombant au niveau de sa taille, sa bouche crispée… Sa chaise était violemment tombée derrière lui, dans un boucan tel que tout le monde en avait été alerté.
Ses mains claquèrent sur la table avec une telle violence qu'Oliver la sentit vibrer sous ses doigts.
Affolé, il chercha un soutien autour de lui ; il chercha le regard de Max qui l'observait discrètement par dessus le bar, bien étonné. Personne ne lui viendrait en aide, tout le monde assisterait au spectacle avec une curiosité non dissimulée.

Il se demandait comment ils en étaient arrivés là. Quelque chose lui échappait. Il n'avait pourtant rien dit d'offensant…? Il n'avait fait que reprendre les mots de Morgan. Il s'était même excusé, il avait demandé à ce que tout deux oublient cette conversation au comble du malaise.
Et pourtant… Et pourtant voilà que le rouquin bouillonnait de colère devant lui, prêt à le dévorer, prêt à l'assassiner de ses paroles accusatrices.
Une boule de remords, pleine d'angoisse, de surprise, d'incompréhension mais aussi de colère vint se loger dans la gorge du Zarbi. Soudain, la voix de Morgan s'éleva dans la salle, forte, emplie d'une rage non maîtrisée qui éclatait au grand jour. Certains mots étaient plus appuyés que d'autre et résonnaient avec d'autant plus de puissance entre les murs du café.
Oliver se ratatina dans son coin, la honte empourprant ses joues un peu plus tôt livides. Ses iris devinrent plus sombres encore, traduisant une émotion forte qui venait serrer sa gorge avec une violence inouïe :

"Qu'est-ce que tu crois, au juste ?! Que je suis une pute ?! Que je vends mon corps à ces hommes dégoûtants qui ne savent même pas que je suis un garçon ?!"

Une multitude de sentiments se bousculaient chez l'hybride. De la culpabilité, une honte cinglante, une rage profonde… Il sentait que tous les regards étaient braqués sur lui. Il sentait le jugement. Tous ces jugements. Il vit Max, lui même devenu très rouge, qui le dévisageait avec incrédulité. Il eut envie de lui dire que non, il se trompait, que ce n'était pas du tout ce qu'il pensait.
Les mots de Morgan, hors contexte, pouvaient donner l'impression que… Un tremblement secoua le brun, la colère serrant désormais sa mâchoire : non ! Ce n'était pas lui qui cherchait à se payer les services de Morgan ! Ils se trompaient tous ! Tous…
Une panique profonde avait pris possession de son corps, de son esprit : Luis connaissait ses parents… Il irait leur raconter… Il irait tout dire, et ses parents comprendraient…
C'était la pire chose qui pouvait lui arriver ; que quelqu'un d'autre lui vole ce coming-out qu'il hésitait encore à faire. Souvent, il cherchait une façon de formuler les choses, en vain.
C'était si difficile.
Alors pas comme ça. Sûrement pas comme ça.

Il s'était trompé ; il avait mal interprété les mots de son camarade. Il avait dit n'importe quoi, pensé n'importe quoi… Mais… C'était aussi de la faute du Lougaroc ! Il n'avait qu'à pas dire n'importe quoi, lui aussi ! Peser ses mots ! Je travaillais. C'était mon client. Qui d'autre se trimballait en robe en ville au bras de ce genre de cochons ?! Il n'était pas devin lui non plus, il ne pouvait pas savoir ! Oui, c'était ça. Il n'avait fait que suivre sa première conclusion.

Quel était le meilleur moyen de sauver les meubles ? Oliver l'ignorait. D'ailleurs, il n'y avait plus vraiment quelque chose à sauver.
Il était ridiculisé, pointé du doigt par tout le monde.
Désormais seuls deux choix s'offraient à lui : riposter avec tout autant de violence, ou brider sa colère, brider cette honte qui lui donnait envie de sauter sur le rouquin et de le faire expressément taire. Le raisonner, le ramener à un calme relatif.
Son cœur balançait entre ces deux possibilités. Une rancœur profonde le prenait à la gorge, l'étranglait, l'étouffait petit à petit. Il avait tellement envie de se venger, de lui faire honte à lui aussi… 
Mais lorsqu'il lui sembla voir des larmes se presser contre les paupières de Morgan, cette volonté sourde se fana tout aussitôt, laissant place à une culpabilité terrible.

"Je ne suis plus- ... je ne suis pas comme ça. C'est fini. Plus jamais."

Rouge comme une tomate, il s'avança contre la table, joignant ses mains, plantant ses ongles dans sa peau. Un bon moyen d'épuiser cette rage qui brûlait dans sa gorge : se faire mal. Souffrir pour atténuer la colère.
Il s'était peut-être trompé cette fois-ci, mais ce métier ne semblait pas inconnu au garçon. Une tristesse profonde s'empara de lui, à nouveau. Il avait sans le vouloir remué de douloureux souvenirs, ébréché la fierté naturelle du rouquin en quelques mots. En quelques pensées erronées. Et il s'en voulait beaucoup. Tellement qu'il eut envie de se lever et de le prendre dans ses bras. De s'excuser au moins une centaine de fois, de ne plus jamais le lâcher. De le protéger.
Alors, serrant les dents, il prit la parole d'une voix un peu rauque, un peu basse aussi… Ses mots étaient encore durs, irrigués par un reste de colère, un reste d'orgueil blessé :

"C'est pas un théâtre ici… Morgan…! Assieds-toi… S'il-te-plaît…

Il marqua une pause, jetant un regard honteux autour de lui. Les yeux de Luis brillaient étrangement, toujours braqués sur leur table. Pesant lourd sur ses épaules.

– S'il-te-plaît… Pardonne-moi, j'ai fait fausse route. Je voulais pas… Te vexer… Rassieds-toi. Il y a des gens que je connais un peu trop bien dans cette salle. Je t'en prie…" Susurra-t-il entre ses dents, juste assez pour que Morgan l'entende.

Son regard devint presque suppliant, ses lèvres se crispèrent en un rictus inquiet. L'angoisse perçait à travers l'expression qu'il prenait, dévorant Morgan des yeux. Yeux où une lueur étrange s'était mise à briller.


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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: About that night ▬ ft. Oliver   About that night  ▬ ft. Oliver EmptyJeu 1 Aoû - 21:32

About that nightJoliberges - Crique
Morgan
Oliver
La bombe a éclaté, violente, fulgurante. Morgan n'en a pas conscience, mais l'incendie qui brûle au fond de ses prunelles grenats témoignent à elles seules de la colère qui le secoue. Il n'a pas fallu plus d'étincelles pour démarrer le brasier, son esprit étant suffisamment faible depuis un mois pour offrir du bois à brûler. Et comme d'habitude, tout est si violent, si brutal que le jeune Lougaroc est incapable de contrôler quoi que ce soit - c'est à peine s'il a conscience de s'être levé, d'avoir renversé sa chaise, frappé la table, haussé le ton. C'est comme si quelqu'un avait appuyé sur un interrupteur pour éteindre sa conscience et allumer sa colère. Ça a toujours été comme ça : une goutte fait déborder le vase et c'est déjà trop tard pour faire machine arrière. Désormais, sa rage ne s'apaisera pas avant que ce feu n'ait dévoré toutes ses peurs et ses frustrations accumulées, son unique mission étant de raser son esprit dans son intégralité pour ne laisser qu'un terrain vague, calciné, représentation même de l'état second qui l'attend après. Mais certains feux sont plus difficiles à éteindre que d'autres, et personne peut savoir par avance leurs intensités - pas même Morgan lui-même.

Face à lui, Oliver n'en mène pas large. Son mouvement de recul et ses pupilles écarquillées en sont témoins. Et pendant un instant, un seul petit instant, Morgan savoure cette terreur qui empourpre le visage du Zarbi. L'espace de quelques secondes, il se sent fort, invincible, intouchable. Il domine la situation, chaque parcelle de son esprit embrasé le lui hurle dans le crâne, et ce sentiment est exquis. Cette fierté transmise par son sang depuis des générations bouillonne dans ses veines et lui donne des impressions de grandeur, de puissance. S'il le voulait, il pourrait fendre cette table en deux, d'une unique coup de griffes. De la même façon qu'il a balafré à tout jamais le visage de Tôma, taillant dans sa peau toute sa haine, tout son mépris. Et Oliver pourrait somme toute subir le même sort s'il venait à le défier, à lui faire plus mal encore. Ce serait si facile, de trancher la peau délicate de ce joli minois qui se tord tantôt de honte, tantôt de colère. Aussi facile que de couper du beurre.

C'est pas un théâtre ici… Morgan…! Assieds-toi… S'il-te-plaît… Oliver marque une pause, lance un regard honteux autour de lui, puis reprend : S'il-te-plaît… Pardonne-moi, j'ai fait fausse route. Je voulais pas… Te vexer… Rassieds-toi. Il y a des gens que je connais un peu trop bien dans cette salle. Je t'en prie…

Si l'esprit torturé de Morgan fait l'impasse sur certains informations, l'une d'elles s'imposent cependant brutalement à son esprit : il y a des gens … dans cette salle. Que le Zarbi les connaissent n'est pas le problème. Mais le fait qu'ils soient là… C'en est un autre. Alors la tête du Lougaroc pivote, balayant la salle du regard, réalisant seulement maintenant à quel point il se donne en spectacle, à quel point sa colère a attiré l'attention de ses inconnus. Certains paraissent seulement étonnés, d'autres le toisent durement. Et ces regards, cette ribambelle de regards lui rappelle la dernière fois qu'il a mit les pieds dans son lycée à Ekaeka. Il avait à peine eu le temps d'arriver que les élèves faisaient peser sur lui des interrogations profondes et du mépris sincère. C'en était suivi les dessins sur le tableau noir. Puis les commentaires désobligeants dans les couloirs. Et enfin Tôma. Tôma qui l'avait soi-disant aimé avant de le traîner dans la boue, devant tout le monde, suivant cet horrible effet de masse sans le moindre remords.

La colère dans son coeur laisse alors place à une terreur profonde, plus violente encore. Tremblant de tous ses membres, Morgan fait un pas en arrière, puis deux, sursautant lorsque les pieds de la chaise renversée s'enfoncent dans ses tibias. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, il observe autour de lui une dernière fois. Les deux hommes en bleu de travail sont incrédules. Le trio de mégères aux hauts chignons serrés le foudroie du regard. L'étudiant à la cravate mal nouée ricane grossièrement. Max est stupéfait. Quant à Luis, il est bien difficile de saisir ce qu'il pense. Mais il n'en faut pas plus à Morgan. Il faut qu'il parte de là. Maintenant. Avant que l'histoire ne se répète et le force à supporter, à nouveau, le poids des conséquences trop volumineux pour ses pauvres épaules. Il ne peut vivre cela à nouveau - il n'y survivrait pas. La gorge sèche, la peur au ventre, le voilà qui se rue vers la porte qu'il a pourtant emprunté quelques minutes seulement auparavant, luttant contre le besoin de l'arracher pour aller plus vite et échapper à ses regards qui le blesse - qui le tue. Partir. Il doit partir. Et [i]loin[/].

À peine la porte s'ouvre-t-elle pour lui dégager le passage que Morgan se faufile dans l'entrebâillement, déboulant dans cette rue toujours si calme qui l'angoisse plus qu'elle ne le rassure. Et il se met à courir, toujours plus vite, fuyant cette pitié luisant dans le regard d'Oliver, fuyant ce garçon qui a réveillé en lui ces douleurs sourdes, terribles. C'est à peine si ses chaussures font du bruit sur les jolis pavés de Joliberges alors qu'il traverse les rues en courant, incapable de se repérer, mais laissant son instinct le guider loin de la source de ses maux. Bientôt, ses poumons le brûle et un point de côté irradie ses côtes, mais il ne s'arrête pas pour autant. Sa course précipitée le mène ainsi jusqu'à une crique qu'il n'avait jamais visité jusqu'à maintenant. Étant donné l'heure matinale, il n'y a personne à l'horizon, ce qui l'arrange bien. Plus que jamais, Morgan a besoin d'être seul. S'il met finalement un terme à sa course, c'est parce que de hautes falaises s'élèvent devant lui, mur naturel encadrant la plage. Sa gorge sèche le brûle, le tiraille, tout autant que ses pieds qui n'ont pas eu le temps de se remettre totalement des talons hauts de l'avant-veille. Mais malgré cette course, Morgan est encore fébrile, bouillonnant de rage. Le haut rocher se dressant devant lui lui jette son ombre à la figure, comme un air de défi. Il n'en faut pas plus pour que le Lougaroc lance son poing, cognant ses phalanges contre la roche, la sentant éclater contre sa peau. Une large fissure vient alors se dessiner sur la surface inégale du haut rocher et, dans un craquement sinistre, il se fend en deux, soulevant un épais nuage de poussière et de sable, que Morgan se prend dans les yeux.

Aveuglé, le rouquin recule de quelques pas, avant de tomber à la renverse, atterrissant sur son séant qui bénit le sable pour avoir amorti sa chute. Ses yeux le brûle, alors son réflexe est de les frotter pour les débarrasser des saletés qui s'y sont infiltrées. Cependant, une douleur aigüe irradie sa main droite et c'est difficilement qu'il ouvre un oeil pour connaître les raisons de son mal. Morgan constate alors qu'il s'est salement écorché le dos de la main, et plus particulièrement ses phalanges qui saignent abondamment. Sa main paraît gonflée d'ailleurs - est-elle cassée ? Cette question met les larmes aux yeux de Morgan. Il a toujours utilisé ses griffes pour se défouler, leur solidité garantie par son type roche ne lui promettant aucune douleur. Mais là, englué dans sa colère, il a mit la même force dans son poing que ce qu'il met dans ses griffes normalement - bien qu'elle se soit décuplée depuis son évolution, ce qui explique pourquoi le rocher s'est fendu et pas seulement fissuré. Résultat, le voilà momentanément privé de sa main droite.

Tremblant, le rouquin inspecte sa blessure, n'osant pas faire pivoter sa main, de peur d'accentuer la douleur. En somme, ça n'a pas l'air si sérieux que ça. Du moins, rien qui ne nécessite des points ou l'intervention d'un médecin. Cependant, Morgan ne pourra pas travailler tant qu'il ne sera pas rétabli. Son contrat est clair : aucune marque n'est tolérée, où que ce soit, quoi que ce soit. S'il se présente à un client avec une main écorchée, ce serait un scandal. Et tout ça n'arrange pas ses finances, qui ne sont déjà pas au bon fixe. Un nouveau sanglot secoue ses épaules alors que le Lougaroc ramène ses genoux contre son torse, nouant ses bras autour de ses jambes, ignorant la douleur fulgurante irradiant sa main. Encore une fois, il a fallu qu'il gâche tout. Oliver paraît pourtant être un brave garçon, Morgan sait très bien qu'il ne pensait pas à mal, qu'il a semé le doute dans son esprit avec ses demi-réponses. Le Zarbi l'a même invité dans ce joli café, comme s'il était un ami cher à qui il voulait faire découvrir ses petits endroits favoris. Ils auraient pu devenir amis … si Morgan n'avait pas été le plus grand des imbéciles. Mais maintenant, c'est trop tard. Il lui a crié dessus devant tout le café. Il lui a offert la honte de sa vie. Comment Oliver pourrait seulement le pardonner ? Une personne censée ne le ferait pas, en tout cas. Et le Zarbi ferait mieux d'être de ces gens-là.

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