Welcome Home ♥ [Pv Azilys]

Adossée contre le mur de la calle, assise sur son lit de fortune, Azilys … dort. Une position peu conventionnelle pour une sieste mais qui convient parfaitement à la jeune femme, habituée à dormir n'importe où et n'importe quand. Un lit douillet, elle n'en a pas lors de ses traques, surtout lorsqu'elles durent plusieurs jours, alors elle s'est habituée au manque de confort au fil des années, tant est si bien que plus rien ne la dérange à présent. Néanmoin, elle doit bien avouer que c'est la première fois qu'elle voyage aussi longtemps dans un bateau. Les rares fois où elle a utilisé ce moyen de transport, c'étaient pour de courtes traversées ou des trajets de deux jours maximum – et bien évidemment, elle avait droit à un vrai lit à bord. Si elle ne peut pas qualifier le voyage comme étant très confortable, elle doit cependant reconnaître qu'elle s'entend pas à recevoir trois repas par jour. Voilà une drôle de façon de traiter des prisonniers, mais elle ne va pas s'en plaindre. Il lui faut des forces si Azilys veut s'échapper une fois à terre. Parce que, pour l'heure, elle sait qu'il lui est parfaitement impossible de fuir. Comment le pourrait-elle, en pleine mer ? Ce serait gaspiller du temps et de l'énergie pour rien. Alors la blonde prend son mal en patience, attendant de retrouver la terre ferme pour établir un plan d'évasion. Mais pour l'heure, elle se contente d'attendre, imperturbable malgré sa situation.

Si Azilys a perdu le compte des jours – faute au soleil qui n'atteint pas vraiment les calles du bateau – elle ne s'en inquiète guère et ouvre un œil distrait lorsque des éclats de voix ravis retentissent depuis le pont. Visiblement, les voilà enfin arrivés à bon port. Désormais bien réveillée, la blonde observe les allers et venus des matelots qui se préparent à jeter l'ancre. Une bonne demi-heure s'écoule avant que, enfin, quelques personnes viennent ouvrir les prisons. Ils n'ont pas l'air d'être des enfants de choeur, surtout avec leurs gros bras, mais Azilys n'est pas impressionnée pour autant. Sans piper mot, elle se laisse guider dans le bateau puis sur la terre ferme qui … n'a rien à voir avec un port classique. Là, des bateaux de toutes tailles et de toutes forment côtoient des dizaines de ponts différents où grouillent tellement de monde qu'elle en a la tête qui tourne. Si elle croise le regard de Jack, elle fait mine de l'ignorer et suit le gorille qui la mène dans les profondeurs de la terre. Décidément, ces vauriens sont plus nombreux et plus organisés qu'elle ne l'aurait cru ! Ca ne va pas être une partie de plaisir de fuir d'ici. Mais qu'à cela ne tienne … Azilys adore les défis.

En attendant, c'est dans une nouvelle cellule qu'on l'abandonne et la blonde roule des yeux – vraiment, cela devient rebondant. Néanmoins, elle ne voit plus aucun de ses hommes. Pourtant, ils ont été mené ici avec elle. Soudain, un cri perce le silence. De toute évidence, certains d'entre eux ont droit à un interrogatoire musclé. Azilys ne peut s'empêcher d'étirer un sourire narquois. Ils sont tellement lâches qu'ils vont tous avouer leur but sans remords. Pourquoi a-t-il fallu qu'on l'envoie en mission avec de tels incapables ? Elle a l'habitude de travailler avec des gens plus intelligents, plus solides. Mais il a fallut qu'elle se trimballe une horde de rattatas stupides. Si ils sont dans cette situation, c'est uniquement de leur faute, pour ne pas avoir suivi ses directives. Ils ont voulu jouer au plus malin avec elle, les voilà désormais qui regrettent sûrement de s'être enrôlé chez Chronos. Si Azilys en avait eu l'occasion, elle leur aurait à tous tranché la gorge pour s'assurer qu'ils ne parlent pas, mais c'est trop tard. Mais tant pis, ce n'est pas comme s'ils étaient vraiment au courant des plans de Chronos. Ce ne sont que des pions, de la chair à canon à peine conscients de leurs propres actions. Ce n'est pas de leur bouche que ces voleurs risquent de beaucoup en apprendre.

Azilys attend presque sereinement son propre interrogatoire lorsqu'une voix devenue bien trop familière s'élève dans la pénombre. Elle reconnaît aussitôt ses cheveux roux et, l'instant d'après, Jack se tient dans l'encadrement de la porte, presque ravi de la voir. Si la joie qui semble illuminer son visage donne un haut-le-cœur à la chasseuse, elle reste pourtant muette.


Un traitement de faveur, hein ? En quel honneur ? Parce qu'elle est une femme ? Si Azilys a d'abord envie de lui cracher à la figure, elle ne peut cependant pas rater cette chance de « revoir la lumière » comme il le dit si bien. Elle ignore bien où il compte l'emmener mais c'est une occasion en or pour en savoir plus sur son nouvel environnement. Alors la blonde ravale ses insultes et ses noms d'oiseaux, consciente qu'elle doit éviter de le caresser à rebrousse-poil si elle veut sortir de là. D'autant plus que la simple idée de pouvoir, enfin, prendre une bonne douche lui apparaît comme la plus belle des promesses. Si cette histoire de menottes la ravie guère, elle comprend qu'elle doit s'y plier si elle veut mettre un pied hors de sa geôle. Alors elle tend le poignet sans parvenir à cacher sa grimace – être ainsi enchaînée à un homme pareil, c'est l'une des pires choses qui puisse lui arriver. Mais qu'à cela ne tienne, s'il tente quoi que ce soit de répréhensible, elle lui fera aussitôt regretter. C'est ainsi attachée au rouquin par les bracelets de fer que Azilys quitte finalement sa cellule et ce sous-sol sombre et désagréable. Si elle n'y est pourtant pas restée très longtemps, les rayons du soleil l'éblouissent, la forçant à plisser les yeux. Elle ignore où elle est, mais ce n'est sûrement pas le ciel de Kalos ni d'Unys qui s'étend au dessus de sa tête …

Marchant dans les pas de Jack, Azilys observe tout autour d'elle telle une enfant curieuse. Si elle tente de se repérer un minimum, elle peine sincèrement à reconnaître son environnement. D'autant plus qu'il y a trop de monde pour qu'elle puisse avoir une idée fixe des lieux. Frustrée, elle se contente finalement de regarder simplement, à la fois curieuse et déboussolée. Tout ceci semble bien plus organisée et structurée qu'elle ne l'aurait cru. Ils ne sont finalement pas qu'une petite bande de voyous sans foi ni loi. Et cette constatation est aussi intéressante qu'effrayante. Qui sait de quoi ils sont capables. Après tout, Jack a tué un sbire sans le moindre remords. Elle qui l'a toujours prit pour un imbécine sans cervelle réalise désormais qu'elle l'a sûrement prit un peu trop à la légère. Et pourtant, à le voir comme ça, il n'a l'air que d'un dépravé trop sûr de lui. Le genre de gars à qui Azilys aime donner des leçons corsées, qui leur font passer l'envie de jouer avec elle. Si le rouquin n'a encore rien tenté avec elle, cette attention qu'il lui offre a de quoi lui permettre de se poser des questions. S'il espère quelques bons moments en sa compagnie, il peut bien se brosser. Azilys n'est pas de ces filles-là. Et ça, il le comprendra bien vite.

Perdue dans ses pensées, la jeune femme réalise finalement qu'ils sont arrivés aux douches tant désirée. D'abord septique, elle est rassurée quand il la libère de sa menotte – il n'est finalement pas si pervers que ça. Cependant, il compte sûrement camper devant la porte pour s'assurer qu'elle ne s'enfuit pas … ce qui est plutôt attendue, en somme. Sans mot dire, Azilys pénètre dans la pièce et réalise qu'il s'agit-là de douches communes. Pas que cela la dérange en soi, elle a l'habitude d'avoir peu d'intimité lorsqu'elle est en mission. D'autant plus qu'il n'y a personne à la ronde. Alors elle se déshabille et rejoint la première douche, impatiente de sentir l'eau couler sur sa peau. Elle en profite même pour laver ses cheveux, salis par son expédition en montagne et ces jours en bateau. Si Azilys ne se presse pas, elle ne s'attarde pas pour autant. Une fois lavée et sèche, elle enfile la robe qu'on lui a visiblement très gracieusement prêtée. Et elle se sent bien plus à l'aise ainsi qu'avec le jogging précédent ! D'autant plus que la robe est noire, fine et légère, parfaite pour ne pas avoir chaud. Ce n'est qu'après avoir noué ses cheveux encore légèrement humides en queue de cheval haute avec son ruban bleu qu'elle sort finalement de la salle de douche commune.


Est-ce parce qu'elle a aidé la petite Tiplouf a soigné cet homme ? Ils doivent pourtant se douter qu'elle ne l'a pas fait de gaieté de cœur. Il aurait bien pu mourir que ça lui aurait fait ni chaud ni froid. Alors pourquoi ? Y aurait-elle une meilleure raison que cela ? Azilys est bien curieuse de le savoir ...

Qu'à cela ne tienne, qu'importe le temps qu'elle devra attendre, Azilys compte bien fuir cette île d'une façon ou d'une autre. Jusqu'à maintenant, elle a toujours su se tirer des pires situations, il n'y a aucune raison pour que cette fois soit l'exception qui confirme la règle. La chasseuse n'a beau avoir que dix-neuf ans, elle a un vécu important au sein de Chronos et, surtout, auprès de son oncle Oscar. Des missions dangereuses, des coups fourrés, elle en a vécu plus qu'on ne le croit. Et si elle est encore vivante aujourd'hui, c'est bien parce qu'elle est animée d'une motivation farouche, qui lui permet de se tirer de tous les faux-pas. Son cerveau, constamment en ébullition, fomente toujours des plans efficaces qui lui garantissent la liberté. Certes, c'est bien la première fois qu'on la tient prisonnière sur une île artificielle perdue au beau milieu de l'océan. Mais le challenge est plaisant – pour peu, Azilys s'amuserait. Après tout, ces gens-là ne s'amuseront pas à la tuer, n'est-ce pas ? Elle est plus utile vivante, quand sa bouche est encore capable de cracher des informations. Et quand bien même ils en décideraient autrement, ce supplice n'effraie pas vraiment Azilys. Elle est habituée depuis toute petite à garder ses lèvres closes, à ne jamais vendre la mèche. Et ce n'est pas maintenant que ça va commencer.

Alors la blonde est prête à prendre son mal en patience. Ca ne peut pas lui faire de mal, de toute façon. Et en observant leur mode de fonctionnement de l'intérieur, elle en apprendra beaucoup concernant ces drôles de personnages. A commencer par Jack, qui ne semble pas décidé à la lâcher d'une semelle. D'ailleurs, il semble représenter une certaine figure d'autorité, puisque tout le monde le salue sur son passage, du respect brillant au fond de leurs yeux. Ainsi donc, elle est plus en sécurité en sa compagnie que partout ailleurs. Alors même si elle ne le porte pas dans son cœur, elle comprend bien qu'il est plus avisé de marcher dans ses pas. Avec un petit peu de chance, il aura la langue bien pendue. En tout cas, comme elle s'y attendait, Jack l'attend gentiment derrière la porte, riant même à sa question pourtant si légitime. Il se contente pourtant de lui remettre la menotte au poignet, lui conseillant seulement de se laisser porter. Si Azilys fronce les sourcils, il ne semble pas s'en indigner outre mesure, reprenant tranquillement sa route, les mains dans les poches. La chasseuse est donc obligée de demeurer très proche de lui pour ne pas que sa menotte soit trop inconfortable. Ce qui ne la ravie guère, mais ce n'est pas comme si elle avait vraiment le choix.

Ainsi avancent-t-ils sans échanger un traître mot, Jack se contentant de lui jeter des petits regards de temps en temps. Si Azilys y répond par des œillades sévères, la plupart du temps, elle est bien plus intéressée par ce qui se passe autour d'elle. Si l'île est empêtrée dans une luxuriante végétation, elle s'offre toutes les commodités pour un confort de vie optimal. Et lorsque Jack l'entraîne dans les escaliers menant à une piste d'atterrissage où trônent quelques hélicoptères, la chasseuse n'en croit pas ses yeux. Ils sont vraiment très bien équipés. Mais pour quoi faire ? Jusqu'à maintenant, elle ne les a toujours considéré que comme une bande de vauriens sans foi ni loi, des pirates comme dans les films de son enfance. Et pourtant, tout cet équipement commence à lui faire réaliser que ce n'est pas que ça. Qu'ils ont d'autres motivations en tête, qu'ils ne sont pas d'innocents petits voleurs à la sauvette. D'ailleurs, Azilys ignore toujours pourquoi ils sont allés se perdre dans les montagnes enneigées d'Auffrac-les-Congères. Que recherchaient-ils, là bas ? Ont-ils mit la main dessus, d'ailleurs ? Et surtout, qu'est-ce qu'ils peuvent bien avoir à faire avec Chronos ? A moins qu'ils ne soient une branche indépendantes d'Avalon ? Tant de questions qui brûlent les lèvres d'Azilys …


Azilys lève les yeux au ciel, agacée par ses élucubrations grotesques. Bien sûr qu'elle cherche à fuir, n'en ferait-il pas de même à sa place ? En tout cas, comme Jack le dit si bien, ils sont bel et bien au milieu de l'océan. De l'eau s'étend jusqu'à la ligne d'horizon, quel que soit par quel côté elle regarde. Si elle veut mettre les voiles, sans mauvais jeu de mot, c'est justement par voie maritime. Or, Azilys ne sait absolument pas manœuvrer un bateau, que ce soit une simple barque comme un plus grand bâtiment. Autant elle maîtrise toute sorte de véhicules terrestres, autant le reste … Ce qui n'est pas vraiment étonnant, puisqu'elle a grandi dans le nord d'Unys, au milieu des montagnes et des campagnes. Lorsqu'elle avait besoin d'un bateau, quelqu'un le conduisait pour elle. Et maintenant, elle regrette bien de ne pas avoir prit des cours de navigation à Vaguelone, parce que ça lui aurait été vraiment très utile. Enfin, elle trouvera bien un autre moyen. D'une façon ou d'une autre, elle faussera compagnie à ces bandits, elle s'en fait la promesse.


Et il se laisse tomber sur le sol, s'asseyant comme pour prendre un bain de soleil. Azilys est obligée de l'imiter pour ne pas avoir à rester le dos courbé à cause de la menotte. Néanmoins, elle prend une certaine distance, autant que peut lui en offrir la chaîne reliant les deux bracelets de fer. Ramenant ses genoux vers sa poitrine, elle frissonne lorsque l'air marin, parfumé à l'iode, vient caresser ses cheveux humides et sa peau découverte. Elle doit bien l'avouer, le panorama est magnifique. Et pourtant, elle est emprisonnée dans une cage dorée, comme un oiseau trop rare pour le laisser s'envoler. Pendant un instant, Azilys pense à Rosie, qui doit l'attendre à l'auberge, inquiète de ne pas la voir revenir. Sa vieille aubergiste a toujours considéré la blonde comme sa propre fille et, pour cause, c'est elle qui l'a élevé. Elle aimerait pouvoir la rassurer, lui promettre que tout va bien mais … bien évidemment, c'est impossible. C'est pourquoi il est si important pour elle de rentrer au plus vite. Rosie a déjà perdu son époux, Azilys ne veut pas qu'elle souffre davantage de sa solitude. Au moins, Calev est à ses côtés. Elle sait qu'il la protégera coûte que coûte. Mais qu'ils ne s'inquiètent pas. Elle reviendra très bientôt.


Bien sûr, qu'elle déteste les Pokémon. C'est l'un d'eux qui a tué Léon qui a mutilé son corps comme une vulgaire pièce de viande. Et puis, n'est-ce donc pas l'ordre naturel des choses ? Les Pokémon sont sur cette Terre pour servir les Hommes, c'est ainsi depuis la nuits des temps. Pourquoi est-ce que cela changerait ? Parce qu'ils possèdent une enveloppe humaine, désormais ? Qu'est-ce que cela change ? Un monstre reste un monstre. Et dire que certains humains se marient avec … ont des enfants avec ! Cette simple idée donne la nausée à Azilys. Pour elle, de telles choses ne diffèrent absolument pas de la zoophilie. Cet homme assit à ses côtés à beau ressembler à un humain, il n'est en vérité qu'une bête sous un déguisement. Une bête qui mériterait d'être dressée, d'être remis à sa place. Tout serait bien plus facile si les Pokémon acceptaient de voir la vérité en face et qu'ils acceptaient de prendre la place qui leur est du dans la hiérarchie. Mais non, ils se rebellent, ils se défendent, tentant vainement d'échapper à leur destin. Qu'à cela ne tienne, ils comprendront un jour. Quand ils réaliseront à quel point ils sont dépendants de l'Homme, à quel point leurs vies sont insignifiantes. Et ce jour-là, Azilys espère bien être aux premières loges de ce magnifique spectacle.

La brise marine caressant ses joues, Azilys se perd un instant dans les souvenirs de son enfance, lorsque Léon et Christa l'emmenaient se baigner à Vaguelone les après-midi d'été. Cela n'arrivait pas souvent, puisqu'ils leur étaient impossible de laisser l'auberge seule trop longtemps, mais ça rendait ces moments plus précieux encore. Azilys se revoit petite fille, à peine âgée de sept ou huit ans, se jetant dans les vagues sans la moindra appréhension. Elle savait que, de toute façon, ses tuteurs la surveillait de près, et qu'elle n'avait donc rien à craindre. Lorsqu'elle quittait l'eau salée pour jouer sur le sable, elle fabriquait avec Léon d'imposants châteaux aux façades décorées de nombreux coquillages. Azilys adorait les collectionner, elle remplissait toujours ses seaux de multiples coquilles abandonnées pour décorer ses constructions de sables ou même fabriquer quelques colliers, qu'elle distribuait aux résidents de l'auberge. C'était une époque douce, innocente, que la blonde regrette parfois. En ce temps-là, elle n'avait pas conscience de la laideur du monde et des dangers multiples guettant dans l'ombre. A huit ans, tout nous paraît beau, merveilleux, impressionnant. Mais cette innocence finit par mourir à petit feu, parfois même plus rapidement qu'on ne le croit.

Le regar dans le vague, Azilys suit des yeux la course de quelques petites fourmis grouillant sur le bitume. Etant donné la végétation embellissant l'île, il n'est pas étonnant d'y retrouver quelques petits insectes profitant pleinement de cet habitat. Somme tout, il semble faire bon vivre ici, pour les animaux comme pour les humains ou les hybrides. Pour peu, Azilys se laisserait même charmer. Mais hors de question de se faire avoir si facilement. Elle est en territoire ennemi, elle ne doit surtout pas l'oublier. Alors elle s'arrache à la contemplation des fourmis, tournant plutôt la tête vers Jack. Ce dernier est justement en train d'enlever son bandeau sur son œil, dévoilant une plaie certes soignée mais tout de même sacrément impressionnante. Et pourtant, Azilys en a vu des blessures dans sa vie. Elle se demande bien ce qui a pu arriver à Jack pour avoir un truc pareil. Mais dans tous les cas, ça ne la dégoûte pas le moins du monde – des corps écorchés, mutilés, elle en a vu bien plus qu'elle ne peut encore en compter. Tant est si bien que plus rien n'est à même de la perturber, désormais.


Azilys lève les yeux au ciel. Pourquoi vouloir lui poser des questions, dans ce cas ? Même hors du cadre de ce petit jeu de questions-réponses, rien ne garantie à Jack qu'elle lui dise toute la vérité. Il doit bien se douter que jamais elle ne lui fournirait la moindre information à son sujet, ou même concernant Chronos. Pourtant, elle était sincèrement prête à faire un effort, s'il le faisait aussi. Du donnant-donnant, tout simplement. Pourtant le voilà qui se met à parler, disant qu'il n'est qu'un simple membre sans position hiérarchique si importante que ça. Cela dit, Azilys a bien du mal à y croire. Elle a vu les courbettes respectueuses que certaines personnes lui adressait sur la route, qu'il n'essaie pas de lui faire croire qu'il n'est pas si important que ça. Si déjà il essaie de lui mentir, comment espère-t-il qu'en face, elle fasse preuve d'honnêteté ? La chasseuse n'est pas une imbécile, elle sait très bien lorsque l'on essaie de noyer le poisson. Et malheureusement pour Jack, elle ne croit pas un mot de ce qu'il vient de lui raconter. Cela dit … elle sait qu'il est inutile d'insister. Qu'il se complaise dans son mensonge – Azilys en tirera forcément parti plus tard.

D'ailleurs, le voilà qui enchaîne avec une promesse de repas … Pourquoi ce brusque changement de sujet ? Ce n'est pas comme si elle tenait vraiment à ce qu'il tienne sa promesse. Qui sait quelle cochonnerie il serait capable de glisser dans son assiette. Bon, jusqu'à maintenant, la nourriture n'a présenté aucun danger mais il suffit de baisser sa garde une fois pour y laisser des plumes. Azilys se contente donc d'un lourd regard suspicieux, lui faisant bien comprendre que cette promesse ne lui inspire guère confiance.


Combien ont essayé de gagner son cœur en usant de gammes et de proses, par le passé ? Beaucoup trop. Malheureusement pour elle, son sang de Valentini en fait un parti de choix, que de nombreux héritiers fortunés voudraient s'arracher. D'ailleurs, si elle avait écouté son père, Azilys aurait la bague au doigt depuis bien longtemps. Mais il est hors de question pour elle de devenir l'épouse de qui que ce soit – et surtout pas d'un fils à papa qui pense que l'argent est la seule richesse importante dans ce monde. De toute façon, Azilys est hermétique à l'amour. Ce n'est pas quelque chose qu'elle recherche, qu'elle désire. Elle a bien eu quelques relations par le passé, mais rien que l'on puisse qualifier de sérieux. De toute évidence, elle n'a aimé aucun des garçons avec qui elle est sortie. Ils n'étaient des passe-temps, des trompes l'ennui, l'occasion de soulager des besoins naturels ou seulement des petits toutous bien élevés répondant à la moindre de ses demandes. Mais elle a mit un terme à tout cela lorsqu'elle a terminé le lycée, s'abandonnant corps et âme dans son travail. Et depuis, la présence d'un homme à ses côtés ne l'intéresse guère. Pire, ça a même tendance à la dégoûter.


Même les sbires qu'ils s'amusent à cuisiner dans les sous-sols de l'île ne connaissent pas vraiment sa position au sein de Chronos. Il faut dire qu'elle n'est pas spécialement définie. Azilys travaille bien plus pour son oncle que pour ce cher monsieur Weiss. Lorsqu'elle est demandée par ce dernier, c'est pour des missions bien spéciales dans lesquelles ses compétences sont requises. C'est pourquoi c'est elle que l'on a chargé de retrouver le bateau volé : ses compétences de traqueuse leur auraient permit de mettre la main sur les voleurs en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Mais encore fallait-il la gâter de sbires compétents, et pas d'une bande de bleus qui se prennent pour les rois du monde en ignorant les ordres. Or donc, les idiots survivants peuvent bien vomir tout ce qu'ils savent concernant Chronos, ils n'offriront à ces pirates absolument rien la concernant. De toute façon, ils étaient bien trop bas dans la hiérarchie pour disposer d'informations importantes. La seule parole qui vaut de l'or ici, c'est celle d'Azilys. Et malheureusement pour eux, elle sait parfaitement bien tenir sa langue. Après tout, elle baigne dans ce monde depuis sa plus tendre enfance. Ce n'est donc pas elle qui va paniquer et vendre la mèche, loin de là même.

Si Azilys se doit d'être parfaitement honnête … elle se fiche pas mal de Chronos et de ses ambitions. Leur pseudo volonté d'asseoir une domination totale sur les Pokémon, la blonde n'en accorde aucun crédit. Et si vous voulez son avis, elle doute bien qu'ils puissent y parvenir un jour. La population hybride est trop importante pour qu'une poignée d'humains suffisent à les garder sous leurs jougs. D'autant que ce monde est peuplé d'êtres aux ambitions plus utopiques, plus pacifistes, qui se chargeront toujours de leur mettre des bâtons dans les roues. Chronos a beau avoir une certaine influence sur Unys, ça ne reste qu'une région parmi les autres, soit un septième du monde. Ce qui ne représente pas grand chose. D'autant plus qu'à Hoenn, l'influence d'Avalon est si forte qu'il est difficile pour les membres de Chronos d'y mettre les pieds sans risquer gros. Et Azilys l'a vérifié par elle-même : ils ne font pas long feu loin de chez eux. Personne ne viendra les défendre, hors de leur zone de confort. Dans le froid d'Auffrac-les-Congères, les pirates les ont mit à mal en deux temps trois mouvements, sans que personne ne le remarque. Si Azilys ne garde aucun arrière-goût amer de cette défaite – c'était couru d'avance avec des sbires aussi incompétents – elle ne peut pourtant s'empêcher de se dire que, à Unys, ça se serait passé différemment.

Enfin, qu'importe ce qu'elle pense, cela ne change strictement rien à sa situation. Si ces gens l'ont enlevé, c'est parce qu'ils pensent pouvoir lui soutirer quelques informations. Dommage pour eux, elle ne dira rien. D'ailleurs, serait-elle toujours aussi intéressante s'ils savaient à quel point sa place même au sein de Chronos est sujet à polémique ? Après tout, elle n'obéit pas aux hauts membres de l'organisation. Quand elle est dépêchée pour une mission, c'est parce qu'elle l'a accepté, mais qu'on lui a ordonné quoi que ce soit. Azilys est un électron libre, et elle se permet bien de le rappeler dès qu'elle en a l'occasion. Le seul en droit d'exiger quoi que ce soit d'elle, c'est son oncle – et lui uniquement. Parce que c'est pour lui qu'elle travaille. Alors certes, Oscar lui-même est en étroite collaboration avec Chronos, mais c'est encore une toute autre histoire. Histoire qu'elle ne compte évidemment pas raconter à Jack, bien entendu. Qu'importe ce qu'il peut dire, qu'importe ce qu'il peut faire, il n'obtiendra rien d'elle. Alors ses belles paroles et ses chemins détournés, il peut se les mettre où elle pense. Elle n'est pas de ces filles qui délient la langue à la moindre flatterie – bien au contraire, même. Plus on essaie de la charmer, plus Azilys se referme comme une huître.

Alors Jack peut bien essayer de lui faire croire ce qu'il veut, tout ce qu'il dit lui rentre par une oreille pour ressortir par l'autre. Ses histoires de simple membre, elle n'y croit pas une seule seconde. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle compte lui tirer les vers du nez. En vérité, sa position au sein de ce groupe de voyous, elle s'en fiche sincèrement. Tout ce qu'elle veut, c'est rentrer chez elle le plus vite possible. Alors s'il n'a rien à lui apporter, la chasseuse ne compte pas perdre son temps avec lui. Pour le moment, elle est bien obligée de supporter sa désagréable compagnie mais elle espère bien que ça ne durera pas longtemps, sinon elle aura tôt fait de l'étrangler avec la chaîne reliant leurs menottes.


Au simple terme « amoureux », une grimace vient déformer le visage d'Azilys. Penser un seul instant qu'elle puisse l'apprécier autant lui donnerait presque la nausée. Pour peu, elle est même tentée de se décaler encore un petit peu. Mais elle refuse de s'y résoudre, fière, orgueilleuse. De toute façon, il n'oserait rien lui faire. S'il avait eu à profiter d'elle, il l'aurait sûrement fait depuis longtemps. Et qu'à cela ne tienne, la blonde sait très bien se défendre. Il n'y a pas si longtemps, elle n'a pas hésité une seule seconde à briser le bras d'un type un peu trop tactile avec elle. Si la chasseuse n'est pas du tout une vierge effarouchée, elle n'accepte pas que l'on puisse réclamer quoi que ce soit d'elle. Cette sexualisation de la femme lui est vraiment insupportable. Néanmoins, il faut bien avouer qu'elle n'hésite pas à en jouer quand cela est utile. Il est si facile de tout obtenir d'un homme lorsqu'on fait du charme. Bien évidemment, Azilys sait que ça ne fonctionnera pas avec un type comme Jack. Etant donné son aplomb naturel, il est certain qu'il ne se laisse pas berner par de belles paroles ou des gestes tendres. Mais peut-être y a-t-il des types plus faibles parmi cette bande de joyeux lurons . Si la blonde a moyen d'obtenir un bateau en échange de quelques mots doux, elle n'hésitera pas un seul instant. La fin justifie les moyens, comme on dit !

Répondant au sourire de Jack avec un froncement de sourcils courroucé, elle se contente de détourner la tête d'un air désintéressé lorsqu'il lui donne la permission de le questionner le concernant. Elle n'a aucune envie d'en apprendre davantage sur lui, surtout en sachant que le pourcentage de chance pour qu'il soit honnête est vraiment très bas. Quel intérêt aurait-elle à faire copain-copain avec lui ? Aucun. Alors pourquoi perdre son temps en papotage inutile ? Et semblant comprendre qu'il n'obtiendrait strictement rien d'elle, le rouquin finit par se lever, l'obligeant à l'imiter. Si elle grommelle un peu, Azilys est contrainte de le suivre alors qu'il se dirige vers les escaliers, quittant cet endroit pourtant fort agréable mais un peu trop exposé au vent frais de la mer.


Si le regard de Azilys en dit long, elle reste muette et prend aussitôt la tête, bien décidée à profiter de cette semi-liberté. Tout en dévalant les marches, son cerveau tourne à plein régime. Qu'est-ce qui l'intéressait sincèrement de visiter ? Le port – mais c'est beaucoup trop évident, trop suspect. Jack se doute déjà que son objectif principal est de leur fausser compagnie, inutile d'emmener davantage d'eau à son moulin. Non, Azilys doit être ingénieuse et mettre son nez dans des endroits stratégiques. Simplement … comment trouver son chemin dans cet endroit qu'elle ne connaît pas ? Si elle se rappelle très bien du chemin qui les a mené ici, elle ignore quelle direction prendre désormais. Alors elle se fit à son instinct, prenant à droite après les escaliers. Elle débouche ainsi sur une large terrasse où quelques personnes boivent tranquillement en papotant gaiement. Certains jouent aux cartes, étalant leur jeu devant leurs camarades, raflant quelques pièces après un bon coup. D'une certaine façon, se fondre dans la foule serait une façon très intéressante de comprendre leur mode de vie et même leurs motivations. Mais l'odeur d'alcool est vraiment désagréable et Azilys doute pouvoir la supporter bien longtemps. Cela dit … elle ne perd rien à y faire un petit tour. Si quelques regards intrigués se tournent dans leur direction, la blonde n'en a cure, se contentant d'observer les horizons sans mot dire.

Finalement, son regard se perd en contrebas, où elle aperçoit les différents navires flottant tranquillement dans le port. Il y en a tellement … et parmi eux, le bateau de Chronos. A le voir là, au milieu des autres, Azilys ne peut s'empêcher d'étirer un petit sourire impertinant. Tout ça pour un misérable bateau. Chronos a vraiment des idées stupides, parfois. Pourquoi ne pas simplement s'en procurer un autre ? Ce n'est pas comme s'ils manquaient de moyen. Mais non, il a fallu qu'on la lance à sa recherche, pour quoi au final ? Azilys n'oubliera pas d'aller remercier ce cher monsieur Weiss pour ses excellentes idées, lorsqu'elle reviendra.