Les temps changent et nous aussi [Pv : Kazu !]

Le faux soupir que Shin poussa et ses paroles arrachèrent un sourire des plus malicieux sur les lèvres de Kazuko. Ce n’était pas faux, pas faux du tout même. C’était vrai qu’elle n’avait jamais eu peur de son ami le dragon blanc. Pourtant, il y aurait eu de quoi vu la différence de taille entre les deux. Reshiram était si impressionnant, si majestueux, si... grand. En comparaison avec elle qui était si petite et mignonne, il y avait de quoi avoir peur. Mais elle n’avait jamais ressenti la moindre angoisse à ses côtés. En fait, peu de choses l’effrayaient dans ce monde. Même si en apparence elle avait l’air fragile, Mew était loin de l’être. Et elle ne se laissait jamais impressionner par quoique ce soit. Ou qui que ce soit. Alors non, Reshiram ne l’avait jamais effrayé et il le savait bien puisqu’à cause de ça elle n’avait pas arrêté de le coller et de l’enquiquiner... Le pauvre. Mais, heureusement, il savait qu’elle n’était pas méchante. Que c’était juste dans sa nature malicieuse et coquine.

La jeune femme pouffa quand le dragon hybride l’appela maman comme s’il était un enfant pris en flagrant délit. Ce qui était peut-être un peu le cas, d’ailleurs, vous ne trouvez pas ? Jouant le jeu, Kazuko agita son doigt comme un sermon, même si son sourire étiré de tout son long prouvait qu’elle ne pouvait pas rester sérieuse dans ces circonstances. Ce qui était bien normal, après tout. En tout cas, cela faisait plaisir de voir Reshiram s’amuser autant. Elle ne s’en lasserait jamais maintenant qu’elle pouvait assister à ce spectacle qui était si rare autrefois. Espérons qu’il ne changerait pas à nouveau. Elle n’était pas sûre de pouvoir s’y habituer une deuxième fois. L’évolution était nécessaire dans ce monde, mais il y avait quand même des limites à ne pas franchir. Des changements trop soudains, trop brutaux ne devaient pas exister trop souvent. Pour l’équilibre du monde, de l’univers. Même si Arceus avait toute la confiance de la petite légendaire, elle n’était pas sûre de pouvoir lui pardonner s’il chamboulait encore une fois les choses. Même si c’était pour le bien de tous, les conséquences n’étaient pas à prendre à la légère. Le monde en avait été après tout bien bouleversé. Enfin, difficile de savoir si les choses auraient été mieux ou pires si elles étaient restées comme avant. Père savait sans doute mieux que quiconque ce qu’il avait à faire. Et ce n’était pas à ses enfants de le juger. Mais si eux ne pouvaient pas le faire, alors qui le pouvait ? Pas facile tous les jours d’être légendaire...

Les bras de Reshiram la serrèrent alors et elle se laissa aller contre lui, savourant simplement la chaleur qui se dégageait de son vieil ami. Ces moments de tendresse étaient précieux et la Mew ne s’en laissait décidément pas. Ses paupières se fermèrent un instant tandis qu’elle savourait cette étreinte qui ne durerait pas. Et, en effet, les paroles de Shin la ramenèrent dans la réalité. Ses yeux se rouvrirent et un sourire triste fleurit sur ses lèvres quasiment aussi roses que ses cheveux.

- Les humains évolueront toujours. Pour le meilleur comme pour le pire... C’est vrai que leur vie est très courte en comparaison de la nôtre, mais eux au moins savent avancer droit devant eux. Ils ont toujours su aller de l’avant...

Les souvenirs frappèrent la légendaire et elle ferma à nouveau les yeux, mais cette fois c’était plus pour oublier que pour savourer. Car la mémoire était autant une bénédiction qu’un fardeau, hélas... Elle ne les rouvrit que quand elle sentit le sol sous ses pieds et ils se posèrent sur le toit de l’immeuble sur lequel le dragon venait de se poser. Un sourire fleurit à nouveau sur ses lèvres, heureusement plus heureux et amusé que le précédent, comme si la Mew ne pouvait pas oublier sa nature profonde.

- Très bonne idée. Je pourrais te faire visiter mon village comme ça. Et se raconter nos vies autour d’une tasse de thé ou de chocolat de chaud ! Et j’espère bien que tu n’es pas resté coincé dans ta grotte comme un homme des cavernes.

L’espièglerie dans sa voix se faisait clairement entendre et elle lui donna une boutade amicale avant de rougir un peu à cause du baiser déposé sur son front. Elle savait que ce n’était qu’un geste d’affection réservé à une amie, à une sœur, mais sa partie humaine faisait que ce genre de choses la gênait beaucoup plus qu’autrefois. Elle se dégagea alors en douceur, se détournant pour faire semblant de contempler l’horizon, ne voulant pas qu’il découvre sa gêne. Sans nul doute, il se moquerait de ses joues rouges si elle lui en laissait l’occasion. Un rire lui échappa et elle ne put s’empêcher de se retourner pour lui adresser un regard malicieux et légèrement moqueur.

- Monsieur a de la peine avec la technologie ? Pauvre chou.

Ses paroles étaient bien plus malicieuses que méchantes, cela se voyait et s’entendait clairement. Et difficile d’en vouloir à la jeune femme qui avait en ce moment une main dans ses cheveux rose balayés par le vent et qui lui souriait avec tant de tendresse et d’affection.

- Venant du dragon de la réalité, c’est un peu ironique, tu ne trouves pas ? Ces choses existent depuis longtemps et font parti de la réalité des humains depuis plusieurs siècles si j’en crois leurs manuels d’histoire... Mais je suppose qu’un dragon géant a besoin de temps pour s’y faire.

Elle lui adressa un clin d’œil avant de commencer à léviter à nouveau. Sa longue et fine queue rose apparut alors dans son dos tandis que deux petites et adorables oreilles de la même couleur se dressaient sur sa tête. Volant jusqu’au jeune homme, elle lui ébouriffa tendrement les cheveux avant de déposer à son tour un baiser sur son front, sans jamais toucher le sol.

- Tu es le bienvenu au Bourg Palette. Tu reconnaîtras facilement ma maison, c’est la plus rose du village. A bientôt... Reshiram. Je suis contente de t’avoir revu. Et tu as intérêt à faire attention à toi, je veux que cette blessure soit guérie la prochaine fois que je te vois, compris ? Plus d’imprudences non plus, on est d’accord ?

Elle lui adressa un dernier sourire et un signe de main joyeux avant de disparaître grâce à une attaque téléport soigneusement effectuée. C’était quand même pratique d’être un pokemon psychique, vous ne trouvez pas ? Et parfois moins fatiguant que de voler pendant des heures, à condition de ne pas en abuser. Ah, cette journée resterait gravée dans sa mémoire pendant longtemps... Pour l’infinité du temps.