The madman and the low can create strong links [ft Fenrir et Desmond]

Une lueur, un espoir, une lumière était percevable, tendant la main j'essayais de l'attraper, j'avais beau courir, elle me paraissait toujours aussi loin et disparaissait petit à petit jusqu'à ce que je me retrouve dans le noir complet face à mes peurs et mes angoisses. Je me réveillais en sursaut sentant de nouveau le sol désagréable. Je revenais à la dure réalité et j'essayais de me remettre de mon cauchemar... Ne pourrais-je donc jamais obtenir cette lumière ? Avoir la liberté ? Je ne le mérite pas de toute façon... Et me voilà à encore me plonger dans mes mauvais souvenirs, je suis pitoyable, c'est à cause de cela que je fais des rêves comme cela. Je resserrais mes jambes contre moi mettant mes bras autour et posant ma tête sur mes genoux, j'en avais assez, je voulais que tout s'arrête, ce matin-là je n'étais vraiment pas en forme. La faiblesse m'envahissait, me voilà encore plus misérable que d'habitude. Mon maître arrivait et je compris vite que je devais me préparer, sans hésiter je me levais, il ouvrait cette maudite cage dans laquelle je suis enfermée pour m'emmener. Je devais accomplir une nouvelle mission et aujourd'hui j'allais me retrouver avec un autre esclave, un « coéquipier ». Je suivais mon maître et nous arrivions dans une bâtisse où je n'étais jamais allé auparavant. J'allais rencontrer un fameux chirurgien et son esclave, mon maître me décrivait cet homme comme quelqu'un de très intelligent et fou mais, qui faisait bien son travail. Apparemment ils se connaissaient assez bien, cela ne m'étonnait pas, il avait un tas de connaissances. Je rentrais dans la demeure, dans ce lieu inconnu.

Je me retrouvais en face de lui, mon maître lui parlait avec aisance, je n'étais pas vraiment à l'aise. Je sentais que le regard de cet homme soi disant « fou » m'observait, je n'aimais pas vraiment cela. Je scrutais autour de moi et mon regard se pose sur une silhouette, un jeune homme aux cheveux rouge ardent et aux yeux couleur ambre, sa large cicatrice me fit reculer légèrement. Pas qu'il faisait peur, cependant, cet homme était imposant pour moi, j'ai senti un certain complexe d'infériorité. Observant ses attributs d'hybrides, je compris rapidement qu'il s'agissait d'un zoruark. Comme quoi pour être un hybride zorouark on n'est pas obligé d'avoir les yeux bleus et une chevelure noire. Ses yeux étaient... Très beaux, je ne tiens pas à le cacher, son regard m'envoûtait un peu et son visage me rappelait le crépuscule, j'avais quelques idées de dessins et j'avais peur d'oublier durant la journée. Une certaine curiosité m'envahissait... Etait-il très fort ? D'où venait cette cicatrice ? J'étais intriguée et j'essayais de me retenir de les lui poser, ce serait impoli. Mon maître se tourna vers moi :

«Présente-toi donc.»

«Bien. Je me nomme Rose Evergarden, je suis un psystigri shiny. Ravie de faire votre connaissance.»

Suite à mes paroles, je m’inclinais légèrement en guise de salutation, j’ai été élevée pour être polie même avec ceux qui sont responsables de mon malheur. Je me demandais comment l’hybride derrière le chirurgien se nommait puis, mon maître reprit parole :

«Tu ne m’as jamais présenté ton esclave quand j’y pense. Un "sujet" intéressant je suppose.»

De nouveau, je voyais son sourire, comment cet homme pouvait-il sourire avec tout ce qu’il faisait ? Mais, moi n’ai-je pas une certaine ressemblance avec lui ? Non ! Ca suffit, je me devais d’arrêter de penser à cela, je devais rester dans la réalité et éviter de me perdre dans mes pensées à répéter la même chose encore et encore. Je pouvais au moins le remercier, grâce à ses mots, je pourrais en savoir un peu plus sur mon camarade… Camarade oui…Nous souffrons tous les deux, nous tuons tous les deux et nous sommes privés de libertés. Tous ces points communs font de nous des camarades. Mon coéquipier pensait-il la même chose que moi ? Allez savoir, je me pose juste trop de questions.

Des ombres, des ombres géantes, elles s'élevaient au-dessus de moi, elles me faisaient me sentir si minuscule, si petite... L'autre esclave et mon maître étaient imposants pour moi, le chirurgien ne l'était pas lui au moins, cependant à cause de ce que m'avait dit mon maître et à cause de ce qu'il dégageait je n'étais pas à l'aise. Les ténèbres envahissaient mon coeur cependant, quelque chose empêcha cela. Le membre de la Team Chronos fit s'incliner le jeune homme et celui-ci se présenta... Fenrir No.404. Cela m'avait empêché de sombrer, entendre cela m'avait plus ou moins surprise, je savais qu'il y avait des membres de Chronos qui nommaient leurs esclaves avec des numéros cependant, je me rendis compte que c'était vraiment une réalité. C'était horrible, comment pouvait-on traiter les gens ainsi. Je ne saurais dire si c'était de la tristesse ou de la colère que je ressentais mais, je me sentais mal pour Fenrir. Peut-être que moi j'avais dû changer de prénom cependant, je préférais de loin cela. Après tout j'avais gardé le nom de mes parents et c'était un honneur pour moi. Sur ce point-là, mon maître était plus gentil, sans doute pour la première fois j'étais heureuse d'avoir lui comme maître et non celui d'en face. Suite aux paroles de mon maître, le vieillard se mit à raconter le passé de Fenrir, sur comment il l'avait recueilli. Il avait l'air d'être très intéressé par le zoruark et j'avais de la peine pour Fenrir qui avait été recueilli par le chirurgien alors qu'il n'était qu'un enfant, un enfant blessé et sans famille... Cela me faisait légèrement penser à moi. Le vieil homme avait demandé à mon maître comment avait-il fait pour me trouver. Les images de ce jour défilèrent dans ma tête et je regardais l'homme imposant qui me servait de dresseur :

« Mystère n'est-ce pas ? Je l'ai cherché et je l'ai trouvé c'est tout. Une jeune fille sans famille. Cependant, ne va pas croire qu'elle est faible, elle manque encore d'expériences il est vrai et elle n'est pas aussi forte que ce Fenrir cependant elle a déjà tué et ce, très jeune !»

Mon maître me posa ses deux mains sur mes épaules et me fit avancé vers l'étrange maître :

« Je t'avoue qu'elle est très intéressante mais, pas touche ! Mais, si tu le désires, je t'autorise à faire quelques examens. »

A son regard, je compris ce que je devais faire, je m'inclinais de nouveau :

« Ce serait avec plaisir que je vous serais utile. Mon maître m'a néanmoins interdit de mourir vu que je suis un hybride rare alors si jamais vous deviez en faire et que cela mettrait ma vie en danger je serais dans l'obligation de refuser. »

Je relevais ma tête et reculais, mon maître fit signe de les suivre et nous nous installions dans la voiture qui, je devais l'avouer, est bien plus confortable que mon « lit ». Je m'installais à l'arrière et le zoruark s'installait à côté de moi. Je le regardais, plongeant de nouveau mon regard dans le sien, chaque fois que je regardais ses yeux les idées de dessins se bousculaient dans ma tête. Je le fixais et je me disais qu'il était une bonne inspiration bien que pour moi la meilleure des inspirations est la nature. Le véhicule démarrait et je me disais qu'il serait bien d'entamer une discussion, ce silence ne me plaisait pas vraiment, le problème c'est que je ne savais pas comment aborder une discussion. Devais-je lancer un sujet ? Mais sur quoi ? Sur l'art ? Les pokémons ? Sur lui ? Sur moi ? Sur son maître ? Trop de questions. Tout s'embrouillait dans ma tête, en plus ma timidité m'empêchait de parler. Je cherchais dans ma tête un moyen de lancer la conversation... Après un peu de calme dans ma tête j'eus une idée cependant... La pratique était bien plus dur. Je n'osais pas parler, les mots ne voulaient pas sortir de ma bouche. Cet homme plus ou moins imposant me faisait me sentir si petite, si faible. Quel être pitoyable je suis. Je regardais par la fenêtre, me débattant intérieurement pour rompre le silence qu'il y avait entre nous deux. Je pris une grande inspiration et je regardais de nouveau Fenrir, je voyais sa cicatrice et me rappelant des paroles de son maître je me suis fait une hypothèse. Il disait l'avoir trouvé blessé, peut-être que cette blessure date de ce moment-là. Je me demandais comment c'était-il fait cela. Qui lui avait donc laissé cette marque. De nouveau j'étais intriguée, de nouveau je m'intéressais à lui et je me posais des questions indiscrètes. Je le regardais et disais :

« Cette cicatrice date du jour où il vous a recueilli ? »

Je me rendais compte que ma curiosité m'avait joué des tours, je ne voulais pas du tout lui parler de son passé, n'était-ce pas impoli, je me sentais mal :

« Euh... pardon je ne voulais pas dire ça... Monsieur Fenrir vous... Vous êtes si fort que ça ? »

J'avais l'impression d'avoir tout gâché cependant, j'avais parlé et j'avais surpassé ma timidité... C'est bien je suppose. Et puis, au moins, j'avais brisé ce silence pesant que je ressentais, ce même silence que lorsque j'étais dans ma cellule.

Une réaction tout à fait surprenante, parmi toutes les possibilités que j'aurais pues envisagé, celle-ci ne me serait jamais venue en tête. Un rire s'était échappé de la bouche du zoruark, la pensée d'avoir tout gâchée s'était de suite envolée. Ce fut le contraire de ce que je m'étais imaginé. Suite à son rire, un sourire franc apparut sur son visage et cette réaction était dû au titre que je lui avais donné. Le rouge prit alors la parole et me dit comme quoi nous étions égaux, qu'il n'était pas supérieur à moi et que je pouvais l'appeler simplement « Fenrir ». Je n'aurais jamais pensé le faire rire à cause de mes mots, j'hochais la tête et j'écoutai le jeune homme qui répondit à ma question.... Enfin mes questions, car en effet, en premier il répondit à la première que j'avais posée indiscrètement et que j'avais essayé d'éviter. A ces mots, la tristesse refit surface, encore un numéro... Son maître était horrible et... La vérité avait éclaté en même temps que ses paroles. Il n'avait pas été recueilli mais, enlevé par cet homme. Le chirurgien s'amusait-il à mentir comme cela ? En tout cas, d'après Fenrir il n'était pas si fort que ça. Je ne savais as si c'était de la modestie ou non, cependant, ce fut vite à son tour de poser une question :

" Comment une enfant comme toi c'est retrouvée ici ?"

Je le fixais un peu surprise de sa question et mon interlocuteur semblait très gêné par ses propos. Il bégayait et cherchais que dire. Ses oreilles et ses joues étaient rouges et cela me rassura. Il me paraissait moins imposant et pour être honnête, je ressentis un certain soulagement. Il semblait évité mon regard et je me regardais. Après quelques secondes je fis un léger soupir et un sourire prit forme sur mon visage pour disparaître très rapidement :

« C'est normal que vo... Que tu penses que je sois une enfant... Je ne sais pas vraiment si j'ai l'apparence d'une fille de 15 ans mais, je suppose que je parais plus jeune. »

J'avais failli le vouvoyer, il faut dire, mon maître est quelqu'un de raffiné et vu que j'assiste beaucoup à ses discussions et qu'il veuille que je sois polie, il a eu une certaine influence sur moi. Je voulais répondre à l'esclave à côté de moi, cependant, à cause de ma faible mentalité, je me retrouvais de nouveau ensevelit dans mes souvenirs. Je secouais légèrement la tête et je mettais un peu d'ordre dans ma tête :

« Mon maître avait envoyé deux esclaves pour venir me chercher. Je suis un pokémon shiny alors, n'était-il pas normal qu'il veuille un pokémon rare à ses ordres ? Ils ont tué toutes ma famille et moi j'ai.... »

Les mots ne semblaient plus vouloir sortir, mes mains tremblaient et je serrais mes vêtements tout en revoyant cette scène. Mes mains étaient tâchées de sang, je suis un assassin. Voilà ma vraie nature. Je m'étouffais, intérieurement j'étais effrayée par moi-même. Après un silence je repris parole, forçant les mots à sortir :

« J'ai tué un de ses esclaves et l'autre fut tué pas mon maître. Je n'avais... Je n'avais plus d'endroit où aller alors je l'ai suivi. »

J'avais fini et je me sentais soudainement beaucoup mieux, tout mon corps s'est lâché, j'étais soulagée. Comme un poids en moins, je me sentais plus légère. Toutes ces scènes, qui me hantaient, étaient sorties de ma tête. J'avais enfin cessé d'y penser, ce sang que j'avais vu sur mes mains avait disparu. C'était sans doute temporaire et je savais bien que lorsque je me retrouverais de nouveau seule dans ma cellule, j'y repenserais et je reverrais cette couleur rouge.Mes yeux fixèrent de nouveau le zoruark et je fis un triste sourire :

« Désolée... J'ai mis beaucoup de temps à dire un si petit truc. Je suis bien faible... Euh... Fenrir... Vous savez quel genre de mission nous allons faire ? »

Je me suis tout de suite dit que je n'aurais pas dû dire cela, je devais éviter de parler de mission et... Éviter de parler de Chronos tout simplement. Je cherchais très rapidement un sujet de discussion, après quelques secondes je pus trouver :

« Pour être honnête... En vous voyant rougir tout à l'heure je me suis sentie rassurée. Vous me paraissez toujours imposant mais... Euh... Tu... Pardon j'ai encore vouvoyé. Je voulais dire... tu le parais moins et pour quelqu'un d'aussi faible et insignifiant que moi c'est, soulageant. Pas que ta présence me gênait mais, un certain complexe d'infériorité. Surtout que je ne suis pas très grande en taille. »

Des paroles sincères et sans doute indiscrètes cependant, je voulais lui dire et aussi, cela permettait de changer de sujet. Je ne voulais pas parler de Chronos, j'avais enfin l'occasion de penser à autre chose, je ne pouvais pas la gâcher. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas autant parlé à quelqu'un. Quelqu'un qui me traitait comme son égal bien que je suis une faible comparé à lui. Cela faisait du bien il est vrai, je fis de nouveau un petit sourire, je me sentais mieux et j'aurais voulu que cette mission n'ait pas lieu pour pouvoir oublier ne serait-ce que quelques instants que je suis une esclave.

Tout sauf ça. Arrête. Il ne doit pas être gentil avec moi. Je ne le mérite pas, ni sa compassion ni sa gentillesse. Fenrir mit un peu de temps pour me répondre et selon lui nous allions chasser, nous sommes des limiers. L'idée me déplaisait grandement mais, heureusement j'ai changé de sujet bien que mes propos étaient indélicats, ceux-ci firent rougir de nouveau le zoruark. Pourquoi rougissait-il ? Qu'avais-je dit ou fait pour que son visage tourne de nouveau au rouge ? J'essayai de comprendre mais, le roux me coupa dans mes pensées. Selon le jeune homme je n'avais pas à me sentir plus faible que lui, que lui-même ne l'était pas tant que ça et je le surestimais. Ses paroles étaient fausses. Il ne me connaissait pas. Il ne savait pas à quel point je suis un être pathétique et tandis que je me rabaissais intérieurement je pus voir qu'il me lançait un regard perdu. Sans savoir pourquoi il avait ce visage, nous arrivions à destination et le camion qui s'était arrêté d'un coup me le fit comprendre. Les portes à l'arrière s'ouvraient et je me mis à côté de mon maître, ce fut un moment de répit bien court et je savais que ça serait le cas. Je regrettais un peu qu'il n'ait pas duré plus longtemps cependant, c'était comme ça, il ne servait à rien d'espérer. Deux hommes s'approchaient de nous, l'un semblait particulièrement énervé tandis que l'autre fier de lui et souriant. L'homme qui semblait être de mauvaise humeur fut le premier à prendre la parole demandant pourquoi nous avions mis autant de temps à venir. Je cherchais quelques instants dans mes souvenirs, il ne me semblait pas que nous serions trois dans cette mission. Sans doute un détail qui lui avait échappé. Celui qui semblait être le pokémon dû à ses cheveux verts et visiblement le plus joyeux des deux avait l'air de connaître le chirurgien et ses paroles étaient tellement vraies. Il semblait avoir bien cerné le maître de Fenrir. L'homme pas content le frappa à la tête lui faisant rappeler qu'il ne l'avait pas autorisé à parler et la réaction de l'hybride me surpris énormément. Je ne le dévisageais pas mais, on voyait que je ne m'y attendais pas et je n'avais pas vraiment l'habitude de ce genre de caractère alors... Je fis inconsciemment un pas en arrière et je me demandais s'il était ceux qu'on appelle masochistes. Aimait-il la douleur ? Sa réaction le confirmait non ? Je regardais mon maître qui gardait toujours ce sourire fier et la tête haute, il fixait le sbire de Chronos et son esclave pour prendre la parole :

« Et bien, en effet il n'a pas pu s'en empêcher mais c'est bien le genre de M. Kleither. Mais arrêtez donc de vous énervez pour si peu. Cela n'a rien d'étonnant n'est-ce pas ? Nous sommes là donc passons à autre chose. Faisons donc les présentations. »

Son regard s'est tourné vers moi et je compris ce que je devais faire, je fis un pas en avant et de nouveau je me baissais pour saluer pour ensuite me présenter :

« Je me nomme Rose Evergarden, je suis un Psystigri shiny, au plaisir de vous être utile. »

Ce serait sans aucun doute au tour de Fenrir de se présenter, je regardais un peu les alentours, des usines qui semblaient en bien mauvais état. Je me demandais donc pourquoi notre point de rendez-vous étais ici. Nous allions chasser d'autres hybrides cela me semblait évident vu les paroles de Fenrir. Je le regardais d'ailleurs puis mes yeux se posèrent vers l'autre hybride qui m'avait fait une drôle d'impression. Je le regardais et d'après la couleur de ses cheveux il me semblait évident qu'il s'agissait d'un hybride de type plante. Mais avait-il un autre type ? En tout cas, je me sentais de nouveau petite, en l'observant, il me semblait qu'il avait plus d'expériences que moi. Je regardais mes deux partenaires, si mon maître avait voulu que je sois avec ces deux-là c'était sans doute pour que j'apprenne d'eux. Sans doute. Je ne le savais pas vraiment cependant, cela ne changeait rien à la situation. La mission allait bientôt commencer, l'idée me déplaisait, je n'avais aucune envie de le faire et après les présentations mon maître posa sa main dans mon dos pour me faire avancer :

« Et si nous les laissons commencer ? On a perdu déjà pas mal de temps non ? »

Ca y est, cela annonçait que je ne pouvais plus fuir la réalité. Cela allait commencer. Mon regard se posa sur celui du zoruark, on pouvait voir que je n'étais vraiment pas enchanté à cette idée mais, j'étais bien obligée de le faire. Je regardais l'étrange hybride et il me fallut le même courage que pour m'adresser à Fenrir :

« Vous... Vous aussi vous pensez que nous allons chasser ? »

Je voulais m'assurer que tout le monde ait les mêmes informations bien que moi je n'en avais aucune, le roux avait fait des suppositions mais, peut-être que lui en saurait plus.

Au loin, le bruit du moteur se faisait entendre, cela signifiait que nous étions pour de bon seul. Sans nos maîtres, ils n'avaient pas besoin de nous surveiller, nous serions obligés de revenir. Nous étions trois, moi, Fenrir et l'hybride étrange. Son nom : Desmond de Beauchesne. Il avait fait une bien longue présentation et s'était présenté comme PDG de la Beauchesne: Innovation and Development. Il semblait être un ancien patron d'entreprise et son maître avait été son sous-fifre ? La discussion entre les deux m'avait fait comprendre que c'était bien le cas d'où leur relation... Particulière je pense. En tout cas, notre mission avait déjà commencée et Fenrir avait essayé de me consoler. C'était gentil de sa part, je ne le méritais mais, cela me faisait quand même plaisir. Le desséliande semblait assez surpris de ma réaction ce qui me fit moi-même douter. Je me demandais si j'avais bien réagi. Cependant... Il semblait plus curieux que surpris et après avoir regardé le zoruark, il me répondit :

"J'imagine que oui. Satô a l'habitude de me briefer sur les missions mais cette fois il a été particulièrement silencieux. Il fait toujours ça quand il est forcé de me faire participer à des missions qui lui plaise pas... et compte tenu du fait que c'est une petite nature avec un grand coeur. On peut vite faire le calcul."

Ses paroles ne m'avaient guère rassurée, bien au contraire, en tout cas lui non-plus ne savait pas grand-chose. Pourtant, la mission était désormais clarifiée, comme l'avait dit Fenrir nous allions chasser. Je le savais, j'avais peut-être juste un peu espéré que ce ne soit pas le cas. A quoi bon au final. Je m'y attendais, ce n'était qu'un faux espoir. Je baissais légèrement la tête regardant le sol, je ne l'avais jamais fait auparavant et j'aurais voulu ne jamais avoir à le faire. On ne peut fuir la réalité. Et moi encore plus. Ce jour allait arriver, je le savais mais, je n'étais pas totalement prête mentalement. Je relevais un peu la tête pour regarder Desmond et celui-ci me fit un sourire. Il voulait sans doute me rassurer, il ne semblait pas avoir de tact mais, sans doute voulait-il se rattraper. Peut-être. Je n'en savais rien. Il plia un genou pour se mettre à ma hauteur, mon regard se posa dans le sien et le desséliande me dit de ne pas m'inquiéter, que tout allait bien se passer. Ce sont des paroles banales, le genre de choses qu'on dit à des enfants lorsqu'ils vont pour la première fois à l'école ou faire une sortie. Je ne lui en voulais pas, c'était gentil de sa part, j'appréciais ce que faisait les deux esclaves qui m'accompagnaient mais... Je me sentais encore plus faible. Plus petite. On était obligé de me réconforter, encore et encore. Je suis vraiment minable. Je me répétais cette phrase sans cesse dans ma tête jusqu'au moment où Desmond se tourna vers Fenrir lui demandant si tout allait bien. Mes pensées négatives s'envolèrent et je regardais le zoruark, je remarquais moi aussi qu'il semblait ne pas aller bien. Sans réfléchir je pris les mains du roux :

« Tu n'as pas l'air d'aller bien. Tu as mal quelque part ? Si tu ne te sens pas bien ne te sens pas obligé. Tu peux en parler si tu veux. »

Je me rendis compte que je tenais ses mains et je reculais légèrement regardant un peu de côté, j'étais légèrement gênée il est vrai :

« Enfin... Je ne suis pas sûre de pouvoir vraiment t'aider. »

DE nouveau je doutais de moi. Cependant, je ne pouvais pas me laisser me rabattre alors que Fenrir était mal. Je secouais la tête et je commençais à avancer, je regardais les deux derrière moi pour ensuite détourner la tête. Je repensais aux paroles de Desmond, j'étais faible mais, le roux n'avait pas l'air bien et je devais donc prendre sur moi. Je me plongeais pendant quelques instants dans mes pensées, je me voyais en train de chasser d'autres hybrides. Je n'ai jamais chassée mais, je m'imaginais bien l'horreur de ce que c'était. Ceux que nous allions capturer subirait la même chose que nous. La maltraitance, la douleur, ils seraient privés de liberté. C'était cette idée qui me répugnait le plus. Priver de liberté les autres. J'en subis moi-même les conséquences. C'est douloureux. Horriblement douloureux. Je pris une grande respiration et je me raisonnais en disant que ce n'était pas pire de ce que j'avais fait :

« Monsie... Desmond... Je dois moi aussi le faire. Encore plus si Fenrir ne sent pas bien.Ce jour devait forcément arriver et j'ai moi-même commis des crimes impardonnables... Je... Je ne mérite pas de votre gentillesse... »

Je m'étais rappelée que le desséliande avait dit qu'on pouvait l'appeler juste Desmond. J'avais encore failli le vouvoyer, tout comme je le faisais avec Fenrir. Après mes paroles, je me retournais vers eux, mon regard n'était ni triste ni joyeux, comme lorsque j'étais dans ma cellule, j'avais ce regard un peu vide. Mon regard exprimait mon abandon, j'avais déjà renoncé à mon humanité il y a longtemps. Depuis que je suis esclave. Aujourd'hui comme hier, cela n'avait pas changé, c'est ce que je me disais.

Les souvenirs d'une solitude étouffante remontaient, cela ne faisait pas mal au contraire. Quelques chaînes se brisaient légèrement, ces souvenirs n'étaient pas douloureux, car je remarquais enfin quelque chose. Cette solitude que je ressentais là-bas, que j'ai si souvent ressentie, elle n'existait pas dans ce moment. J'étais avec eux, je ne me battais pas seule et je ne souffrais pas seule. Les mots de Fenrir m'avait apaisé, lui-même semblait bien plus déterminé et c'est avec le poing fermé qu'il proposa une stratégie. J'analysais ses paroles, ce n'était pas bête bien que l'idée qu'on s'en prenne à des faibles n'était pas un bon point. J'avais un rôle, celui de m'occuper de rassembler les hybrides. Le doute s'emparait de moi, en étais-je capable ? Je ne savais tout simplement pas comment m'y prendre. De toutes mes capacités, il y en a aucune qui me serait utile. Cependant, on me coupa dans ma réflexion, en effet, Desmond nous demanda s'il ne serait pas mieux que l'on capture des hybrides puissants, il affirmait aussi vouloir un peu de défis pour ensuite critiquer nos maîtres. Il n'avait pas tort, du moins selon moi, mon maître était plus du genre a préféré ce qui avait du talent ou quelque chose d'intéressant, peu importe l'âge il devait y tirer des choses positives. De bons pions c'est tout ce qu'il demandait et c'était sans doute le cas pour plusieurs membres de Chronos. Je hochais la tête pour confirmer ses paroles et montrer mon accord. Nous arrivions près de la forêt qui bordait un vieil hangar. Je regardais autour de nous alors que les blanc des yeux du desséliande devenaient noirs. Cela me donna un drôle d'impression, comme si les ténèbres envahissaient finalement la lumière. Il partit alors en reconnaissance et j'attendais aux côtés de Fenrir son retour. Je ne dis aucun mot, je réfléchissais encore à ma manière de les regrouper. Il réapparaissait alors sous nos yeux nous confirmant la présence plusieurs groupes :

"J'ai trouvé trois groupes. Un grand dans le Nord-est du bois. Je dirais une quinzaine de Pokémon, essentiellement des types plantes et insecte il me semble, des hommes, femmes et des enfants avec une tranche d'âge variée. Les autres sont dans l'usine de textile désaffectée au Sud d'ici. Essentiellement des enfants et une femme et un homme assez costauds qui semble les protéger. J'ai trouvé un autre groupe aussi à l'Est, sous un pont de chemin de fer. Là c'est essentiellement des hommes et femmes d'âge assez avancé. Mais je me demande si y a pas des humains dans le lot... difficile à dire."

Même s'il y avait une possibilité qu'il y ait des humains, je préférais de loin la dernière option. Je ne voulais pas qu'on prive à des enfants leurs libertés car je ne sais que trop bien ce que ça fait ayant moi-même dû devenir esclave enfant. Le fait que l'hybride aux cheveux verts regarda le zoruark, je ne pus m'empêcher de faire de même. Je vis alors que ses yeux viraient aux bleus, sa nature de zoroark ressortait ? Mon regard fixait ce bleu qui me semblait tellement beau, c'est alors que mes mots sortirent tout seuls :

« Tes yeux sont d'un bleu magnifique ou bien c'est moi ? »

Je rougissais légèrement suite à mes paroles, sans le vouloir j'ai dit que la couleur de ses yeux était magnifique. Je n'y pouvais rien, ses yeux avaient un si beau contraste, cela pouvait rappeler tellement de choses, aussi bien le ciel que la mer, mon côté d'artiste ressortait de nouveau. Je me disais que ce n'était pas vraiment le moment, je devais me concentrer sur cette mission. Comme l'avait dit Desmond plus tôt, plus vite ce sera fait, plus vite on se sentira mieux. Je me devais de dire mon avis mais, le problème était aussi comment j'allais faire. Comment je pouvais faire ? Je n'allais pas crier sur tous les toits de venir non plus, si on prenait le premier groupe je pourrais profiter de la végétation pour essayer de les attirer en me servant d'un appât. Pour le deuxième groupe, si je suis contre quelqu'un de plus costaud que moi je ne peux rien faire, y aller de front serait trop risqué alors il faudrait faire dans la subtilité. Pour le troisième groupe, il s'agissait d'adultes, il fallait donc faire attention. On ne pouvait pas se servir d'enfants comme appâts et je doutais que si j'utilisais Voix Enjôleuse cela ferait quelque chose. Tout s'embrouillait dans ma tête, je réfléchissais trop et c'était très problématique, cela m'empêchais de trouver des solutions. On devait d'abord déterminer sur qui on allait s'en prendre. Je ne devais pas avoir peur de dire mes pensées, je devais moi aussi faire part de mes avis. Je me rappelais des paroles du roux, je n'étais pas seule, pas aujourd'hui. Je pris ma respiration et regardant les deux hybrides qui m'accompagnaient, j'eus enfin le courage de parler :

« Je... Je préférerais qu'on s'occupe du troisième groupe. Ce sont des adultes ils auront sans doute plus d'expériences et seront plus forts. Cela donnerait un peu de challenge à Desmond aussi. Tous les critères sont remplis non ? Comme cela on a pas besoin de s'en prendre à des enfants... Le seul problème... »

Je me devais de leur faire part de l'inquiétude qui envahissait mes pensées, cette question qui me restait sans réponse :

« Je... Je ne vois pas comment je pourrais les rassembler. Je veux bien le faire mais... Depuis tout à l'heure je réfléchis au moyen de m'y prendre et essayer de les attirer en criant ce serait stupide. Je suis prête pour utiliser n'importe quelle méthode en tout cas.»

Un poids de moins sur la conscience, pour avancer plus vite il fallait qu'on réfléchisse ensemble. Enfin, je suppose.