Groupe Fuyuki & Kylian

Fuyuki avançait lentement et difficilement. Il n’était pas particulièrement claustrophobe, mais il n’adorait pas pour autant être dans un tunnel confiné au point où son corps se heurtait parfois aux parois. Quelle idée franchement il avait eu, non mais vraiment quelle idée ! Au bout du tunnel, là c’était le cas de le dire, la sortie ou plutôt une pièce pleine de machines. Génial.

Franchement, qu’est-ce qu’il faisait ici. Le glaçon sur pattes s’extirpa difficilement du trou et atterrit sur une plateforme dans les airs qui aurait pu facilement lui donner le vertige s’il en souffrait. Heureusement, ce n’était pas le cas et le Givrali put observer tout à son aise l’endroit. Qu’est-ce qu’il faisait ici, déjà... ? Mais avant qu’il ait pu vraiment s’interroger, son corps fut parcouru de frissons.

Une voix retentit à travers la pièce et elle n’était pas particulièrement agréable à entendre. Un jeu... ? Cela tombait bien, l’hybride qui se faisait passer pour un humain adorait jouer. Un sourire sarcastique apparut sur ses lèvres. Ce n’était pas lui qui allait se défiler, c’était mal le connaître. Le bleuté qui avait la chance d’avoir un grand sang-froid à force d’espionner ses ennemis jurés ne sursauta pas quand quelque chose se verrouilla, mais il grimaça quand même à cause du son désagréable qui lui transperça les oreilles.

Qu’allait-il faire maintenant ? Apparemment, il devait choisir une des portes qui se trouvaient dans la pièce. Mais laquelle choisir ? Son instinct lui disait que sa décision serait importante. Le Givrali prit alors une profonde inspiration et se dirigea vers la porte la plus à droite.

Fuyuki ne put s’empêcher de soupirer sans aucune discrétion quand la personne qui était avec lui prit la parole. Bien sûr qu’il l’avait remarqué. Il n’était pas aveugle ni stupide contrairement aux apparences. Mais ce qui les entourait avait accaparé toute son attention. Il avait même remarqué que l’autre était aussi perdu que lui et que donc il ne serait d’aucune utilité. Sans compter que c’était un humain, le Givrali en était persuadé. A force de fréquenter Chronos, il avait développé un instinct et un flair hors du commun pour différencier les humains des hybrides. Et Fuyuki avait beau se faire passer pour un humain depuis pas mal de mois maintenant, il aurait nettement préféré se retrouver enfermé avec un hybride. Enfin, on ne peut pas avoir tout ce qu’on veut, hein.

- Je t’ai remarqué. Mais j’étais trop occupé à observer cet endroit pour faire attention à toi, tu m’en vois désolé.

L’éternel sourire sarcastique du Givrali revint sur ses lèvres. Il se détourna une seconde pour regarder la pièce et les fameuses portes. Ses sourcils se froncèrent alors qu’il essayait de comprendre qui les avait enfermé ici. Et surtout pourquoi. Le Nishimura avait autre chose à faire que de jouer à un stupide jeu. Renverser Chronos et Oswald par exemple. Enfin. Ce qui le préoccupait le plus, c’était les mots qu’avait prononcé la désagréable voix. Sauver ceux qui lui sont chers... Sa famille apparut dans son esprit et il serra son poing à s’en faire mal. Enflure. Respire Fuyuki, tout ça ne peut être réel, n’est-ce pas... ?

- Non, j’ignore où on est et cela ne me plait pas. Surtout que je comptais sur toi pour le savoir. Merci mon gars.

Ah, toujours les mêmes sarcasmes. Le Givrali se tourna vers l’humain et l’observa un peu mieux. Il n’aimait pas trop cette idée, mais ils étaient alliés, pas vrai ? Enfin, en tout cas, l’inconnu l’était déjà logiquement plus que le propriétaire de la voix. Donc autant se connaître un peu mieux, même s’ils n’avaient pas l’air de s’apprécier à première vue.

- Je m’appelle Fuyuki et toi ?

Le Givrali n’avait pas envie de penser aux portes et à ceux qui lui étaient chers. Fuir c’était un peu sa spécialité même s’il prétendait toujours le contraire. Néanmoins, il savait qu’il ne pourrait le faire éternellement. Il se tourna donc vers les portes et prit une profonde inspiration avant de se diriger vers celle de droite comme il l’avait décidé. Ce n’était pas son genre de se défiler, après tout. L’autre décida visiblement de le suivre et ils entendirent bientôt le même « Clang » désagréable qui ne signifiait qu’une chose. Ils n’avaient plus le choix, génial. Fuyuki espérait avoir choisi la bonne porte, mais quelque chose lui disait que cette mystérieuse voix allait jouer à leurs dépends. Ah, comme il aurait adoré pouvoir lui mettre son poing dans la figure. Malheureusement, mettre un poing dans un haut-parleur ne s’est jamais révélé très utile.

- Qu’est-ce qu’on fait ? Je l’ouvre ?

Haussant les épaules, le Givrali n’attendit pas la réponse et actionna la poignée non sans une grimace de dégoût devant son état. Génial, il allait se salir et Oswald pourrait se moquer de lui tout à son aise. Vraiment super cette journée. Après une profonde inspiration, le Givrali se glissa dans l’ouverture, espérant que l’humain le suivrait. Il préférait encore sa compagnie à celle de la solitude vu les circonstances.

Fuyuki avait l’habitude de se retrouver dans les pires situations possibles. Son infiltration à Chronos en était clairement une même s’il gardait le contrôle pour le moment. Sans compter les missions parfois très périlleuses auxquelles il participait chaque semaine. Avec le temps, il avait appris à gérer son stress et à garder son sang-froid en toute circonstance. On pouvait dire qu’il avait un mental à toute épreuve malgré son jeune âge. Et cela lui servait évidemment aujourd’hui. Analyser l’endroit, analyser la situation, se poser les bonnes questions et surtout ne pas paniquer. Voilà ce qu’il faisait actuellement tout en restant attentif à son coéquipier imposé.

Ce dernier n’avait pas l’air ravi, mais cela pouvait se comprendre. Le Givrali déguisé en humain ne l’était pas non plus. Il détestait quand on jouait avec lui de la sorte. D’habitude, c’était lui qui s’amusait aux dépends des autres. N’est-ce pas, Oswald ? Passons. L’autre se présenta à son tour et Fuyuki enregistra l’information dans un coin de sa tête. Son prénom n’était pas important en soi, mais son nom de famille... Rosenwald. En tant que membre de Chronos – dans les petits papiers du boss en plus – il avait déjà entendu ce nom. Et il ne put s’empêcher de grimacer discrètement.

Heureusement que l’autre n’avait aucun moyen de deviner qu’il était un hybride et il ferait gaffe à ne pas lui révéler l’information. On ne savait jamais avec une famille alliée à l’organisation. Il ne fallait pas que Oswald soit au courant de sa véritable identité. Génial, il avait fallu qu’il tombe sur un type d’une famille qu’il ne pouvait pas blairer. C’était vraiment pas son jour. Vivement qu’il puisse sortir de là. En tout cas, il fallait sauvegarder les apparences, encore une fois. Il fit donc apparaître un sourire sur son visage qui semblait sincère sans que ce soit trop louche pour autant vu son caractère.

- Ah, j’ai entendu parler de cette famille par l’intermédiaire d’Oswald. Je ne pensais pas rencontrer un de ses membres de cette manière.

Et bim. Comment faire comprendre en une phrase qu’on avait des liens étroits avec Chronos et même avec son boss. Il n’y avait pas beaucoup de personnes autorisées à appeler ce dernier par son prénom, après tout. Fuyuki se sentait souvent privilégié par rapport à ça et il n’avait pas peur d’en profiter sans aucune honte. En tout cas, il avait hâte de voir la réaction de son « complice » à ses paroles. Il avait comme l’impression que l’autre ne s’était pas gêné pour observer les siennes alors autant faire pareil, vous ne trouvez pas ?

La voix dans les hauts parleurs mettait le Givrali mal à l’aise. Il détestait qu’on joue avec lui de cette manière. Se sentir le jouet ou l’instrument de quelqu’un d’autre ne lui plaisait pas du tout. Il imaginait sans problème la personne inconnue ricaner derrière un écran en observant ses cobayes... Probablement qu’il avait trop d’imagination, il l’espérait en tout cas. Les yeux plissés à cause de l’obscurité, Fuyuki essayait de distinguer le fond du couloir, mais c’était visiblement peine perdue. Génial. Il n’avait pas spécialement peur du noir, mais il n’adorait pas ça non plus. Il n’avait pas intérêt à se prendre les pieds dans quelque chose et de tomber en tout cas. Pas question de se ridiculiser devant un membre des Rosenwald, des fois que l’information croustillante remonterait aux oreilles de son boss...

Attendez, qu’est-ce que ces objets foutaient là au juste ?! Le Givrali ne comprenait vraiment plus rien à cette histoire. Un manteau, une serviette, des baies... C’était quoi le délire, hein ? Plus que perplexe, le Nishimura contempla les trois objets avant de se tourner vers son compagnon d’infortune. Autant lui demander son avis quant à faire, ce n’était pas du tout par gentillesse, mais deux cerveaux étaient souvent plus efficaces qu’un seul. Qui aurait cru que Fuyuki pouvait travailler aussi bien travailler en équipe.

- T’en penses quoi ? On en fait quoi ?