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 But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver

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Morgan Otso
Morgan Otso
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MessageSujet: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyVen 30 Aoû - 18:19

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - ???
Morgan
Oliver
Le regard grenat de Morgan passe de gauche à droite, las. Il doit être bien seize heure maintenant et le chauffeur censé le ramener jusqu'à l'agence de Féli-Cité est nulle part en vue. Dès qu'une voiture s'engage dans la rue, le Lougaroc espère reconnaître le grand type aux éternelles lunettes de soleil noires au volant de l'une d'elle, en vain. L'aurait-il donc oublié ? C'est bien la première fois que ça arrive. Généralement, lorsque personne n'est disponible pour venir le chercher, son employeur le tient au courant en avance. Mais force est de constater qu'il a omit de lui en parler, ce matin. Résultat, Morgan se trouve bien bête, seul au milieu de Féli-Cité. Nerveusement, il tire sur les pans de sa robe, hésitant entre attendre encore un peu ou rejoindre l'agence à pied. Ses talons hauts lui font un mal de chien, mais si personne ne vient le cueillir, il n'aura pas d'autres choix. Il doit récupérer ses vêtements civils à l'agence, ainsi que son argent. Hors de question de s'en passer, le rouquin en a vraiment besoin. D'autant plus s'il veut pouvoir prendre le bus pour rentrer à Joliberges – il a fraudé une fois, mais il n'a pas tant envie de recommencer, bien qu'aucun contrôleur ne l'ait prit la main dans le sac. Un enième soupir franchi la barrière de ses lèvres alors qu'il écarte une mèche de cheveux de devant son visage. Et alors, le gribouillage dans le creux de sa main attire son attention.

Il s'agit là d'un numéro de téléphone, que le garçon auquel il a tenu compagnie jusqu'à maintenant lui a écrit sur sa paume, dans l'espoir qu'il le rappelle. Ah, s'il avait su que Morgan n'était pas une fille, il n'aurait jamais fait ça. Cela dit, ce jeune homme était bien gentil. S'il a fait appelle à une escortgirl, c'est pour ne pas se présenter seul à une réunion des anciens élèves de son lycée. Visiblement, l'amour a toujours été sa bête noire à l'école et ses camarades se moquaient régulièrement de son célibat. Alors pour ne pas que ça se répète pendant cette réunion, il s'est offert la compagnie de Morgan pour l'après-midi. En soi, ce ne fut là rien de bien compliqué. Le Lougaroc s'est contenté d'être gentil et agréable, à faire un peu la conversation. Lorsqu'on lui demandait comment il a rencontré son petit-ami factice, il répétait son texte comme un véritable acteur : « Oh, c'était au parc, par pur hasard. Hiroki faisait un jogging, il a rattrapé mon chapeau qui s'est envolé. Il m'a ensuite inviter à boire un café et la suite, vous vous en doutez ! ». Si le subterfuge a parfaitement bien fonctionné auprès des autres anciens élèves, Morgan ne s'attendait pas à ce que le fameux Hiroki tombe vraiment sous son charme. Son numéro, il lui a écrit dans la paume avant de s'enfuir, les joues rouges, prétextant une affaire urgente. Un garçon timide, mais adorable. Un excellent parti. Mais pas pour Morgan.

Depuis plus d'une semaine, la seule mention de l'amour fait grimacer Morgan. Ce qu'il s'est passé avec Oliver, ça le torture et lui met le moral au plus bas. Lorsqu'il est revenu à l'auberge, après avoir quitté en trombe l'appartement du Zarbi, il a refusé d'adresser la parole à qui que ce soit. Il s'est dissimulé dans son lit, sous les draps, pour pleurer des heures et des heures. Addie a bien essayé de lui parler, mais le rouquin ne voulait rien entendre. Il avait mal, si mal qu'il avait l'impression de mourir à petit feu. Le soir venu, il a refusé de manger. Le lendemain, pareil. Morgan ne quittait plus son lit, déterminé à évacuer toute sa peine afin de faire face à qui que ce soit. C'est au bout du troisième jour qu'il a accepté de sortir de sa chambre pour voir un peu de monde, et avaler un petit quelconque chose. Addie ne lui a posé aucune question – à sa réaction, elle a compris que rien ne s'était passé comme Morgan l'avait espéré. Elle a donc respecté le silence du Lougaroc, accepté qu'il éponge sa peine à sa façon. Il n'y a, de toute façon, aucun remède au chagrin d'amour – si ce n'est le temps. Néanmoins, essuyer deux échecs amoureux en un mois et demi, c'est difficile à encaisser pour un garçon aussi sensible et fragile que Morgan. Alors du temps, il va lui en falloir plus qu'on ne le croit.

Un matin, il s'est surprit à s'être endormi avec le pull orange de Zarbi sur les épaules. Son parfum imprégnait encore le tissu, s'imposant dans ses rêves, le réveillant au beau milieu de la nuit, le visage cramoisie. Tenant le vêtement responsable de ces songes terriblement gênant, il a finit par le dissimuler sous son lit, espérant que cela suffise. Mais Oliver ne quittait pas ses pensées – jamais. Qu'importe ses efforts, il ne parvenait pas à l'oublier. Alors Morgan a convenu qu'il était temps pour lui de reprendre le travail, afin d'occuper son esprit à autre chose. Contre toute attente, son patron ne l'a pas réprimandé pour son absence, bien au contraire – il l'a accueilli comme le Messie, bien trop heureux de revoir sa poule aux œufs d'ors. Aux petits soins pour lui, il lui a proposé un premier contrat court et simple : accompagner un acteur à l'avant-première d'un film, juste histoire qu'il ne soit pas seul. Mais Morgan en a demandé plus : il lui fallait plus de contrats, plus de moyens de s'occuper l'esprit. Qu'importe s'il devait assister à un événement le midi et le soir, ça lui convenait. Et évidemment, dans l'intérêt de sa réputation et de son compte en banque, son patron a accepté. Dès lors, le Lougaroc n'a plus eu une seconde à lui. Il partait de l'auberge tôt le matin et ne revenait qu'au milieu de la nuit. Si la fatigue lui est rapidement tombée dessus, il ne s'est pas laissé abattre. En étalant les nombreux billets sur son lit, il a réalisé qu'il tenait peut-être là sa chance de pouvoir rapidement partir d'ici. Pourquoi pas rejoindre Kalos ? Il y trouvera sûrement du travail, et mieux payé : il en est sûr et certain.

Mais en attendant, Morgan est toujours là. Il sait que s'il a à partir, ce ne sera pas tout de suite. Il veut être certain d'avoir suffisamment d'argent de côté avant de faire ce grand saut. Néanmoins, il lui faut partir – absolument. La seule idée de pouvoir croiser Oliver dans les rues de Joliberges ou Féli-Cité lui donne la nausée. Tout ce qu'il lui a dit résonne encore dans sa tête. Pute. Il l'a traité de pute. Mais peut-il vraiment lui en vouloir ? N'est-ce pas ce qu'il est, au fond ? Après tout, lors de cette soirée, Morgan a failli partir avec un inconnu. Il s'est laissé tenter par les paroles graveleuses d'un type qu'il ne connaissait absolument pas. Si Oliver n'était pas intervenu, le Lougaroc serait parti avec lui, c'est une certitude. En fait, il est encore pire qu'une pute. Il n'a aucun honneur, aucun respect pour lui-même. Il est une salope qui ouvre la bouche et écarte les jambes sans que l'on ait besoin de le lui demander. Et Morgan se dégoûte, sincèrement. Croiser son propre reflet devant le miroir lui est devenu insupportable. Parfois, il a du mal à croire qu'il ait pu tomber si bas, qu'il puisse avoir de telles pensées. Au final, c'est mieux qu'Oliver ait choisi de le sortir de sa vie. Il mérite bien mieux que quelqu'un comme lui. C'est un garçon si gentil, si avenant … Contrairement à lui, qui n'est qu'une boule de colère et de terreur, un concentré de sentiments explosifs qui fini toujours par exploser, par causer des dégâts. Et le pire, c'est qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même.

Une nouvelle voiture s'engage dans la rue. Morgan l'observe avec espoir – mais ce n'est pas le chauffeur de l'agence. Un soupir lui échappe. Tant pis, il va rentrer à pied. Le voilà donc qui commence à remonter le long du trottoir, observant les alentours pour se repérer au mieux. Il a beau venir à Féli-Cité régulièrement, il a l'impression qu'il ne sera jamais capable d'arpenter les rues de la capitale sans se perdre. Toutes les rues se ressemblent, tous les immeubles sont bâti sur le même modèle – de quoi donner le tournis au natif des îles. Mais désormais, il essaie de repérer quelques points précis pour s'orienter au mieux. Un tag sur un mur, une statue ancienne, la devanture colorée d'un magasin. Ca vaut ce que ça vaut, mais c'est toujours mieux que rien. Ainsi, Morgan traverse une rue bondées de conducteurs mécontents, puis remonte le long d'une allée de magasins. Quelques odeurs de nourriture lui chatouillent le nez, lui donnant la nausée. Le mélange des parfums n'est absolument pas agréable, c'est une certitude. Lorsqu'il avise la bouche de métro, il se sent rassuré : il est sur la bonne voie. Alors le Lougaroc continue sa route, trébuchant de temps en temps à cause de ses talons trop petits pour lui, évitant de croiser le regard de quelques porcs qui le dévorent des yeux sans la moindre pudeur. Ah, dans ces moments, comme il aimerait leur montrer qu'il est un garçon. Mais il ne le faut pas – ce serait jeter de l'huile sur le feu, tendre le bâton pour se faire battre.

C'est alors que Morgan ressent la désagréable sensation … d'être suivi. Il le sait : quelqu'un ne le quitte pas des yeux depuis quelques minutes maintenant. Il a bien essayé de faire comme si rien n'était, de mettre ça sur le compte d'une quelconque paranoïa mais … non. Cependant, le rouquin n'ose pas jeter un regard par dessus son épaule. Ce serait cramé, beaucoup trop cramé. Alors à la place, il tente d'apercevoir son poursuivant dans le reflet d'une vitrine. Et alors, il avise des cheveux noirs beaucoup trop familier. Son sang ne fait qu'un tour. Oliver ?! Que fait-il ici ? Pourquoi est-ce qu'il le suit ? Compte-t-il en remettre une couche, lui rappeler son comportement minable de la semaine dernière ? La gorge sèche, la peur au ventre, Morgan tente d'accélérer le pas. Mais ses chaussures lui font mal et chaque pas est une nouvelle torture. Il n'a pas le choix : il doit courir, fuir avant que le Zarbi n'ait l'occasion de le rattraper. Alors le Lougaroc se déchausse rapidement, prenant les chaussures dans ses mains afin de s'enfuir en courant. Quelques regards stupéfaits se posent sur lui, mais il n'en a cure. Il doit se cacher, il doit le semer. Fort de cette pensée, il tourne dans la première rue qui s'offre à lui, espérant parvenir à se mêler à la foule et disparaître de son champ de vision. Mais grande est sa détresse quand il réalise que la ruelle est un cul-de-sac. Prit au piège, il n'ose même pas se retourner, sachant pertinemment que Oliver est déjà là, derrière lui. Les larmes lui montent aux yeux sans même qu'il ne s'en rende compte.

Qu'est-ce que tu me veux ?! Tu n'en as pas eu assez ?! Tu as dit que tu ne voulais plus jamais me voir, alors dégage de là !

La peine, la rancœur, tous les sentiments qui l'ont secoué à son réveil quelques jours plus tôt lui retombent dessus, rouvrant la plaie béante dans son cœur. Morgan ne voulait pas le revoir. C'est trop difficile de lui faire face. Trop difficile d'oublier ce qu'il lui a dit, et ce qu'Oliver lui a craché au visage. Et le rouquin a honte, si honte qu'il le voit dans un tel accoutrement, avec sa robe cocktail rouge sans manche et sa paire de talons noirs dans les mains. Mais malgré tout, son regard grenat lance des éclairs : s'il est venu lui chercher des noises, Morgan compte bien se défendre. Il n'est plus l'agneau craignant le loup – mais le loup lui-même.

Et pourtant, un rire amer, étranglé par un sanglot, précède ces quelques mots :

T'es content de la vue ? Là je ne peux pas te donner tord : j'ai vraiment l'air d'une pute.

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Oliver W. Saëns
Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyDim 8 Sep - 1:30
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire

Où en était-on ?

Nulle part. Vraiment nulle part. Il n'y avait rien d'autre à dire, juste se taire, faire comme si tout allait bien et supporter ce poids dans l'estomac un jour de plus. Un jour parmi tant d'autres. Et chaque seconde semblait durer une éternité ; chaque seconde était horriblement désagréable.
Cette pierre qui roulait dans sa poitrine faisait l'effet d'un va-et-vient lancinant. Parfois, il allait mieux. Il sortait un peu, profitait des quelques rayons de Soleil qui illuminaient Féli-Cité.
Oliver n'avait pas osé retourner à Joliberges. Pourtant, il commencerait bientôt à travailler : le patron de la bibliothèque l'avait finalement embauché. C'était plutôt inespéré vu le temps qu'il avait pris pour répondre… Mais le Zarbi n'était plus chômeur. Plus pour longtemps, du moins. Bientôt, il remettrait les pieds dans la bibliothèque de son enfance, mais pas en tant que lecteur… En tant qu'assistant. Et cette pensée, qui aurait pu le réjouir, lui laissait au contraire une drôle d'amertume dans la bouche. Chaque rayon qu'il avait pu arpenter, chaque livre qu'il avait pu effleurer le lui rappellerait. Son rire, ses messe-basses, son regard électrique… Tout lui donnerait envie de disparaître. Disparaître six pieds sous terre, ne jamais revenir.
Car tout ce qui s'était passé la semaine précédente avait réveillé des douleurs enfouies. Et ç'avait été comme s'il était retourné au premier jour. Comme si Ariel venait de quitter définitivement l'appartement, ne lui donnant jamais plus de nouvelle.
Et tous ces coups d'œils angoissés à son portable… Il se revoyait quelques mois plus tôt, à scruter l'écran de son téléphone en attente d'une réponse. Une réponse qui n'était jamais venue, et qui viendrait sans doute jamais. Combien avait-il envoyé de petites phrases désespérées ? Bien une cinquantaine. Trois par jour. Trois pavés suppliants, larmoyants, envoyés avec la même appréhension et la même petite touche d'espoir.
Comme on disait, l'espoir faisait vivre.
Oliver avait vécu en espérant, les doigts croisés, au moins trois semaines. Et puis il avait lâché son portable, se faisant une raison. C'était alors seulement qu'il avait pu commencer son deuil. Accepter.
Et en fait, il n'y était jamais vraiment arrivé. On lui demandait souvent s'il allait mieux ; il répondait que oui, tout était comme sur des roulettes, avec ce sourire faux qui lui ressemblait tant. L'alcool avait peu à peu fleuri dans son placard. Souvent, il se plantait devant, la porte grande ouverte, jetant un regard désireux à toutes ces jolies bouteilles qui s'alignaient ainsi devant lui. Alors, il prenait une bière. Juste une bière : il ne lui fallait pas replonger dans l'addiction, partir à nouveau vers des terres inconnues…
Et pourtant, c'était très tentant : s'aventurer vers un monde mystérieux, bien souvent magnifique, léger, et oublier tout le reste en un claquement de doigt. Un idylle, n'est-ce pas ?

Il avait replongé, ce matin là.
Et Arceus savait au combien il en avait honte.
Désormais, l'arme du crime trônait sans pudeur sur la table basse, le défiant directement, se rappelant à lui chaque fois qu'il entrait dans le salon. C'était un litre de vodka qu'il avait siphonné en deux jours. C'était le litre de vodka qui l'avait rendu malade comme un chien ; assez pour vomir toute une nuit.
Et à deux doigts de l'évanouissement, penché au-dessus de ses toilettes, quelques mots lui étaient revenus. Comme ça. Juste pour rendre la situation encore plus insupportable.
Un connard. Ouais, c'était bien ce qu'il était. Un gros con qui s'était bourré la gueule et qui vomissait à présent ses tripes. Un gros con qui serait sans doute trop épuisé pour retourner dans sa chambre et se rendormir. Qui s'assoupirait ici, dans ces trois mètres carré.
Ces mots, ils avaient résonné à ses oreilles tout le reste de la nuit, petits échos lointains et déchirants. Et ce n'était pas sa propre voix qu'il entendait. C'était sa voix à lui. Lui qui avait réveillé toutes ces souffrances, toutes ces blessures. Si ses cicatrises s'étaient rouvertes, béantes, c'était bel et bien à cause de ce type.
Morgan.
Morgan. Morgan. Morgan lui manquait terriblement. Et Oliver se sentait bête. Ce gamin lui avait clairement dit qu'il était comme les autres. Comme les ordures qui l'avaient touché certainement irrespectueusement. Comme ces raclures qui profitaient de la faiblesse de certains pour satisfaire leurs petits désirs.
Au fond… N'était-ce pas ce que le jeune homme avait fait ? Morgan avait raison. Il avait espéré que cette soirée l'aurait aidé à se rapprocher de lui. À le séduire.
La bonne blague.
Pour le coup, ils s'étaient bien rapprochés. Trop, peut-être. Beaucoup trop.
Et lorsqu'il se souvenait de son réveil, la panique l'étranglait de nouveau, violemment, sans prévenir. Il se revoyait pleurer, complètement perdu, complètement cassé, supplier Morgan de rester. Reste. Je dois te dire quelque chose.
Oh, il avait failli le lui dire, mais le rouquin l'avait interrompu et frappé en plein cœur. Jamais. Jamais il ne pourrait lui pardonner… Ou du moins, c'était ce qu'il avait pensé après son départ.
Mais la vue de ce petit porte-clé qui s'était fait la malle, se dénouant du portable du Lougaroc, l'avait ramené à la réalité. Et il s'était senti misérable.
Oliver avait perdu tout contrôle de lui-même. La colère avait pris le dessus, avait un instant mis en suspens sa raison. Et il s'était emporté, tellement emporté qu'il avait dit des choses qu'il ne pensait même pas.
Encore une semaine après, des larmes pouvaient monter à ses yeux lorsqu'il y repensait.
Il l'avait traité de pute. De vermine. Il lui avait dit de dégager. C'était impardonnable.
Quiconque aurait prononcé ces insanités, se serait disputé comme ils l'avaient fait abandonnerait tout. Lâcherait l'affaire.

Mais le Zarbi ne parvenait pas à se détacher de ces vilains sentiments qui colonisaient et s'accrochaient vigoureusement à son cœur. Il l'aimait, ce gars. Et rien ne pourrait remettre en question ces mots. Il l'aimait mais le rouquin l'avait rejeté, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Puis, lui, derrière, il avait tout gâché. Il avait fini de brûler les ruines de leur relation naissante.
Tous les messages qu'il lui avait envoyés après coup, désespéré, marquaient son intention de ne pas en rester là. Non, il essaierait de le revoir, peut-être même seulement de s'excuser. Mais ses phrases étaient restées en suspens, dépourvues de toute réponse.
Aussi Oliver avait-il finalement décidé d'abandonner au bout de quelques jours ; c'était fini et ça venait pourtant de commencer. Alors pourquoi s'accrocher ? Pourquoi se faire plus de mal ?
Si à présent la douleur restait vive… Si à présent il y avait toujours cette lourde pierre qui roulait dans son estomac, il ne s'en formaliserait plus autant.
Il devait guérir. Tirer un train sur toutes ces relations et peut-être enfin chercher la bonne personne…

Aussi était-il sorti ce jour-là sans arrière-pensée.
Il n'avait plus cherché de cheveux rouges dans les rues de Féli-Cité à partir du quatrième jour : à quoi bon ? La capitale était immense, la chance de tomber su Morgan vraiment minime.
Le Concombaffe était resté chez lui, au fond d'un petit panier où Oliver avait pour habitude d'entasser de petits objets sans importance.
Le Zarbi avait voulu se rendre dans un café pour se pencher à nouveau sur ses études et traductions de stèles antiques. Tout au long de cette semaine, il avait un peu laissé ses projets de côté ; l'amour avait fait qu'il ne s'était plus intéressé à tout ça ; tout avait été balayé d'un revers de la main… Et à présent, ça lui revenait, petit à petit. C'était difficile, mais il se forçait à traduire, à garder son esprit occupé pour ne pas sombrer dans ses pensées négatives.
Ainsi ne cherchait-il pas Morgan dans Féli-Cité ; le soleil, haut dans le ciel, le contentait ; il y avait du monde : juste assez pour devoir slalomer entre les gens afin de se frayer un passage.

À vrai dire, Oliver ne se souvenait plus de comment tout cela était arrivé.
Il marchait tranquillement, consultant son téléphone portable pour examiner l'heure, avant de prendre une profonde inspiration. Les passants le bousculaient un peu ; il se laissait docilement faire.
Sans doute les regards appuyés des hommes devant lui attirèrent son attention : y avait-il de l'agitation tout devant ? Une bagarre ? Une animation de rue…? Ou c'était…
Une jolie fille ?
Ce n'est que quand on ne cherche pas qu'on trouve.
Cette douce demoiselle semblait ne pas trop apprécier sa présence. Et cela, Oliver ne l'avait pas deviné tout seul : les bâtiments qu'ils longeaient étaient vitrés et reflétaient leurs silhouettes.
Sur la vitre, cette mystérieuse personne lui avait lancé plusieurs regards ardents et paniqués.
Le Zarbi, profondément étonné, la vit détaler sans plus de cérémonie, finissant par enlever ses chaussures à talon.
C'était en avisant sa robe très échancrée, d'un rouge vif, et surtout l'absence totale de poitrine qu'il avait compris.
Morgan ne lui avait-il pas dit qu'il était escort girl ? Ne l'avait-il pas vu avec la même coiffure un autre soir ? Ce fameux soir…? Celui à partir duquel tout avait commencé.

Son cœur avait alors fait un bon dans sa poitrine. Oliver n'avait même pas entendu les autres passants râler lorsqu'il s'était arrêté en plein milieu du chemin, complètement sonné, tiraillé entre deux tendances opposées.
Devait-il l'ignorer ? Faire comme si de rien n'était ? C'était ce qu'il avait prévu deux jours plus tôt : ne plus se soucier de cette histoire, attendre d'en guérir, l'éliminer de sa mémoire. Malheureusement, cet engagement n'était qu'une suite de mots qui, sur le moment, lui paraissaient être sans queue ni tête. Pourquoi donc ignorer cet émoi qui naissait d'un seul coup en lui ? Pourquoi faire semblant de ne rien ressentir pour ce garçon qui le fuyait déjà ?
Se laissant emporter par ses sentiments, Oliver avait lui aussi accéléré le pas, s'attirant les regards étonnés des gens : certains s'indignaient de cette apparente course-poursuite. D'autres faisaient semblant de ne rien voir pour ne pas être embêté.

Son souffle devint bien vite court. D'une voix étouffée, Oliver appela le rouquin qui s'était presque mis à courir, tenant sa robe pour ne pas qu'elle s'envole dans son élan :

« Morgan ! Attends ! Reviens, Morgan ! »
Une vague d'émotion le reprenait à la gorge tandis que la sueur commençait à perler sur son front, y collant quelques mèches ébènes. Il sentit un instant la panique monter en lui, éclater dans sa poitrine : qu'était-il en train de faire ? Suivre Morgan comme un pervers traquerait une jeune fille ? Son comportement devenait décidément bien étrange et peu recommandable…
Qu'allait-il lui dire une fois qu'il l'aurait rattrapé ? Toutes les insultes qu'ils avaient échangées lui revenaient soudainement en tête. Pourraient-ils seulement discuter ? Parviendrait-il à lui décrocher d'autres mots que des reproches…?
Le Zarbi accéléra le pas : le Lougaroc parvenait peu à peu à le semer, et quelque chose en lui ne voulait pas ça. Lui faisait comprendre qu'il mourrait de tristesse et de déception s'il le laissait à nouveau filer entre ses doigts… S'il ne pouvait pas une bonne fois pour toute s'expliquer.
Il aimait Morgan. Malgré tout ce qu'ils avaient pu se dire. Malgré leurs grandes différences… Malgré son caractère explosif et son ego surdimensionné qui s'étaient révélés bel et bien handicapant.
Et ça, il devait lui dire. Il devait lui raconter ses sentiments… Pourquoi il avait pleuré, pourquoi il avait été maladroit au cours de cette foutue soirée.

Finalement, leur petite course poursuite sur l'une des avenues principales de Féli-Cité se termina dans une sombre impasse. Littéralement dos au mur, Morgan n'avait plus d'issu. Il ne pouvait pas s'échapper. Pas cette fois.
Et cette situation qui aurait dû ravir Oliver lui donna une drôle d'impression : celle de torturer le rouquin, de le harceler… De l'effrayer.
Et les tremblements qui parcouraient ses épaules, dos à lui, serrèrent désagréablement son cœur. Il tenta de calmer sa respiration et de dire quelque chose, d'expliquer directement son comportement, mais les mots restèrent coincés au bord de ses lèvres, incapable d'en prononcer ne serait-ce qu'un seul.
Aussi le Zarbi se contenta-t-il de rester immobile, en sueur, jetant un coup d'œil critique à la robe que portait Morgan : sérieusement…? Comment pouvait-il accepter ça ? Et le pire était que ce vêtement lui allait plutôt bien. Plutôt très bien, même.
C'était une robe de cocktail rouge, dos nu, très cintrée ; elle moulait les formes du rouquin à merveille : sa taille fine se révélait sous le tissu brillant, presque plastique. Ses jambes, délicates, d'une blancheur d'ivoire, ne présentaient aucun défaut.

Oliver déglutit.
La tension qui les séparait lui semblait terrible. Inapaisable. Il n'arriverait sans doute pas à le ramener à la raison… À se faire pardonner ses propos déplacés. Et cette pensée lui laissa une peine profonde dans la poitrine, remuant désagréablement son ventre.
L'éclat de voix du rouquin confirma ses craintes : la rancœur suintait dans ses paroles, s'accompagnant d'une colère noire et d'un chagrin terrible. Bien que le garçon lui tournait le dos, le brun devinait aisément les larmes brûlantes qui perlaient au coin de ses yeux :

« Qu'est-ce que tu me veux ?! Tu n'en as pas eu assez ?! Tu as dit que tu ne voulais plus jamais me voir, alors dégage de là !
Il sembla retenir un lourd sanglot qui vint plutôt étrangler sa voix, la rendant plus aiguë que d'habitude. Un rire dément secoua ses épaules nues, décrochant un frisson à Oliver qui se sentit vaciller.

– T'es content de la vue ? Là je ne peux pas te donner tord : j'ai vraiment l'air d'une pute. »
Que pouvait-il répondre à cela ? L'épine qui s'était planté dans son cœur une semaine plus tôt et qu'il n'avait pas réussi à extraire venait de s'enfoncer encore plus, le faisant horriblement souffrir. Une envie persistante de vomir se pressa contre ses lèvres ; il sentit ses entrailles se tordre dans tous les sens.
Tremblant, Oliver fit quelques pas vers Morgan avant de s'arrêter. Des milliers de pensées, de phrases toutes faites se bousculaient dans son esprit. Il jeta un coup d'œil à son portable : il lui avait dit tant de choses par messages… Le Lougaroc les avait-il seulement lus ?
Prenant son courage à deux mains, le Zarbi osa le lui demander :

« J-Je… Je t'ai envoyé beaucoup de messages… Cette semaine. T-Tu ne m'as pas répondu. Il laissa s'installer un petit silence, esquissant un pas de plus, hésitant. J'y ai dit… Des trucs importants… Q-Que je voulais que tu saches. Que tu comprennes……

Écoute, Morgan. J-Je sais qu'on s'est quitté plutôt… Très mal, la dernière fois. Mais… Tout. Tout était un malentendu ! J'aimerais juste que… Que tu me laisses une chance de m'expliquer. D-De t'expliquer tout ce que j'ai sur le cœur…
S'approchant encore un peu, tremblant, il tendit finalement son bras gauche pour frôler du bout des doigts l'avant-bras de Morgan, remontant jusqu'à son épaule d'une main légèrement plus assurée.
Est-ce que le rouquin allait le jeter ? Le frapper et s'enfuir ?
Il devait vite continuer s'il ne voulait pas que ça dégénère une fois de plus. Très vite lui parler. Jouer franc jeu. Jouer la sincérité.
Ou plutôt… Ne plus jouer du tout.

– S'il-te-plaît… Regarde-moi. Sa prise sur son épaule s'affermit un peu, traduisant son appréhension. Son cœur battait à la chamade dans sa poitrine. T-Tu avais raison. Je suis vraiment un connard… Mais surtout un lâche. J-J'ai essayé de t'en parler, mais tu m'as interrompu. C'est vrai que j'ai voulu profiter de la soirée pour parler plus librement avec toi… M-Mais c'était tout. Je voulais certainement pas que tu termines chez moi, dans mon lit. E-Et c'est parce que… C'est parce que…
C'est parce que… Jet'aimebienenfinbeaucoupjecrois. »
Ses joues se parèrent d'un rouge écarlate tandis que ses derniers mots – sans doute les plus importants – étaient tellement bas et mal articulés qu'ils se perdirent dans les bruits de la ville, à peine audibles.
:copyright: 2981 12289 0
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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyDim 8 Sep - 13:34

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - ???
Morgan
Oliver
Littéralement au pied du mur, Morgan sent une terreur profonde le prendre aux tripes. Sur toutes les rues de Féli-Cité, il a fallu qu'il s'engage dans un cul-de-sac, dans une voie sans issue. Il a fallut qu'il scelle son destin en permettant à Oliver de l'approcher, de le prendre au piège. Et pendant un instant, la peur lui murmure de simplement exploser ce mur. Ce serait si facile : un bon coup de poing, et toutes ces briques taguées volent en éclat, lui ouvrant la voie, lui offrant un échappatoire. Si un rocher n'a pu résister à sa force de Lougaroc, ce n'est pas ce mur qui va poser problème. Tenté, le rouquin lève légèrement sa main au niveau de son torse. Il y aperçoit alors les petites tâches rosées sur ses phalanges, vestiges de sa blessure qu'il y a quelques jours. La guérison a été rapide grâce à son type roche, c'est à peine si l'on en aperçoit les restes. Mais est-ce raison une bonne idée de rejeter de l'huile sur le feu ? Sa plaie l'a empêché de travailler pendant quelques jours, réduisant considérablement ses économies. Morgan ne peut donc se résoudre à se faire mal à nouveau, parce qu'il a besoin d'argent, d'encore plus d'argent. Alors son bras retombe le long de son corps, ses doigts serrant davantage les chaussures qu'il ne s'est toujours pas décidé à lâcher. Après tout, elles ne lui appartiennent pas : s'il ne veut pas avoir à les rembourser, il doit faire attention.

Ainsi, le Lougaroc n'a pas d'autre choix que d'affronter Oliver, d'une façon ou d'une autre. Et tout ce qu'il trouve à faire, c'est lui hurler de partir. Morgan ne veut pas qu'il s'approche, qu'il franchisse ces derniers mètres les séparant. Le Zarbi a émit le souhait de ne plus le revoir : alors qu'il continue ainsi et passe son chemin. Après tout, le Lougaroc n'a-t-il pas gentiment obéit à ses demandes ? Il est parti de chez lui et s'est assuré de ne plus jamais croiser sa route. Alors pourquoi l'a-t-il poursuivi ? Pourquoi est-il là, derrière lui ? Y a-t-il quelque chose d'autre à faire pour que Oliver l'oublie définitivement ? Va-t-il lui demander des comptes ? Lui demander rembourser les billets de train, peut-être ? Il est vrai que c'est lui, qui les a payé. Morgan ignore bien combien ce genre de chose peut bien coûter, mais s'il faut lui fournir quelques billets pour qu'il lui fiche la paix, il le fera. Comme ça, il ne lui devra plus rien et chacun d'eux pourra continuer sa vie de son côté, comme si rien de tout cela s'était passé … du moins, en apparence. Car envers et contre tout, la journée qu'ils ont passé ensembles à Rivamar demeure un excellent souvenir dans la mémoire de Morgan. Et dire qu'il n'a même plus le petit porte-clé Concombaffe pour lui rappeler cette après-midi … Mais bon, c'est peut-être mieux ainsi : garder des souvenirs, c'est entretenir le deuil. Le deuil de cette relation à peine née.

Les yeux plein de larmes, Morgan ne peut se résoudre à lui faire face. Il est trop malheureux, trop terrifié, trop honteux pour oser croiser son regard. Et cet accoutrement … Il se sent si ridicule. Cette robe qui dévoile ses jambes et ses épaules sans pudeur suit ses courbes et marque sa taille un peu trop large pour un jeune homme. Ses cheveux sont ramenés en un haut chignon sur le derrière de sa tête, laissant sa nuque à nue. N'importe qui ne le connaissant pas ne pourrait deviner qu'il est un homme. Dans ce genre de vêtement, il est tellement féminin qu'il est impossible de douter un instant de cela. Le numéro de téléphone griffonné dans le creux de sa main en est la preuve formelle. Et si passer pour une fille aux yeux d'inconnus ne le dérange plus vraiment, se présenter ainsi devant Oliver le met vraiment très mal à l'aise. Lui, il voudrait qu'il ne le voit que comme un homme, pas autrement. Qu'il ne doute jamais de cela. Qu'il ne le trouve pas beau dans de tels habits. Qu'il déteste le voir avec une robe sur le dos. Morgan voudrait qu'il lui enlève, qu'il lui arrache ces vêtements ridicules, qu'il refuse de le voir autrement que comme l'homme qu'il est. Son cœur se serre douloureusement dans sa poitrine : cela n'arrivera jamais. Il est trop tard pour espérer quoi que ce soit désormais. Il a tout foutu en l'air, comme d'habitude. Encore une fois, Morgan n'a que ce qu'il mérite.

Les tremblements qui secouent ses épaules gagnent de l'intensité lorsqu'il entend Oliver se rapprocher. Que compte-t-il lui dire ? Que compte-t-il lui faire ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il le suive, qu'il le rattrape ? Qu'a-t-il donc fait, encore, pour mériter ça ? Un sanglot lui échappe alors qu'il lutte contre lui-même pour ne pas se retourner. Il ne le faut pas. Il ne doit absolument pas croiser son regard, apercevoir ses jolies tâches de rousseur. S'il le fait … Il se retrouverait à le supplier de le pardonner, d'oublier ce qu'il s'est passé ce fameux matin. Il serait prêt à se jeter à ses pieds, à réclamer son pardon. Parce que, envers et contre tout, Morgan ne veut pas le perdre. Toute l'affection qu'il ressent à son égard l'empêche de lui en vouloir, de ne lui tenir rigueur de tout ce qu'il a pu lui dire. Et le rouquin se sait stupide et naïf, à toujours pardonner et oublier les blessures que l'on a put lui infliger. Une partie de lui en a parfaitement conscience : si, le lendemain du bal du lycée, Tôma lui avait demandé de le pardonner … il l'aurait fait. Il aurait accepté d'oublier ses mots horribles, ses pas de travers. Parce que Morgan n'est qu'un imbécile qui tend constamment le bâton pour se faire battre. Un idiot qui s'accroche tellement fort à ses sentiments qu'il en oublie sa propre raison. Et c'est bien pour cela qu'il se laisse si facilement submerger par ses propres émotions : elles font de lui ce qu'elles désirent, le poussant dans ses derniers retranchements, le forçant à toujours s'empêtrer dans les bourbiers foisonnant sur son chemin.

J-Je… Je t'ai envoyé beaucoup de messages… Cette semaine. T-Tu ne m'as pas répondu. S'en suit un petit silence, ponctué par les sanglots du rouquin. J'y ai dit… Des trucs importants… Q-Que je voulais que tu saches. Que tu comprennes…… Écoute, Morgan. J-Je sais qu'on s'est quitté plutôt… Très mal, la dernière fois. Mais… Tout. Tout était un malentendu ! J'aimerais juste que… Que tu me laisses une chance de m'expliquer. D-De t'expliquer tout ce que j'ai sur le cœur…

Morgan secoue légèrement la tête, refusant d'entendre ces mots qui, il le sait, ne feront que le blesser davantage. En sentant ses doigts effleurer son avant-bras, il réprime un frisson d'horreur, terrifié à la simple idée qu'il le touche à nouveau. Oliver n'a pas le droit de lui faire ça. Et pendant un instant, le rouquin est tenté de faire un pas un avant, dusse-t-il s'écraser contre le mur, seulement pour échapper à son toucher. Mais la main du Zarbi est déjà sur son épaule, et le Lougaroc comprend qu'il est inutile d'essayer d'y échapper. Pourtant, son corps est secoué de tremblements, puis de sanglots étouffés. Les larmes jaillissent de ses yeux telles des torrents salés sillonnant sur ses joues brûlantes. Ces messages que Oliver lui a envoyé … Morgan n'en a pas lu un seul. Dès que son téléphone a commencé à signaler l'arrivée de nouveaux messages, le Lougaroc l'a éteint, pour ne pas avoir à les lire, à en apprendre le contenu. Il avait trop peur pour ça, trop peur d'y lire des mots terribles, des insultes méritées, des menaces terrifiantes. Bien évidemment, le rouquin sait que Oliver n'aurait jamais fait ça : mais tout à sa tristesse, tout à sa paranoïa maladive, il n'a réussi à songer qu'aux pires scénarios possibles, qu'à quelque chose de purement négatif. La seule idée qu'il puisse y trouver quelques excuses ne lui a même pas effleuré l'esprit. Parce que pour le rouquin, il n'était vraiment plus rien aux yeux d'Oliver, si ce n'est une pute et une vermine, comme il lui a si bien dit avant qu'il ne le quitte.

Pourtant, Morgan aussi a été tenté de lui écrire quelques mots, de s'excuser pour son comportement odieux et ses accusations infondées. Parce que désormais, il est en certain : Oliver ne lui a rien fait, absolument rien fait. Et quand bien même … Le Lougaroc se sait physiquement plus fort que le Zarbi. Si ce dernier avait voulu le forcer à quoi que ce soit, Morgan l'aurait repoussé sans mal, même alcoolisé. Donc si quelque chose il y a eu … il était forcément consentant. Peut-être même est-ce lui qui a initié la chose. Le Lougaroc se revoit parfaitement sur ces banquettes dans la boîte de nuit, à lorgner sur la chemise à moitié déboutonné du Zarbi, désireux de l'en débarrasser et de le dévorer tout cru. Étant donné l'affection qu'il ressent à son égard, son désir de lui appartenir, il est tout à fait envisageable que Morgan lui même ait donné le signal de départ, pressé de le découvrir plus intimement, de s'offrir à lui le temps de cette nuit, pour qu'il ait conscience de tout l'amour qui l'habite depuis leur toute première rencontre. Et pourtant … pourtant, le Lougaroc a immédiatement rejeté toute la faute sur Oliver, au réveil. Malgré les larmes de ce dernier, malgré ses excuses gauches et sa sincérité maladroite. Morgan lui a fait du mal, il le sait : et il s'en veut énormément. Tout ce que Oliver lui a dit ensuite … il l'a bien mérité. Après tout, nous récoltons ce que nous semons, non ?

Morgan s'apprête à repousser doucement la main du Zarbi lorsque ce dernier reprend la parole :

S'il-te-plaît… Regarde-moi. T-Tu avais raison. Je suis vraiment un connard… Mais surtout un lâche. J-J'ai essayé de t'en parler, mais tu m'as interrompu. C'est vrai que j'ai voulu profiter de la soirée pour parler plus librement avec toi… M-Mais c'était tout. Je voulais certainement pas que tu termines chez moi, dans mon lit. E-Et c'est parce que… C'est parce que…C'est parce que… Jet'aimebienenfinbeaucoupjecrois.

Le cœur de Morgan rate un battement dans sa poitrine. Les yeux écarquillés, il décompose les derniers mots d'Oliver, tentant d'en saisir le sens. Et ce qu'il croit comprendre fait tomber une lourde pierre dans son estomac. A-t-il sincèrement dit … qu'il l'aimait ? Mais … comment ? Dans quel sens ? En tant qu'ami ? Ou plus ? Leurs baisers de la semaine dernière lui revient alors en mémoire, lui rappelant la tendresse dans les gestes d'Oliver et la passion animant sa bouche. Certes, il avait un peu bu, et l'alcool est bien connu pour désinhiber mais … mais il paraissait sincère. Si sincère que Morgan y a répondu sans hésiter, beaucoup trop heureux de ressentir ces sensations agréables secouer son corps entier. Au cours des quelques jours suivant cette terrible matinée, Morgan s'est surprit plus d'une fois à repenser à leurs baisers, et à vibrer sous cette intensité lui revenant systématiquement en mémoire. Et il avait tant envie de la retrouver, sans pouvoir assouvir ce besoin pour autant. C'est aussi une raison pour laquelle il ne peut se résoudre à lui faire face. Il ne pourra résister à cette tentation, à cette invitation de s'accrocher à ses lèvres et ne plus jamais s'en séparer. Or, envers et contre tout, Morgan ne peut l'accepter. Il ne peut pas vaciller si facilement. C'est trop facile, trop beau pour être vrai. Il y a forcément Serpang sous roche. Pourquoi Oliver reviendra vers lui après tout ça … ? C'est forcément une blague. Une blague de très mauvais goût.

Et pourtant, pourtant, cette maladresse dans sa déclaration est si sincère que Morgan a envie d'y croire. Une partie de lui a besoin de savoir que ce n'est pas pour de faux, que ce n'est pas une énième confession dans le vent. Mais dans un même temps, il a peur, si peur d'être blessé à nouveau. D'y croire fort et de retomber de haut. Son cœur n'est pas encore rétabli de toutes les souffrances qu'il a enduré : Morgan n'est pas sûr qu'il tienne le coup si tout s'écroule de nouveau. Mais … Mais pourquoi ne pas essayer ? Une dernière fois. Juste une dernière fois. Et si ça se fini aussi mal que les précédentes … il n'aura qu'à fermer son cœur à double-tour pour que plus personne ne puisse lui faire du mal. Morgan le sait : il le regrettera toute sa vie s'il ne laisse pas une chance à Oliver. Après tout, n'est-il pas revenu auprès de lui à chaque fois ? Que ce soit après sa crise de colère au café de Joliberges, après sa fuite effrayée au festival Alola de Rivamar, dans cette boîte de nuit à Féli-Cité … et là, maintenant, dans cette ruelle sombre, le Zarbi l'a toujours retrouvé. Il est toujours revenu vers lui, plein de bonnes attentions, portant des responsabilités qui ne sont pourtant pas toujours siennes. Tôma, lui, n'est jamais revenu vers lui. Il l'a laissé partir, sans même essayer de le rattraper – sans même y penser. Son père non plus, n'a pas essayé de le retrouver. Tous, ils l'ont laissé fuir sans tendre une main dans sa direction, sans songer par la suite à le retrouver. Tous sauf Oliver.

Et c'est fort de cette pensée que Morgan accepte finalement de tourner les talons, afin de lui faire face. Ses longs cils sont lourds de larmes, et son visage est ravagé par les sentiments qui se disputent la première place dans son cœur. Il tient toujours ses talons dans ses mains, incapable de les remettre à ses pieds. Cependant, il refuse de relever la tête et de croiser son regard. C'est encore trop dur pour qu'il accepte de s'y résoudre. D'autant plus que, avant cela, il a besoin de mettre certaines choses au clair. De s'assurer qu'il n'a rien compris de travers, que Oliver a bien dit ce qu'il pense avoir entendu. C'est important pour lui – vraiment important.

Ne dis … ne dis pas des choses pareilles si tu ne les penses pas vraiment, s'il te plaît. Ses mots sont suppliants, trahissant ce besoin de sincérité. Moi je … j'étais sincère, pendant cette soirée. Vraiment sincère.

Tremblant, il essuie quelques larmes sur ses joues du revers de la main, prenant garde à ne pas se faire mal avec la chaussure. D'ailleurs, il décide finalement de les lâcher, afin de libérer ses mains et jouer avec ses doigts, dans la tentative vaine d'évacuer le stress faisant palpiter son cœur. Il renifle une ou deux fois, le plus discrètement possible, tentant de calmer ses sanglots. Mais ce n'est pas une mince affaire et chaque larme qu'il essuie est aussitôt remplacée par une autre. Il est encore trop tôt pour fermer les vannes, visiblement. En tout cas, Morgan se sent de plus en plus mal à l'aise. Il n'est pas parvenu à lui faire une déclaration digne de ce nom, lui non plus. C'est beaucoup trop dur de mettre des mots sur ces sentiments qui l'agitent depuis tout ce temps. Ainsi espère-t-il que Oliver comprenne le message … et y réponde. Parce que si, lui, ne ressent qu'une affection amicale à son égard … ce sera douloureux pour Morgan, vraiment douloureux. Lui, il ne veut pas être que son ami. Il veut être plus. Il veut compter à ses yeux. Il veut pouvoir se blottir dans ses bras, recevoir sa tendresse et son affection. Plus qu'une envie même, c'est un besoin. Le Lougaroc a besoin de l'amour d'Oliver. Il le désire corps et âme, il veut être important pour lui, être au centre de ses pensées, à une place au premier rang dans son cœur. Et pas juste un ami, un bon pote, un gars sympa qu'il ne verra que de temps en temps. Morgan ne pourrait jamais se satisfaire de cela. Il lui en faut plus.

Mais peut-il encore prétendre à cela après tout ce qu'il lui a dit ? Dans une tentative désespéré de se faire pardonner, Morgan ne peut retenir quelques paroles maladroites, mais sincères :

Je suis tellement désolé. Ce que je t'ai dit … Je ne le pensais pas ! Je te le jure. Tu … tu n'es pas un connard comme les autres. Tu n'es pas un profiteur. Tu es … tu es le garçon le plus gentil que je connaisse. Je suis … je suis vraiment désolé. S'il te plaît, pardonne-moi. Pardonne-moi. Je ne voulais pas te faire du mal. Je suis con, tellement con … Pardonne-moi.

Ses larmes redoublent d'intensité alors que ses mains viennent saisir le tshirt d'Oliver, désormais effrayé à la simple idée qu'il le fuit, qu'il s'en aille comme tous les autres. Si Morgan s'était promis de ne pas réclamer d'excuses, il n'a pas pu s'en empêcher. Parce qu'il l'aime beaucoup trop pour accepter de mettre un terme à tout cela si rapidement. Il l'aime beaucoup trop pour rater cette chance de lui demander pardon.
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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptySam 14 Sep - 1:05
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire
Ces mots… Ils les avaient tant de fois répétés cette semaine. Dans sa tête, devant son miroir, comme un idiot, comme un pauvre fou qui parlait à son reflet. Et maintenant qu'il pouvait les dire. Qu'il voulait les dire. Qu'il devait les dire… Ils sortaient tout emmêlés, incompréhensibles.
Oliver se sentit défaillir, vacillant un court instant, sa prise sur l'épaule de Morgan traduisant un moment de faiblesse. Il se sentait… Complètement vidé, complètement désespéré.
Cela faisait la deuxième fois qu'il lui faisait sa déclaration… Car il avait envoyé un message à Morgan dans lequel il lui expliquait précisément ses sentiments. Avec sincérité ; il s'était fait violence pour lui écrire ces quelques mots. Mais cette bombe qu'il avait laissée derrière lui n'avait malheureusement pas eu de réponse… Et le Zarbi se demandait si Morgan l'avait lu. L'avait seulement vu. S'il l'avait ignoré ou s'il ne l'avait pas reçu. Tant de questions qui restaient en suspens, tant de questions qui le laissaient dans un état déplorable. L'angoisse, la terreur le prirent violemment à la gorge.
Il se souvenait mot pour mot de ce message. À vrai dire, il l'avait relu une bonne vingtaine de fois. Il l'avait corrigé, allégé ou alourdi en sentiments, en termes savants : Morgan. C'était un malentendu. J'ai adoré nos journées ensemble. J'ai adoré être à tes côtés, te sentir prêt de moi, savoir que tu me faisais confiance. Et il est vrai que, au fil des heures passées à deux, j'ai voulu qu'on aille plus loin. Peut-être qu'on devienne amis, mais pas que. Pas simplement amis. Qu'on soit un peu plus l'un pour l'autre. [...] C'était un peu mélo-dramatique… Mais franchement honnête. Ces phrases, il les avait écrites avec le cœur.
Il aurait pu lui dire la même chose en face, d'autant plus que le Lougaroc lui tournait le dos : c'était donc encore plus simple de lui avouer ses sentiments. Ne pas y aller par quatre chemins… Se livrer corps et âme au rouquin.
Mais non. Il s'était planté. Planté sur toute la ligne, et maintenant, il avait l'air d'un parfait idiot.

Baissant la tête, Oliver regarda ses pieds, complètement perdu, écrasé par la honte, ses joues brûlant sous un feu ardent. Morgan allait bientôt se moquer de lui. Lui rire au nez comme il savait si bien le faire ; le provoquer avant de tourner les talons, partir et tirer définitivement un trait sur leur relation naissante. Le Zarbi avait quelque part tendu le bâton pour se faire battre… Et il ne pouvait que s'en prendre à lui-même. Lui qui était incapable de lui dire la vérité sans bafouiller comme un imbécile.
Je t'aime bien je crois.
Pourquoi compliquer les choses ? Je t’aime aurait largement suffit, aurait été plus clair que jet’aimebienenfinbeaucoupjecrois. Oliver se mordilla méchamment la lèvre inférieure.
Il ne le lui avait pas déjà dit, à la soirée, n’est-ce pas ? Non, les choses s’étaient faites naturellement, un peu poussées par l’alcool. Certaines images demeuraient floues malgré ce qu’il avait cru comprendre, ce qu’il avait cru deviner. Malgré les photos.
Il se souvenait... L’avoir invité à danser. L’avoir eu tout contre lui… Et ensuite… Ensuite Morgan l’avait embrassé. Timidement, mais avec une grande sincérité. Le Zarbi se rappelait de la sensation de ses lèvres contre les siennes, de ce petit goût de menthe, de rhum qu’elles avaient déposé.
Il avait répondu à son baiser, trop content de pouvoir enfin passer aux choses sérieuses, trop content qu’il comprenne enfin que lui aussi était de ce bord. Que lui aussi le voulait tout à lui.
Rien qu’à lui.
Et puis les autres souvenirs s’affadissaient. Ils s’effaçaient de sa mémoire comme un nuage de fumée qu’il essayait vainement de rattraper. Toutes ces images, elles s’effritaient sous ses doigts. Et Oliver en venait même à penser que ce baiser, même s’il avait eu lieu, était plus un fantasme qu’une réalité.
N’avait-il pas imaginé la douceur de ses lèvres, leur tendresse excessive ? N’avait-il pas construit ce goût sucré qui s’était posé sur sa langue ? Ces émotions gardées secrètes, cette frénésie lascive qui les avaient tout deux envahis ?
Peut-être... Peut-être que la réalité avait été moins reluisante. Moins belle. Plus sale.
D’ailleurs, la conclusion de leur petite aventure avait jeté un voile sombre sur tous ces doux souvenirs. Oliver avait l’impression de ne plus rien savoir. Il doutait de tout.
Sauf d’une chose. D’une seule chose : il n’avait pas envie de perdre Morgan. Ces trois jours, qui auraient pu paraître insignifiants aux yeux d’un autre, à peine nécessaires pour construire une simple amitié, lui avaient semblé saupoudrés d’une magie toute singulière, d’un bonheur qu’il n’avait jusqu’ici que touché du bout des doigts, sans jamais vraiment l'expérimenter. Et ce bonheur, maintenant qu’il y avait goûté, maintenant qu’il s’en était enivré, il lui semblait impossible d’y renoncer. Le Zarbi s’était mis en tête qu’il s’accrocherait jusqu’au bout à Morgan. À présent, il l’avait dans la peau, peu importe ce qu’ils avaient pu se dire, peu importe les bêtises qu’ils avaient crachées. Depuis plusieurs jours, il pensait Morgan, respirait Morgan, vivait Morgan.
Alors, s’il le rejetait une fois de plus, s’il coupait définitivement court à leur relation naissante, ce serait terrible.
Et cette peur panique lui donnait la nausée, faisait trembler ses jambes, ses mains. Cette peur se lisait aisément dans son regard noir, un peu triste, profondément amoureux.

Et lorsque les sanglots de Morgan se turent, comme coupés net par ses mots, par cette phrase chaotique, le cœur d’Oliver rata un battement. Alors c’était comme ça que tout allait se terminer ? Que ses espoirs allaient voler en éclat ? Dans cette ruelle, au pied de ce mur ?
Le Zarbi retint sa respiration, attendant fébrilement que la foudre s’abatte sur lui, que l’orage passe.
Mais ce ne fut pas un visage durci par la colère qu’Oliver découvrit. Son cœur se serra fort dans sa poitrine, son ventre se tordit dans tous les sens : peut-être... Peut-être que ça n’allait pas finir aussi vite qu’il le pensait ? Cette peine qu’il lisait sur les traits du rouquin, elle était tissée d’espoir, non ? D’affection. De peur aussi.
Et toutes ses larmes qui rendaient humides sa peau de poupée, qui rassemblaient ses longs cils par paquets... Oliver crevait d’envie de les essuyer. D’effleurer à nouveau ce visage qu’il aimait tant.
Mais il fallait se retenir.  Ne pas le braquer. Attendre qu’il veuille bien le regarder droit dans les yeux, qu’il accepte de lui répondre.
Le brun, qui avait un peu plus tôt écarté sa main du Lougaroc, laissa aller ses doigts jusqu’à son épaule, remontant doucement le long de son cou, venant replacer une mèche grenat derrière son oreille.
Voir son visage rougi par le chagrin lui donnait encore plus envie de le serrer dans ses bras, de le protéger. Sa voix chevrotante, hésitante, lui décrocha un léger sourire, un peu triste, profondément attendri :

« Ne dis … ne dis pas des choses pareilles si tu ne les penses pas vraiment, s'il te plaît. Moi je … j'étais sincère, pendant cette soirée. Vraiment sincère. »
Sa main vint doucement caresser sa joue, essuyant ses pleurs ; Oliver se sentit rougir : le réconfort que lui procuraient ces mots était tout simplement inégalable. Tout d’un coup, l’énorme poids qu’il portait dans son cœur s’allégea un peu. Ce n’était donc... Qu’une question de sincérité ? Morgan avait du mal à le croire. Avait du mal à penser que oui, il avait pu être honnête.
Mais lui, lui il avait été sincère. Il s’était réellement livré à lui. Et cette perspective rassura profondément le Zarbi qui sentit soudainement son cœur s’emballer. Eux deux... C’était donc bel et bien réciproque ? Alors pourquoi cette réaction la semaine dernière ? N’avait-il pas compris que, justement, sa panique soudaine tenait au fait qu’il l’aimait trop pour pouvoir accepter qu’une telle chose se produise entre eux..?
L’émotion prit Oliver aux tripes. Il sentit les larmes monter jusqu’à ses yeux. Fermant à plusieurs reprises ses paupières lourdes, il les refoula tant bien que mal. Il n’était pas triste, et pourtant, cette méfiance que Morgan affichait aurait pu lui donner du chagrin. Il était au contraire heureux, vraiment heureux. Une brèche de lumière s’ouvrait enfin dans les ténèbres.
Ses tâches de rousseur, discrètes, disparurent dans le rouge qui ensanglantait son visage. Il déglutit, laissant aller ses doigts le long des bras dénudés de Morgan. Le Zarbi l'observa essuyer ses larmes en silence, tressaillant au fracas des talons contre le sol. Comment pouvait-il supporter de mettre ces choses ?
Il osa enfin le regarder dans les yeux, les cils un peu humide, la gorge serrée et essaya de se justifier d’une voix chevrotante, débordant d'affection :

« Je… P-Pourquoi je te le dirais si je ne le pensais pas vraiment…? C-C'est déjà bien assez dur à dire comme ça pour ne pas jouer avec… Je… J-J'étais vraiment sincère aussi… Enfin, je crois. J'ai… Sans doute un peu perdu les pédales ; on est allé trop vite… Il marqua une petite pause, baissant un instant les yeux, un peu honteux. Il savait que ses mots portaient à confusion. Que Morgan pourrait comprendre ses phrases d'une manière bien éloignée de la vérité. Aussi reprit-il, le regard fuyant, les joues plus que jamais brûlantes.Je veux dire que… Que… J-J'aurais voulu faire les choses bien avec toi… Ne pas gâcher nos premières fois… A-Attendre un peu… Mais comme c'est raté, je… Je préfère avancer, te dire les choses plutôt que de te perdre. Je suis vraiment sincère… T-Tu me plais et… e-et j-je t'aime beaucoup. »
Allait-il seulement le croire ? Est-ce qu'il avait été assez convaincant ? Tous ces mots… Il les pensait vraiment. Il ne voulait pas que dans un élan de paranoïa Morgan les rejette d'un bloc. C'était sa dernière tentative. Leur ultime chance d'étrangler cette crise, d'aller de l'avant.
Son cœur rata un battement lorsque le Lougaroc reprit la parole, des larmes plus grosses encore roulant en cascade sur ses joues un peu trop pâles. L'angoisse prit de nouveau place au creux de son ventre, compressant par la même occasion sa poitrine, puis, le soulagement la chassa petit à petit, à mesure que le rouquin déversait ses repentirs. Son regard devint à son tour brillant, et une perle transparente traça un sillon humide le long de sa joue. Ses yeux se perdirent dans les siens, profondément reconnaissants, et un peu désolés aussi.
Non. Morgan n'était pas une vermine. Encore moins une pute.
Morgan… Il avait besoin de lui ; ces sentiments qui s'insinuaient en lui, c'était comme une drogue. Une drogue dont il n'arrivait plus à se passer.

Oliver sursauta lorsque les mains de son interlocuteur se refermèrent brutalement sur son tee-shirt, s'accrochant désespérément à lui. S'il parut un instant dérouté, un petit sourire étira joliment ses lèvres : essayait-il de… le retenir ? De l'empêcher de s'enfuir ?
Le Zarbi noua ses bras autour de Morgan, l'attirant contre lui. Sa taille fine, soulignée par cette horrible robe rouge, épousait parfaitement la forme de ses avant-bras.
Doucement, il approcha son visage du sien, déposant tout d'abord un baiser sur son front, brûlant, puis un autre sur sa joue gauche.

« Je te pardonne. Dit-il enfin, sa voix se faisant douce et réconfortante. Et… Toi aussi tu veux bien oublier tout ce que j'ai pu te dire…? J-Je ne le pensais pas… J'étais… En colère, et… J-J'avais tellement peur. J'étais tellement triste à l'idée d'avoir tout gâché… »
Son étreinte se fit plus forte, marquant son désir de le garder tout près de lui. Il ferma un peu les yeux, les laissant papillonner quelques instants, ses lèvres s'entrouvrant légèrement ; se collant tout contre lui, il lui vola alors un petit baiser, ridicule mais terriblement sincère. Puis un deuxième, plus appuyé, plus long, mais simple, encore innocent. La douceur des lèvres de Morgan lui décrocha un petit frisson, comme un choc électrique.
Plus rouge que jamais, les yeux larmoyants, Oliver finit par enfouir son visage dans le cou du garçon, le serrant fort dans ses bras.
Il ne savait plus quoi lui dire. Seule une phrase résonnait encore dans sa tête : il l'aimait. Il l'aimait tellement. Il ne voulait plus le lâcher, plus jamais. Ses mains remontèrent le long de son dos nu, ses doigts suivant son épine dorsale, caressant sa peau. Ils frôlèrent sa nuque pour finalement déranger son épaisse chevelure grenas, ramenée en un énorme chignon. Ses cheveux étaient doux et sentaient le shampoing. Sa peau avait une odeur rassurante. Le calme, la quiétude semblait peu à peu revenir à lui.
Est-ce qu'ils étaient sortis d'affaire ? Enfin ?
Demeurant un long moment immobile, gardant Morgan dans ses bras, appréciant sa chaleur, il finit tout de même par s'écarter, le regard fuyant. Il s'était peut-être un peu emballé, de nouveau ? Est-ce que le Lougaroc allait lui en tenir rigueur ?
Lui lançant un coup d'œil hésitant, il esquissa un pauvre sourire, marque de son honnêteté :

« E-Excuse-moi… Je… J-J'avais envie de t'embrasser… En ayant toute ma tête… Si tu vois ce que je veux dire. »Il laissa échapper un petit rire gêné, passant finalement une main fébrile dans ses cheveux. Dis-moi que tu veux bien me croire maintenant. Dis-moi que tu veux bien aller prendre un café avec moi. Ou un chocolat… Ou… Ce que tu veux. Juste rester avec moi… S'il-te-plaît.»

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptySam 14 Sep - 13:05

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - ???
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Le coeur au bord des lèvres, Morgan se sent prêt à défaillir. Tout ça … ce n'est pas un petit peu trop beau pour être vrai ? Cette confession est-elle seulement sincère ? N'est-ce pas le fruit de son imagination, alimentée par tout l'amour qu'il ressent envers Oliver ? A-t-il seulement bien entendu ? Une véritable tempête se déchaîne dans sa tête, balayant son bon sens et ses espoirs, coupant net le fil de ses pensées pour ne laisser qu'un capharnaüm explosif et douloureux. Morgan ne saurait dire si cela est causé par ses pleurs ou sa confusion, mais sa tête commence à lui faire mal, comme serrée fort dans un étau. Cela l'empêche de penser efficacement, de démêler les nœuds, de rassembler les pièces du puzzle. Pourquoi, à chaque fois, faut-il que ses propres sentiments le prennent au piège ? Pourquoi lui sautent-ils ainsi à la figure, violents, presque virulents ? Il ne sait plus que dire, il ne sait plus que faire. Sa peur du rejet est telle qu'il est prêt à se boucher les oreilles, à ne pas entendre tout ce que Oliver pourrait lui dire. Et pourtant, il en a besoin. Pour avancer. Que ce soit une bonne nouvelle ou une mauvaise … Les deux ouvriront une nouvelle porte. Si Morgan a forcément une préférence pour l'une … il ne doit pas rejeter l'autre. Car même si la franchir lui fera du mal, ce ne durera pas éternellement. Le rouquin s'en remettra, plus ou moins difficilement, et tentera d'aller de l'avant. Seul. Peut-être se contentera-t-il de quelques coups d'un soir. De clients charmés à l'idée de prolonger la soirée en sa compagnie. Juste pour lui offrir l'illusion d'une certaine compagnie, pour oublier la solitude qui deviendra sa meilleure amie. Pour couvrir une brèche dans son cœur, l'espace de quelques instants.

Mais … aucune porte ne sera franchie avant que Morgan n'obtienne le fin mot de toute cette histoire. Il a besoin de savoir que le brun a sur le cœur. Et désormais, il s'en veut sincèrement d'avoir ignoré tous ses messages. S'il en ignore le contenu, il comprend désormais que le Zarbi n'a fait que lui ouvrir son cœur, qu'écrire ce qui lui passait par la tête, dans l'espoir sûrement de reprendre là où tout s'est brutalement arrêté il y a quelques jours de cela. Si Morgan avait accepté de les lire, ils ne seraient peut-être pas dans une telle situation. Ils n'auraient pas souffert durant cette période de séparation. Et il se sent bête, si bête de ne pas avoir prit son courage à deux mains, ou simplement de ne pas avoir demandé à Addie de tâter le terrain. Elle l'aurait fait sans aucun souci, sensible à la peine du rouquin. Certes, il doit s'agir de déclarations intimes mais … Morgan aurait été incapable de les lire lui-même sans savoir, d'abord, qu'il ne s'agissait pas mal d'un déferlement de haine et de dégoût. Et dire que son téléphone portable est dissimulé dans le tiroir de sa table de chevet, à l'auberge … Puisqu'il a acheté l'appareil afin de communiquer plus facilement avec Oliver, il ne lui servait plus à rien étant donné les récents événements. Dès les premiers messages, il l'a éteint et rangé, ne souhaitant même plus l'apercevoir. Le Concombaffe n'y était même plus accroché … il n'avait donc, vraiment, plus le moindre intérêt pour ce téléphone qui, pourtant, a fauché une petite partie de ses maigres économies.

Malgré ses yeux plein de larmes et sa réticence à regarder Oliver dans les yeux, Morgan sait que le Zarbi ne projette pas de l'abandonner de nouveau. Il sent sa main qui voyage de son épaule à sa joue, en glissant sur sa nuque. Le contact de ses doigts sur sa peau nue lui donne des frissons, réveille des sensations agréables. Doucement, le brun glisse une mèche grenat derrière l'oreille du rouquin, qui est touché par sa délicatesse et ses tendres attentions. Et tandis que Morgan tente désespérément de sécher ses larmes, il se surprend à désirer plus que de simples caresses de la part de Oliver. Il voudrait qu'il le prenne dans ses bras, qu'il l'embrasse sans réfléchir, qu'il réveille en lui tout ce qu'il a toujours désiré, sans jamais réussir à l'obtenir. Qu'il lui montre ce qu'est le véritable amour, qu'il balaie du revers de la main tout ce que Tôma a voulu lui faire croire pendant plus d'un an, pour lui dévoiler des sentiments sincères et purs, animés par une affection toute particulière qu'il destine à Morgan, et à Morgan seulement. Le Lougaroc veut comprendre les sensations qui l'agitent si brutalement dès qu'il croise le regard du Zarbi, explorer plus loin la notion même de l'amour et discipliner ses émotions pour n'offrir à Oliver que le meilleur de lui-même. Plus que jamais, il désire lui faire plaisir, le combler d'affection, lui montrer qu'il n'est pas qu'une bombe de colère et que son cœur n'est fait que de guimauve, qui fond pour lui chaque seconde qui passe. Morgan l'aime – passionnément. Et il veut être en mesure de le lui montrer.

Je… P-Pourquoi je te le dirais si je ne le pensais pas vraiment…? C-C'est déjà bien assez dur à dire comme ça pour ne pas jouer avec… Je… J-J'étais vraiment sincère aussi… Enfin, je crois. J'ai… Sans doute un peu perdu les pédales ; on est allé trop vite… S'il s'arrête un instant, Morgan garde le silence, attendant la suite, un peu angoissé. Je veux dire que… Que… J-J'aurais voulu faire les choses bien avec toi… Ne pas gâcher nos premières fois… A-Attendre un peu… Mais comme c'est raté, je… Je préfère avancer, te dire les choses plutôt que de te perdre. Je suis vraiment sincère… T-Tu me plais et… e-et j-je t'aime beaucoup.

Morgan sent de nouvelles larmes inonder ses joues. Prendre son temps ? Jamais personne n'a prit son temps avec lui. Ses ex avaient plus tendance à brûler les étapes, pour parvenir plus rapidement à leurs fins. Tant et si bien que … pour le rouquin, cela est devenu une normalité. Pourquoi s'embarrasser de confessions malhonnêtes ? La finalité a toujours été la même, de toute façon. Une fois qu'ils obtenaient ce qu'ils désiraient, ils trouvaient des excuses bidons pour mettre un terme à tout ça. Et le Lougaroc s'en contentait : de toute façon, que pouvait-il attendre de mieux ? Le grand amour, il n'allait pas le trouver parmi ces curieux qui ne répondaient, au final, qu'à leurs instincts de jeunes mâles sexuellement matures. C'est bien sûrement à cause de ces comportements-là que Morgan a si rapidement cru à la sincérité de Tôma. Lui, il n'a pas brûlé les étapes. Il n'est pas passé du premier baiser à leur première fois sans transition. Cela a prit un petit peu plus de temps. Pas des semaines non plus, mais bien une dizaine de jours – contre moins de trois en règle générale. Et ce respect qu'il semblait montrer pour sa personne, ça a convaincu Morgan d'y croire. Avant de comprendre que son « petit-ami » était seulement un novice à la matière, plus ou moins impressionné par l'expérience déjà avancée de Morgan. Parce qu'à dix-huit ans, il avait déjà vécu de nombreuses choses, sûrement plus que n'importe qui dans sa classe – et peut-être même dans son lycée. Rien dont il soit vraiment fier mais … qui lui apportait un bagage conséquent. De quoi déstabiliser un novice en la matière, effleurant pour la première fois les travers de l'homosexualité, et la façon de faire entre deux garçons.

Néanmoins, Morgan comprend bien mieux les réactions de Oliver, ce fameux matin. Sûrement a-t-il eu l'impression d'avoir tout gâcher. D'avoir saccagé des instants qu'il espérait vivre autrement. Que, justement, il avait brûlé des étapes et que cela donnait l'impression que, entre eux, ce n'était qu'un coup d'un soir, quelque chose d'absolument pas sérieux, qu'ils allaient tenter d'oublier au bout de quelques jours. Et si le Lougaroc se sent vraiment débile d'avoir réagit aussi violemment, il est désormais sincèrement touché par cette marque de respect. Par sa terreur d'avoir, possiblement, mit à mal leur relation naissante. Il comprend ses larmes désormais, et s'en veut de ne pas les avoir sécher, de ne pas l'avoir prit dans ses bras en lui murmurant quelques paroles rassurantes. Parce que c'est de ça qu'avait besoin le Zarbi, ce fameux matin. Que Morgan le rassure, lui fasse comprendre que rien de tout cela n'est de sa faute. Qu'il ne lui en voulait pas. Que quoi qu'il ait pu se passer entre eux, ce n'était pas grave, parce qu'il l'aime et que c'est tout ce qui compte. Mais il a fallu que le Lougaroc explose, que la terreur s'empare de lui et le rende horrible. Et il s'en veut tellement. C'est lui qui a jeté l'huile sur le feu, lui qui a donné naissance à ce brasier qui a également embrasé Oliver. Sa colère, elle est si compréhensible : le rouquin a été horrible, atroce, injuste. Il a accusé le Zarbi d'avoir planifié tout cela, de l'avoir soulé en toute connaissance de cause. Mais c'était faux : tout était faux.

Mais bien sûr, il a fallu que Morgan s'en rende compte après coup. Qu'il réalise ses conneries une fois le mal fait. Au moment où plus rien ne pouvait sauver les meubles. Oliver s'est énervé – à raison – et a sommé à Morgan de partir. Ce qu'il a fait, pour ne plus entendre les mots perfides du Zarbi. Et pourtant, arrivé en bas de son immeuble, il crevait d'envie de remonter, de s'excuser, de se réfugier dans ses bras en promettant que ses paroles n'étaient empreintes d'aucune sincérité. Mais il était trop tard pour cela, alors il a passé son chemin. Il est rentré, la mort dans l'âme, expulser son chagrin de son corps à renfort de grosses larmes. En laissant derrière lui un Oliver percé de toutes les insultes et les accusations qu'il a pu lui lancer. Pourtant, il est là de nouveau devant lui, à lui déclarer son affection, à lui dire qu'il lui plaît. Et alors, Morgan ne peut s'empêcher de se confondre en excuse, de rechercher son pardon. Il ne peut pas se permettre de continuer la conversation sans se repentir de ses paroles terribles. Il a besoin d'exprimer ses regrets, d'ouvrir son cœur et mettre une bonne fois pour toute les points sur les i et les barres sur les t. Pour ne pas que ce malaise perdure, et qu'il allège un peu sa conscience. Morgan sait bien que des excuses ne suffisent pas pour le pardonner totalement mais … il se devait de le faire. D'être sincère. Et même si ses mots se mêlent et s'emmêlent, même si ses phrases n'ont aucun sens, le seul fait qu'il les prononce suffit à  lui faire du bien, à se sentir un petit peu moins mal. Morgan ne s'est pas pardonné à lui-même, mais au moins espère-t-elle que Oliver l'excuse au moins un tout petit peu.

Morgan sent alors les bras d'Oliver se refermer délicatement autour de lui, l'attirant doucement à lui. La chaleur de son corps se propage aussitôt dans celui du Lougaroc, teintant ses joues de rouge, réveillant des sensations agréables dans son être tout entier. Sensations qui se multiplient alors que le Zarbi dépose un baiser sur ses front, puis sur sa joue. Le rouquin se sent si précieux aux creux de ses bras qu'il se sent parfaitement en sécurité, comme un véritable petit trésor. Ses yeux papillonnent alors que le brun reprend la parole :

Je te pardonne. Et… Toi aussi tu veux bien oublier tout ce que j'ai pu te dire…? J-Je ne le pensais pas… J'étais… En colère, et… J-J'avais tellement peur. J'étais tellement triste à l'idée d'avoir tout gâché…

Le Lougaroc a à peine le temps de hocher la tête que les lèvres d'Oliver se perdent sur les siennes. C'est un baiser rapide, éphémère, peut-être un peu frustrant, mais diablement agréable. S'en suit un autre, plus long, plus passionné, mais toujours sage et empreint d'affection. Et Morgan sent son cœur vibrer à cette sensation si agréable, à cette démonstration puissante et sincère. Pourtant, le rouquin a échangé beaucoup de baiser dans sa vie : mais jamais aucun n'a eu la même saveur. Il se surprend même à en désirer plus, à vouloir retrouver sa langue, à s'attarder davantage contre sa bouche. Mais déjà Oliver met un terme à cet échange, enfouissant son visage dans son cou. En sentant son souffle chaud contre sa nuque nue, Morgan est parcouru d'un frisson délicieux, et ses bras viennent naturellement s'enrouler autour de la taille du Zarbi, en quête de sa présence, de son affection. Le Lougaroc sent les doigts d'Oliver remonter le long de son dos, suivant la ligne de sa colonne vertébrale, rejoindre sa nuque puis se perdre dans ses cheveux. Si cela est devenu difficile pour lui, avec le temps, d'accepter que l'on touche ainsi ses mèches, il doit bien avouer qu'il adore sentir les doigts d'Oliver se mêler à sa chevelure grenat. Parce que Morgan sait qu'il ne lui fera aucun mal, qu'il ne viendra pas les lui tirer sauvagement, qu'il se contentera toujours de les caresser, d'en apprécier la douceur et la souplesse, sans jamais chercher à s'y agripper d'une quelconque façon. Et ce respect qu'il lui témoigne ne fait que le rendre plus amoureux encore, son cœur se gavant d'amour, proche de l'explosion.

Ils restent ainsi, enlacés, pendant un petit moment. Morgan a oublié tout ce qui les a conduit ici, il a oublié ses pieds douloureux, ses talons gisant au sol et son agence qu'il doit rejoindre. Il se contente de profiter de cette étreinte, de se gaver du parfum d'Oliver, de retrouver avec plaisir ce garçon qui lui a tant manqué ces derniers jours. Il ne pensait que jamais plus il ne pourrait espérer quoi que ce soit de lui : et pourtant, le voilà dans ses bras, à puiser mains jointes toute sa tendresse, tout son amour. Et c'est un véritable bonheur. Finalement, le Zarbi fini par s'écarter et se serait mentir de dire que Morgan n'y a pas ressenti une certaine frustration.

E-Excuse-moi… Je… J-J'avais envie de t'embrasser… En ayant toute ma tête… Si tu vois ce que je veux dire. Dis-moi que tu veux bien me croire maintenant. Dis-moi que tu veux bien aller prendre un café avec moi. Ou un chocolat… Ou… Ce que tu veux. Juste rester avec moi… S'il-te-plaît.
Oui, d'accord, tout ce que tu voudras. Mais d'abord … recommence, s'il-te-plaît.

La main de Morgan se perd sur la joue d'Oliver, l'invitant à se rapprocher de nouveau, pour lui offrir un nouveau baiser, un petit peu moins sage, mais tout aussi dégoulinant d'amour. Le Lougaroc retrouve avec un plaisir certain cette bouche à laquelle il est déjà totalement accro, revenant visiter cette langue qui goûtait si fort l'alcool il y a quelques jours. Désormais, elle a un goût de dentifrice mentholé, ce qui est vraiment plus agréable. Et le rouquin fait un pas en avant, enroulant ses bras autour de la nuque du Zarbi, le dissuadant de reculer la tête tout de suite. Avec délice, toutes les sensations qui l'ont assaillit lors de leurs baisers la nuit dernière reviennent le taquiner. Vibrant de plaisir contre Oliver, Morgan ne peut se résoudre à s'arrêter maintenant, désireux de s'assurer que tout ceci n'est pas un rêve, et qu'il est bel et bien dans la réalité. Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, il se met à suçoter la lèvre inférieure du Zarbi, dévorant littéralement sa bouche, de moins en moins maître de lui-même. Ce sont finalement les éclats de voix de quelques jeunes passant en bicyclette dans la rue qui le force à revenir sur Terre et à mettre fin de cet échange pour le moins passionné, quoi qu'un peu trop sexy, peut-être. Le rouge aux joues, Morgan se grignote distraitement la lèvre inférieure, dans une tentative vaine de dissimuler son trouble. N'est-il pas allé un petit peu trop loin … ? Oliver s'est contenté de deux baisers sages, innocents. Lui, il en a voulu des plus passionnés, des plus profonds. N'est-ce pas un petit tôt pour ça ? Morgan l'ignore mais … désormais, il se sent bien bête.

Soudain rouge de honte, le Lougaroc regrette d'avoir les cheveux coiffés en chignon, parce qu'il ne peut pas entortiller ses doigts autour de ses mèches pour dissimuler son trouble. La gorge sèche, il cherche difficilement une issue de secours, histoire de vite passer à autre chose avant que Oliver ne parle de ce baiser torride qu'ils viennent d'échanger. Les yeux grenats de Morgan tombent alors sur les chaussures à talon qu'il a laissé tomber un petit peu plus tôt. Aussitôt, il se baisse pour les rattraper, pliant les genoux pour épargner son dos. Il réalise alors qu'il n'est toujours pas passé à la l'agence, et qu'il porte encore cette robe cocktail. Si Oliver veut qu'ils aillent boire un petit quelque chose … il faut absolument qu'il se change avant. Hors de question qu'il se pointe dans un café dans un tel accoutrement – surtout que, dans la mesure du possible, il doit éviter de se faire reconnaître. Il lui faut donc absolument qu'il rejoigne l'agence pour récupérer ses vêtements … et son argent. Néanmoins, la seule idée d'emmener Oliver jusque là-bas le met mal à l'aise. Il le sait, son travail n'est pas franchement reluisant, et il y a de quoi nourrir quelques préjugés. Mais Morgan ne connaît pas suffisamment Féli-Cité pour lui dire de l'attendre à tel endroit pendant qu'il récupère ce qui lui appartient. Il n'a pas d'autres choix : il doit l'emmener avec lui jusque là-bas, avant de pouvoir rejoindre un café. Malgré la boule dans sa gorge, le Lougaroc parvient à dire ces quelques mots :

Je … dois passer à mon agence avant. Pour me changer … et me faire payer.


Parce que Morgan ne travaille pas gratuitement, c'est une certitude. Il n'a pas passé quatre heures avec ces talons infâmes aux pieds pour les beaux yeux de son client. D'ailleurs, il se souvient du numéro que le garçon a griffonné dans sa main … il faut qu'il l'efface avant que Oliver ne s'en rende compte. Dans les toilettes de l'agence, peut-être ? A force de frotter avec du savon, ça va bien finir par partir, non ? Serrant les poings, il se force à enfiler de nouveau ces chaussures démoniaques avant de sortir de la ruelle, Oliver sur ses talons. Si, pendant un instant, il est tenté de prendre sa main, il se ravise aussitôt. Premièrement parce qu'il doit éviter d'être aperçu si intime avec un autre homme alors qu'il sort tout juste d'un événement et surtout parce que les regards qui risquent de converger dans leur direction lui donne des sueurs froides. Il est tôt … trop tôt pour ça encore. Alors pour s'occuper les mains, Morgan joue distraitement avec la tulle de sa robe, se demandant combien une pièce pareille peut bien coûter, et réalisant à quel point il est insultant qu'un vêtement de femme lui aille si bien. Heureusement, malgré sa fuite précipitée, il ne s'est pas trop éloigné de son itinéraire et c'est sans aucun mal qu'ils arrivent devant l'agence. Cette dernière est assez petite, coincée entre un épicier et un coiffeur, mais d'élégants rideaux parent les fenêtres. Puisqu'il fait beau , ils sont ouverts, permettant à Morgan d'apercevoir son patron dans son bureau. Il semble seul – parfait.

Se tournant vers Oliver, un peu gêné, il lui destine ces quelques mots :

Tu peux m'attendre ici ? Je n'en ai pas pour longtemps … normalement.

Et sans entendre sa réponse – parce que Morgan est un vrai flippé – il gravit les quelques marches menant à la porte, qu'il pousse sans frapper. Il atterrit alors dans un vestibule, vide, où trônent un porte-manteau ainsi qu'un seau à parapluies. Trois portes se présentent à lui : celle de droite menant au bureau de son employeur, celle de gauche menant aux vestiaires, celle d'en face menant aux toilettes. Pendant un instant, Morgan est d'abord tenté d'aller se laver les mains pour effacer l'encre sur sa paume mais son patron l'a forcément entendu rentrer : il doit donc se présenter à lui en priorité. Prenant une grande inspiration, il donne quelques coups sur le bois de la porte, attendant l'invitation à entrer avant d'enclencher la poignée. Dès qu'il apparaît dans l'encadrement, un sourire ravi illumine le visage du propriétaire de l'agence, qui quitte sa chaise pour le rejoindre gaiement. Malgré ses cheveux gris et son embonpoint, il est un monsieur charmant et charismatique, qui s'habille avec beaucoup de goût. Ses doigts sont décorés de bagues en or qui s'entassent sur ses phalanges et Morgan s'est déjà demandé plusieurs fois comment il peut trouver cela confortable. L'homme passe une main dans sa chevelure poivre et sel, dégageant quelques mèches rebelles de devant ses yeux, déposant sur Morgan un regard qui ferait frémir d'horreur ceux qui ne le connaisse pas. Mais depuis plus d'un moins, le Lougaroc s'y est habitué – de toute façon, il est parfaitement prêt à se défendre au moindre geste déplacé. Cela n'est cependant jamais arrivé : la plupart du temps, il se contente seulement de caresser ses cheveux – ce qui peut paraître beaucoup, mais qui est devenu simplement naturel pour le rouquin.

Tu rentres bien tard, tout s'est bien passé j'espère ?
Oui oui, ne vous en faites pas. Je pensais juste que l'on viendrait me chercher.
Oh ! Désolé mon louveteau, j'ai oublié de prévenir le chauffeur. Parfois, je perds un peu la boule.

Morgan n'ose pas répondre, se contentant d'esquisser un petit sourire poli. Alors les doigts de son patron viennent se perdre dans ses mèches s'étant échappées du chignon, tentant de les discipliner. Comme beaucoup, il semble obsédé par sa chevelure. Ce qui met le rouquin bien mal à l'aise – il voudrait que seul Oliver ait le droit de les apprécier de cette façon. Mais il ne peut pas repousser son employeur : Morgan ne veut absolument pas perdre son unique source de revenue.

Le principal, c'est que tu sois rentré. Tu vas pouvoir te reposer ce week-end, je n'ai aucun contrat pour toi.
Ah bon ? Rien du tout ?
Disons … aucun qui ne rentre dans tes conditions.

Le Lougaroc se sent rougir malgré lui. Il comprend parfaitement ce que son patron entend par là. Les contrats qu'il possède … ne sont pas de la simple compagnie. Il y a également des faveurs sexuelles. Or, ce n'est absolument pas envisageable pour Morgan. Il refuse d'offrir ainsi son corps en pâture à des inconnus. Surtout pas maintenant qu'il commence quelque chose de concret avec Oliver. Et puis … il a suffisamment donné pendant son adolescence. Il ne veut plus être un jouet pour qui que ce soit. Pourtant, il gagnerait bien plus en acceptant de tels contrats. Le double, peut-être même le triple de ses paiements actuels. Mais ce n'est absolument pas envisageable. Il a bien été clair là-dessus, en signant son contrat. De la compagnie uniquement. Rien de plus. S'éloignant finalement de Morgan, le propriétaire de l'agence rejoint son bureau et sort une enveloppe de son tiroir. Le prénom du Lougaroc y est écrit en lettres majuscules et il lui tend avec un sourire chaleureux. Le rouquin l'attrape délicatement, le remerciant d'un léger mouvement de la tête. Ils échangent encore quelques mots, des banalités polies, avant que Morgan ne puisse finalement prendre congé. Il quitte donc le bureau de son patron et se dirige vers les vestiaires. Dans un long soupir de soulagement, il ôte ses talons et les range dans le meuble adéquat, puis retire prestement sa robe, qu'il glisse dans un panier destiné au lavage. Puis, il s'approche son casier et défait son cadenas, pressé de remettre ses vêtements. Ainsi enfile-t-il un jean noir et un tshirt rouge, ainsi que ses vieilles baskets. Son sac à dos rapiécé retrouve son épaule alors que le rouquin y glisse l'enveloppe, sans prendre la peine de compter la somme. De toute façon, il a toujours le même salaire, quoi qu'il fasse.

Et le Lougaroc est si pressé de retrouver Oliver dehors qu'il oublie de passer par les toilettes pour se laver les mains. Trop tard, maintenant qu'il descend les quelques marches, il ne peut plus faire demi-tour. Il ne peut qu'espérer que le Zarbi ne remarque rien, et attendra une occasion pour filer dans les toilettes du café. D'ailleurs, Oliver a-t-il une adresse en tête ou compte-t-il s'arrêter au premier restaurant qu'ils croisent ? En vérité, Morgan n'a pas vraiment de préférence, ce n'est pas comme s'il connaissait vraiment les meilleures adresses du coin.

C'est bon, on peut y aller. Je te suis.

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyDim 15 Sep - 14:15
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire
Le monde alentour semblait s'être éclipsé. Il n'y avait plus que Morgan. Plus que lui. Et tous les deux, ils étaient désormais plongés dans leur propre univers. Les clameurs de la ville étaient sourdes, lointaines ; la fraîcheur de cette après-midi avait disparu pour ne laisser place qu'à une chaleur agréable. Une chaleur au creux de son ventre, qui grandissait petit à petit pour devenir une véritable boule de feu, mordant ses joues avec vivacité.
Le Zarbi tenait toujours Morgan dans ses bras, le gardant tout près de lui, comme son trésor, sa merveille. Il ne le laisserait pas partir. Même s'il ne répondait pas positivement à sa prière… Il ne le laisserait pas s'en aller, se cacher, l'éviter, le fuir. Maintenant… Maintenant le Lougaroc était à lui. Et Oliver, en retour, se donnerait corps et âme au rouquin. Mais il ne le quitterait pas ; Morgan ne l'avait pas rejeté. Il avait même un peu répondu à son baiser, offert ses lèvres aux siennes, délicieusement. C'était donc un assentiment, il n'y avait plus aucun doute à cela.
La joie gonflait sa poitrine, lui insufflait un nouveau souffle de vie. Tout paraissait tellement simple maintenant : le froid n'était rien comparé à leur amour. Le stress du nouveau travail qui se profilait à l'horizon fondait comme neige au soleil dans son cœur… Et même… Même la belle gueule d'Ariel qu'il avait vue un peu plus tôt affichée dans la ville, en grand sur un panneau publicitaire, n'était plus qu'un souvenir vacillante, qui s'effaçait peu à peu pour ne laisser place qu'à leur bonheur mutuel.
Son étreinte autour de la taille de Morgan se fit plus forte, débordant d'affection. Les joues rouges, il osa plonger ses yeux noirs dans les siens ; ce n'était plus une petite flammèche de colère qui y brillait faiblement, mais un véritable brasier. Oliver le dévora du regard, gardant le silence, attendant qu'il dise enfin quelque chose, qu'il brise ses derniers doutes. Il détailla ses lèvres, crevant d'envie de les cueillir à nouveau, une dernière fois. Juste une dernière fois. Déposer une baiser ardent sur ces lèvres, lui montrer au combien il l'aimait, au combien il le désirait. Rien que pour lui. Rien qu'à lui.

Du bout des doigts, il s'était remis à caresser son dos, profitant de la douceur de sa peau, un léger sourire aux lèvres, profondément amoureux, un peu timide.
Un lourd frisson parcourut son échine lorsque la main de Morgan vint frôler son visage, se posant avec délicatesse sur sa joue ; il se donna à elle, trop content de sentir le Lougaroc contre lui, de sentir cette affection qu'il lui portait, lui aussi. Ses mots, il les but avec délice, avec un plaisir non dissimulé. C'était un élixir de jouvence, une potion magique qui réveilla un petit monstre dans son ventre. Tout doux. Tout pelucheux. Un petit monstre d'amour.
Exerçant une pression dans le bas du dos de Morgan, Oliver se colla à lui. La chaleur de son corps contre le sien lui décrocha un second tremblement, plus fort que le premier.
Et lorsque le Lougaroc déposa un troisième baiser sur ses lèvres, le Zarbi se laissa complètement aller, ses douces caresses devenant lascives et passionnées, descendant le long de sa taille, saisissant ses hanches, se perdant en haut de ses fesses. Quelques papillons s'envolèrent dans son ventre. Il répondit à l'étreinte de Morgan, avec pudeur. Plus ardent que les précédents, ce baiser avait un goût de victoire. Un goût de délivrance.
Oliver frissonna de plus belle en sentant la langue du rouquin venir briser la barrière de ses lèvres, s'invitant dans sa bouche pour danser avec la sienne. Ses mains se figèrent dans le dos du Lougaroc ; il était vraiment surpris. Il ne s'attendait pas à ce que les choses prennent aussi vite ce tournant. Le Zarbi peina à suivre le rythme, dérouté, hésitant. Son visage s'empourpra d'autant plus, devenant cramoisi. Il essaya de rompre leur étreinte à plusieurs reprises, mais Morgan vint nouer ses bras autour de son cou, le tenant pris au piège, l'embrassant avec toujours plus d'ardeur, dévorant sa bouche comme si sa vie en dépendait.
Oliver sentit une terrible chaleur s'emparer de son bas-ventre, accompagné d'une sensation connue et horriblement gênante. Il tenta de s'écarter, la panique prenant le dessus, mais ne put que rester collé à lui. Des milliers de papillons suivirent les premiers ; la pression du corps de Morgan contre le sien lui décrocha une petite plainte qui se perdit contre ses lèvres.

Les éclats de voix d'un groupe d'adolescents à vélos furent salvateurs pour Oliver. Il retint à peine un petit soupir de soulagement lorsque le Lougaroc s'écarta, timide, terrifié à l'idée qu'on ne les remarque pris dans leur étreinte sensuelle. Le Zarbi effectua deux pas en arrière, quasiment imperceptibles, établissant une distance de sécurité entre lui et le rouquin. Il baissa les yeux, honteux, jurant intérieurement. D'habitude, il ne réagissait pas pour si peu. Alors… Pourquoi son corps faisait des siennes, tout d'un coup ? Ce moment lui avait tant plu que ça ? Visiblement oui. Et Oliver ne pouvait à présent plus qu'espérer que Morgan ne remarque rien. Dans le cas contraire, il mourrait de honte. Il n'oserait plus jamais le regarder en face.
Et puis… Et puis… complètement désarçonné, il l'avait vraiment embrassé comme un pied. Morgan devait le prendre pour un incapable. Un garçon maladroit. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, quelque peu tremblante, chassant toutes les mèches qui tombaient devant ses yeux.
L'espace de quelques secondes, Oliver était passé d'un monde dégoulinant d'amour à une réalité assommante. Les bruits de la ville lui parvenaient désormais avec beaucoup plus d'intensité. Le froid était mordant, les odeurs nauséabondes des bouches d'égout emplissait ses narines. Et ce silence. Ce silence profond, terrible, était retombé entre eux, bourré de non-dits, de sentiments en vrac, de sensations nouvelles ou perdues. Le Zarbi dévisagea un instant Morgan, découvrant une frimousse aussi rouge que la sienne, marque d'une gêne intense. Devait-il… Le rassurer ? Lui dire que leur étreinte lui avait fait du bien…? Un peu trop de bien, d'ailleurs, mais ça, il ne lui avouerait jamais. Lui dire à nouveau qu'il l'aimait ? Défaire ce chignon serré pour pouvoir caresser ses cheveux à sa guise, lui témoigner toute son affection ?
Mais les mots, qui se mélangeaient, se mêlaient par centaine dans sa tête, restèrent coincés à l'état de projet. Des phrases inachevées, d'autres rayées de la liste, certains bloquées contre ses lèvres. Finalement, ce fut un petit soupir angoissé, frustré, qui s'échappa, discret. Il n'y arrivait pas. Et ces moments de blocage le mettaient dans une colère noire.
Oliver fit quelques pas entre les bâtiments qui délimitaient l'impasse, les mains derrière la tête, les yeux au ciel. Pendant ce temps, Morgan ramassait ses talons.
Un drôle de sentiment envahissait désormais son cœur. Comme une confusion nouvelle, un embarras dont il ne parvenait pas à se débarrasser. Entrecoupé de pics de joie, il le laissait un peu pantois. C'était ça… Être amoureux ? Il lui semblait retourner à l'adolescence. Se revoir aux côtés d'Ariel, harcelé par une tonne de questions qu'il n'aurait jamais dites à haute voix, même sous la torture. Se revoir le dévorer des yeux, admirer le travail de la puberté sur son ami d'enfance, le désirer pour la toute première fois. Il devenait la petite amie du super héros de ce film vu la veille, le temps d'une rêverie naïve. Il s'imaginait le renverser sur son lit, le couvrir de baisers, l'embrasser jusqu'à perdre tout son souffle. Passer une nuit avec lui, ne serait-ce qu'une seule nuit. Croquer le fruit de la passion, ce fruit maudit qui miroitait au-dessus de toutes les têtes à quatorze - quinze ans. Et le soir, seulement entouré de ses parents, il n'avait pas faim. Il allait dans sa chambre le ventre vide et rêvassait tranquillement devant sa fenêtre, vivant d'amour et d'eau fraîche… Mais tout ça… Tout ça vivait au cœur d'un déni profond. On ne tombait pas amoureux de son ami d'enfance quand on était un garçon. On s'imaginait sortir avec une fille de sa classe, tout au plus.
On ne pleurait pas au départ de son crush. On gardait la tête haute, on oubliait. On ne ressentait rien. On n'aimait pas.

Et tous ces sentiments qu’il avait refoulés au cours de son adolescence, Oliver avait l’impression de les retrouver dès à présent. Sauf que les choses avaient changé. Cela faisait bien longtemps que le brun avait accepté ses préférences sexuelles… Alors… Alors cette fois-ci, ses désirs prenaient peu à peu forme ; il avait rêvé de ce moment la semaine passée. Et maintenant qu’il y était, que tout allait dans le bon sens, que tout se déroulait comme il l’avait toujours souhaité, de nouvelles peurs prenaient place dans sa gorge, la serrait désagréablement. Ils s’étaient embrassés, ils étaient sobres. Ils avaient donc franchi une étape… Quelque part, ils commençaient lentement mais sûrement une relation sérieuse. Ou du moins quelque chose d’important. Et si… Et si Oliver était incapable de le retenir ? Si Morgan se trouvait déçu au bout de quelques jours ? Déjà, ce baiser qu’ils venaient d’échanger devait avoir un peu désarçonné le rouquin. Il n’avait pas suivi ses impulsions, englué par sa surprise.
Le Zarbi prit une grande inspiration, essayant de se rassurer, de se réconforter. Maintenant qu’il le tenait, il n’avait pas envie de le perdre. De se le voir voler par un autre. Des larmes nerveuses vinrent s’accumuler contre ses paupières. Il crevait littéralement de peur. Comment allait-il fair pour le garder auprès de lui ? Comment allait-il faire pour être à la hauteur de ses attentes…? Il n’avait même pas réussi à convaincre Ariel de rester, alors qu’ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance. Alors Morgan… Ce serait mission impossible.
Reniflant pour refouler son chagrin soudain  et inexplicable, il tourna le dos au rouquin  le temps de se frotter les yeux pour en éliminer toute l’humidité. S’il se mettait de nouveau à pleurer, le Lougaroc ne comprendrait plus rien. Il s’enfuirait et le laisserait seul. Il ne parviendrait pas à saisir le trouble qui envahissait désormais son interlocuteur et le poussait au bord du précipice.
Aussi, Oliver finit par lui refaire face, le blanc des yeux un peu rougi, un sourire quelque peu factice aux lèvres. Morgan, trop occupé avec ses chaussures, ne sembla pas remarquer son malaise et prit la parole pour lui faire une demande on ne peut plus incongrue qui jeta encore plus le doute dans le cœur du Zarbi :


« Je … dois passer à mon agence avant. Pour me changer … et me faire payer. »

Il hocha vivement la tête, ne trouvant pas tout de suite les mots justes pour répondre. Le métier de Morgan lui sautait de nouveau à la figure, plus brutal que jamais. Avait-il choisi la bonne personne ? Il se savait jaloux, terriblement jaloux. Voir son copain partir tous les jours pour retrouver des inconnus et jouer leur partenaire le temps d’une soirée le rendrait complètement malade. Aurait-il la force de résister ? Assez de patience pour accepter cette situation au cœur de sa vie de couple ?
Sa gorge se serra violemment. Il posa un regard chagrin sur Morgan, le dévisageant longuement, avant de hocher la tête une autre fois.
Il l’aimait tellement. Il l’aimait tant qu’il ferait tout son possible pour accepter ce petit détail. Rien ni personne ne viendrait plus jamais troubler son amour. Il se le refusait. À présent, il se devait d’être patient, mature. C’était tout :


« O-Ok, on y va alors. Ça ne me dérange pas plus que ça. Je te laisse me montrer le chemin. »

Sa voix était plus serrée que d’habitude, mais les mots, pour une fois, étaient clairs, distincts. Il le suivrait partout où il irait, sans hésiter. À présent… Ils étaient liés, n’est-ce pas ? Aimer Morgan signifiait aussi accepter son travail. Ça allait de paire. Il ferait cet effort, il ne réitèrerait pas une seconde fois la même erreur.
Perdre l’homme de sa vie de cette façon lui avait suffi.
Oliver lui emboita donc le pas, s’efforçant de ne pas s’attacher à la vision de cette robe cocktail qui voletait à chaque pas, à ces claquements de talons sur les dalles de la ville.
Il eut un instant envie de lui tendre la main, de prendre la sienne, d'afficher ainsi leur amour naissant aux yeux de tous les passants. Mais quelque chose le retint ; une pudeur persistante. C'était peut-être trop tôt. Il attendrait un peu… Peut-être ce soir, après le café ? Oui, il l'embrasserait à nouveau ; il lui montrerait qu'il en était capable, que le baiser de toute à l'heure était un raté.
Aussi préféra-t-il garder le silence, le suivant de prêt, jetant des coups d'œil angoissés aux alentours. Tout le monde avait l'air pressé par ici, et ce stress permanent intensifiait son malaise. De grands immeubles s'élevaient autour d'eux ; des écrans télés fleurissaient à tous les coins de rue. On y voyait des stars, chanteurs, acteurs, réalisateurs… Tout à l'heure, en venant dans ce quartier, Oliver s'était arrêté net en découvrait le visage d'Ariel sur l'une de ces publicités. Il vendait un parfum, et son sourire était rayonnant. Sa beauté lui avait sauté aux yeux, un pieux s'était planté dans son cœur. Il s'était alors souvenu de sa récente conversation avec Ayden. Ce jour-là, toute sa relation avec le Motisma lui était revenue en tête, et un goût amer avait perduré contre son palais les jours suivants : la célébrité… Quelle mauvaise chose. Il la détestait.
Oliver reporta un instant son attention sur Morgan ; il semblait souffrir avec ses talons, mais son port de tête était parfait, ses pas précis. La taille fine que soulignait cette robe bien trop voyante attirait les regards des passants. Certains hommes le dévoraient des yeux, d'autres se retournaient pour admirer ses fesses, galbées grâce aux volants et à la tulle du vêtement. Le Zarbi devint livide.
Comment allait-il faire pour supporter tout ça ?
Il secoua la tête, se surprenant à laisser un écart plus conséquent entre eux. À quoi jouait-il ? Il ne comprenait pas lui-même ses propres réactions… Sans doute… Sans doute ne voulait-il pas être à son tour dévisagé par ces même passants ? À nouveau, les gens penseraient qu'il était bien chanceux de sortir avec une beauté pareille. À nouveau, on chercherait à lui voler sa place. Morgan était une proie ; il était l'un de ses nombreux prédateurs… Un concurrent, somme toute. Il n'avait aucune légitimité.

Finalement, ils débouchèrent dans une rue plus étroite ; quelques commerces étaient ouverts, visités par de nombreux clients. Il y avait un peu moins de monde. Oliver se sentit mieux et se rapprocha à nouveau de Morgan, luttant contre son envie de passer son bras autour de sa taille ou de prendre sa main dans la sienne. La serrer fort, la garder au chaud.
Le Lougaroc finit par s'arrêter devant un tout petit immeuble ; des rideaux de velours masquaient la plupart des fenêtres, décrochant une petite grimace au Zarbi. C'était là que… Que Morgan se changeait tous les jours avant de partir travailler ? Que son patron le payait ? Ce bâtiment avait des allures de maison close, et cette pensée lui donna envie de vomir. L'odeur de pain qui vint jusqu'à ses narines n'arrangea rien.
De nouveau frappé par l'embarras, le rouquin reprit la parole, lui demandant poliment d'attendre en bas le temps qu'il aille récupérer sa paye et ses vêtements.
Oliver ne répondit pas, demeurant immobile, le suivant du regard : lorsqu'il disparut derrière la porte d'entrée, le Zarbi se sentit vaciller. Ses yeux détaillèrent alors plus précisément l'immeuble ; certains fenêtres restaient ouvertes, les rideaux rabattus sur les côtés. Et l'une d'entre elle présentait une silhouette d'homme, un peu rond, visiblement absorbé dans ses pensées à son bureau. Le brun le fixa un long moment, se figeant lorsqu'il vit apparaître une seconde personne dans le cadre de la fenêtre. Le chignon de Morgan était du plus bel effet vu de loin. Sa silhouette était admirablement bien dessinée par cette robe rouge, éclatante.
Une terrible envie de vomir se pressa au bord des lèvres d'Oliver lorsqu'il vit l'homme dévisager le Lougaroc attentivement, avec ce regard pervers qui ne trompait personne. Leurs lèvres bougeaient, signe d'une petite conversation dont le Zarbi se voyait privé.
Lorsque l'homme replaça les mèches rebelles de Morgan derrière ses oreilles, Oliver fit un pas en avant, pris d'une colère sourde. Comment… Comment osait-il ? Ses sourcils se froncèrent, ses traits traduisirent une jalousie et un dégoûts fulgurants. Il se revoyait faire le même geste un quart d'heure plus tôt… Et cette pensée lui était insupportable.
Déglutissant, Oliver préféra s'adosser au mur du bâtiment pour ne plus avoir à assister à cette scène. Fermer les yeux était sans doute la meilleure solution.

Il prit donc son mal en patiente, immobile, les bras croisés pour résister au froid piquant de ce milieu d'après-midi.
Lorsque Morgan refit son apparition, il ne put retenir un sourire soulagé :

« C'est bon, on peut y aller. Je te suis. 
Oliver hocha la tête, avant de se corriger :

– Non, attends. T'as oublié de défaire ton chignon. »
Ni une ni deux, sans attendre de réponse de la part du rouquin, le Zarbi se permet de plonger ses doigts fins dans ses cheveux pour les dénouer et les laisser retomber en cascade sur ses épaules. Il caressa avec délicatesse ses mèches grenats avant d'enlacer Morgan dans son dos, laissant aller ses bras autour de son torse. Il enfouit alors son visage dans la chevelure de Morgan, respirant à plein poumon leur parfum, à la recherche d'une odeur suspecte… D'une odeur étrangère. Il ne supporterait pas de sentir le parfum d'un autre homme dans les cheveux de Morgan. Encore moins de ce porc qui faisait office de patron.
Fermant les yeux, se laissant aller dans cette nouvelle étreinte, il laissa s'exprimer son angoisse :

– Je t'aime beaucoup, tu sais… Ne me fuis plus jamais, d'accord ? 
Oliver s'écarta enfin après avoir déposé un baiser sur la joue gauche du garçon. Un peu rouge, il passa ses doigts dans sa tignasse bouclée, emmêlée. Il espérait ne pas en avoir trop fait. Après avoir vu cet homme le toucher de cette façon, il avait besoin de réconfort. De sentir Morgan tout près de lui. Rien qu'avec lui.
Effectuant quelques pas en avant, il reprit la parole d'une voix plus assurée :

– Je… Je connais un petit restau sympa qui fait aussi des gaufres, des crêpes, des pancakes et des gâteaux. Ça te dit ? C'est à deux rues d'ici, il me semble. 
Comme pour couronner le tout, le Zarbi s'efforça de lui adresser un sourire rayonnant, rendu adorable par ses rougissements intempestifs. Il attendit l'approbation du rouquin pour prendre les devants, s'éloignant de cette maudite agence en s'engageant bien vite dans une nouvelle rue.
Il se retint à plusieurs reprises de lui prendre la main, et se contenta seulement de lui caresser fébrilement la joue pour chasser quelques mèches rebelles. Son sourire, timide, s'intensifia ; son regard se fit fuyant. Décidément, il avait l'impression d'être revenu à la case départ : il était tout autant mal à l'aise et maladroit qu'à leur première rencontre.
D'ailleurs, tout ce qu'il put lui dire fut sans intérêt, assez misérable :

« J'espère que le café te plaira. L-Les crêpes sont encore meilleures que celles de Joliberges… Avec un peu de chance, on en profitera plus que la dernière fois.»

Le restaurant se profila vite à l'horizon ; une devanture colorée le surmontait, arborant un magnifique sucroquin en relief. C'était une petite maisonnette à étage, d'allure traditionnelle, admirablement décorée de grands pots de fleurs. Du lierre vert tendre dégoulinait du balcon à l'étage.
Oliver ouvrit la porte sans trop hésiter, faisant signe à Morgan de passer en premier avec un joli sourire pendu aux lèvres.
Accueillis par une jeune serveuse brune, ils furent installés à une petite table contre une fenêtre, agrémentée de deux beaux fauteuils régence matelassés.
C'était un restaurant chic, aux prix assez élevés ; aussi, lorsque la jeune femme apporta les cartes, Oliver jeta un petit coup d'œil anxieux à Morgan. Il savait bien que le garçon ne roulait pas sur l'or… Aussi ne voulait-il pas le mettre mal à l'aise :

« S-Surtout… Ne te prive de rien. C'est moi qui paye. Je… Ce sera pour fêter ma reprise du travail lundi prochain ! J'ai été embauché à la bibliothèque de Joliberges. Et puis, ça me fait plaisir de t'inviter. »
Il cacha son visage derrière la carte, un peu honteux, se mordillant la lèvre. Vraiment… Vraiment il n'était pas doué. C'était d'abord parce qu'il était content d'inviter Morgan qu'il l'avait amené dans ce restaurant… Pas parce qu'il venait de trouver un travail ! Son propre manque de tact le laissa livide et quelque peu tremblant.
Il avait encore tant de choses à lui dire, tant de questions à lui poser. Certaines étaient délicates… Alors il allait falloir qu'il se ressaisisse, sinon, ils allaient droit dans le mur.

Lorsque la serveuse revint, il demanda une mente à l'eau et une gaufre au chocolat. Bien sûr, il fit bien attention à ce que Morgan commande tout ce qu'il désirait.
Il sirota en silence sa mente, le regard perdu dans le vague, la gêne serrant sa gorge. De temps à autre, il lançait quelques coups d'œil à Morgan, les pommettes piquées de rouge.
Il était vraiment magnifique.
Son cœur, chaque fois qu'il croisait son regard, sautait dans sa poitrine, s'affolait et lui faisait baisser les yeux, timide.
Cette pudeur qui l'envahissait, il ne la comprenait pas. Jamais une telle chose ne lui était arrivé avec quelqu'un d'autre. Et cet amour qui se pressait contre ces lèvres, il était si fort, si intense qu'il en arrivait à le craindre.
Finalement, après quelques minutes de silence et de lente dégustation, il se lança, fort maladroitement, mais avec une sincérité peu commune, le cœur à vif :

« Tu sais… Je… Ça serait bien que tu n'ailles pas lire les messages que je t'ai envoyé. Commença-t-il à demie-voix, prenant une autre gorgée de boisson pour desserrer sa gorge. C'est vraiment pas glorieux. Il eut un petit rire gêné. Posant son verre, Oliver se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, dévisageant Morgan pour continuer. La plupart… Je les ai envoyés à chaud. Je n'ai réfléchi qu'après… E-Et maintenant qu'on en est là, j'aimerais qu'on passe à autre chose. Ce serait… Bien, je crois, pour nous deux. »
Retombant dans le silence, il mangea un bout de gaufre, essuyant le chocolat qui s'était déposé autour de ses lèvres, embarrassé. Puis, il passa une main dans ses cheveux, ouvrant la bouche comme s'il voulait reprendre la parole. Il resta un long moment dans cette situation délicate, se reprenant à plusieurs reprises.
Ce qu'il voulait lui dire, c'était important. Il en avait déjà un peu parlé par message, mais son approche était vraiment gauche et manquait de finesse. Oliver avait longuement analysé leur réveil, la semaine dernière. Il s'était souvenu de détails qui, dans la panique, étaient passés inaperçus. Et parmi ces détails, il y en avait un qui avait retenu toute son attention et avait fait germé des milliers de questions dans son esprit. Morgan l'avait confondu avec un autre homme… Il avait voulu fuir, il l'avait rabroué en lui demandant pourquoi il ne l'avait pas réveillé plus tôt. À force d'y réfléchir, le Zarbi avait vu quelques pistes se tracer. Peut-être avait-il enfin résolu le mystère du départ du rouquin ? Ou il s'était fait des films…? 
En tous cas, de ce qu'il avait cru comprendre, le rouquin n'était pas vraiment habitué à s'afficher en couple avec un homme. C'était la conclusion la plus probable à laquelle il était venu. Alors… Alors il se devait de lui demander si c'était le cas. S'il avait raison sur ce point. Car il serait urgent d'en parler ensemble, de changer les choses pour entretenir une relation saine… Si relation il y avait :

« E-En fait… En fait… Je… Comment dire ? Il soupira, laissant aller son front entre ses mains avant de relever la tête. Excuse-moi. Je cherche mes mots, mais… Hum… En fait j'aimerais te demander… Comment tu perçois une relation. Et plus particulièrement, une relation comme la nôtre, si tu vois ce que je veux dire. J'arrête pas de me repasser ce que tu m'as dit en te réveillant l'autre jour, et ça me laisse perplexe. Tu… Tu avais l'air paniqué… Je… Ça me gênerait qu'on ne puisse pas être ensemble normalement. Comme un autre couple. Tu comprends ? »
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Morgan Otso
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Je suis (Inrp) : Fou amoureux & en couple avec Oliver ♥
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyDim 15 Sep - 23:56

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - ???
Morgan
Oliver
Même si ses pieds continuent de lui faire mal bien qu'il ait enfilé ses basket, Morgan descend les quelques marches qui le sépare d'Oliver, peut-être un petit peu trop précipitamment. Il a si hâte de revenir auprès de lui qu'il a déjà oublié les gestes déplacés de son patron et ses sous-entendus discutables. En vérité, il désire effacer de sa mémoire tout ce qui ne lui apporte rien de bon. Il veut oublier la souffrance qui l'a habité plus d'une semaine durant. Il veut oublier son travail de merde et les contraintes terribles qu'il lui impose. Si, au départ, ne pas pouvoir travailler du week-end l'a dérangé … cette nouvelle est finalement salvatrice. Ainsi, il va pouvoir passer du temps avec Oliver. Du moins … s'il le désire aussi ? Peut-être a-t-il d'autres choses de prévu ? Une sortie avec des potes ? Une soirée … du même acabit que celle du week-end dernier ? Malgré lui, Morgan espère que non : le savoir de nouveau dans cette boîte de nuit à enchaîner des verres d'alcool, ça le terrifie un peu. Et s'il repartait avec quelqu'un, un beau gosse rencontré sur la piste de danse ? Avec horreur, Morgan se souvient que, lui-même, a failli le faire, alors que Oliver n'était pas si loin. Et d'avoir douté de lui, ne serait-ce qu'une seconde, le fait se sentir bien misérable.

Pendant un instant, Morgan se fige d'horreur. Est-il en train de prendre une bonne décision ? N'est-il pas en train de creuser sa propre tombe … et celle d'Oliver par la même occasion ? Ses relations … elles ont toutes finies dans les choux. À chaque fois, il a dit un mot de travers, fait un geste déplacé, qui a précipité son couple au fond du gouffre. Si Oliver et lui se sont disputés ce fameux matin, c'est à cause de lui. Et si … et s'il recommençait ? S'il le blessait à nouveau ? S'il s'énervait encore pour rien ? Si sa personnalité explosive mettait en péril leur relation ? Une soudaine envie de vomir lui prend alors que son estomac se retourne. Il aime tellement Oliver … il ne veut absolument pas lui refaire du mal. Morgan est toxique, en amour surtout, quand les sentiments sont si puissants qu'ils le submergent tout entier. Et pourtant, le rouquin refuse de faire une croix sur Oliver. Il veut sincèrement tenter sa chance à ses côtés, faire un bout de chemin avec lui - et même cheminé à ses côtés pour toujours. Cela semble assez candide comme façon de voir les choses mais malgré son tempérament explosif, Morgan est un grand romantique. Il croit aux âme-sœurs, au coup de foudre, à l'amour éternel. Et il espère sincèrement que Oliver soit le bon, l'homme de sa vie, sa moitié. Tout ce qu'il réveille en lui depuis le premier jour … ce ne sont pas des foutaises. Ni le fruit du hasard. S'ils se sont croisés sur ce pont ce matin-là, ce n'est pas pour rien. Pour sûr, c'est un coup de pouce du destin.

Alors malgré ses peurs et ses questionnements, Morgan les rejette, les repousse. Si à chaque fois il se pose lui-même des barrières, il ne pourra jamais avancer. Cependant … il sait que son comportement est un problème. Que ses tendances à se laisser emporter par la colère et la peur est une véritable épine dans le pied. Ainsi … ne serait-ce pas mieux qu'il se laisse simplement guider par Oliver ? Qu'il prenne le moins d'initiatives possibles, qu'il se contente de suivre ? Oliver a l'air d'être un garçon stable, calme, droit dans ses baskets. Certes il est quelque peu maladroit, mais ça le rend d'autant plus adorable, d'autant plus sincère. À ses côtés, peut-être Morgan arrivera-t-il à se canaliser ? Mais pour l'heure, il doit limiter au maximum de trop se mettre en avant. Il doit éviter de se laisser terrifier. Dusse-t-il pour cela mettre au placard sa fierté naturelle. Il veut absolument ne prendre aucun risque, assurer ses arrières, créer une certaine zone de confort. Et ne surtout pas en sortir. Du moins, pour commencer. Il se sentirait si responsable de tout gâcher, comme il l'a déjà fait avec Tôma. Morgan se sent si reconnaissant envers Oliver de l'aimer malgré tout ce qu'il a pu dire et tout ce qu'il a pu faire, il estime donc qu'il se doit de lui rendre la pareille, de lui offrir le meilleur de lui-même et s'assurer qu'il ne souffre plus jamais à cause de lui. Le Lougaroc veut l'aimer, simplement l'aimer, le plus sincèrement du monde.

La gorge un peu nouée, il étire pourtant un sourire heureux, prêt à rejoindre le café promit par Oliver. Mais alors que Morgan s'attend à se mettre en route directement, le Zarbi l'arrête dans son élan, lui faisant remarquer qu'il n'a pas défait son chignon. Ah, en effet. Il l'a oublié, comme le numéro dans sa main. Tout à sa précipitation, il est décidément bien tête en l'air. Le rouquin n'a cependant pas le temps de porter ses mains à ses cheveux que Oliver est déjà dans son dos, glissant ses doigts dans sa coiffure afin de la défaire délicatement. Morgan sent aussitôt une cascade grenat dégouliner sur ses épaules et sa nuque, glissant le long de son épine dorsal. Et sentir les mains du Zarbi passer dans ses mèches fait s'envoler une nuée de papillons dans le creux de son estomac. La sensation est si différente qu'il y a quelques instants auparavant, avec son patron … Le fait que Oliver aime tant ses cheveux le touche énormément - alors que l'intérêt que son employeur leur porte l'agace. Le Zarbi, lui, a le droit de les manipuler de la sorte, de les faire glisser entre ses doigts, de les remettre doucement derrière ses oreilles. Parce que Morgan désire lui appartenir, entièrement, et lui offrir tout ce qu'il possède. Lorsque Oliver l'enlace, nouant ses bras autour de sa taille, le Lougaroc ferme les yeux de délice, appréciant sentir ainsi sa présence, sa chaleur, son parfum. Faire cela sous la fenêtre de son employeur est la plus mauvaise des idées mais Morgan s'en fiche pas mal. Il s'abandonne dans les bras de l'homme qu'il aime sans penser au reste. Un petit lâcher-prise qui lui fait le plus grand bien.

Je t'aime beaucoup, tu sais… Ne me fuis plus jamais, d'accord ?

Une pierre tombe dans l'estomac de Morgan, alors qu'il se mord la lèvre inférieure. Fuir, c'est sa spécialité. Son unique porte de sortie lorsque la situation lui échappe. Et c'est encore pire depuis le jour où il a frappé Tôma. Désormais, l'idée qu'une certaine forme de violence physique remplace ses mots acerbes le terrifie encore plus. Dans un excès de colère, que serait-il capable de faire ? Serait-il capable … de frapper Oliver ? De lui infliger le même genre de blessure ? Morgan ne veut pas lui faire le moindre mal, il ne pourrait jamais se le pardonner. Pourtant, ce n'est absolument pas quelque chose qu'il est à même de contrôler. Lorsqu'il a griffé Tôma, c'est à peine s'il s'en est rendu compte. Ce n'est qu'une fois le méfait accompli qu'il a constaté ce sang sur ses mains, puis que la figure balafrée de son ex petit-ami … Mais dans un même temps, lui non plus ne veut plus fuir Oliver. Ces quelques jours de séparation ont été une torture, il ne souhaite pas réitérer l'expérience. Avec un pincement au coeur, Morgan se rappelle à quel point Tôma parvenait à toujours à l'apaiser, quel que soit la situation. Et Oliver a ce don, aussi. Le rouquin se souvient de toutes ces caresses apaisantes dans le bas de son dos, qui calmaient les battements effrénés de son coeur et la terreur compressant ses organes. Ainsi peut-il espérer ne plus succomber aussi facilement à ses crises, réussir à s'apaiser au contact de son … de son quoi, d'ailleurs ?!

Morgan sent une drôle de sensation le prendre aux tripes. Peut-il considérer désormais que … Oliver est son petit-ami ? Cette réflexion est aussi agréable que déstabilisante. Jusqu'à maintenant, le seul qu'il a jamais pu considérer comme un véritable petit-ami était Tôma. Depuis les derniers événements, le rouquin a bien du mal à savoir comment le considérer, mais hisser Oliver au même rang lui laisse un arrière-goût amer. Le Zarbi mérite mieux que cela, mais existe-t-il vraiment un autre terme ? D'ailleurs, peut-il sincèrement penser à cela si vite ? Certes, ils partagent les mêmes sentiments, il s'embrassent même, mais cela suffit-il pour les considérer de la sorte ? Soudain bien confus, il en vient à se demander si, désormais, il doit se comporter différemment, avoir des attitudes typiques. Puisqu'il n'a jamais connu que des relations cachées, Morgan a bien du mal à considérer les choses et, surtout, de deviner sous quel angle Oliver voit les choses. Le rouquin ignore bien les expériences qu'il a eu avant lui – parce qu'il en a eu, n'est-ce pas ?! - alors il n'est pas aisé de savoir par quel bout prendre cette histoire. Décidément, tout cela est bien trop compliqué pour lui, son esprit est totalement embrouillé. Heureusement, ses réflexions s'envolent lorsque Oliver colle un baiser sur sa joue, avant de se reculer. Malgré le rose qui s'étend sur ses pommettes, Morgan se sent particulièrement bien, limite apaisé. Un simple bisou a suffit à l'écarter de ses pensées emmêlées, et il se garde bien d'y replonger. Après tout, pourquoi se torturer l'esprit ? Autant voir comment les choses se font par elles-mêmes, sans se précipiter, sans vouloir nommer toutes les sensations qui l'assaillent, répondre à toutes les questions qui germent dans son esprit.

Je… Je connais un petit restau sympa qui fait aussi des gaufres, des crêpes, des pancakes et des gâteaux. Ça te dit ? C'est à deux rues d'ici, il me semble.
Ca me va. Je meurs de faim.

Et ce sourire que Oliver lui offre, rehaussé par ses pommettes adorablement rouges, ne fait que gonfler davantage son cœur d'amour. Morgan est raide dingue de ce garçon, ce n'est absolument plus à prouver. Il lui emboîte donc le pas, s'éloignant de l'agence pour rejoindre une rue parallèle. La brise extérieure est fraîche, si bien que le rouquin en a la chair de poule. Il n'hésite d'ailleurs pas à fouiller dans son sac à dos pour en sortir sa veste et se la passer sur les épaules – un réflexe qu'il n'avait pas à Alola, mais qui est devenu presque vital à Sinnoh. Malgré le fait que le soleil trône dans un ciel bleu piqué de quelques nuages, un léger vent souffle sur la capitale, chargée de la fraîcheur des montagnes, si nombreuses dans la région. Comme d'habitude, de nombreux piétons inondent les trottoirs et les voitures offrent une cacophonie de klaxon, visiblement trop pressées pour qu'un conducteur prenne le temps de se garer convenablement. Morgan grimace : vraiment, cette ville ne lui plaît pas. Trop de gens, trop de bruit, trop de lumière … Comme si le calme n'existait pas. Même la nuit, la ville est vivante, éclairée comme en plein jour. Il y a certes moins de monde, que ce soit sur les trottoirs ou sur la route, mais jamais Morgan n'a vu les rues principales entièrement désertes, quelle que soit l'heure. Il y a toujours quelques passants promenant leurs chiens, des groupes d'amis rejoignant une boîte de nuit, ou des ivrognes devant la porte d'un bar. C'est une atmosphère particulière, étouffante à l'avis de Morgan. C'est dans ce genre de moment qu'il regrette sincèrement le calme des îles …

Alors que le Lougaroc se perd un instant dans la contemplation d'une publicité sur un écran géant, il sent les doigts d'Oliver caresser doucement sa joue, lui remettant quelques mèches emportées par le vent derrière les oreilles. Alors Morgan glisse son regard dans sa direction, mais le Zarbi regarde déjà ailleurs. Le rouquin se fait ainsi la réflexion que, depuis leur retrouvaille, Oliver est plus timide qu'à l'accoutumée. Il a toujours eu une certaine tendance pour les rougissements intempestifs – ce que Morgan trouve sincèrement agréable – mais … fuyait-il toujours son regard de cette façon ? Il repense alors au baiser qu'il lui a offert dans la ruelle. Le Zarbi lui a répondu maladroitement, il ne le sentait presque pas à l'aise, bien qu'il ait été le premier à l'embrasser. Certes, Morgan a été un peu plus loin mais tout de même. Cela lui a-t-il déplu ? Ne regrette-t-il pas, au final, de lui avoir ouvert son cœur … ? Non, si cela avait été le cas, il aurait prit ses jambes à son cou lorsque le rouquin était à l'agence. Il aurait pu partir loin, très loin, pendant que Morgan échangeait avec son patron. Mais il l'a attendu devant le bâtiment, patient, sans se plaindre. Or donc … pourquoi ? Peut-être … peut-être est-ce la première fois qu'il débute quoi que ce soit avec un garçon ? Certes, le rouquin a déjà entendu parler d'un certain Ariel, mais il ne sait absolument pas quelle a été leur relation. Certes, il apparaît sur quelques photographies chez les parents d'Oliver, mais cela ne signifie pas grand chose, surtout qu'ils n'étaient que des enfants sur ce fameux cliché – et que Morgan a seulement imaginé que le rouquin était ce garçon, en rassemblant quelques informations à droite et à gauche. En d'autres termes, impossible pour lui de déterminer si le Zarbi est déjà sorti un garçon auparavant.

J'espère que le café te plaira. L-Les crêpes sont encore meilleures que celles de Joliberges… Avec un peu de chance, on en profitera plus que la dernière fois.

Morgan pince aussitôt les lèvres. Il se rappelle comme si c'était hier du fiasco qu'il a causé dans le café de Joliberges. Si, depuis, il est allé présenter ses excuses au propriétaire, ce souvenir demeure amer. Il lui rappelle à quel point il suffit de peu pour le faire basculer dans une colère terrible. Quelques mots maladroits, et le brasier est lancé. De ce fait, il espère également que tout se passera mieux, cette fois-ci. Mais il n'y a pas de risque, n'est-ce pas ? En théorie, ils ne devraient s'engager sur aucun terrain miné. Et de toute façon, Morgan se l'est promit : il ne doit absolument pas céder à la colère, ni à la panique. Sa fierté, il l'oublie, l'ignore. Ce n'est absolument pas le moment de se laisser aller, pas alors que Oliver lui offre cette deuxième chance inespérée. Cette fois-ci, c'est promit : Morgan mangera le contenu de son assiette sans faire le moindre chichi, ne regardera pas le serveur de travers et ne fuira pas après avoir hurlé sur Oliver. Il tient à ce que ce moment se roule sans accroc, histoire de rattraper le désastre à Joliberges. Si le Lougaroc est incapable de se tenir, c'est inutile qu'ils aillent plus loin, parce que le Zarbi finira pas en avoir ras-le-bol de son comportement. C'est pour ça que Morgan se prépare mentalement à se tenir à carreau. Quitte à garder la bouche close pour s'éviter de dire des âneries et, de ce fait, lâcher une bombe à retardement, comme il a tant de facilité à le faire. De toute façon, il fait confiance à Oliver pour éviter les sujets fâcheux. Depuis le temps, il a du se douter que Morgan prenait la mouche facilement, et qu'il fallait mieux éviter de le mettre dans des positions délicates, au risque d'attiser sa colère. Alors … on se calme. Tout va bien se passer. Ils vont seulement discuter en mangeant tranquillement. Pas de quoi s'affoler. Tout ira bien.

Arrivés devant le restaurant, Morgan prend une grande inspiration pour se donner du courage. La devanture est charmante, décorée d'un Sucroquin, alors que des fleurs et du lierre habille la façade. Oliver ne perd pas une seconde de plus et ouvre la porte, invitant le rouquin a entré. Ce dernier pénètre doucement dans le restaurant, accueilli par une douce odeur de nourriture et un léger brouhaha causé par les discussions des autres clients. Aussitôt, une serveuse aux courts cheveux bruns les accueille, les guidant jusqu'à une table à côté d'une fenêtre. D'ici, Morgan aperçoit quelques passants se pressant sur le trottoir, de leur démarche si droite et énergique. En s'installant dans son fauteuil, il est surprit par son confort, et laisse ses yeux vagabonder dans la pièce. Le restaurant semble assez luxueux, ce n'est pas le genre d'endroit où l'on déjeune pour pas cher. Morgan se sent soudain bien pouilleux, dans son jean et ses vieilles baskets accusant les années. Les autres clients semblent bien mieux habillés, et leurs regards sont assez pédants. Mais le Lougaroc ne se laisse absolument pas impressionné, gardant la tête haute, ne pouvant empêcher sa fierté naturelle de faire des siennes. Lorsque la serveuse leur tend les cartes, Morgan hallucine en avisant les prix. Depuis quand un simple chocolat chaud coûte-t-il aussi cher ? Avec désespoir, le rouquin songe à l'enveloppe au fond de son sac. En prenant seulement des pancakes et une boisson, il est sûr de devoir s’amputer de la moitié de sa paye. Mais … tant pis. Il ne peut pas rester assit à regarder Oliver manger, n'est-ce pas ? Ce serait malpoli, autant pour lui que pour le restaurant. Mais c'est sans compter sur la générosité du Zarbi …

S-Surtout… Ne te prive de rien. C'est moi qui paye. Je… Ce sera pour fêter ma reprise du travail lundi prochain ! J'ai été embauché à la bibliothèque de Joliberges. Et puis, ça me fait plaisir de t'inviter.
O-Oh, très bien. Merci. Et félicitation pour ton travail. J'espère que tu t'y plairas.

Bien malgré lui, Morgan ne peut s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Travailler à la bibliothèque de Joliberges, c'est tellement plus honorable que tenir compagnie à ces bourgeois sans éducation. Il se sent désormais plus misérable que jamais, presque indigne de demeurer en sa compagnie. Et dire qu'il l'a vu dans ce genre de tenue, une fois encore … Heureusement, le visage d'Oliver est dissimulé derrière la carte, l'empêchant ainsi d'aviser sa figure attristée. Finalement, il ouvre la carte avec un certain dépit, lisant les énoncés sans vraiment les comprendre. Vraiment, pourquoi utiliser une telle succession de termes pompeux pour parler d'un jus de fruit ?! Morgan a vraiment du mal à comprendre le fil de pensée des grands restaurants. La serveuse revient assez rapidement prendre leurs commandes, et Oliver commence par demander une menthe à l'eau et une gaufre au chocolat. Morgan, pour sa part, jette son dévolu sur un verre de lait et des pancakes au miel et aux fruits. Comme à chaque fois qu'il assiste à des événements dans le cadre du travail, il lui a été impossible d'avaler quoi que ce soit et le creux dans son estomac commence à devenir sincèrement désagréable. En tout cas, il a bien plus d'appétit que lors de leur première fois dans un café. C'est un bon signe, n'est-ce pas ? Hors de question qu'il gâche encore de la nourriture, Morgan s'en veut encore d'avoir à peine grignoté sa crêpe la dernière fois, alors qu'elle était si bonne. Il a vraiment enchaîné les conneries, ce jour-là …

Un silence gênant, presque religieux, s'abat alors entre les garçons. Pour s'occuper les mains, Morgan joue distraitement avec la jolie serviette impeccablement pliée devant lui. Il essaie d'ailleurs de déterminer les étapes à réaliser pour arriver à un tel résultat. Bien heureusement, leurs commandes arrivent vite et Oliver se jette sur son verre comme un assoiffé. Morgan, lui, pique plutôt sa fourchette dans une fraise, mâchonnant avec délice ce fruit sucré. De temps en temps, il lance des œillades à Oliver, mais ce dernier ne regarde jamais dans sa direction quand il le faut. Le rouquin a beau essayé de créer un contact visuel, il n'y parvient pas. Si la timidité du Zarbi le déstabilise un peu, il ne peut s'empêcher de trouver cela adorable malgré tout. Et les quelques mots qu'il lui lance enfin ont le mérite de faire naître un sourire moqueur sur les lèvres du Lougaroc :

Tu sais… Je… Ça serait bien que tu n'ailles pas lire les messages que je t'ai envoyé. C'est vraiment pas glorieux. La plupart… Je les ai envoyés à chaud. Je n'ai réfléchi qu'après… E-Et maintenant qu'on en est là, j'aimerais qu'on passe à autre chose. Ce serait… Bien, je crois, pour nous deux.
Je comprends, ne t'en fais pas.

Compte là dessus ! Bien sûr qu'il va les lire, les messages. Tous. Un par un. Comme s'il allait se priver de ce petit plaisir. Mais ça … Oliver n'est pas obligé de le savoir, n'est-ce pas ? Et le rouquin prendra un malin plaisir à dévorer le contenu de chacun d'eux. Peut-être même les relira-t-il plusieurs fois, histoire d'être sûr. Il était déjà curieux de les lire lorsque Oliver lui en a parlé, mais alors maintenant, c'est encore pire. Il regrette même de ne pas avoir son téléphone sur lui pour les consulter dès maintenant. Morgan va devoir prendre son mal en patience et attendre d'être de retour à Joliberges, dans sa chambre à l'auberge, pour dévorer ces petits messages visiblement « peu glorieux », à en croire leur auteur. Mais le rouquin ne s'en fait pas : il sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'insultes ou de réflexions, alors autant ne pas passer à côté, n'est-ce pas ? Morgan pique un nouveau fruit, une framboise cette fois, et la fait rouler quelques instants entre ses lèvres avant de l'avaler. Au moins, ils ont le mérite d'être vraiment frais et juteux, il ne peut le nier. Curieux, il se saisit de son couteau pour faire deux entailles dans la pile de pancakes avant de porter la bouchée à sa bouche. Les pancakes sont légers, épais comme il le faut. Et le miel … un délice ! Ni trop fort, ni trop doux. Charmé, Morgan se lèche les babines, appréciant de manger un peu. Il prend également une gorgée de lait, se hâtant de s'essuyer la bouche pour que pas que le Zarbi voit la petite moustache blanche qu'il ne peut malheureusement pas éviter. Les prix sont certes un peu élevés mais … la nourriture est délicieuse. Il ne peut le nier.

E-En fait… En fait… Je… Comment dire ? Il semble chercher ses mots un instant, et Morgan accepte de prendre son mal en patience. Excuse-moi. Je cherche mes mots, mais… Hum… En fait j'aimerais te demander… Comment tu perçois une relation. Et plus particulièrement, une relation comme la nôtre, si tu vois ce que je veux dire. J'arrête pas de me repasser ce que tu m'as dit en te réveillant l'autre jour, et ça me laisse perplexe. Tu… Tu avais l'air paniqué… Je… Ça me gênerait qu'on ne puisse pas être ensemble normalement. Comme un autre couple. Tu comprends ?

Pendant un instant, Morgan se demande s'il est vraiment obligé de répondre à cette question. La gorge nouée, il sert ses doigts autour de son verre, sentant son cœur s'emballer dans sa poitrine. Ce qu'il a dit en se réveillant, il s'en souvient très bien. Encore tout ensommeillé, l'esprit embrumé par l'alcool, il a sincèrement cru qu'il s'éveillait dans le lit de Tôma, comme il l'a fait quasiment tous les jours pendant une année entière. Et bien évidemment, en apercevant le soleil se déverser dans la chambre, il s'est demandé pourquoi le Lougaroc ne l'avait pas réveillé, comme il l'a toujours fait. Souvent, c'était aux alentours de cinq heure du matin. Tôma lui secouait l'épaule, lui intimant de retourner chez lui avant que qui que ce soit ne remarque sa présence dans sa chambre. Parfois, le réveil était compliqué, mais Tôma ne le ménageait guère, se hâtant d'ouvrir sa fenêtre pour que le Rocabot que Morgan était encore à cette époque mette les voiles. Et lorsqu'il retrouvait son lit, tristement vide de la présence de l'homme qu'il aimait, il parvenait rarement à retrouver le sommeil. De ce fait, Morgan a depuis l'habitude des nuits très courtes, et un repos de cinq heures lui suffit. Mais en découvrant que ce n'était absolument pas Tôma à ses côtés, la panique l'a gagné. Et son réflexe, forcément, a été de vouloir partir, parce que c'était tout ce que ses amants attendaient de lui le lendemain. C'est devenu une formalité pour lui, tant et si bien qu'il ne pouvait imaginer que cela dérangerait Oliver d'une quelconque façon. Mais bien sûr, c'était sans savoir les tendres sentiments que le Zarbi ressentait à son égard. S'il l'avait su … peut-être Morgan serait-il resté. Peut-être l'orage n'aurait-il jamais éclaté. Mais toutes élucubrations ne sont que des peut-être, des hypothèses sans fondement.

Ainsi, la question de Oliver est parfaitement légitime. Et Morgan comprend qu'il ne doit pas l'ignorer. Que c'est important pour le Zarbi de comprendre. Mais pour autant, est-il capable de lui parler de tout ça ? Tout est encore trop tôt pour que le rouquin puisse en parler sans se sentir mal. Et puis, si Oliver le jugeait ? S'il considérait ses choix stupides ? Enfin … ce n'est pas comme s'il devait tout lui dire dans les moindres détails. Morgan ne compte pas garder des secrets et déjà commencer à lui cacher des choses, mais il estime que certains événements de sa vie ne doivent pas être dévoilés trop tôt. Bien sûr, il fait confiance à Oliver. Mais c'est encore trop difficile pour lui. Trop tôt pour lui avouer tout ce qu'il s'est passé. Cela dit, le rouquin peut au moins lui dire les grandes lignes, sans entrer dans les détails. Histoire qu'il comprenne, sans avoir à entendre toute l'histoire. Il lui racontera très certainement un jour – mais pas maintenant, pas ici. Une autre fois. Quand ils ne seront que tous les deux.

Je … pour être franc, je n'ai jamais vraiment connu de relation … assumée. Je suis sorti avec un garçon pendant un an, mais nous nous cachions, personne ne le savait.

Et en y repensant, Morgan aurait du comprendre dès le début qu'une relation cachée n'était pas saine. Forcément, que les choses allaient prendre des tournants difficiles. En se cachant, il se privait d'énormément de choses. De moment à deux, sur la plage ou en ville, à flâner dans les rues en se tenant la main, ou de boissons prises tranquillement en terrasse, à parler de tout et de rien. Puisque personne ne devait savoir pour eux, il était hors de question que qui que ce soit ne les voit un peu intime. Ils devaient rester des amis aux yeux du monde – ils n'étaient amants que dans la chambre de Tôma, au milieu de ses draps. Ce n'étaient que des moments éphémères, au milieu de la nuit – et la magie s'en allait au petit matin, lorsque Morgan regagnait, seul, sa propre chambre. Un soupir lui échappe, alors que son regard se perd dans son verre déjà à moitié vide :

En vérité, je ne pense même pas savoir ce que c'est réellement, un couple. J'ai toujours préféré les garçons, alors mon homosexualité ne me dérange vraiment pas, mais ce n'était pas pareil pour mes ex. Personne ne devait savoir, c'était … comme une règle d'or.

Et pourtant, ce sont ces mecs qui l'embrassaient dans les toilettes qui se sont permit de lui cracher dessus et de le pointer du doigt, le lendemain du bal. Pendant une fraction de seconde, Morgan sent quelques larmes lui monter aux yeux. Mais il les ravale, papillonnant plusieurs fois des yeux, trop fier pour verser ne serait-ce qu'une larme pour ces sales types. Distraitement, il fait rouler une myrtille dans son assiette, la faisant s'échouer dans le miel dégoulinant de la pile de pancakes.

J'en ai déduis que j'étais le problème, que je ne devais pas être assez bien pour que l'on accepte de s'afficher avec moi. Alors si … si c'est pareil pour toi, je comprendrais. Morgan lève timidement les yeux vers lui, alors qu'une question se presse sur ses lèvres depuis un petit moment maintenant. J'ai cru comprendre que ce n'était pas forcément évident d'assumer être avec un garçon. Comme si ce n'était … pas normal. Mais j'ai décidé de m'accepter dès que je l'ai compris. Mais … et toi ? Tu es déjà … enfin, tu as déjà été avec un garçon, auparavant … ?

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Oliver W. Saëns
Oliver W. Saëns
Pokémon • Sauvage
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Je suis (Inrp) : Homoromantique – transi d'amour et en couple avec Morgan
Je ressemble à : Keith Kogane de Voltron
Double compte : Inaho ♡

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Attaques & Armes: ♦ Puissance Cachée ♥ Leviation ♠ Couteau Suisse
Race Pokemon/ Métier: Zarbi • En recherche d'emploi, fraichement diplomé en Archéologie, histoire et langues anciennes
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyLun 23 Sep - 0:57
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire
Oliver parlait comme s'ils étaient déjà en couple, et cette pensée éclaboussa plus encore ses joues de carmin. Il était idiot d'aller aussi vite, déjà que leur histoire n'était pas facile… Normalement, ce tête à tête au café, il l'avait proposé pour discuter tranquillement, pour tirer un trait sur leur dernière matinée, sur ce gros raté qui avait fait tâche dans leur cœur. Mais là, il allait plus loin. Il allait trop loin. Et même s'il savait cela risqué, s'il condamnait ses mots, une force en lui, un désir terrible, irrépressible le poussait à s'engager sur ce sentier mystérieux, aussi dangereux que fantastique. Son cœur sembla s'emballer. Il déglutit. Quel idiot il faisait. Mais il était fou de ce garçon, il avait envie que les choses se concrétisent, que ce baiser qu'ils venaient d'échanger se poursuive, recommence. Une fois de plus. Des centaines de fois. Des milliers de fois.
Comme un autre couple. Oui, c'était ce qu'il voulait, du fond du cœur. Vivre avec lui, s'afficher avec lui… L'embrasser dans la rue, devant tout le monde, sans avoir peur que quelqu'un les remarque, les hue, les insulte. Sans avoir peur de se retrouver dans les journaux. Ce souvenir faisait à chaque fois couler un liquide glacé le long de sa colonne vertébrale. Comment avait-il pu accepter de vivre quasiment caché avec Ariel ? S'ils tait resté avec lui… Comment les choses auraient-elles évolué ? Le Motisma aurait-il exigé de lui qu'ils ne vivent plus ensemble, qu'ils fassent semblant de ne pas se connaître pour se retrouver incognito dans de petits hôtels perdus de Féli-Cité ? Le temps d'une nuit. D'une misérable nuit à ses côtés. Le temps de faire leur petite affaire et de se séparer. En y pensant bien, toutes ces hypothèses étaient possibles. Ariel aurait même pu pousser le vice encore plus loin : il serait peut-être sorti avec une fille pour faire la une des journaux… Et à côté de ça, il lui aurait murmuré des mots doux à l'oreille, des "tu es celui qui compte le plus pour moi" ou "elle n'est rien". Et Oliver le savait, en était sûr : il aurait bu ses paroles comme un élixir miraculeux, un élixir de jouvence. Un filtre d'amour toxique qui l'aurait bouffé de jour en jour et l'aurait plongé dans une dépression profonde.
Car le Zarbi, malgré les apparences, n'étaient pas qu'un garçon jovial, simple, fêtard et lumineux. Il n'y avait qu'à voir sa collection de bouteilles cachée dans un placard. Le brun était fréquemment touché des crises de panique et déprime profondes, effrayantes. Il lui était même arrivé de penser à en finir. Une bonne fois pour toute. Mais ces idées noires, quelques verres de vodka les effaçaient facilement. Alors, il s'enfermait dans un cercle vicieux dont il était difficile de se dépêtrer. Enchaîner les soirées, les gueules de bois devenait une habitude.
C'était pour cela qu'il s'accrochait à Morgan. Depuis leur rencontre, tout semblait aller mieux, malgré quelques gros ratés. Le Lougaroc lui faisait du bien, apaisait ce petit monstre affamé qui demeurait en lui. La colère, l'amertume, le chagrin n'étaient plus là à ses côtés ; ils étaient remplacés par une boule d'amour à état pur. Quelque chose de fort, de très puissant qu'il aimait sentir au creux de son ventre.
Alors non, plus jamais il n'accepterait se cacher. Plus jamais il ne vivrait une relation dans l'ombre. Il était temps pour lui de faire ce qu'il désirait : aimer sans se cacher. Aimer comme tous ces couples qu'il croisait dans les rues de Féli-Cité.
Autant poser directement cartes sur table, être honnête, montrer ce qu'il cherchait. Il ne supporterait pas qu'une fois avec Morgan, ce dernier lui annonce que non, il ne voulait pas se montrer avec lui, lui tenir la main en public, l'embrasser au restaurant. Ça, ce n'était tout simplement pas envisageable. Et si le Lougaroc était incapable de passer ce cap, alors peut-être arrêterait-il tout ?
Aussi, une petit appréhension vint se loger dans sa gorge. Il jeta un regard un peu hésitant au rouquin, voyant bien que ses mots l'avaient un peu déstabilisé. Et s'il refusait de lui répondre clairement ? S'il fuyait la question ? Comment Oliver réagirait-il ?
Il se mordilla la lèvre inférieure, détaillant son doux visage d'un œil à la fois amoureux et souffrant. Elles étaient bien belles, ses résolutions, mais… Mais aurait-il le courage de le quitter s'ils ne recherchaient pas la même chose ?

La voix du rouquin eut l'effet d'une décharge électrique, à la fois agréable mais terriblement dérangeante. La peur de ne pas obtenir les mots voulus le figea sur son fauteuil. Il crispa ses doigts sur son verre de menthe, incapable d'en prendre une gorgée :

Je … pour être franc, je n'ai jamais vraiment connu de relation … assumée. Je suis sorti avec un garçon pendant un an, mais nous nous cachions, personne ne le savait.
Le cœur du Zarbi se serra douloureusement. Cela voulait-il dire qu'il n'était pas prêt à l'aimer au grand jour…? Cela voulait-il dire qu'Oliver allait à nouveau devoir se cacher pour être avec lui…?

En vérité, je ne pense même pas savoir ce que c'est réellement, un couple. J'ai toujours préféré les garçons, alors mon homosexualité ne me dérange vraiment pas, mais ce n'était pas pareil pour mes ex. Personne ne devait savoir, c'était … comme une règle d'or.
Oliver ne put retenir un long et profond soupir de soulagement. Baissant la tête sur son verre, il porta la paille à ses lèvres et sirota lentement sa boisson, masquant tant bien que mal un petit sourire satisfait qui vint étirer ses lèvres. C'était comme si tout s'offrait à lui, comme si le destin avait décidé de lui faire une fleur, pour une fois. Morgan… Morgan, il le voulait et il était à deux doigts de l'avoir, à deux doigts de vivre quelque chose d'agréable avec lui. Agréable jusqu'où, ça il ne pouvait pas le dire. Mais agréable quand même.
Tout lui semblait trop beau pour être vrai, trop facile. Il devait bien y avoir une tâche d'ombre dans ce tableau. Il revit l'agence dans laquelle le rouquin était entré vingt minutes plus tôt : il était là, le hic. Oliver le savait. Sa profession qu'il n'approuvait pas allait leur causer bien des problèmes, il en était certain. Mais était-ce une raison valable pour ternir son bonheur ? Certainement pas. Pour une fois, le brun avait envie de laisser venir les choses, de ne rien trop brusquer, de ne pas trop se projeter. Advienne que pourra.

En tous cas, le désir de connaître enfin une vraie relation de Morgan lui faisait vraiment plaisir. Ou du moins, il pensait le deviner à travers ses mots. Il semblait s'être rendu compte que vivre son amour caché n'était pas naturel. Qu'il était temps de passer à autre chose.
D'ailleurs, à peine avait-il fini sa phrase qu'il avait baissé les yeux sur son pancake, jouant avec les fruits qui venaient l'agrémenté, dissimulant la tristesse et l'amertume qui semblait inonder ses yeux.
Oliver eut un pincement au cœur. Aussi pensa-t-il en son fort intérieur qu'il le contenterait, lui, qu'il vivrait avec lui une belle histoire, loin des non-dits, des secrets, du déni. Qu'il effacerait à tout jamais ce regard triste de ce beau visage.
Mais les paroles qui suivirent jetèrent un coup de froid sur tous ses espoirs en construction, soudainement avortés :

J'en ai déduis que j'étais le problème, que je ne devais pas être assez bien pour que l'on accepte de s'afficher avec moi. Alors si … si c'est pareil pour toi, je comprendrais.
Oups. Fausse route ! Demi tour urgent ! Surtout, surtout pas un "je suis le problème". Il n'y avait rien de pire. Et la suite… La suite était terrible. Il n'avait rien compris, ou…?
Oliver devint livide. Non ! Ce n'était pas du tout ce qu'il avait voulu dire en lui posant cette question ! Lui, il voulait s'afficher avec lui. Il en crevait d'envie, même. Et s'il fallait lui prouver, là, tout de suite, devant tous ces bourgeois qui prenaient tranquillement leur café, il lui roulerait la pelle du siècle, comme jamais Morgan n'en aurait connu.
Animé d'une puissante volonté de le reprendre, de le corriger pour lui dire ce qu'il désirait vraiment, Oliver ouvrit la bouche, prêt à lui répondre. Malheureusement, le rouquin le devança, décidément un peu perturbé… Et visiblement très curieux.

J'ai cru comprendre que ce n'était pas forcément évident d'assumer être avec un garçon. Comme si ce n'était … pas normal. Mais j'ai décidé de m'accepter dès que je l'ai compris. Mais … et toi ? Tu es déjà … enfin, tu as déjà été avec un garçon, auparavant … ?
Le Zarbi rougit un peu, fuyant le regard de son interlocuteur. Sérieusement…? Morgan pensait que…? Il se remémora leur baiser de tout à l'heure, et ses pommettes devinrent écarlates. Évidemment. Il l'avait tellement mal embrassé que le garçon avait eu des doutes. Des doutes qu'il venait d'alimenter avec sa question qui, à bien y regarder, semblait être une interrogation de débutant en la matière. De jeune gay cherchant un certain réconfort, une assurance quant à son avenir sentimental.
Un petit sourire étira ses lèvres. S'il avait déjà été avec un garçon avant ? Oh. S'il savait. Il y en avait eu une bonne dizaine avant Ariel. Sans compter les coups d'un soir. Et à bien y réfléchir, aujourd'hui, Oliver voyait cela avec un peu de honte. Ce comportement qu'il avait eu à ses vingt ans n'avait rien de bien intelligent, ni de très prudent. À force de relations, il aurait pu attraper une maladie et ruiner sa jeunesse. Ou connaître une expérience un peu sombre, traumatisante. D'ailleurs… D'ailleurs… Il en avait connu une particulière avec cet Hariyama deux ans et demi plus tôt. Il fut parcouru d'un frisson, se remémorant quelques scènes qui lui faisaient froid dans le dos.
Bref. Oui. Il avait connu beaucoup de garçons. Et aucun ne l'avait vraiment charmé, à part le Motisma, évidemment. Alors cette attirance, cet amour qu'il ressentait pour Morgan, Oliver s'en délectait à chaque seconde. C'était si rare qu'il tombe facilement amoureux.
Il finit sa menthe, prenant une dernière gorgée, et releva la tête pour dévisager le rouquin, lui adressant un regard tendre. Sa voix se fit un peu moins hésitante. Au fond, même si elle était un peu gênante, la question était assez amusante :

Comment te dire ça…? Commença-t-il, cherchant de nouveau ses mots. Je vais te faire un petit historique. J'ai compris que j'étais homo à mes… dix-sept, dix-huit ans je dirai. Enfin, je l'ai plutôt accepté à cet âge-là, parce que… J'avais déjà clairement eu des sentiments pour des gars avant. Ça, c'est une certitude.
Il prit un bout de sa gaufre, qu'il avala bien vite avant de continuer.

Donc, aux alentours de mes dix-neuf ans, j'ai commencé à flirter avec quelques types en boîte… Et j'ai eu quelques copains sérieux… Et d'autres beaucoup moins, du genre coup d'un soir. Il eut un pauvre sourire, traduisant son embarras. Je… Tout à l'heure… J'ai vraiment merdé. Promis, j'embrasse mieux que ça. J'étais juste surpris, stressé… Alors si c'est ça qui t'a fait te poser ces questions… Oublie. J'ai été vraiment nul.
Il baissa un instant la tête, un peu rouge, et hésitant, il tendit la main pour serrer la sienne entre ses doigts, admirant ses ongles parfaits un moment avant de plonger son regard dans le grenat brûlant de ses yeux :

Je… Tu es différent des autres. J-Je le sens. Et… Du coup… C'est pour ça que j'appréhende autant… Et que je veux qu'on fasse les choses bien. Qu'on ne se cache pas. Qu'on vive, si tu veux être avec moi, notre relation au grand jour. Car ce qui est pas normal, c'est de garder un amour secret. Ce n'était pas toi, le problème, Morgan. C'était tes ex. C'est certain.
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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyLun 23 Sep - 11:54

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - Café
Morgan
Oliver
Morgan avait tout juste quinze ans lorsqu'il a, pour la première fois, découvert le terme d'homosexualité. Suite à sa rentrée scolaire au collège de Ekaeka et sa rencontre avec quelques garçons de son âge, il a été confronté au sujet des amours, au centre des discussions à cet âge-là. Jusqu'à maintenant, à ses yeux, il était trop jeune pour songer à cela. L'amour avait quelque chose d'abstrait, de presque irréel pour lui – après tout, à son âge, la représentation même de l'amour est incarnée par les parents. Or, étant donné leurs déboires, comment pouvait-il avoir une image positif de cela ? De toute façon, il savait son avenir déjà tout tracé : aux alentours de ses dix-huit ans, son père lui présentera une jolie jeune femme originaire d'un autre Clan, et il devra l'épouser pour perpétuer son nom et sa lignée. Comme son père l'a fait avant lui, et son grand-père aussi, et ainsi de suite, depuis la nuit des temps. Contrairement aux autres Rocabots et Lougarocs du Clan, cet avenir ne l'a jamais enchanté, puisque Morgan n'a jamais ressenti le moindre intérêt pour les filles. Et pourtant, à entendre ses amis, il le devrait. Il était censé se sentir attirrer par leurs jolis visages, leurs yeux de biche, leurs poitrines rondes, leurs voix fluettes. Et pourtant, ce n'était absolument pas le cas. Les filles ne réveillaient absolument rien en lui. Ni attirance, ni désir – rien.

Les garçons par contre … c'était une autre histoire. Mais Morgan n'en avait absolument pas conscience, à cette époque. Il appréciait la vue d'un torse nu sans se rendre compte que ce n'était pas normal pour un homme de contempler ainsi un autre homme. En ce temps-là, il était trop jeune, trop innocent pour penser à ses préférences amoureuses et sexuelles, pour réaliser qu'il ne prenait pas le même chemin que les autres garçons de son âge. Il se contentait d'observer, mettant cela sur le compte de sa quête de masculinité, sans songer un seul instant que ce n'était sûrement pas là l'unique raison. De ce fait, lorsque ses amis ont cherché à connaître ses goûts en matière de fille, Morgan n'a pas osé avouer qu'il ne ressentait aucun intérêt pour elle. Alors pour ne pas perdre la face, il avait menti, prétextant une préférence pour les brunes, puisque visiblement la couleur de cheveux avait une certaine importance. Cependant, cette discussion l'avait tellement perturbé que, le soir-même, avant de rentrer chez lui, il s'était arrêté au Centre Pokémon afin d'accéder à un poste d'ordinateur. C'est ainsi qu'il a débuté ses premières recherches et qu'il a comprit ce qu'il était. Homosexuel. Et surtout, qu'il n'était pas le seul. Que ce n'était pas une maladie ou un problème mental. Que c'était naturel et absolument pas à blâmer.

Pour autant, il ne pouvait l'assumer auprès de son Clan. Chez eux, l'homosexualité est une déviance, une chose contre-nature. Un couple doit se composer d'un homme et une femme, c'en est ainsi pour perpétuer la race. Morgan s'était alors souvenu de sa voisine Rocabot, qui refusait toutes les demandes en mariage qu'elle recevait. Un jour, elle était venue au village avec une autre fille – le lendemain, elles avaient toutes les deux disparues. A cet époque, il n'avait pas comprit où elle était passée, jusqu'à ce qu'il apprenne quelques mois plus tard qu'elle avait été bannie. C'est le traitement qui l'attendait si jamais, lui aussi, ne rentrait pas dans le moule et décidait d'assumer son homosexualité aux yeux de son Clan. Il serait mal vu, rejeté, traité comme un paria. Et on lui fermerait les portes du village au visage, le livrant à lui-même. Or, pour Morgan, ce n'était pas envisageable. Pour autant, il ne refusait de se mentir à lui-même concernant ses préférences. Alors s'il ne voulait pas perdre son chez-lui tout en menant la vie sentimentale qui lui correspondait, il devait se cacher. Ne rien laisser paraître aux yeux de son Clan. Et il a réussi : pendant trois ans, personne ne s'est jamais douté de rien. Il sortait même avec son voisin sans jamais se faire remarquer. Jusqu'à ce que tout vole en éclats.

De ce fait, dorénavant … Morgan ne veut plus faire les mêmes erreurs. Il veut être capable d'être lui-même sans se mettre d’œillère. Maintenant qu'il ne vit plus avec son Clan, qu'il s'est lui-même exilé, il n'a absolument plus aucune raison de se cacher. Il peut assumer ses préférences sans craindre les représailles de la part de son entourage puisque … de toute évidence, il n'en a même plus. Son père ne pourra pas le juger, puisqu'il est sorti de sa vie. Néanmoins … si Oliver préfère une relation discrète, le Lougaroc est prêt à l'accepter, bien qu'il se soit promit de ne plus jamais se cacher. A choisir entre la solitude et l'amour du Zarbi, il n'y a pas photo. Il préfère encore vivre caché mais amoureux plutôt que librement, mais seul et malheureux. Pour Oliver, il est prêt à faire tous les sacrifices nécessaires. Parce qu'il l'aime sincèrement, et qu'il ne veut pas que le Zarbi s'en aille, le laisse derrière, lui tourne le dos comme de nombreux garçons avant lui. Et si le brun est un novice en la matière, un garçon qui réalise tout juste ses préférences, ce n'est pas grave : Morgan est prêt à l'accompagner, à lui apprendre, à le rassurer. C'est pourquoi il a besoin de savoir s'il est le premier garçon pour lequel Oliver craque – parce que la réponse qu'il a offert à son baiser un peu plus tôt était bien maladroite, digne d'un néophyte. Et Morgan sait de quoi il parle, parce qu'il a principalement côtoyé des curieux et des novices plus que des gars expérimentés sachant parfaitement ce qu'ils font. Et il doit bien avouer qu'il aimerait que ça change, un peu.

Comment te dire ça…? Je vais te faire un petit historique. J'ai compris que j'étais homo à mes… dix-sept, dix-huit ans je dirai. Enfin, je l'ai plutôt accepté à cet âge-là, parce que… J'avais déjà clairement eu des sentiments pour des gars avant. Ça, c'est une certitude.  Donc, aux alentours de mes dix-neuf ans, j'ai commencé à flirter avec quelques types en boîte… Et j'ai eu quelques copains sérieux… Et d'autres beaucoup moins, du genre coup d'un soir. Bien malgré lui, Morgan sent une pointe de jalousie percer dans son esprit. Je… Tout à l'heure… J'ai vraiment merdé. Promis, j'embrasse mieux que ça. J'étais juste surpris, stressé… Alors si c'est ça qui t'a fait te poser ces questions… Oublie. J'ai été vraiment nul.

Le rouquin ne peut retenir un petit sourire amusé. Oh, si ce n'est donc que la surprise … il se demande bien ce dont il est capable, désormais. Qu'est-ce qu'il serait capable de lui faire ressentir. De toute évidence, Oliver n'en est pas à sa première expérience. Il a un certain palmarès, presque aussi peu reluisant que le sien – à la différence qu'il est plus âgé que lui, et qu'il a donc eu davantage l'occasion de connaître certaines choses. Alors que pour Morgan, ses nombreuses conquêtes s'étalent sur peu de temps, un an et demi tout au plus. Parce qu'entre sa première fois et l'enchaînement de ses « sexfriends », il s'est passé quelques mois pendant lequel il cherchait un moyen d'attirer les garçons à lui. Et ensuite, il a vécu une histoire d'un an avec le même garçon. Cela fait donc un bon moment pour lui qu'il n'a pas vécu de coup d'un soir, et ce n'est pas plus mal, parce que ce n'est absolument pas ce qu'il recherche. Si Morgan s'est abandonné de manière ponctuelle dans les bras de tous ces gars, c'est seulement pour contenter sa libido – à défaut de contenter son cœur. S'il n'a pas continué sa relation avec Yodevan – sa première fois – c'est justement parce qu'ils ressentaient, autant l'un que l'autre, qu'ils ne formeraient pas un couple heureux. Et avant toute chose, c'est l'amour que Morgan recherchait. Mais ne trouvant pas chaussure à son pied, il a préféré se concentrer sur son plaisir sexuel, bien plus à même de trouver des volontaires. Et puis Tôma l'a embrassé et là, il a cru plonger tête la première dans un océan de bonheur. Sans réaliser que le Lougaroc le tirait vers le fond, vers des abysses douloureuses et empoisonnées.

La main d'Oliver vient doucement se poser sur celle de Morgan, le tirant de ses pensées. Ses yeux grenats se perdent alors dans ceux du Zarbi, trous noirs diablement attirants.

JJe… Tu es différent des autres. J-Je le sens. Et… Du coup… C'est pour ça que j'appréhende autant… Et que je veux qu'on fasse les choses bien. Qu'on ne se cache pas. Qu'on vive, si tu veux être avec moi, notre relation au grand jour. Car ce qui est pas normal, c'est de garder un amour secret. Ce n'était pas toi, le problème, Morgan. C'était tes ex. C'est certain.

Le Lougaroc pince les lèvres, à cheval entre un plaisir infini et une angoisse persistante. Que Oliver souhaite assumer leur relation comble son cœur de bonheur, c'est une certitude. Mais d'un autre côté, il ne peut le laisser penser qu'il est une victime dans toute cette histoire avec ses ex. Parce que c'est loin d'être le cas. Morgan n'a pas donné sa part aux chiens et s'il acceptait toutes ces conditions, ce n'était pas pour rien. Ses doigts s'entremêlent doucement à ceux d'Oliver, signe qu'il accepte et apprécie la tendresse de ce petit geste qui semble bien simple en apparence, mais qui signifie beaucoup. Jamais Tôma n'aurait fait une chose pareille – jamais Tôma ne l'aurait invité au restaurant, d'ailleurs. De ce fait, les différences entre ses relations passées et sa relation actuelle commencent déjà à pointer le bout de leur nez, et cela est aussi excitant qu'effrayant. Pendant un quart de seconde, le regard de Morgan balaie la salle, dans un réflexe bien triste de s'assurer que personne n'assiste à leur échange. Le rouquin n'a absolument pas honte de ce qu'il ressent, mais il ne veut pas mettre Oliver dans l'embarras. Et même s'il sait que ce dernier désire assumer pleinement leur relation, Morgan n'a absolument pas pu contrôler ce réflexe entretenu pendant plus d'un an, avec Tôma. Guetter, toujours guetter. S'assurer que personne ne se doute de quoi que ce soit. Que personne ne devine leur relation. Mais … il n'a plus besoin de le faire, n'est-ce pas ? Ses yeux reviennent aussitôt retrouver ceux de Oliver. Qu'importe qui les regarde … Ca ne doit absolument pas l'atteindre.

Ce n'était pas que eux, Oliver. Je t'ai déjà parlé de mon Clan, n'est-ce pas … ? Je t'ai dit qu'ils étaient très conservateurs. Tu imagines donc bien que l'homosexualité, là-bas, est très mal vue. S'ils avaient su pour moi, ils m'auraient mit dehors, sans hésiter. Alors si je ne voulais pas me retrouver à la rue, je devais me cacher. Je n'avais pas d'autre choix.

Morgan prend une gorgée de lait, espérant parvenir à chasser la boule s'étant formée dans sa gorge. Parler de son Clan n'est pas évident pour lui, car malgré tout ce qu'il a à lui reprocher, il lui manque parfois. Après tout, le Lougaroc y a grandi, y a vécu toute sa vie jusqu'à sa fuite, il y a un petit peu plus d'un mois désormais. Mais d'un autre côté, il se sent libéré de cette pression qu'ils faisaient tous peser constamment sur ses épaules, et il doit bien avouer que c'est vraiment agréable de sentir un petit peu plus libre. Désormais, ce qui garde ses poings liés, ce sont ses soucis financiers. Mais c'est encore une autre histoire, qui ne l'empêchera pas de pouvoir vivre sa relation tranquillement. D'ailleurs, si Morgan s'écoutait, il viendrait tendrement caler ses jambes contre celles d'Oliver, mais il préfère se retenir. Premièrement, pour ne pas le mettre dans l'embarras, deuxièmement parce qu'il refuse d'exécuter un geste si intime au milieu d'un restaurant. Les nappes des tables ne sont pas assez longues pour dissimuler leurs jambes, alors il vaut mieux éviter. Surtout auprès de ces bourgeois. Si Morgan a bien apprit une chose à son travail, c'est bien que ces gestes s'offuscent de rien – en public du moins parce que dans l'intimité, ce sont de gros cochons aux idées déplacées. Et le rouquin est très bien placé pour le savoir, bien malheureusement. Un petit soupire s'échappe de la bouche du Lougaroc, alors qu'il se laisse aller dans son fauteuil, comme las tout d'un coup.

Mais je ne veux plus vivre comme ça. Je veux pouvoir être qui je suis sans qu'on me le reproche. Cependant … j'ai des habitudes, désormais. Des mauvaises habitudes. Des peurs injustifiées. Des montées d'angoisse excessives. Tu vois de quoi je parle … Évidemment, il fait référence à toutes ces fois où, englué dans la terreur, il s'est enfuit ou a hurlé comme un fou à lier. J'en ai conscience, mais je ne contrôle rien. Ca … arrive comme ça, d'un coup. Parce que j'ai toujours du tout garder pour moi et que … à un moment donné, il faut que ça sorte. Alors …

Les mots se mêlent et s'emmêlent dans son esprit. Désormais, Morgan a l'impression d'en avoir trop dit, d'avoir dépeint un portrait bien négatif de lui-même, prenant ainsi le risque d'effrayer Oliver. Cela dit, il est aussi important que le Zarbi ait conscience de tout cela avant que ça ne soit trop tard. Bien sûr, le rouquin compte prendre sur lui-même pour ne jamais plus le mettre dans l'embarras comme il a déjà pu le faire. Il ne veut pas plus s'énerver à nouveau et le tenir responsable de certaines choses contre lesquelles il ne pouvait rien. En fait, Morgan ne veut plus lui faire le moindre mal. Il ne pourrait pas se le pardonner, s'il le blessait à nouveau. Il l'aime beaucoup trop pour le poignarder sans en ressentir la moindre gêne.

Alors s'il-te-plaît, fais attention. Je ne veux pas te refaire du mal. Je vais être maladroit, je vais dire des choses … blessantes, sans m'en rendre compte. Je le sais par avance, parce que je me connais. Mais … ce que je ressens pour toi, c'est réel. Et je veux être capable de te le montrer, dans l'intimité comme aux yeux du monde. Même si … même si cela risque de prendre un petit peu de temps pour moi. Juste le temps de me défaire de mes mauvaises habitudes. Enfin … si tu es toujours d'accord pour être avec moi malgré tout ce que je viens de te dire.

Le rouge aux joues de s'être livré de la sorte, Morgan mâchonne un morceau de pancake pour dissimuler son trouble. Quel idiot il fait. Lister ainsi ses pires défauts … c'est tendre le bâton pour se faire battre. Mais d'un autre côté … il préfère que Oliver ait conscience de tout cela. Qu'il sache à quoi s'attendre avant de vouloir aller plus loin avec lui. Parce que Morgan a conscience de ses soucis et qu'il est important qu'Oliver le soit aussi. Pour ne pas être prit au dépourvu si quelque chose devait arriver. Pour lui laisser la chance de revenir sur sa décision, concernant eux deux. Et s'il décide de tout arrêter là, le rouquin comprendrait – qui ne prendrait pas ses jambes à son cou dans une telle situation ? Soudain, une nouvelle question germe dans l'esprit de Morgan et, bien trop curieux pour la retenir, il la pose sans même s'en rendre réellement compte – et sans imaginer sa portée.

Dis … ce garçon avec lequel tu m'as confondu le premier jour … Ariel, c'est ça ? C'est … lui sur les photos, chez tes parents ? Tu … enfin, il y avait … quelque chose, entre vous ?

Malgré toute sa bonne volonté, Morgan ne parvient pas à étouffer la pointe de jalousie dans sa voix. Parce que soudain, l'idée que Oliver puisse l'aimer par mimétisme l'effraie. Il ignore à quoi cet Ariel peut bien ressembler aujourd'hui, mais la couleur de leurs cheveux est la même. N'est-ce que cela que attire Oliver ? Cette fausse ressemblance avec un ex ? Cette idée que, d'une certaine façon, Morgan lui ressemble un peu et lui donne l'illusion d'être de nouveau avec lui … ?
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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyLun 30 Sep - 1:10
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire
Les doigts d'Oliver vinrent doucement caresser la main de Morgan, appréciant la douceur de sa peau de lait. Il observa ses gestes, les pommettes encore un peu rouges ; lui tenir la main, il en rêvait depuis le début. Intentionnellement. Car il se souvenait de leur premier contact ; cette pression de ses doigts contre les siens, cette étreinte intime qu'ils n'avaient d'apparence échangée que par erreur. Par erreur ? Oliver se mordilla la lèvre inférieure, arrachant quelques peaux mortes : non, il y avait clairement eu des sous-entendus dans ces gestes, et chacun les avait proprement ignoré. Pourquoi ce déni ? Si long, si éprouvant. Peut-être le Zarbi n'avait-il pas eu envie de se relancer dans une relation sérieuse, après tout ce temps passé avec Ariel ? Pas eu envie ou… Ou avait-il eu peur ?
Il passa son autre main dans ses cheveux, les rejetant en arrière, pensif. Il ressentait toujours ce soupçon de panique qui n'attendait que de germer dans son cœur. Tout à l'heure, il s'était emmêlé dans ses sentiments, ses barrières, ses appréhensions, et ça l'avait empêché de montrer de quoi il était capable. De faire de leur premier vrai baiser une réussite.
Bah quoi…? Il craignait de ne pas être à la hauteur ? De le décevoir…? Il avait pris ses petites habitudes avec Ariel, que ce soit en dehors ou chez eux, notamment au lit. Pourrait-il s'en défaire ? Passer à autre chose. Surtout qu'il ne les aimait pas, ces habitudes. Leurs petites routines le rendaient fou à la fin de leur relation. Rentré à pas d'heure, Ariel allait prendre une douche, regardait un peu la télé à ses côtés, sans même le toucher, et le traînait dans les draps pour faire sa petite office… Avant de s'endormir comme un bébé,de tomber dans les plumes de Cresselia pour ne reparaître que tard le lendemain soir.
Oliver réprima un petit soupir à ces douloureux souvenirs, et, relevant la tête, il dévisagea Morgan, sans pudeur, ses yeux brûlant d'une affection nouvelle qui changeait de son regard morne, mort qu'il affichait depuis déjà plusieurs mois. Avec le Lougaroc, il lui semblait renaitre, sentir, ressentir à nouveau. Il vivait. Vraiment. Et c'était un véritable miracle.
En sillonnant le café du regard, par simple curiosité, il attrapa l'œillade poussée d'une femme d'affaire, qui semblait ne pas trop apprécier leur geste. D'un regard noir, il lui fit baisser les yeux. Quoi ? N'avait-on plus le droit de se tenir la main, maintenant ?
Les sourcils du garçon se froncèrent un peu. Il détestait ce genre de personne ; toujours dans le jugement, jamais dans la réflexion et dans la sagesse. Si on n'aimait pas, on faisait l'effort d'accepter… Ou on ne regardait pas. Rester fixé sur leur échange, les lèvres crispées, n'avait rien de constructif.

Oliver, en voyant par la suite Morgan jeter de petits coups d'œil inquiet autour d'eux, espéra qu'il n'ait pas remarqué cette bonne femme, deux tables plus loin. Ce n'était pas le moment de se dégonfler. Ils devaient s'assumer dès le début, agir comme n'importe quel autre couple pour que cela devienne un automatisme. Se cacher ne servait à rien. Il valait encore mieux ne rien faire ou affronter les gens.
Se mordillant les lèvres, Le Zarbi eut soudainement très envie de rassurer son "copain". Pas besoin de regarder autour de soi ; il lui fallait vivre le moment présent, comme ça lui chantait : au diable les autres ! Au lieu de ça, il esquissa un joli sourire, lumineux, qui sembla presque éclipser le rouge pivoine de ses joues.
Ses lèvres s'étirèrent d'autant plus lorsque le garçon plongea ses iris grenas dans les siens. Dans cet échange, il n'y avait rien, et il y avait tout. Tout cette affection qu'ils n'arrivaient pas vraiment à se dire, ou seulement maladroitement. Ses doigts mêlés aux siens, le sentir accepter son geste lui donna une joie sans pareille, bien vite éteinte par ses mots :

▬ Ce n'était pas que eux, Oliver. Je t'ai déjà parlé de mon Clan, n'est-ce pas … ? Je t'ai dit qu'ils étaient très conservateurs. Tu imagines donc bien que l'homosexualité, là-bas, est très mal vue. S'ils avaient su pour moi, ils m'auraient mit dehors, sans hésiter. Alors si je ne voulais pas me retrouver à la rue, je devais me cacher. Je n'avais pas d'autre choix.
Ses explications étaient dures, mais cruellement vraies. Il ne pouvait que le croire, qu'opiner doucement de la tête, se rendant compte de sa propre naïveté : bien sûr que personne n'avait pu se montrer. Bien sûr qu'ils avaient dû rester cachés, ne surtout pas afficher leur orientation sexuelle aux yeux des autres. Un sentiment d'injustice s'installa dans la poitrine du brun qui prit une grand bouffé d'air, emplie d'une bonne odeur de chocolat. Tout ce sucre lui donna la nausée. Il repoussa doucement la fin de sa gaufre, profondément dégoûté.
Pourquoi n'avaient-ils pas le droit d'aimer comme les autres ? Pourquoi est-ce qu'un jour quelqu'un avait décrété qu'être avec une personne du même sexe était une infamie ? Pourquoi personne ne l'avait-il contredit, à cette époque ?
Oliver laissa échapper un long soupir, perdu dans ses pensées. Au-delà des homophobes, des parents hermétiques, il y avait pire encore : les homos qui ne s'assumaient pas. Qui se considéraient eux-même comme des erreurs de la nature. Un petit sourire amer prit place sur son visage. Heureusement que le rouquin ne semblait pas être de ce genre… Car Oliver en avait rencontré des petits gars comme ça, acceptant une partie de jambes en l'air et se flagellant par la suite, honteux. C'était absolument terrible à voir.
Un instant, le Zarbi trouva Morgan très courageux d'avoir survécu à un milieu aussi hostile. Bien heureusement pour lui, ses amis, les élèves de sa classe ne lui avaient jamais reproché son orientation. D'ailleurs, cette petite réputation l'avait presque rendu populaire… Oh, il ne trouvait pas cela forcément mieux, mais c'était autre chose que se faire jeter de chez soi, au moins.
Il pensa à ses parents, tirant une autre peau transparente de ses lèvres sèches : il allait lui falloir leur en parler. Calmement. Après avoir préparé ce qu'il voulait leur dire. Et peut-être… Peut-être qu'il leur présenterait Morgan, un jour ?
Oliver lui jeta un regard amoureux : oh, il leur faudrait du temps, avant de se lancer dans une telle entreprise.
Gardant le silence, le Zarbi préféra l'écouter parler, entendre ce qu'il avait à lui dire au lieu de lui couper la parole pour réagir à ses mots durs. D'ailleurs, le Lougaroc semblait vouloir continuer, quittant ses doigts pour s'adosser à son siège, après avoir bu un peu de lait. Chaque formulation semblait peser lourd sur sa langue. Oliver voyait bien qu'il faisait beaucoup d'effort pour essayer de se faire comprendre, de partager des pensées importantes avec lui :

▬ Mais je ne veux plus vivre comme ça. Je veux pouvoir être qui je suis sans qu'on me le reproche. Cependant … j'ai des habitudes, désormais. Des mauvaises habitudes. Des peurs injustifiées. Des montées d'angoisse excessives. Tu vois de quoi je parle …
J'en ai conscience, mais je ne contrôle rien. Ca … arrive comme ça, d'un coup. Parce que j'ai toujours du tout garder pour moi et que … à un moment donné, il faut que ça sorte. Alors …Alors s'il-te-plaît, fais attention. Je ne veux pas te refaire du mal. Je vais être maladroit, je vais dire des choses … blessantes, sans m'en rendre compte. Je le sais par avance, parce que je me connais. Mais … ce que je ressens pour toi, c'est réel. Et je veux être capable de te le montrer, dans l'intimité comme aux yeux du monde. Même si … même si cela risque de prendre un petit peu de temps pour moi. Juste le temps de me défaire de mes mauvaises habitudes. Enfin … si tu es toujours d'accord pour être avec moi malgré tout ce que je viens de te dire.

Le cœur d'Oliver accéléra un peu, faisant monter à ses joues une nuée d'écarlate. Il baissa les yeux, un petit sourire aux lèvres, sincèrement touché par les paroles du rouquin. Il essayait de… De l'avertir ? De le protéger quant à ses crises d'angoisse ? C'était… Tout simplement adorable. Et à côté de ça, il lui faisait sa déclaration… Non ? Et sa demande. Son visage devint cramoisi, ses traits traduisant une joie à peine dissimulée.
Le Zarbi avait remarqué que le Lougaroc ne faisait pas partie des calmes. Et au fond, que cela pète de temps à autres ne le dérangeait pas vraiment. Il préférait ça que d'être dans un couple où il n'y avait jamais un mot plus haut que l'autre. Ce genre de relation était bien souvent toxique et cachait de gros secrets, trop bien gardés, petites bombes à retardement. Alors bien sûr, Oliver espérait ne pas connaître de grosses disputes comme l'autre matin avec Morgan… Mais s'il était touché de crises de panique… Alors il se contenterait de l'aider, de le rassurer, de prendre son mal en patience pour le réconforter, le rassurer. Lui-même n'avait pas un tempérament facile. Tout feu tout flamme, il lui arrivait de s'emporter ou au contraire de plonger dans une dépression profonde. À deux, il n'y avait aucune doute, ils parviendraient à s'aider.
Passant une main distraire sur sa nuque, Oliver chercha un instant les bons mots. Lui aussi, il lui avait fait du mal en lui disant toutes ces horreurs la semaine dernière. Il n'en était pas fier. Alors pourquoi Morgan prenait-il toute la faute sur lui ? Ce n'était pas le cas… Et le brun était bien décidé à lui faire comprendre.
Il prit un ton doux, qui traduisait toute sa volonté de le convaincre, d'être sincère :

▬ Je veux être avec toi. J-Je… Je t'aime, vraiment. Et ce n'est certainement pas le fait que tu perdes parfois les pédales qui va me faire changer d'avis ! Je… Je pense qu'on peut très bien travailler sur ça ensemble. Et puis regarde : moi aussi, j'ai de gros manquements, parfois… Il s'interrompit un instant, triturant ses doigts, un peu honteux. Je… Tout ce que j'ai pu te dire… Franchement, c'était nul, horrible. Je me suis laissé emporté… Tu sais… Ces derniers mois n'ont pas été faciles pour moi, et… Et il faut que je me débarrasse de certaines addictions petit à petit. Rien n'est facile.
Il se tut, un peu penaud. Il faisait bien évidemment référence à son amour un peu trop prononcé pour les bouteilles d'alcool qu'il cachait dans ses placards. C'était une honte intense chez lui, mais il n'arrivait pas à renverser la donne, à changer ses habitudes. Couper avec la vodka n'était vraiment pas facile. Ses effets anesthésiant l'avaient rendu accro : cet alcool rendait tout beaucoup moins douloureux. Les pensées délicates, les souvenirs tranchants s'arrondissaient sous ce doux venin.
Oliver essaya de prendre un petit bout de gaufre, imitant Morgan qui mangeait progressivement son pancake, mais rien ne passa. Il remit donc sa main sur la table, lui faisant signe de la rejoindre d'un coup d'œil appuyé.

Un petit frisson de surprise parcourut sa colonne vertébrale lorsque le Lougaroc osa lui poser sa dernière question, visiblement motivée par une grande curiosité.
Décidément, les mots qu'il venait de prononcer faisaient assez bien écho avec cette interrogation à la fois inattendue et trop évidente pour ne pas avoir lieu.
Oliver aurait pu s'en offusquer : après tout, c'était assez indiscret. Mais au lieu de ça, un petit sourire mi amusé mi chagrin prit place sur son visage.
So Morgan s'aventurait sur ce terrain miné, alors il n'hésiterait pas à en faire de même :

▬ Dis … ce garçon avec lequel tu m'as confondu le premier jour … Ariel, c'est ça ? C'est … lui sur les photos, chez tes parents ? Tu … enfin, il y avait … quelque chose, entre vous ?
Un petit rire s'échappa de ses lèvres. Il plongea de nouveau son regard dans le sien, décidant de jouer cartes sur table, une fois de plus : inutile de se voiler la face ; Ariel se serait invité tôt ou tard dans leur conversation, alors autant s'en débarrasser directement et passer à autre chose :
▬ Bien vu, Détective Pikachu. Tu es vraiment observateur… Il laissa échapper un petit soupir, examinant ses ongles un instant, constatant qu'il les avait beaucoup trop rongés ces derniers jours. Ariel… Ariel ça a été mon grand amour pendant un peu plus d'un an… Et… Mon ami d'enfance, aussi. Il fit une pauvre sourire, dévisageant de nouveau son interlocuteur, un peu rouge. Je vais rien te cacher, comme ça c'est derrière nous, d'accord ? Il se racla la gorge, ne sachant pas trop par où commencer. En fait… Je… Je crois que j'ai presque toujours été amoureux de lui. Mais quand j'étais jeune, j'ai préféré me dire que non, que ce n'était pas possible… Donc… Je l'ai laissé filer entre mes doigts, pour le revoir par pur hasard un soir, des années plus tard. Bref, on s'est mis ensemble ; c'était comme une évidence. On s'était pas mal tourné autour en même temps.
Il leva les yeux au plafond avant de s'avachir sur la table, quelques mèches ébènes tombant devant ses yeux.
▬ Ariel, il s'était lancé dans une carrière d'acteur. Il voulait plus qu'on nous voit ensemble, il rentrait tout le temps tard… Et puis il prenait la grosse tête, donc on s'est séparé, plutôt brutalement. Et depuis… Ben j'ai un peu de mal à m'en remettre. Tu es la seule personne qui est arrivée à me changer les idées, jusqu'à présent. Et pour ça… Pour ça merci.
Son sourire se fit un peu plus rayonnant tandis qu'il caressait tendrement la main du garçon.
M-Mais tu n'es pas une roue de secours ! Et d'ailleurs… Je suis pas avec toi parce que tu ressembles à Ariel, hein ! En fait, vous êtes vraiment différents ; c'est juste que vous avez tous les deux les cheveux rouges, donc…… Il haussa les épaules, amusé. J'ai vraiment un délire avec les roux, y'a rien à comprendre. C'est une histoire de goûts, je pense.
Il marqua un petit silence avant de regarder encore plus intensément Morgan, qui semblait boire ses paroles avec beaucoup de curiosité. Si lui avait retenu le nom d'Ariel et les photos, Oliver, lui, n'était pas près d'oublier cette personne avec laquelle le rouquin l'avait confondue l'autre matin, au réveil. Finalement, leur dispute était partie de là. Le Zarbi n'avait pas compris sa réaction, en avait fait un monde, s'était effondré. Morgan, lui, avait réagi au quart de tour, comme à son habitude…
Alors… Alors lui aussi avait le droit de savoir, de comprendre, non ?
Sa voix changea un peu, devenant hésitante. Il avait un peu l'impression de sa jeter dans le vide, ce coup-ci. Morgan n'allait pas mal prendre sa question… Pas vrai ?
▬ Puisque tu as joué la carte vérité…… Je vais user de la mienne aussi ! Hum… T'es pas obligé de me répondre si tu veux vraiment pas ; je ne t'en voudrai pas.
En fait… L'autre matin… Tu m'a pris pour un certain Tôma et… Bah c'est resté ancré dans ma tête. C'était ton ex, lui aussi ? Et tu as cru que… Qu'on allait vous surprendre…? Je suis désolé. J'ai pas su comment gérer ta panique. J'aurais dû garder mon calme, moi aussi.

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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyLun 30 Sep - 15:20

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - Café
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D'aussi longtemps qu'il s'en souvienne, Morgan n'a jamais été très stable, émotionnellement parlant. Coincé au milieu des disputes de ses parents, son esprit était sans cesse tiraillé et mis à dure épreuve. Et puis, selon avec qui il passait du temps, il changeait presque d'identité. Aux côtés de sa mère, il était une petite fille calme, polie, qui n'avait même pas besoin d'exister, puisque Denal'i dirigeait sa vie sans lui laisser le moindre libre arbitre. Elle lui disait comment s'habiller, comment se coiffer, comment se comporter : et lorsqu'on lui adressait la parole, la Lougaroc répondait toujours à sa place, décidant de ses préférences, de ses opinions. Alors que lorsque Morgan était avec son père, il était un garçon qui se devait d'être un petit peu plus débrouillard, qui n'avait pas besoin d'aide extérieure, qui possédait déjà une identité propre. Deux univers différents, qui ne l'ont absolument pas aidé à se construire correctement, qui l'ont au contraire forcé à créer deux identités opposées pour convenir à ses deux parents. Avec le temps et la soudaine prise de conscience de Morgan, il a plus ou moins réussi à se défaire de l'emprise de sa mère - mais il n'a pas totalement adopté le point de vue de son père pour autant. Il s'est retrouvé perdu entre deux eaux, qui ont fini par l'emporter dans les profondeurs. Et c'est ainsi que les premières angoisses sont arrivées, prenant place dans son coeur, parasitant son esprit au moindre doute, à la moindre petite peur. Graine toxique germant dans son cerveau dès que l'occasion se présente, empoisonnant ses sens et son esprit, semant le chaos dans sa tête, provoquant des crises terribles lourdes de conséquences.

Morgan en a bien conscience, évidemment. Cependant, il n'avise le carnage qu'une fois la tempête passée. Parce que lorsqu'elle saccage tout autour d'elle, son esprit est trop confus pour se rendre compte des dégâts qu'elle cause à l'instant T. Il en est l'auteur et, pourtant, il n'en est consciemment que le triste spectateur. Ce n'est qu'ensuite que les souvenirs lui reviennent, lui rappelant violemment ce qu'il pu dire, ce qu'il a pu faire. Et c'est là le moment le plus douloureux pour lui, car il se retrouve seul face à cette constatation terrible, contre laquelle il ne peut plus rien, si ce n'est tenter de se confondre en excuses maladroites devant les victimes de sa colère. Certains pardonnent : une fois, deux fois – puis se détourne de lui. D'autres ne lui adressent même plus la parole dès le premier écart. C'est ce qui est arrivé avec le groupe d'amis qu'il s'était fait, la première année où il a pu rejoindre une école en ville. Tout allait bien les premiers temps, Morgan était heureux de côtoyer de nouvelles personnes, de ne plus étouffer dans son Clan. Et puis il a réalisé son homosexualité, et tout est allé de mal en pis. A son arrivée au lycée, ses « amis » ne se comptaient plus que sur les doigts d'une main. A la fin, il n'en avait même plus un seul. Tôma demeurait son unique pilier, le seul acceptant de le garder auprès de lui et de pardonner ses faux pas. Cela dit, avec lui, les crises de Morgan étaient moins nombreuses : le Lougaroc chromatique parvenait à les sentir, à présager leurs arrivées. Et alors, il lui suffisait de détourner l'attention de Morgan sur autre chose, de noyer le poisson avant qu'il ne soit trop tard. Cela ne fonctionnait pas à chaque fois, mais il est tout de même parvenu à étouffer de nombreuses crises dans l'oeuf.

Et ce don pour l'apaiser, Oliver le possède aussi. Pour le moment, malheureusement pour lui, il n'est jamais parvenu à éviter le pire. Mais à chaque fois, il venait retrouver le Lougaroc afin de lui parler, de l'apaiser. Ses douces caresses dans son dos, Morgan s'en souvient très bien. Elles l'apaisent tellement facilement que ça en est presque déconcertant. Parce que s'il est mieux de désamorcer la bombe avec qu'elle n'explose, il est cependant très important aussi de venir la réparer ensuite. Pour Morgan, la réalisation est bien plus douloureuse que l'explosion, et c'est dans ces moments-là qu'il a le plus besoin de soutien – là où tout le monde pense qu'il est plus avisé de le laisser se calmer seul. Pourtant, c'est à ce moment là que les idées les plus noires embrouillent son esprit et plonge son être entier dans une profonde tristesse. C'est là qu'il a besoin de présence, de soutien, de pardon – il faut panser la plaie tant qu'elle saigne encore, pas attendre qu'elle s'infecte. Et ça, Oliver semble l'avoir comprit. Pour autant, Morgan ne veut pas qu'il ait à souffrir de ses sautes d'humeur. Alors … alors préfère-t-il être honnête, ouvrir son cœur et mettre le Zarbi en garde. Ce qu'il s'est passé au restaurant le premier jour, ainsi que sa fuite précipitée au festival Alola ou ses paroles horribles ce fameux matin … ce sont des choses qui font malheureusement parti de son quotidien. Ce ne sont pas des faits uniques, des événements rares : ses crises ne sont pas toutes de la même intensité, certes, mais elles sont fréquentes. Très fréquentes. Il ne se passe pas deux ou trois jours sans que cela n'arrive. Parfois pour rien, parfois à raison – le résultat reste le même, cependant. Morgan éclate, réalise, puis s'en veut. Une boucle infinie, un cercle vicieux douloureux auquel il ne trouve aucun échappatoire. Une routine perverse, dévorante, qui le tue à petit feu. A moins que quelqu'un ne se décide à l'en sauver.

Je veux être avec toi. J-Je… Je t'aime, vraiment. Et ce n'est certainement pas le fait que tu perdes parfois les pédales qui va me faire changer d'avis ! Je… Je pense qu'on peut très bien travailler sur ça ensemble. Et puis regarde : moi aussi, j'ai de gros manquements, parfois… Je… Tout ce que j'ai pu te dire… Franchement, c'était nul, horrible. Je me suis laissé emporté… Tu sais… Ces derniers mois n'ont pas été faciles pour moi, et… Et il faut que je me débarrasse de certaines addictions petit à petit. Rien n'est facile.

Je t'aime, vraiment. Ces quelques petits mots font aussitôt gonfler le cœur de Morgan. Ce n'est plus un « je t'aime bien » ou un « je t'aime beaucoup ». C'est un vrai je t'aime sincère et pur, sans fioriture. Le reste de son discours est tout aussi salvateur pour le Lougaroc. Oliver l'accepte avec ses travers et ses défauts – il souhaite même qu'ils travaillent là-dessus. Tous les deux, ils ont leurs lots de problèmes qu'ils se doivent de régler, des plaies qu'ils se doivent de panser – mais ils le feront à deux. Et Morgan a la sensation qu'ils seront capables d'y arriver, ensembles. Tout son être lui hurle qu'il est sur la bonne voie maintenant, et qu'il ne doit surtout pas rater cette chance. Après Tôma, il pensait ne jamais tomber amoureux – du moins, pas aussi fort. Et pourtant, il ne lui a fallut de quelques heures pour se laisser totalement charmer par Oliver. Pas le petit charme qui dure le temps d'une nuit, d'une étreinte – non. Morgan a eu des relations courtes, éphémères, uniquement charnelles. D'ailleurs, la grande majorité de sa vie sexuelle se résume à cela. Mais entre ce qu'il ressentait pour ces gars de passage et ce qu'il ressent en ce moment pour le Zarbi … C'est autre chose. Et une petite voix lui sussure même que ce n'est absolument pas pareil qu'avec Tôma, également. Lui, Morgan le connaît depuis l'enfance, il l'a vu grandir, se construire et devenir l'homme qu'il est désormais. Alors que Oliver est entré dans sa vie totalement par hasard, en se trompant de porte. Il y a encore de nombreuses choses qu'il ignore à son sujet et, pourtant, il a l'impression de le connaître depuis toujours. La facilité avec laquelle un lien s'est créé entre eux n'est pas le fruit du hasard, c'est une certitude. Pour autant, Morgan compte bien profiter de ce petit coup du destin, et marcher aussi longtemps que possible sur le même chemin que le Zarbi.

Un nouveau fruit éclate entre ses dents, alors que la main d'Oliver revient s'installer sur la table, dans une invitation à laquelle Morgan répond sans hésiter. De nouveau, il entrelace ses doigts aux siens, appréciant la simplicité et la tendresse de cette étreinte. S'il sent quelques regards curieux converger dans leur direction, il fait de son mieux pour tous les ignorer. Il n'est plus au sein de son Clan. Ce que ces inconnus peuvent penser, ça ne doit absolument pas l'atteindre. Personne ici ne risque de compromettre quoi que ce soit à sa vie en avisant ses préférences amoureuses. Et puis, aux côtés du Zarbi, il se sent en sécurité. Morgan ne l'a pas raté, le regard noir qu'il a lancé à cette dame un peu trop insistante. Elle a détourné les yeux sans plus de cérémonie, pliant devant l'intensité de son regard. Si le Lougaroc s'est senti mal, cela n'a duré qu'une fraction de seconde. Après tout … ils ne font de mal à personne, n'est-ce pas ? En quoi cela regarde ces inconnus ? Leur vie amoureuse ne concerne qu'eux, ils ne demandent à personne d'en être spectateur. Qu'ils soient hétéros ou homos, ça ne change absolument rien. Les gens sont bien trop coincés dans la vision du couple homme/femme, puisque seule cette union-là peut donner, naturellement, naissance à des enfants. Mais amour ne rime pas avec progéniture. Certains couples hétéros n'ont jamais d'enfant, et ça ne les empêche pas de s'aimer pour de vrai. Alors pourquoi ces regards étonnés, parfois dégoûtés, pour les couples homos ? Deux hommes ou deux femmes ne peuvent-ils pas s'aimer sans que cela paraisse étrange ? Parfois, Morgan croise des couples homosexuels dans la rue, qui se tiennent la main ou s'embrassent comme le ferait n'importe quel autre couple. Et même si son point de vue est biaisé par ses propres préférences, il n'arrive pas à y voir quoi que ce soit de dégoûtant. Juste de l'amour.

Et d'ailleurs, quitte à rester dans le sujet de l'amour … Morgan ne peut s'empêcher de questionner Oliver quant à ce fameux Ariel. Il a conscience qu'il s'agit-là d'un terrain miné, et si le Zarbi refuse de lui répondre, il le comprendra tout à fait. Le Lougaroc ne sait absolument rien de ce gars, si ce n'est qu'il est roux et proche d'Oliver – jusqu'à quel point, là est tout le nœud de sa question. S'il a bien une petite idée derrière la tête, seul le brun pourra la lui confirmer. Du moins, s'il choisi de jouer la carte de la sincérité avec lui. C'est peut-être un peu tôt pour ça mais, comme on dit, qui ne tente rien n'a rien. Et de toute évidence, cela ne dérange pas vraiment Oliver de lui ouvrir son cœur :

Bien vu, Détective Pikachu. Tu es vraiment observateur… Ariel… Ariel ça a été mon grand amour pendant un peu plus d'un an… Et… Mon ami d'enfance, aussi. Je vais rien te cacher, comme ça c'est derrière nous, d'accord ? En fait… Je… Je crois que j'ai presque toujours été amoureux de lui. Mais quand j'étais jeune, j'ai préféré me dire que non, que ce n'était pas possible… Donc… Je l'ai laissé filer entre mes doigts, pour le revoir par pur hasard un soir, des années plus tard. Bref, on s'est mis ensemble ; c'était comme une évidence. On s'était pas mal tourné autour en même temps.

Morgan ne peut s'empêcher d'afficher une mine un peu déconfite. Cette histoire … elle ressemble terriblement à la sienne. Lui aussi, il est tombé amoureux de son ami d'enfance sans vraiment s'en rendre compte, persuadé que, de toute façon, il ne se passerait jamais rien entre eux. La différence se loge dans l'absence : Tôma n'a jamais quitté sa vie, à aucun moment. Ils vivaient à deux cent mètres l'un de l'autre - de la fenêtre de sa chambre, Morgan pouvait apercevoir le Lougaroc installé à son bureau. Ils ont grandi ensembles, avec les autres enfants du Clan, telle une petite meute. Et quand Tôma l'a embrassé, ce fameux soir de la fête du lycée, le Rocabot qu'il était encore autrefois a bien cru mourir de bonheur. Ce qu'il désirait sans jamais espérer obtenir s'offrait finalement à lui, lui ouvrait en grand les portes d'un bonheur incommensurable. Sûrement Oliver a du ressentir la même chose. L'impression que les pièces du puzzle s'imbriquaient enfin, que tout prenait un tournant logique. Que ce qu'il lui pensait interdit finissait pourtant par lui appartenir. C'est un sentiment fort, puissant – une réalisation violente qui secoue tous les sens. Morgan a ressenti la même chose, lorsque Oliver lui a offert ce petit baiser, dans la ruelle un peu plus tôt. Il a retrouvé ces picotements dans ses doigts, ces palpitations dans son cœur qui ont éveillés chacun de ses sens. Ce n'était pas la même chose qu'avec Tôma cependant, puisqu'avec ce dernier, il ne s'y attendait pas. Alors que les sentiments que Oliver et lui traînent depuis leur rencontre semblaient assez évident. Ce que Morgan ignorait, c'est que malgré leur violente dispute, les sentiments du Zarbi à son égard n'avaient absolument pas changé.

Ariel, il s'était lancé dans une carrière d'acteur. Il voulait plus qu'on nous voit ensemble, il rentrait tout le temps tard… Et puis il prenait la grosse tête, donc on s'est séparé, plutôt brutalement. Et depuis… Ben j'ai un peu de mal à m'en remettre. Tu es la seule personne qui est arrivée à me changer les idées, jusqu'à présent. Et pour ça… Pour ça merci. M-Mais tu n'es pas une roue de secours ! Et d'ailleurs… Je suis pas avec toi parce que tu ressembles à Ariel, hein ! En fait, vous êtes vraiment différents ; c'est juste que vous avez tous les deux les cheveux rouges, donc…… J'ai vraiment un délire avec les roux, y'a rien à comprendre. C'est une histoire de goûts, je pense.

Si un petit sourire fleurit sur les lèvres de Morgan, il fâne presque aussitôt, alors qu'il glisse distraitement sa main libre dans sa chevelure carmine. Il y a quelques semaines à peine, ses cheveux étaient couleur sable. Ce serait-il seulement retourné à son passage s'il n'avait pas évolué ? Peut-être ne se seraient-ils jamais rencontré. Si Oliver a engagé la discussion avec lui le matin de leur rencontre, c'est parce qu'il l'a confondu avec cet Ariel – parce qu'il possède la même couleur de cheveux que Ariel. Dans ce cas, Morgan doit-il s'estimer heureux d'être un Lougaroc Nocturne ? Il avait une chance sur trois de rester blond – la forme crépusculaire est rousse également, mais plus orangée que rouge. Et s'il n'avait pas évolué du tout ? S'il était resté Rocabot ? Morgan pince les lèvres, soudain rempli de doute. Il sait bien sûr que l'amour n'est pas basé sur le physique. Cependant, l'attirance, si. Ce qui fait, souvent, que quelqu'un vous aborde dans la rue, c'est parce que l'apparence lui plaît. Ce matin-là, donc, Oliver aurait pu passer son chemin sans même lui adresser un seul mot. Mais les doutes de Morgan se dissipe aussi, et son visage affiche un air bien plus serein. Pourquoi se perdre en questionnements inutiles ? Les choses sont arrivées ainsi, inutiles de songer à d'autres scénarios. Finalement, il s'estime bien heureux d'être un Lougaroc Nocturne. Au lieu de quoi, il aurait vraiment raté une belle rencontre. En tout cas, Morgan comprend parfaitement ce qu'il ressent : une rupture amoureuse, c'est si douloureux. Mais il suffit de faire la bonne rencontre, et cette douleur s'amenuise. Depuis que Oliver est entré dans sa vie, les pensées de Morgan convergent moins vers Tôma. Il a même quitté ses songes, après y avoir siégé pendant plus d'un mois. Petit à petit, le Lougaroc s'efface de son esprit, laissant la place au Zarbi. Et Morgan ne le regrette pas – il espère seulement que, lui, parvient à évincer Ariel des pensées de Oliver.

Puisque tu as joué la carte vérité…… Je vais user de la mienne aussi ! Hum… T'es pas obligé de me répondre si tu veux vraiment pas ; je ne t'en voudrai pas. En fait… L'autre matin… Tu m'as pris pour un certain Tôma et… Bah c'est resté ancré dans ma tête. C'était ton ex, lui aussi ? Et tu as cru que… Qu'on allait vous surprendre…? Je suis désolé. J'ai pas su comment gérer ta panique. J'aurais dû garder mon calme, moi aussi.

Morgan ouvre la bouche, mais la referme aussitôt. Celle-là, il aurait du s'y attendre. Et pourtant, il ne l'a absolument pas venu venir. Peut-être une partie de lui a espéré que Oliver oublie les premiers mots qu'il a pu prononcer en s'éveillant. Mais évidemment, qu'il les a retenu – et ça ne doit pas être évident d'être confondu avec un autre dans un moment si intime. Cela dit, c'est œil pour œil, dent pour dent. Oliver l'a prit pour Ariel le premier jour ; Morgan l'a prit pour Tôma ce matin-là. Certes, absolument pas dans les mêmes conditions, mais l'on peut dire qu'ils se sont bien renvoyés la balle. Du bout de sa fourchette, le rouquin fait quelques entailles dans le reste de son pancake, cherchant ses mots. Puisque Oliver a été honnête avec lui, il se doit de l'être aussi. Après tout, son histoire avec Tôma, c'est du passé. Certes, sa rupture a été le déclencheur de tout ce qui l'a poussé à échouer à Joliberges et accepter un travail d'escort, mais cela ne change pas grand chose. Et puis … leurs histoires ne sont pas très différentes. S'il y a quelqu'un à même de le comprendre, c'est bien Oliver. Alors le rouquin serre un peu plus ses doigts, comme désirant se remplir de son courage, avant d'avouer :

Tôma est mon ex, oui. Il faisait parti de mon Clan : j'ai grandi avec lui, je le connais depuis toujours. J'adorais passer du temps à ses côtés, je le trouvais exceptionnel, fort et courageux – tout ce que je n'étais pas. Il m'a toujours attiré, d'une façon ou d'une autre. Quand j'ai réalisé mon homosexualité, j'ai cru que Tôma ne pourrait jamais ressentir les mêmes choses que moi. Après tout, nous avons été élevé de la même façon, dans les coutumes de notre Clan, alors lui aussi devait voir cela comme une déviance. Et pourtant, c'est lui qui m'a embrassé le premier, le soir de la fête du lycée. J'étais si heureux. Mais il a posé une condition : personne ne devait le savoir.

Morgan se souvient très bien de ce moment. Ils venaient de s'embrasser longuement contre le mur du lycée, à l'abris du regard, lorsque Tôma a plongé son regard jaune dans ses yeux bleus. Il lui a fait promettre de ne jamais le dire à personne. Leur relation devait rester secrète, aux yeux de tous – et surtout aux yeux du Clan. Si Morgan a accepté, c'est parce qu'il l'aimait trop pour refuser et parce qu'il avait bien conscience de ce qui aurait pu leur arriver si quelqu'un l'avait apprit. Ne dit-on pas « vivons heureux, vivons cachés » ?

Nous sommes restés un an ensemble. Une année pendant laquelle nous nous aimions que dans sa chambre. Je l'y rejoignais tous les soirs, lorsque le Clan dormait. Et je repartais tôt, avant l'aube. J'ai prit l'habitude qu'il me réveille chaque matin pour que je parte, c'est pour ça que … Enfin, tu comprends peut-être pourquoi j'ai paniqué, chez toi. Morgan regarde ailleurs un instant, honteux d'avoir cru être dans le lit de Tôma, alors que c'était déjà pour Oliver que son cœur tremblait d'amour. Et puis, il y a le bal, au lycée. Il est venu avec une fille. Il l'a embrassé devant moi. Et quand je lui ai demandé des comptes … il m'a dit qu'entre nous, ça n'a jamais été sérieux. Que nous nous amusions seulement. Ca m'a brisé le cœur parce que moi, je l'aimais sincèrement.

Un soupir las lui échappe, alors qu'il relève finalement les yeux vers Oliver. Finalement, se confier a été plus facile qu'il ne le pensait. Bien sûr, il n'est pas encore prêt à lui parler du harcèlement au lycée au lendemain, et de la blessure qu'il a infligé à Tôma. Ce n'est pas le moment, ni l'endroit pour cela. Et de toute façon, Morgan ne s'en sent pas encore capable. Le Zarbi ignore qu'il a fuit Alola, et il vaut mieux qu'il ne le sache pas encore pour le moment. Pas tant que le Lougaroc n'aura pas fait la paix avec lui-même concernant les erreurs qu'il a pu commettre. Ses doigts s'agitent dans la main d'Oliver, entrelaçant ses doigts aux siens, inversant finalement les positions pour que sa peau soit en contact avec la nappe de la table.

Ne t'en veux pas pour tes réactions. Tu ne pouvais pas savoir. Et je n'ai pas été mieux. Alors … contentons-nous d'oublier, d'accord ? Je ne veux plus penser à ce qui me fait mal.

Il y a suffisamment de démons grouillant dans sa tête pour ne pas accueillir un nouvel arrivage. Oui, Morgan et Oliver ont dérapé ce matin-là, l'un comme l'autre. Mais ce sont des choses qui arrivent, qu'il faut accepter. Le tout est de ne pas rester sur cette défaite et aller de l'avant. Après tout, tout est bien qui finit bien, non ? La preuve, le Lougaroc a terminé son assiette sans faire d'histoire. D'ailleurs, en délogeant le dernier morceau de pancake de son assiette, il réalise qu'un motif en tapisse le fond. En regardant de plus prêt, il y aperçoit une jolie représentation de Concombaffe. C'est alors qu'il réalise quelque chose.

Le Concombaffe ! Je … Je l'ai perdu. Je suis vraiment désolé, je ne sais pas quand il s'est détaché de mon téléphone … Je m'en veux sincèrement.

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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyDim 6 Oct - 20:01
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire

Morgan n'allait pas de nouveau fuir… N'est-ce pas ? Oliver se mordilla discrète la lèvre inférieure, creusant quelques gerçures initiés par le temps sec et le froid qui commençaient à s'emparer de Féli-Cité. Il grimaça, sentant un léger goût de sang tapisser ses papilles. Déglutissant,  il passa sa main libre dans ses cheveux, grattant du bout des doigts son cuir chevelu. Le Zarbi avait peur d'en avoir trop dit. D'être allé trop loin.
Mais il devait savoir. Il voulait savoir.
Avoir été pris pour un autre l'avait surpris… Mais pas seulement. Il avait senti cette douleur terrible s'emparer de son cœur et le serrer fort. Si fort qu'il s'était senti étouffer. Que tout espoir  s'était alors envolé. En fait… Il s'était trouvé jaloux, désemparé. Qui était donc ce Tôma ? Il leur avait volé leur moment. Peut-être… Peut-être que sans lui… Tout ce serait bien passé. Peut-être que sans lui, ils auraient tranquillement parlé, réparé leurs erreurs par quelques mots, quelques gestes tendres.
Évidemment, cette nuit sous l'emprise de l'alcool resterait toujours entre eux, quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent. Le doute, la gêne qui voilaient cet évènement semblaient néanmoins flâner au fur et à mesure qu'ils rapiéçaient leurs cœurs en vrac. Et d'ailleurs, briser cet écart en se tenant la main leur faisait le plus grand bien.
Oliver sourit légèrement lorsqu'il vit les lèvres du Lougaroc s'entrouvrir pour se refermer aussitôt. Il serra ses doigts dans les siens, comme pour lui donner du courage ; courage que Morgan n'hésita pas à prendre, se faisant sans doute violence pour lui répondre.
Son ton malassuré eut le don d'attendrir le Zarbi qui, suspendu à ses lèvres, le couvait d'un regard amoureux :

▬ Tôma est mon ex, oui. Il faisait parti de mon Clan : j'ai grandi avec lui, je le connais depuis toujours. J'adorais passer du temps à ses côtés, je le trouvais exceptionnel, fort et courageux – tout ce que je n'étais pas. Il m'a toujours attiré, d'une façon ou d'une autre. Quand j'ai réalisé mon homosexualité, j'ai cru que Tôma ne pourrait jamais ressentir les mêmes choses que moi. Après tout, nous avons été élevé de la même façon, dans les coutumes de notre Clan, alors lui aussi devait voir cela comme une déviance. Et pourtant, c'est lui qui m'a embrassé le premier, le soir de la fête du lycée. J'étais si heureux. Mais il a posé une condition : personne ne devait le savoir.

Oliver hocha doucement la tête, reportant son regard sur leurs deux mains enlacées. Il regarda les doigts du rouquin caresser les siens, doucement, avec toute la délicatesse du monde. L'histoire de Morgan le touchait ; en fait, il lui semblait entendre la sienne, à une différence près : Ariel et lui ne s'étaient pas mis ensemble aussi jeunes. Ils avaient attendu d'avoir la tête sur les épaules. D'être en quelque sorte… Indépendants. Car oui. L'homosexualité, c'était un sujet tabou, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse. Ce n'était pas quelques personnages gays dans les films qui allaient faire changer les mentalités, bien au contraire : la plupart étaient clichés à mourir. Parfois même le Zarbi avait honte d'être assimilé à ce genre de caractères… Il se posait des questions : était-il tout autant écervelé ? Était-il plus volage, plus libertin qu'un hétéro ? Ses relations n'avaient-elles finalement qu'un but physique ?
On lui avait tant de fois répété que, de toute façon, les homo ne trouvaient jamais chaussure à leur pied. Que leur vie amoureuse se résumait à changer de partenaire.
Il haïssait ces propos… Et pourtant. Pourtant ils étaient légion.
Lui, ce qu'il voulait, c'était rencontrer l'homme de sa vie, se marier avec lui, avoir des enfants. Avoir une vie normale, somme toute.
Mais à chaque fois qu'il entendait ces histoires, toutes aussi effrayantes les unes que les autres, il perdait espoir. Comment étaient-ils censés s'assumer, construire une relation solide si on leur tirait toujours dans les pattes ? C'était une fuite permanente. Une fuite de leur propre identité. Et ça, il ne le supportait plus.
C'était pourquoi il avait décidé quelques plus tôt, entraîné par son amour nouveau pour Morgan, d'annoncer à ses parents ce qu'il en était. Il le ferait quelques temps après son premier jour de travail. Manière d'assurer ses arrières si jamais sa famille décidait de le rejeter. Ce genre de choses n'arrivaient pas qu'aux autres. Ce n'était parce que les proches se disaient ouverts qu'il l'étaient vraiment. Bien au contraire, d'ailleurs.
Oliver laissa échapper un petit soupir, tapotant son front du bout des doigts : sa sexualité, quoi qu'il fasse, serait toujours là pour l'emmerder. Mais il refuserait de croire les balivernes que pouvaient dire les gens. Non, il n'était pas un monstre. Non, ce n'était pas contre-nature. Non, il n'avait pas besoin de voir un psy.
Non, il ne devait pas se cacher. Pas même pour préserver les enfants. Car il n'y avait pas d'images compromettantes. Juste… Deux personnes qui s'aiment ; ni plus, ni moins.
Et s'il voulait toucher Morgan en public, il le ferait. Ceux que cela dérangerait n'aurait qu'à partir. Ce n'était pas à eux de bouger. C'étaient aux autres de se poser les bonnes questions.
S'il commençait à les écouter, tous ces fous incapables de voir plus loin que le bout de leur nez, jusqu'où pourrait-il aller ? Se mentirait-il toute sa vie, au détriment de sa moitié ? Mènerait-il une double existence, se faisant passer pour célibataire ou hétéro aux yeux de ses proches et vivant son vrai amour dans sa chambre, comme un adolescent ? Et lorsqu'il partirait… Que laisserait-il derrière lui ? Une image faussée. Et son compagnon qu'on oublierait, laissé pour compte.
Voilà comment les choses pouvaient tourner. Voilà à quoi pouvait mener l'intolérance et le déni.

Non. Oliver se s'enfermerait plus dans ce cercle vicieux. Il l'avait déjà fait une fois. Il n'y en aurait pas une deuxième. Jamais :

▬ Nous sommes restés un an ensemble. Une année pendant laquelle nous ne nous aimions que dans sa chambre. Je l'y rejoignais tous les soirs, lorsque le Clan dormait. Et je repartais tôt, avant l'aube. J'ai prit l'habitude qu'il me réveille chaque matin pour que je parte, c'est pour ça que … Enfin, tu comprends peut-être pourquoi j'ai paniqué, chez toi. Le regard de Morgan devint fuyant, marqué par la honte. Mêlant d'autant plus ses doigts aux siens, Oliver lui adressa une petite caresse de réconfort. Et puis, il y a eu le bal, au lycée. Il est venu avec une fille. Il l'a embrassé devant moi. Et quand je lui ai demandé des comptes … il m'a dit qu'entre nous, ça n'a jamais été sérieux. Que nous nous amusions seulement. Ca m'a brisé le cœur parce que moi, je l'aimais sincèrement.

Le Zarbi baissa les yeux, cachant ainsi sa peine ; il ressentait toute la souffrance de son petit compagnon… Et il ne pouvait que trop bien la comprendre. Ce genre de situation, tous les gars comme eux en avaient connues. C'était fréquent. Tomber amoureux d'un type, se prendre son hétérosexualité en pleine face, sans ménagement. Et dans le cas du Lougaroc, c'était pire. Ils avaient partagé une relation intime, un amour visiblement réciproque. Alors entendre qu'au final, rien n'était honnête, ça faisait mal. Vraiment très mal. Et Oliver en avait vu des types en quête d'une expérience rafraîchissante. Ils n'avaient pas hésité à le larguer, le faisant se sentir comme un monstre auquel ils ne voulaient plus être associés.
Il releva la tête, les joues plus blanches que d'habitude, pris d'une soudaine nausée. Il n'avait envie que d'une seule chose : le prendre dans ses bras, le consoler. Lui dire que tout était fini, que ça ne se reproduirait plus. Mais il ne pouvait pas sauter par dessus la table… Alors il demeura à sa place, braquant un regard doux, très tendre, sur le joli visage du Lougaroc :

▬ Je suis désolé, Morgan. Je sais ce que c'est… Cette douleur, elle reste accrochée longtemps. C'est difficile de la déloger.

Il caressa délicatement la peau fine de sa main, suivant ses phalanges, frôlant son avant-bras pour revenir à ses doigts. Que pouvait-il dire de plus ? Ce genre de situation le laissaient muet. Il ne savait pas comment réconforter le rouquin. En fait, rien ne pouvait guérir ces blessures. Elles partiraient toute seule, avec le temps. Et encore… Et encore, souvent, elles laissaient une petite cicatrice derrière elles, traces indélébiles, marque d'une expérience traumatisante qui conditionneraient immanquablement les prochaines :

▬ Ne t'en veux pas pour tes réactions. Tu ne pouvais pas savoir. Et je n'ai pas été mieux. Alors … contentons-nous d'oublier, d'accord ? Je ne veux plus penser à ce qui me fait mal.

Les yeux du Zarbi se tintèrent d'une lueur chagrine, mélangée à un brin d'amusement. Il esquissa un joli sourire qui illumina son visage, jusqu'alors un peu trop sombre  :

▬ O-Oui. Je vais tâcher de tirer un trait sur toutes les horreurs qu'on a pu se dire. Sur tous nos faux pas. Il soupira, laissant échapper un petit rire avant de plonger ses yeux ébènes dans le brasier qui n'était autre que les siens. Et puis… On ne peut pas revenir en arrière, pas vrai ? On ne peut qu'aller de l'avant. Alors autant tourner la page… Et faire ce qu'on a à faire. Vivre ce qu'on a à vivre, sans se soucier des autres, sans se soucier de ce qui pourra bien arriver.

Il sirota les dernières gouttes de sa menthe à l'eau et regarda Morgan triturer son pancake avant de l'avaler d'un bloc, découvrant un drôle de motifs au cœur de l'assiette en porcelaine. Le rouge vint mordre les joues d'Oliver, accompagné d'une petite moue amusée. Décidément… Il était partout celui-là ! Et… Oh. Il l'avait oublié, évidemment. Alors que cela faisait près d'une semaine qu'il le prenait avec lui tous les jours.
Le Zarbi chassa quelques mèches de cheveux de devant ses yeux, secouant la tête à l'exclamation de Morgan, se confondant en excuse. Quand bien même il aurait réellement perdu ce Concombaffe… Il n'y aurait pas eu de quoi en faire des caisses ! Ce n'était pas grave. Des cadeaux, des petites attentions comme l'achat de ce porte-clé, il y en aurait d'autres. Et même des plus beaux. Oliver ne comptait jamais pour ceux qu'il aimait.
En attendait, il se devait de lui annoncer la bonne nouvelle… Quoi que lui faire la surprise un autre jour demeurait tentant :

▬ Hé, respire ! De un, c'est vraiment pas grave… Et de deux… Il semblerait que tu l'aies perdu au bon endroit, si tu vois ce que je veux dire. Il lui fit un petit clin d'œil. On a tellement agi comme des brutes que tu l'as fait tomber de ton téléphone en partant. Bref, il était sur mon parquet. Je l'ai gardé bien précieusement, évidemment. Je te le rendrai la prochaine fois… Disons… Demain ?

Son sourire s'élargit ; les rouge sur ses joues devint plus vif. Oui, c'était bien un deuxième rencard qu'il lui proposait là. Il ne savait pas encore où il l'emmènerait… Mais bon. Ils avaient encre tout le reste de l'après-midi pour se décider, donc pas de quoi paniquer.
Prenant sa main dans la sienne, il la tira vers lui et osa l'embrasser du bout des lèvres, ne le quittant des yeux.
Ce ne fut que lorsqu'il s'apprêta à mêler de nouveau ses doigts au sien qu'il aperçut une zone plus foncée que sa peau de porcelaine, au creux de sa paume. Il fronça légèrement les sourcils, intrigué. Forçant gentiment Morgan à garder la main ouverte, il lut avec effroi un numéro de téléphone, quelque peu effacé par l'humidité. Il put déchiffrer un prénom, écrit en tout petit au-dessus : Hiroki.
Libérant Morgan de son étreinte forcée, il recula un peu, une lourde pierre tombant au fond de son estomac. Ses yeux reprirent une lueur froide.
Dévisageant le Lougaroc d'un air interrogateur, il hésita un peu avant de céder aux questions qui le taraudaient désagréablement :

▬ C'est qui, Hiroki ? Ton… Client ? Il déglutit difficilement, serrant les poings sous la table. Je… Hum… Ça arrive souvent, ce genre de petit pense-bête sur la main, ou…?

L'image de son patron caressant ses cheveux grenats entre ses gros doigts lui revint à l'esprit, suivi de celle du porc du premier soir, qu'il avait lâchement laissé faire.
Un frisson parcourut son échine. Oliver était sûr d'une chose : il n'arriverait jamais à accepter tout ça.

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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyDim 6 Oct - 22:36

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - Café
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En demandant à Oliver d'oublier cette fameuse matinée, Morgan a sincèrement l'impression d'être un lâche. De vouloir fuir le problème plutôt que l'affronter. Néanmoins … cette histoire n'est-elle pas close ? Ont-ils vraiment besoin de se torturer encore et encore, alors que le mal est déjà fait ? Autant ne plus y penser. Ils se sont expliqués, ils se sont comprit … Inutiles de s'embarrasser plus longtemps de ces peines et ces regrets. Certes, Morgan sait qu'ils ne s'envoleront pas comme ça, qu'ils auront besoin de temps l'un comme l'autre pour vraiment laisser cette histoire derrière eux, mais se pardonner participe à la guérison, c'est une certitude. Oui, ils ont merdé – ils ont même bien merdé. Et le Lougaroc ne peut s'empêcher de penser que s'il n'avait pas réagit comme il l'a fait, tout aurait pu se passer différemment. Ils se seraient expliqués calmement – peut-être même se seraient-ils confessés l'un à l'autre à ce moment-là. Mais est-ce vraiment utile de songer à un passé qui n'existe que dans sa tête ? Morgan sait très bien que non : alors à la place, pour réparer ses erreurs, il doit aller de l'avant et ne plus laisser Oliver s'en vouloir … tout en essayant de se pardonner lui-même. Ce qui ne risque pas d'être une tâche facile, mais il le faut bien. Pour son bien-être à lui, mais aussi celui du Zarbi. Parce qu'une fois encore, la bombe lui a explosé à la figure, le blessant au plus profond de lui-même. Et ça, Morgan ne veut plus jamais le lui infliger.

C'est pourquoi il met un point d'honneur à terminer son assiette. Cette fois-ci, il ne partira pas en trombe en laissant Oliver seul. Plus jamais une telle chose arrivera – Morgan s'en fait la promesse. Il va devoir contrôler ses émotions, reconnaître les signaux annonciateurs de ses crises et se calmer avant d'exploser. Il sait qu'il peut y aller, il suffit qu'il se fasse confiance. Ce qui n'est vraiment pas une mince affaire. Morgan a beau vouloir passer pour un adulte parfaitement conscient de ses propres soucis, il demeure encore qu'un enfant qui se voile la face. Ses peurs, il les nourrit lui-même, il jette de la viande fraîche aux charognards puis s'indigne de leurs cruautés. Cela dit, sa vie a prit un tournant si déroutant depuis sa rupture avec Tôma qu'il ne sait plus vraiment quelle direction prendre. Il fait des mauvais choix, se trompe de chemin et dérape constamment. Mais avec Oliver … Le rouquin a la sensation que tout peut s'arranger. Qu'il pourra compter sur lui pour le guider s'il se perd, pour le remettre debout s'il trébuche. Bien évidemment, Morgan ne veut pas se reposer constamment sur lui. Il veut grandir, gagner de la maturité, prendre sa vie en main. Seulement … il n'y arrivera pas tout seul.

Et dans un même temps, il veut également être présent pour Oliver. Être là quand il a besoin de lui, l'écouter quand son cœur lui fait mal, le conseiller quand il ne sait plus quoi faire. Le soutenir, quelques soient les circonstances. Parce que Morgan ne veut jamais plus voir de larmes ternir son beau visage.

O-Oui. Je vais tâcher de tirer un trait sur toutes les horreurs qu'on a pu se dire. Sur tous nos faux pas. Le Lougaroc serre un petit peu ses doigts, dans un geste tendre. Et puis… On ne peut pas revenir en arrière, pas vrai ? On ne peut qu'aller de l'avant. Alors autant tourner la page… Et faire ce qu'on a à faire. Vivre ce qu'on a à vivre, sans se soucier des autres, sans se soucier de ce qui pourra bien arriver.

Si Morgan opine du chef en esquissant un léger sourire, il déchante en découvrant le motif au cœur de son assiette. Dans sa tête, une farandole d'émotions tourne et danse dans tous les sens, laissant ses pensées sans dessus dessous. Il ressent une joie sincère de sentir les doigts d'Oliver entrelacés aux siens, mais aussi la honte d'avoir perdu ce cadeau qu'il lui a offert, la panique à l'idée qu'il lui en veuille, la peur qu'il  prenne mal le fait qu'il prenne si peu soin de ses affaires. Ce qui est parfaitement faux, par ailleurs – le rouquin a beau posséder très peu de biens, il y fait très attention et fait en sorte de ne jamais rien perdre, ni abîmer. Ce n'est pas pour rien que son vieux sac à dos tienne encore le coup malgré son âge avancé, puisque Morgan a toujours veillé à bien le traiter, même à l'âge où il est tentant de jeter ses affaires dans un coin de sa chambre en rentrant d'une longue journée de cours. C'est peut-être aussi parce qu'il n'a jamais possédé grand chose qu'il a toujours prit soin de ses possessions … En tout cas, perdre le porte-clé Concombaffe l'a vraiment mit dans tous ses états. Son téléphone portable n'avait vraiment plus la moindre importance, sans les sms d'Oliver et le Pokémon qui y pendait. Il ne saurait dire à quel moment l'objet s'est détaché de son portable, mais Morgan ne s'en est rendu compte qu'une fois assit dans le bus. Il pouvait être n'importe où entre chez Oliver et l'arrêt d'autobus. Et bien évidemment, le Lougaroc n'a pas eu le courage de le chercher. Ce qu'il regrette énormément, désormais …

Morgan se sent alors obligé d'annoncer la mauvaise nouvelle à Oliver. Après tout, il s'en serait aperçu, tôt ou tard. Donc autant jouer franc jeu, même s'il meurt de honte. Ce porte-clé, c'est tout le premier cadeau qu'il reçoit de qui que ce soit – hors ses parents. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Il représentait tellement pour lui : ses origines, son île, cette journée avec Oliver … Oliver lui-même. Qu'il casse le matin de leur dispute n'est sûrement pas un hasard, d'ailleurs. Cela voudrait-il dire qu'ils ne sont pas fait pour être ensembles ?! Une boule se forme dans sa gorge – heureusement, une fois encore, tout est bien qui finit bien :

Hé, respire ! De un, c'est vraiment pas grave… Et de deux… Il semblerait que tu l'aies perdu au bon endroit, si tu vois ce que je veux dire. On a tellement agi comme des brutes que tu l'as fait tomber de ton téléphone en partant. Bref, il était sur mon parquet. Je l'ai gardé bien précieusement, évidemment. Je te le rendrai la prochaine fois… Disons… Demain ?
C'est vrai ? Par Tokorico, je suis tellement rassuré ! Merci de l'avoir gardé. Je le récupérerai demain, oui. Demain.

Une œillade suffit à faire comprendre à Oliver qu'il a parfaitement comprit le message. Il veut le revoir demain, et c'est réciproque. D'ailleurs, Morgan préférerait qu'ils n'aient pas à se séparer du tout mais … il est sûrement trop tôt pour ça. Leur relation commence à peine, ils doivent garder des distances et se laisser quelques libertés pour ne pas s'étouffer. Surtout après s'être mutuellement blessés comme ils l'ont fait. En tout cas, cette promesse de se revoir si vite lui fait le même effet que cette demande qu'Oliver lui avait fait, sur le quai de la gare de Rivamar. Lorsqu'il l'a invité à cette soirée, tout gêné. Certes, la soirée en elle-même n'est pas un excellent souvenir mais Morgan prend plaisir à se rappeler de la proposition. Évidemment, il espère bien que leur prochain rencard ne se termine pas de la même façon ! Déjà, parce que Morgan n'a aucunement envie de reboire la moindre goutte d'alcool, ni de recroiser la route de cet idiot de Max. Mais surtout, parce qu'il ne veut pas refaire du mal à Oliver. Il a envie de lui montrer qu'il peut être quelqu'un de bien, de censé, de droit dans ses baskets. Morgan ne veut plus jamais l'embarrasser, ne plus jamais le mettre dos au mur puis le laisser seul dans ses doutes et ses peurs. Les jours prochains seront moins gris, il en a la certitude. Il compte faire de son mieux pour lui faire plaisir, pour lui convenir. Parce que Morgan ne veut vraiment pas le perdre à nouveau, pas après tout ça.

Le rouge aux joues, le Lougaroc se laisse gentiment faire lorsque le Zarbi lui saisit la main et la porte à son visage, l'embrassant doucement, sans le quitter des yeux. Un frisson dégringole dans le dos de Morgan – il apprécie tellement ces simples démonstrations de tendresse. Cela peut paraître très léger, mais ça suffit à le rendre sincèrement heureux. Parce que ça, jamais il ne l'aurait connu auprès de Tôma, c'est une certitude. Alors Morgan profite, s'enivre de cet amour que Oliver lui communique si tendrement, si sincèrement. Ca lui met du baume au cœur, et il se sent soudain beaucoup plus léger. Mais ça, c'était avant que le Zarbi ne remarque l'écriture au creux de sa paume … Aussitôt, il relâche la main du rouquin, puis recule. Le cœur de Morgan se sert violemment dans sa poitrine, alors qu'il garde le bras tendu quelques instants encore, quémandant sa tendresse, avant de ramener sa main vers lui, honteux, comprenant qu'il ne l'obtiendrait pas.  

C'est qui, Hiroki ? Ton… Client ? Je… Hum… Ça arrive souvent, ce genre de petit pense-bête sur la main, ou…?
N-Non ! Enfin … si. Mais pas comme ça. On me demande souvent mon numéro, mais je ne le donne jamais. Lui il … était un peu timide alors plutôt que me demander, il l'a écrit. J'étais si surprit que … je me suis laissé faire. Le regard paniqué de Morgan balaie la salle du regard, jusqu'à ce qu'il repère le sigle indiquant les toilettes. Désolé. Je reviens.

Et sans attendre la réponse d'Oliver, Morgan se lève de sa chaise, veillant à rester calme et à ne pas se faire remarquer. La démarche fébrile, il rejoint les toilettes pour homme et se hâte d'allumer le robinet et d'appliquer une généreuse couche de savon sur ses mains. Alors, il les frotte frénétiquement, insistant sur ses paumes pour faire disparaître toute trace d'encre. Mais la tâche est plus dure que prévue, et le rouquin a soudain l'impression que les inscriptions ne s'effaceront jamais totalement. Il a beau frotter, frotter fort, l'encre est rebelle et si la suite de numéros est de moins en moins opaque, elle demeure bien visible. Les larmes aux yeux, le rouquin est contraint de s'avouer vaincu. Il lui faudra se laver les mains plusieurs fois avant que ça ne disparaisse totalement. La mort dans l'âme, il s'essuie dans le papier jetable mit à disposition avant de sortir des toilettes, encore plus désespéré qu'il ne l'était en entrant. Les lèvres pincées, il regagne sa place sans faire la moindre vague, mais gardant ses mains cachées sous la table, pour ne pas qu'Oliver n'ait à voir de nouveau le numéro inscrit sur sa paume. Morgan aurait pu empêcher cet Hiroki, mais … mais il avait l'esprit un peu ailleurs. Comme à chaque fois quand il travaille : il se met sur off et se laisse simplement porter par les événements, jouant son rôle comme un robot bien réglé. Et une fois sa mission accomplie, il repart comme si rien ne s'était passé.

Je … J'ai voulu l'effacer, mais ça ne part pas très bien. Je suis vraiment désolé. Je ne comptais pas l'appeler tu sais ? De toute façon, il était persuadé que j'étais une fille. Il serait bien déçu s'il savait la vérité …

Fébrilement, il replace une mèche derrière son oreille, puis termine son verre de lait en espérant qu'il déloge la boule dans sa gorge. Mais rien n'y fait : encore une fois, il a l'impression d'avoir tout gâché. Et si quelques larmes coupables se pressent aux coins de ses yeux, Morgan refuse de les laisser couler : ne s'est-il pas promit de ne plus craquer en présence d'Oliver ?
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Oliver W. Saëns
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyMer 23 Oct - 14:14
But we can't go back. We can only go forwardMorgan & Oliver ♡De desseins en regrets, et d'erreurs en désirs, les mortels insensés promènent leur folie.
Dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie.
Demain, dit-on, va combler tous nos vœux : demain vient, et nous laisse encore plus malheureux.

▬ Voltaire
Oliver baissa les yeux, se sentant soudain bien idiot. Ne venait-il pas de tout gâcher en une fraction de seconde ? Il avait brisé cette douce ambiance qui s'était établie entre eux, après deux semaines de galère. Le ratio était affolant, scandaleux. Détruire tous leurs efforts en quelques mots, quelques battements de cil. Il n'y avait bien que lui pour faire ça. Il n'y avait bien que lui pour faire des gaffes pareilles. Se mordillant la lèvre inférieures, venant arracher les peaux mortes restantes entre ses dents, il goûta à nouveau à ce goût de sang qui demeura collé à son palais. Était-il encore temps de se rattraper ? De prendre de nouveau les jolies mains de Morgan entre les siennes, de s'excuser ? Ce n'était pas de la faute du Lougaroc si ses clients se permettaient d'écrire au creux de ses paumes. Non, ce n'était pas de sa faute, et le Zarbi se devait de le comprendre. Accepter pour mieux vivre l'idée que son crush aille jouer les amoureuses éperdues au bras d'inconnus.
Oh. Wait. Il ne pourrait jamais approuver une telle activité, garder l'esprit tranquille chaque fois que Morgan irait travailler. Et ça, il en était certain. Alors se devait-il d'accepter cette souffrance jalouse qui remuait ainsi ses tripes ? Il ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, incapables de justifier sa réaction brutale. Il eut seulement le courage de relever la tête, de le regarder en face, complètement perdu, noyé dans ses sentiments et pensées contraires :

▬ Écoute, je…

Je suis désolé ? C'était bien ce qu'il voulait dire, non ? Des mots simples pour exprimer un trouble si complexe. Je suis un abruti aurait sans doute mieux convenu. Mais bon, ce serait sans doute venu plus tard, au fil de ses excuses. Tout pour rassurer le rouquin, tout pour le garder près de lui. Ne pas le faire fuir à nouveau. Sauver les meubles.
Mais Morgan était plus rapide, comme d'habitude. Morgan, par quelques phrases décousues et affolées, avait noyé ses propres mots en un bourbier incompréhensible. Ils étaient morts contre ses lèvres avant même d'avoir été convenablement prononcés.

▬ N-Non ! Enfin … si. Mais pas comme ça. On me demande souvent mon numéro, mais je ne le donne jamais. Lui il … était un peu timide alors plutôt que me demander, il l'a écrit. J'étais si surpris que … je me suis laissé faire.  

Ce qu'il y avait d'affreux, dans tout ce que le Lougaroc pouvait lui dire, c'était qu'Oliver imaginait chacune de ces petites scènes. Il voyait cet adolescent boutonneux, rouge comme une tomate, s'emparer de sa main et y griffonner son numéro. Il les voyait échanger un regard maladroit, plein de sous-entendu. Il voyait Morgan, se parant d'une délicatesse feinte, replier sa main en un petit poing porcelaine, la ramener contre son cœur, esquissant un sourire timide. "Au revoir Hiroki. – À la prochaine fois, j'espère." Un petit mime pour indiquer qu'il lui suffisait de l'appeler avec le numéro donné. Une dernière oeillade appuyée et un gamin qui fuyait, trop honteux pour affronter ce regard féminin plus longtemps.

▬ Morgan, je… Ex…

Je quoi ? Bien sûr que le Zarbi était dégoûté. Bien sûr que la vue de ce numéro lui donnait la nausée. Mais quoi ? C'était lui que Morgan avait choisi, non ? Lui avait qui il désirait entretenir une vraie relation, pas quelque chose de feint, de joué dans les moindres détails. C'était lui. C'était eux. Alors Oliver se devait de faire un effort. S'excuser, reporter cette discussion à plus tard. Morgan avait été clair avec lui, dès le début – ou presque –. Le brun savait son métier, savait en quoi il consistait. Si cela le dérangeait vraiment, il n'avait qu'à passer son chemin au bon moment. Maintenant, bien sûr, c'était trop tard. Donc il se devait d'assumer. Assumer et faire comme si de rien n'était.
Mais encore une fois, il n'était pas assez rapide, pas assez réactif. Morgan se dérobait à nouveau devant lui. Se levait de table et le quittait précipitamment, l'angoisse, l'affolement se lisant aux fond de ses yeux, petits brasiers soudainement étouffés.
La peur d'avoir tout fait foirer serra violemment la gorge du garçon, au point de couper sa respiration. Il devint livide en une fraction de seconde, figé dans une torpeur effrayée.

▬ Désolé. Je reviens. 

La tension retomba un peu. Il revient. Oui, il ne partirait pas en courant, il ne quitterait pas le café pour ne plus se retourner. Il revenait. Aussi, Oliver l'observa s'éloigner de sa démarche fébrile, tremblante, pousser la porte des toilettes pour homme et disparaître. Il laissa échapper un long et profond soupir de soulagement. Ouf. Ça aurait pu être pire.
Mais la peur qu'il venait d'avoir se mua en culpabilité. Qu'était-il allé faire, aux toilettes ? Pleurer ? De nouveau pleurer, par sa faute…? Non, Oliver ne voulait pas ça. Pas encore. Morgan ne méritait pas d'être blessé de la sorte. Morgan avait besoin de chaleur, de beaucoup de soutien. Pas de quelqu'un qui le rendait triste.
Le Zarbi se sentait bien bête. Désemparé, il se laissa aller contre le dossier de sa chaise, se balançant dangereusement et fermant les yeux. Il balaya ses cheveux en arrière et vint doucement caresser ses lèvres du bout des doigts : il sentait encore le contact de celles de Morgan. Leur douceur brulante, leur mordant. Il avait envie de goûter à nouveau à leurs baisers. De lui montrer de quoi il était capable. Le prendre dans ses bras et ne plus le lâcher. C'était ça : au lieu de parler, de dire des mots ridicules, vides de sens, il caresserait ses mains, ses cheveux, sa joue, y déposerait un bec affectueux. Les gestes avaient parfois plus de force que les belles paroles, et c'était ce que le jeune homme avait tendance à oublier.

Il ne fit pas attention à l'arrivée de la serveuse qui avait guetté la fin de leurs goûter improvisé ; sursautant légèrement, il la remercia d'un signe de la tête et demanda la note avant qu'elle ne reparte avec leurs assiettes. Elle revint bien vite, déposant une petite coupelle avec un ticket de caisse sur la table. Esquissant un petit sourire, Oliver la regarda tourner les talons avant de chercher dans ses poches son porte-feuille. Il sortit quelques billets qu'il déposa aux côtés de la note. Son sourire s'élargit maladroitement lorsqu'il vit reparaître Morgan, mais son visage se ferma en découvrant son air soucieux. Il se rassit en face de lui, faisant bien attention à ne pas faire crisser la chaise sur le parquet, et gardant ses mains sous la table.

Le Zarbi laissa échapper un léger soupir, bien embêté. En réagissant comme un pied, il avait vraiment cassé l'ambiance, et il était maintenant bien incapable de revenir en arrière. Il dévisagea le Lougaroc, se regard s'adoucissant. Même soucieux, renfrogné, le rouquin était adorable. Les mèches de cheveux qui retombaient devant ses yeux baissés, masqués par ses longs cils fournis, lui donnaient un petit air rebelle et négligé qui lui allait bien.
Sa voix, un peu tremblante, marque d'un chagrin vainement dissimulé, fit tressaillir le brun :

▬ Je … J'ai voulu l'effacer, mais ça ne part pas très bien. Je suis vraiment désolé. Je ne comptais pas l'appeler tu sais ? De toute façon, il était persuadé que j'étais une fille. Il serait bien déçu s'il savait la vérité …

Déçu ? Pourquoi serait-il déçu ? Oh. Il était vrai que si le garçon était hétéro… Découvrir que Morgan était en réalité un garçon ne serait pas forcément très agréable. Mais de là à être déçu, ou dégoûté… Franchement, la beauté de ce garçon pourrait rendre un hétéro gay jusqu'au bout des ongles. L'expressivité de son regard, ses sourires, la douceur apparente de ses cheveux, sa peau de porcelaine… Tout était attirant, absolument tout.
Aussi, lorsque Oliver découvrit les larmes translucides qui commençaient à se presser contre les paupières du garçon, il ne put retenir un petit rire compatissant, se redressant un peu et tendant le bras pour caresser sa joue droite du bout des doigts :

▬ Hey, je sais que t'allais pas l'appeler. Et si lui serait déçu d'apprendre la vérité… Moi je suis absolument ravi. Tu es un super gars, gentil, très mignon… Je… Je suis vraiment con. Désolé, j'aurais pas dû réagir comme ça. Il repoussa une mèche grenat de devant ses yeux. C'est juste que… Ben je suis un peu, voire même très jaloux, comme garçon, tu vois. Donc il va me falloir un peu de temps pour m'habituer à ton travail. Je te promets que je vais faire des efforts.

Se rasseyant, il le couva d'un regard profondément amoureux.
Il voyait bien que Morgan peinait à retenir ses lourdes larmes qui perlaient le long de ses cils. Soupirant, il laissa aller son visage contre la paume de sa main.

▬ Allez, sèche tes larmes… Je suis pas du tout déçu, ou quoi que ce soit. Je suis même très content que ça se soit arrangé, nous deux… Et… Et… Je veux vraiment qu'on se revoit demain. C'est important. Il reprit sa veste, qu'il avait déposée sur le dossier de sa chaise en entrant. Vu que t'as fini… On y va ? J'ai payé, et… Et je pense que ça ne nous réussira pas de rester dans ce café. Ça manque d'intimité, tu trouves pas ?

Son sourire se fit taquin. Il observa la femme qui les observait d'un mauvais œil depuis qu'ils avaient commandé.
Oui, il ne le câlinerait pas ici. Cela ne ferait qu'accentuer le malaise. Il finirait de recoller les morceaux dehors… Et alors, tout irait mieux.

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Morgan Otso
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MessageSujet: Re: But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver   But we can't go back. We can only go forward ▬ ft. Oliver EmptyJeu 24 Oct - 0:15

But we can't go back. We can only go forward.Féli-Cité - Café
Morgan
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Alors que Morgan se rassoit fébrilement sur sa chaise, veillant sur ses manières en évitant de la faire grincer au sol, il ne peut s'empêcher, malgré lui, de s'adresser une petite félicitation. Il y a quelques jours à peine, dans une situation identique, il aurait prit la poudre d'escampette sans plus de cérémonie. Il aurait fuit cette situation embarrassante, délicate, qu'il aurait été incapable de gérer en gardant son calme. Certes, il n'en mène vraiment pas large mais … il n'est pas parti. Le rouquin s'est contenté d'aller aux toilettes, de se laver les mains. Et il est revenu sans faire la moindre vague, sans déranger les clients et le personnel du café. Et, il l'espère, sans avoir trop effrayé Oliver. Sûrement ce dernier a-t-il suivi sa progression du regard, s'assurant que Morgan ne se précipite pas vers la sortie. Mais le Lougaroc s'est contenté des toilettes, dans l'unique but de faire disparaître ce numéro de sa paume. Fuir Oliver, ce n'est absolument plus possible à ses yeux. Il l'a déjà fait tant de fois – maintenant, ça suffit. Il ne peut pas laisser passer cette nouvelle chance – cette dernière chance – de construire quelque chose avec lui. S'en aller maintenant, ce serait jeter aux feux les derniers efforts que, l'un comme l'autre, ils ont accepté de faire pour repartir sur de bonnes bases. Alors la terreur qui secoue ses sens, Morgan lui tord le cou, s'assure qu'elle n'interfère pas. Heureusement qu'il avait fini de manger avant que Oliver le questionne d'ailleurs – sinon, ces pauvres pancakes seraient retournés aux cuisines pour finir au fond de la poubelle.

C'est en lançant un regard perdu à la table que le rouquin réalise que leurs assiettes ont été débarrassé, et que la note est déjà sur la table, accompagnée de quelques billets. Si, pendant un instant, il est tentant de jeter un regard au montant, le Lougaroc préfère ne pas céder. Il a apprit depuis son arrivée à Sinnoh que, lorsque quelqu'un nous invite, il n'est pas poli de regarder le montant. Certes, il est facile de s'en rendre compte en comptant les billets mais Morgan préfère regarder ailleurs. S'il apprécie la générosité d'Oliver, il est également sincèrement embarrassé : il aimerait pouvoir lui faire plaisir, lui aussi. Mais son salaire est si misérable … Peut-être pourrait-il piocher dans les petites économies qu'il se force à faire depuis un petit moment déjà ? Il met cet argent de côté dans l'espoir de pouvoir s'offrir un logement plus intime qu'une chambre d'auberge mais … à choisir, il préférerait l'utiliser pour gâter un peu le garçon qu'il aime. Après tout, Morgan doit se rendre à l'évidence : avec un salaire aussi minable que le sien, il ne peut espérer mieux que ce qu'il a déjà. Pas que sa situation soit si terrible, il a un toit au-dessus de sa tête, trois repas par jour et un lit confortable. C'est toujours mieux que rien. Et ça, il ne le doit qu'à son travail, aussi discutable soit-il.

Enfin, encore faut-il que ça ne soit pas Oliver, qui veuille s'enfuir. Une fois encore, il est mit face à la dure vérité concernant le travail de Morgan, et force est de constater que ce n'est pas vraiment facile à avaler. Cela dit, le Lougaroc comprend – lui non plus, n'aurait sûrement pas apprécié voir un numéro de téléphone griffonné dans la main d'Oliver. La réaction de ce dernier est donc légitime, bien qu'un peu maladroite. D'autant plus que ce fameux Hiroki … C'était vraiment un gentil garçon. Calme, doux, poli, un peu timide et maladroit. Pour être honnête, il ressemblait un peu à Oliver. Il rougissait facilement, se perdait dans ses mots, se mordillait les lèvres à la moindre hésitation. Et dans une autre situation, peut-être Morgan se serait-il laissé charmer, dans le seul but de se raccrocher à cet amour qu'il pensait perdu pour toujours. Mais il s'était vite remit les pendules à l'heure : il était hors de question qu'il s'attache à ce garçon dans le seul et unique but de se raccrocher au spectre d'Oliver. Premièrement, parce que cela n'avait rien de sain et surtout … parce que Hiroki méritait bien plus de considération. Il trouvera quelqu'un qui l'aimera pour ce qu'il est, Morgan en est persuadé. Mais ce quelqu'un, et c'est une certitude, ce n'est absolument pas le Lougaroc.

Alors que Morgan commence à s'embourber dans des idées noires, Oliver vient le tirer d'affaire, effleurant sa joue du bout des doigts :

Hey, je sais que t'allais pas l'appeler. Et si lui serait déçu d'apprendre la vérité… Moi je suis absolument ravi. Tu es un super gars, gentil, très mignon… Je… Je suis vraiment con. Désolé, j'aurais pas dû réagir comme ça.Il repousse une mèche grenat de devant ses yeux. C'est juste que… Ben je suis un peu, voire même très jaloux, comme garçon, tu vois. Donc il va me falloir un peu de temps pour m'habituer à ton travail. Je te promets que je vais faire des efforts.

La jalousie … Encore quelque chose qu'il ne connaît absolument pas. Ses relations n'ont jamais été suffisamment sérieuses pour que qui que ce soit jalouse les autres fréquentations du rouquin. Quant à Tôma … Sûrement s'estimait-il parfaitement hors de danger, bien trop important dans la tête de Morgan pour avoir des rivaux. Ce qui était le cas, sans le moindre doute. Morgan n'avait que lui en tête, tous les autres gars ne l'intéressaient absolument plus, même ceux sur qui il lorgnait avec beaucoup d'insistance avant que les choses n'évoluent avec Tôma. Le rouquin a toujours été comme ça : lorsqu'il a quelqu'un en ligne de mire, tous les autres n'ont plus aucune importance. Malheureusement, la plupart du temps, soit il n'arrivait pas à charmer le garçon en question, soit cela s'arrêtait à un coup d'un soir, un moment éphémère destiné à se décharger, d'un côté comme de l'autre, d'une frustration sexuelle trop intense. Tout ça pour dire qu'il n'est pas le genre de gars qui donne matière à la jalousie. Morgan est fidèle, sincère et il a de l'amour à revendre. Cependant, il peut très bien comprendre que son travail soit un problème. Même s'il n'accorde aucun crédit aux personnes qu'il accompagne, il se pend à leur bras le temps d'une soirée et c'est normal que cela dérange Oliver. Dans le cas contraire, sûrement le Lougaroc serait-il embarrassé aussi … Cela dit, il n'a jamais été franchement jaloux, donc ce serait difficile d'être certain de ses réactions et de ses états d'âmes.

Bien que légèrement rassuré par les gestes tendres d'Oliver, Morgan ne parvient pas à lui sourire franchement. Au mieux, ses lèvres se déforment en une grimace ridicule. En vérité, le Lougaroc ne comprend pas comment le Zarbi peut le trouver « super » et « gentil ». S'il devait brosser le portrait de sa propre personne, il n'userait pas de termes si élogieux, c'est une certitude. Après tout ce qu'il a pu dire et faire, la gentillesse n'apparaît pas parmi ses qualités. Néanmoins, il est touché par les mots d'Oliver. Morgan se doute que ça ne sera pas facile pour lui de réprimer sa jalousie mais … le rouquin compte bien lui prouver qu'il est le seul qui compte à ses yeux. Il ignore encore comment, sûrement le saura-t-il quand le moment viendra. En tout cas, le regard que le Zarbi lui lance le fait fondre sur sa chaise. Tellement que, enfin, il parvient à esquisser un vrai sourire, bien qu'un peu timide et gêné. Quelques larmes sont prisonnières de ses cils, mais ce seront les seules, parce que le chagrin s'en est déjà allé. Et à voir Oliver le couver d'un regard si tendre, le Lougaroc ressent à son tour l'envie de lui attraper la main et de lui embrasser les doigts. Lui aussi, il a envie de lui offrir des petites démonstrations d'amour, de le gâter de gestes tendres. Cependant, Morgan ne sait pas vraiment comment faire. Il n'a jamais fait ce genre de chose dans un lieu public. Il est habitué à l'intimité, aux échanges privés. Le fait que tant de gens soit susceptibles de le voir faire … Ça remue désagréablement son estomac.

Il s'apprête cependant à se lancer lorsque Oliver prend la parole à nouveau, coupant court à son élan de courage :

Allez, sèche tes larmes… Je suis pas du tout déçu, ou quoi que ce soit. Je suis même très content que ça se soit arrangé, nous deux… Et… Et… Je veux vraiment qu'on se revoit demain. C'est important. Morgan hoche un peu la tête, alors que le Zarbi se saisit de sa veste. Vu que t'as fini… On y va ? J'ai payé, et… Et je pense que ça ne nous réussira pas de rester dans ce café. Ça manque d'intimité, tu trouves pas ?  
Euh, ouai. Allons-y.

Embarrassé par sa propre réaction stupide, Morgan se hâte de récupérer son sac à dos à côté de sa chaise pour reprendre un peu de contenance. Décidément, il a bien du mal à garder son esprit en place, depuis que les choses se sont arrangées avec Oliver. Le rouquin se sent balloté entre deux eaux, à la fois très heureux et particulièrement angoissé. Il a l'impression qu'il demeure entre eux un léger malaise, comme une épine dans le doigt qu'aucun des deux ne parvient vraiment à déloger. Est-ce normal, après tout ce qu'il s'est passé ? Ou est-ce seulement le signe qu'ils ne sont pas vraiment fait pour être ensembles ? Malgré ses questionnements sans queue ni tête, le rouquin emboîte le pas d'Oliver tandis qu'ils se dirigent vers la sortie. D'une voix robotique, presque étranglée, il salue poliment les employés du café avant de passer la porte le menant à l'extérieur. Là, le ciel s'est un peu assombri et une légère brise souffle sur la ville. Un frisson dégringole dans le dos de Morgan alors qu'il remonte la fermeture éclair de sa veste jusqu'en haut, espérant que cela suffise à le tenir au chaud. En tout cas, il y a un peu moins de piétons sur les trottoirs, ce qui est bien plus agréable. Il y a encore de nombreuses voitures qui vrombissent et klaxonnent sans réelle raison mais, depuis le temps, Morgan s'est habitué à ce bruit de fond désagréable. C'est à peine s'il s'en rend réellement compte, désormais.

Alors que Oliver le rejoint dehors, le rouquin lui jette un regard à la dérobée. Plusieurs mots se bousculent dans sa bouche, mais aucun ne franchit la barrière de ses lèvres. Il y a tellement de chose qu'il aurait envie de lui dire … A quel point il lui est redevable, à quel point il l'aime. Mais aussi toutes les raisons qui l'ont poussé à quitter son île et à accepter un travail pareil. Cependant, il est trop tôt, beaucoup trop tôt pour lui faire de tels aveux. Morgan a trop honte pour aborder certains sujets. Parler de Tôma lui a déjà demandé un effort surhumain, même s'il a omit de très nombreux détails. Alors … Alors le reste, ce sera pour plus tard. Une autre fois. Quand il sera un peu plus serein, un peu mieux dans sa tête. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. Néanmoins … il se sent obligé de clarifier certains points concernant son travail. Dans une volonté vitale de rassurer Oliver de quelque façon que ce soit :  

Écoute Oliver je … Je sais que mon travail n'a rien de … de respectable. Mais je n'ai pas eu le choix. Quand je suis arrivé à Sinnoh, j'étais seul et perdu. J'ai essayé de trouver du travail mais … je n'ai même pas terminé le lycée et je n'ai aucune expérience quel que soit le domaine. Alors … j'ai attrapé la première main tendue. Si je ne l'avais pas fait … je pense que je serais à la rue à l'heure qu'il est.

Les joues cramoisies, Morgan fuit finalement le regard du Zarbi, honteux de sa propre histoire. S'il avait seulement obtenu son bac, les choses se seraient peut-être mieux passées pour lui. Cependant, toute l'histoire avec Tôma s'est déroulée une semaine avant les épreuves. De toute façon, le Lougaroc doute sincèrement qu'il aurait eu le niveau pour obtenir son diplôme. Il n'a jamais été un bon élève, loin de là. L'école l'ennuyait, il ne trouvait aucun intérêt dans ses cours de mathématiques ou ses leçons de géographie. En fait, seul le côté social l'intéressait. Là-bas, il était certain de voir du monde, de pouvoir discuter avec des gens et contenter son besoin de compagnie. De toute façon, ce n'est pas comme s'il désirait exercer un quelconque métier intéressant. Comme son père, il allait se contenter de pêcher pour le Clan. A quoi donc pouvait-il se destiner, si ce n'est cela ? Et dire que Oliver, lui, a fait des études supérieures pour s'offrir un diplôme … et qu'il a réussi à décrocher un job à la bibliothèque, comme il le désirait. Morgan se sent sincèrement pitoyable en comparaison. Un long soupir lui échappe, légèrement tremblant. Ses émotions le submergent à nouveau, mais il ne compte pas faillir.

T-Tout ça pour dire que … Que tu n'as pas à t'en faire. Je sais faire la différence entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Et tous ces gars à qui je tiens compagnie … Je m'en fiche totalement. Parce que … Parce qu'il n'y a que toi qui compte.

Et malgré l'embarra qui l'étrangle, Morgan ose attraper doucement la main d'Oliver, emmêlant ses doigts aux siens. Puis, timidement, il lève ses yeux vers lui, guettant ses réactions, priant pour qu'il croit en sa sincérité.
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