a warning to the people
the good and the evil
this is war
to the soldier the civilian
the martyr the victim
this is war
And then it's the moment to fight or to die ❞
Bip sonores. Stridents ; étincelles sur la carte. Points lumineux ; une dizaine à portée de main, un autre, solitaire, en marge de tout.
me égarée, écorchée par la guerre. La seconde suivante est déchirée par le hurlement strident d’une sirène. Ce son terrifiant, qui vrillait les tympans, et que le Pyroli n’avait jamais entendu que dans les films auparavant.
Le son de l’apocalypse, le bruit de la fin du monde ; le dernier signal avant la mort qui frappait toujours au hasard.Au dessus de lui, le Shaymin au courage nouveau parvenait au sommet, se glissait par les fenêtres qui n’en étaient plus vraiment : bouches béantes édentées sur les restes d’un bâtiment sur le point de s’effondrer.
Qu’importe ou la bombe échouerait, les tremblements auraient raison des fondations. Mais il y avait des âmes à sauver, tout là-haut. Mais quand il était question de vie ou de mort, l’empressement devait être tempéré par la réflexion et la recherche de la sécurité.
Ils n’avaient pas le choix.Tenzai disparut, et Akainu s’élança à sa suite, quand le vent porta le son des voix mêlées. Celle du légendaire au dessus de lui, dont il ne percevait, sinon les mots, au moins le ton chaleureux, douloureux,
familier que l’on emploi à l’égard de ceux que l’on connaît depuis toujours. Puis une autre, lointaine sans doute, pourtant claire, qui le fit ciller et manquer l’une des prises. Il glissa, mais sa main refusa de lâcher prise. Le souffle court, il tourna la tête en direction d’où venaient les mots épars qui étaient parvenus jusqu’à lui — détresse, peur ; il n’en avait jamais entendu tant venant d’elle, et ça le brûlait, le bouffait de l’intérieur. Il aurait bondi au sol, couru dans la direction de celle qu’il reconnaissait maintenant qu’il la voyait enfin, de là où il était. Si seulement,
si seulement il n’avait pas entendu cette autre voix, qui avait suffit à le glacer jusqu’au sang.
«
Dix vies contre une, le choix est votre ~ »
Non.
Non.«
Espèce de malade… Espèce de cinglé, comment peux-tu… Comment peux-tu seulement… »
Il se hissa quelques prises plus haut, se glissa à l’intérieur du bâtiment — dont la moitié était effondré, laissant pleine vue sur l’horizon,
sur Réfia, égarée, là-bas, au milieu des ruines et des flammes, des restes de corps peut-être éparpillés de çà, de là.
Il ne parvint à détacher son regard de la scène,
d’elle, que trois secondes ; mais ce fut assez pour deviner l’attachement de Tenzai à l’égard de cette femme, de ces enfants —
des enfants, putain.
Le temps passait, les instants défilaient ; bientôt, un choix devrait être fait — et c’en était un qu’il n’avait pas envie de faire. Alors même que Tenzai se sacrifiait, sacrifiait une part de son propre coeur, de sa propre âme sur l’autel de la guerre, Akainu refusait d’abdiquer, de plier. Et pourtant, il le savait, il n’avait pas le choix : ce n’était plus son monde, ce n’était plus son jeu, ce n’était plus ses règles. Ici, tout était incertain, vacillant, c’était le chaos qui régnait, et qu’il savait se battre, s’il savait survivre,
ce n’était qu’en terrain connu, quand il était capable de réfléchir, en pleine possession de ses moyens, aptes à estimer son adversaire et ses propres chances de victoire.Ici, il ne savait même pas ce qu’il était censé combattre, sinon ses propres élans de colère qui semblaient ne plus vouloir le quitter.
Pourquoi se sentait-il l’envie de hurler, de frapper, de brûler ; de faire la peau à cet être monstrueux qui les forçait à choisir, à détruire, alors même qu’il savait le combat perdu d’avance ?La force du désespoir, le courage de ceux qui n’ont plus grand chose à perdre, peut-être ?«
Sauve la vie qui te tiens tant à cœur. » Il cilla, le regard perdu sur l’horizon,
sur elle. Il la voyait, et il oubliait tout ; le feu et les terres ravagés, les soldats et les bombes, les sirènes qui hurlaient et les pressait de prendre une décision avant que tout ne meure, eux compris. «
Soit bref, je porterai leur deuil… » Deuil.
Deuil. Il connaissait déjà ce mot ; il aurait préféré qu’il lui reste inconnu. Lorelei lui manquait, mais il la préférait presque morte des mains d’un type à qui il avait pu déchirer les entrailles plutôt qu’assassinée par un ennemi qu’il ne connaissait pas, qu’il n’était pas apte à affronter, qu’importe sa bonne volonté.
Il ne voulait pas non plus que ce soit le sort de celle qui pouvait de nouveau changer son monde, s’il l’y autorisait ; celle qui pouvait le rendre plus fort, parce que l’amour n’était pas une faiblesse.Ah non ?
Alors pourquoi tant d’hésitation ?Il sentit l’odeur de la nature qui se fanait, une fraction de seconde avant de réaliser ce qui se passait. Il fit volte-face, vit sous leurs pieds le sol qui s’effritait, l’air qui empestait ; il entendit les plaintes des enfants, la terreur dans leur voix quand eux saisissaient déjà ce qui mit une seconde de plus à prendre sens dans l’esprit du Pyroli. «
Tenzai… » Sa voix était sourde d’une colère sombre qui grondait à l’intérieur de lui, qui bouillonnait même, à mesure qu’une voix hurlait, de plus en plus fort dans sa tête. «
Pas les enfants… Pas les enfants, Tenzai tu vas les tuer ! »
Et il bondit.
Parce que la rage avait était plus forte que la raison, il bondit là où le poison s’était imprégné de chaque parcelle d’air ou de terre, ignorant la douleur qui ne vint pas tout de suite mais le traversa tout à coup, semblant le transpercer de part en part et pesait sur ses poumons jusqu’à rendre sa respiration difficile.
Qu’importe, le mal était fait.Il tenait le Shaymin aux épaules, le secouant de tout ce qu’il était encore capable de force — et la colère, la haine qui vrillaient en lui, tumulte assourdissant dans son crâne, fut assez pour combattre la douleur du poison qui glissait dans ses poumons à chaque inspiration. «
Tu vas les tuer… Si tu continues, tu vas les tuer — sauve-les. Sauve-les, ce sont des enfants… Ce sont des enfants, putain. » Il cilla ; sa voix s’était brisée —
il venait de faire son choix.Titubant, il recula, échappant au poison pour ne pas aggraver son cas, alors même qu’il l’avait déjà contaminé et affaiblit. Il ricana, pourtant, alors que son dos heurtait lourdement le premier mur qui se présenta pour l’empêcher de s’effondrer.
Le comble pour un type feu, pas vrai ? Mais le rire se tarit, se ternit ; le rire vola en mille éclats, se déchira presque en un sanglot qu’il retint — fierté, honneur, qu’importe : il n’avait pas le droit de faillir.
Une dernière fois, son regard se porta dans sa direction à elle et, qu’importe la distance, il fit de son mieux pour graver en lui le souvenir de son visage de porcelaine aux traits fins, de ses cheveux dont il connaissait la douceur, de sa peau dont il connaissait déjà l’odeur. Et puis, ce fut un «
J’aurais voulu t’aimer… » murmuré au vent, un aveu qu’il ne lui aura jamais dit, un
peut-être qui n’aura jamais pu se muer en quelque chose qu'un peu mieux, d'un peu plus beau, d'un eu plus fort.
Il ferma les yeux ;
lâcheté, faiblesse, qu'importe,
il ne voulait pas assister aux conséquences de la décision qu’il venait de prendre,
du sacrifice qu’il venait de faire.